Licence débutée en 1992 et ayant connu son petit succès auprès des amateurs du genre avant d’être mise de côté au profit de son spin-off Persona, Shin Megami Tensei revient avec un tout nouvel opus en ce mois de novembre 2021. Sobrement intitulé Shin Megami Tensei V, le titre nous convie une nouvelle fois à se retrouver au sein d'un conflit opposant les anges et les démons, et où nos choix influenceront directement la conclusion du titre.
Des Hommes et des Dieux
Shin Megami Tensei V nous met dans la peau d’un lycéen dont on nous laisse comme tout épisode choisir son nom et prénom. Rentrant de l’école, le jeune homme va s’engouffrer dans un tunnel ayant une mauvaise réputation, avant d’être victime de ce qui semble être un tremblement de terre. Arrivant à vous extirper, vous découvrez avec effroi que la ville a été ravagée et est désormais recouverte de sable, et au loin, des êtres ressemblant avec des démons semblent s’en prendre aux humains.
Alors que votre vie risquait de s’écourter très brièvement avec l’attaque d’un groupe de démons, c’est un homme étrange aux cheveux bleus répondant au sobriquet d’Aogami qui viendra à votre rescousse. Demandant au protagoniste de l’agripper, cela va déclencher une fusion des deux individus, donnant lieu à la naissance d’une nouvelle créature : le Nahobino. Toujours maître de vos mouvements, mais abritant désormais la conscience de Aogami, vous vous découvrez de nouveaux pouvoirs qui seront indispensables pour combattre les démons souhaitant vous exterminer.
Désormais capable de rivaliser avec vos assaillants, vous allez parcourir un long périple pour découvrir ce qu’est exactement ce royaume de Da'at dont vous foulez le sol, retrouver vos amis lycéens, et tenter de comprendre la nature de ce nouveau conflit entre les anges et les démons, et empêcher que cette catastrophe n’intervienne dans le Tokyo du présent. Comme toujours, ce Shin Megami Tensei va servir les joueurs avec son contenu basé sur la démonologie et à la mythologie, que ce soient les événements en cours, ou encore les créatures que nous auront à affronter.
Des combats qui mettent la pression
Si dans le monde réel nous nous déplacerons de différents points en mode curseur comme ce fût le cas dans bien des opus, une fois dans le monde alternatif le jeu prend une autre orientation. Vous êtes ainsi lâché dans des environnements en 3D assez volumineux, et devez vous rendre aux divers points indiqués pour faire avancer votre quête principale. En chemin, vous aurez l’occasion de faire la rencontre de nombreux démons qui n’hésiteront pas à vous pourchasser pour entamer le combat.
Une fois la bataille commencée, vous repartirez sur les bonnes vieilles bases de la série avec le système de combat au tour par tour "press turn" désormais culte de la série. Vous avez possibilité d’attaquer vos adversaires avec des coups physiques ou de la magie élémentaire pour faire baisser leurs PV. Si vous touchez le point faible d’un ennemi, vous gagnez le droit de réaliser une action supplémentaire. Si en revanche l’ennemi esquive, ou a une immunité naturelle, vous perdez des actions de tour, faisant démarrer plus vite le tour de l’adversaire. Cette mécanique étant valable aussi bien pour les alliés que les ennemis, il faudra faire particulièrement attention à vos faiblesses et résistances naturelles. A cela s’ajoute également une jauge de Magatsuhi. Une fois complétée, cette dernière permettra à votre équipe de déclencher des capacités avancées extrêmement pratiques.
Si le jeu se veut difficile de base, il existe un mode facile pour les néophytes, mais ne vous y trompez pas, les boss vous en feront baver si vous n’êtes pas suffisamment préparé. Enfin, un mode difficile est également accessible, mais uniquement lorsque l’on lance une nouvelle partie. Dans tous les cas, Shin Megami Tensei V est un J-RPG à l’ancienne qui vous demandera un farming d’XP constant pour ne pas être laissé sur le bas-côté. Point important à bien garder en tête, il n’y a pas de sauvegarde automatique, et le moindre game over vous conduira automatiquement à votre sauvegarde la plus récente. Donc pensez à régulièrement sauvegarder à chaque changement de niveau, avant chaque invocation, et avant d’affronter un boss ou un monstre qui sort de l’ordinaire.
Un recrutement à la carte
Pour pouvoir vaincre les démons hostiles, notre protagoniste va pouvoir compter sur sa capacité à négocier avec les démons. Durant vos combats, il est effectivement possible de démarrer un dialogue avec vos assaillants pour tenter de les convaincre de rejoindre vos rangs. Il y aura cependant quelques pré-requis. Le cycle lunaire (visible en haut à gauche) peut influer sur le comportement des démons, ils vous poseront des questions qui les apaiseront, ou au contraire les feront sortir de leurs gonds, et enfin ils pourront vous demander diverses choses comme des PV, PM ou objets spécifiques pour qu’ils aient finalement l’envie de rejoindre vos rangs. A noter qu’à part quelques cas exceptionnels, il n’est pas possible de recruter un démon ayant un niveau supérieur au sien. Il vous faudra donc farmer les combats pour cumuler de l’expérience. Avec plus de 200 démons, et au final peu d’espace disponible pour les garder avec vous, il faudra choisir judicieusement qui emmener avec vous en fonction de leurs statistiques et capacités.
Bien sûr que serait Shin Megami Tensei sans la possibilité de fusionner ses monstres pour en créer de nouveaux ? Accessible très rapidement dans le jeu, le Monde des Ombres tenu par Sophia vous permettra d’accéder à ce système essentiel pour progresser dans le jeu. Calé sur le niveau du protagoniste, vous aurez accès à plusieurs systèmes de fusion vous permettant de sacrifier entre 2 et 4 monstres suivant la méthode employées pour en créer un nouveau de toute pièce. Ce sera d’une importance capitale pour avoir des monstres suffisamment puissants pour vous accompagner tout le long de votre aventure, et des choix cornéliens risquent de se poser à vous sur le fait de dire adieu à