Difficile d’imaginer que Sonic Generations, le jeu anniversaire souvent cité comme un des meilleurs Sonic 3D est sorti il y a déjà 13 ans. Pourtant SEGA a dû s'en douter, vu que ce jeu revient en force cette année, et accompagné d’une extension centré sur Shadow, personnage ayant lui-même plus de vingt ans aujourd’hui. Ouch, j’ai vieilli d’un seul coup!
Test réalisé sur une version fournie par l’éditeur
LIVE AND LEARN!!!
C’est de notoriété publique, Sonic a eu une carrière en dents de scie, ou plutôt en pics de hérisson. Après un début de carrière sur les chapeaux de roue suivi de quelques jeux moyens, sa période Adventure a connu un grand succès avant de plonger dans les abîmes circa 2006 avec le pseudo reboot simplement nommé Sonic the Hedgehog, un jeu plein de potentiel, mais livré non terminé qui est resté longtemps le point le plus bas de la série (avant Sonic Boom sur Wii U, mais on ne parle pas de ça…) avant de remonter la pente avec Sonic Unleashed et ses stages de jour, puis l’excellent Sonic Colors puis Sonic Generations. Depuis, Sonic a encore connu des hauts et des bas entre le superbe Sonic Maria et le très discutable Sonic Forces, par exemple, avant l’arrivée récente de Sonic Frontiers qui a encore changé la donne.
Sonic Generations, de par sa sortie en 2011, est une fenêtre sur le passé de la série à ce moment. Le principe est simple: vous allez parcourir des niveaux issus de toute l’histoire des jeux Sonic de deux façons différentes. Avec Sonic moderne, la caméra bouge, vous avez accès au boost qui détruit tout devant vous, et le gameplay est rapide et basé sur vos réflexes. Lors de vos passages au travers des niveaux, vous trouverez toujours un nouveau passage secret ou une nouvelle portion du stage à sauter grâce à une manœuvre absurde, ce qui rend la maîtrise du gameplay très agréable.
Sonic classique, lui, incarne le passé de la franchise. Avec lui, vous courrez dans une variante 2D des niveaux et vous n’avez accès qu’au Spin Dash et au saut. Ces niveaux sont beaucoup plus orientés plate-forme que les niveaux modernes, et si les pointes de vitesse ne sont pas rares, il sera le plus souvent inévitable de s’arrêter afin d’exécuter un saut de précision. Cela ne change pas le fait que plus vous maîtriserez un niveau, plus vous les parcourrez vite car vous aurez appris à repérer les passages les plus rapides, souvent situés vers le “haut” du niveau et comportant des passages de plate-forme très tendus, alors que les passages du “bas” sont plus tortueux et recèlent plus d’ennemis. Une philosophie qui rappelle à 100% l’époque Megadrive dont Sonic classique est tiré.
Un classique moderne dont on ne se lasse pas
La Sonic Team a dû faire preuve de créativité afin d’adapter les niveaux qui n’apparaissaient qu’en 2D en trois dimensions, et inversement. On sera agréablement surpris de voir Chemical Plant dans une représentation 3D titanesque d'elle-même, et de parcourir les rues de City Escape en 2D, tout en explorant des endroits inattendus et en mettant en avant des gimmicks et thématiques différentes à chaque stage, et il présentent tous de petits défis séparés qui permettent de débloquer des artworks, de la musique ou même des nouveaux mouvements pour Sonic. En vérité, seul le dernier stage, Planet Wisp, est mauvais. Trop long, trop répétitif, même pas agréable à regarder, c’est une tâche sur cette belle tapisserie qui n’a pas été arrangée dans le remaster, assez étonnamment.
Pourtant, des ajouts ont bien été faits. Pour commencer, le système archaïque de vies a tout simplement disparu, et tant mieux. Un ajout plus significatif est la présence par niveau de trois adorables Chao à débusquer, en plus des cinq anneaux rouges déjà présents dans l’original. Ces petites bêtes ne sont pas forcément des récompenses placées sur le chemin le plus rapide, donc vous devrez bien explorer les niveaux pour les trouver! Les deux Sonic ont aussi accès au Drop Dash de Sonic Mania, une manœuvre qui change vraiment la donne en termes de rythme. Les autres avantages du remaster sont cependant à apprécier au niveau technique. En effet, cette version Switch affiche 60 FPS plutôt stables et ce même en mode portable, un véritable petit délice pour les yeux! Et les temps de chargement, un peu présents sur PS3, sont pratiquement absents. Il n’y a pas à dire, c’est agréable, même si la version Switch n’est pas aussi belle que ses homologues sur PS5 et Series X.
Pour ses nombreux points forts, Sonic Generations possède aussi quelques défauts. Pour commencer, il n’y a eu aucun arrangement dans les stages. Si vous n’avez pas aimé les niveaux la première fois, vous n’allez pas les aimer au retour, et c’est doublement valable pour Planet Wisp. Le hubworld se révèle un peu trop complexe à naviguer pour accéder aux défis des fois, et assez ennuyeux, ce qui n’a pas été changé. En ligne droite, la durée de vie est très faible, comptez moins de quatre heures en ligne droite, et pour finir, l’histoire n’a pas changé et tient toujours sur un demi post-it, ce qui inclut aussi les dialogues de tous les personnages qui ne sont pas Sonic ou Tails. Pourtant certaines scènes ont été légèrement éditées, comme un gag visuel à la fin du jeu qui voyait Amy envoyer Knuckles bouler contre un arbre. Étrange, surtout quand on voit ce qui a été fait pour l’autre moitié du jeu.
All hail Shadow!
L’autre moitié du jeu… Voilà quelque chose auquel on ne se serait pas attendu. Après tout, un ajout avec Shadow aurait pu tout aussi bien être une légère variation des niveaux, ou un skin et quelques musiques, ou tout autre effort rachitique auquel nous sommes habitués à force de déceptions dans le monde du jeu vidéo. Mais non! Un peu comme l’excellent Bowser’s Fury, livré avec le portable de Super Mario 3D World, Shadow Generations est un jeu standalone, et un produit de qualité qui justifie à lui seul l’achat de cette compilation. Rien de moins que 6 niveaux entièrement nouveaux avec chacun deux stages et quelques défis, quatre boss, plus un hubworld tout en 3D à la façon de Sonic Frontiers, une petite histoire avec un dessin animé disponible sur Youtube en préambule, et le tout d’une grande qualité.
L’histoire de Shadow se passe en parallèle de celle de Sonic, alors qu’il cherche une présence qu’il a ressenti sur la colonie spatiale ARK. Là, il est surpris par le retour de Black Doom, grand méchant du jeu Shadow the Hedgehog supposé être mort, et aspiré dans un espace-temps figé en même temps que Sonic. En tentant de résoudre la situation, Shadow va éveiller de nouveaux pouvoirs inquiétants, mais utiles, et croiser des personnages bon et mauvais qu’il ne s’attendait certainement pas à revoir. Ce scénario est plutôt bien mis en scène au travers de quelques cinématiques, et réussit à développer un peu le personnage de Shadow, qui avait tendance à faire du sur place depuis Sonic 2006.
Tellement DARK!
Chaque niveau de Shadow Generations est constitué de 2 stages: un en 3D très axé plateforme comportant notamment un passage psychédélique où la réalité décide de soudainement foutre le camp afin de permettre un level-design complètement fou, et un au gameplay en 2D privilégiant les réactions rapides et l’usage intelligent de vos capacités. Même si les premiers ont l’air plus attrayants sur le papier (et ils sont très bons), les stages en 2D sont le plus souvent très bien fichus et permettent d‘explorer des idées novatrices qui mettront votre maîtrise des commandes à l’épreuve, et on ne perd rien au change. Chaque niveau est également accompagné par des petits défis, cette fois obligatoires, qui vont développer les mécaniques et thèmes abordés dans des mini-stages très bien pensés.
Vous aurez d’ailleurs intérêt à revenir tenter ces défis, mais avec vos nouveaux pouvoirs. Contrairement à Sonic, Shadow s’améliore avec le temps et vous gagnerez la possibilité de traverser l’eau, de planer, et d’autres capacités que je ne désire pas spoiler, ce qui renouvelle le gameplay et donne une bonne rejouabilité à des stages déjà bien pensés qui méritaient qu’on y revienne. Dans la série des bonne surprises, le hubworld est entièrement en 3D et explorable, recelant de secrets et de mini-défis à relever. Une vraie valeur ajoutée pour Shadow, et une belle extension de la philosophie de Sonic Frontiers avec ces mini épreuves. Les boss fights, elles, sont cinématiques et haletantes, plus basées sur les puzzles que la patience ou la rapidité.
Difficile de trouver quelque chose à redire dans le contenu de Shadow, qui est vraiment qualitatif. On pourra pester contre la framerate qui est à 30 FPS cette fois-ci, et qui peut descendre de temps en temps, ou contre la voix française de Shadow qui en fait VRAIMENT des caisses, nous rappelant que ce personnage vient des années 2000, et qui donne envie de rire malgré le talent cet acteur. On pourra aussi se demander pourquoi il n’y a aucun stage du jeu Shadow the Hedgehog, alors que certains des jeux représentés ne le mentionnent qu’à peine ou pas du tout. Non, il faut vraiment creuser pour trouver quelque chose de même un peu négatif, car SEGA nous a livré là une superbe surprise.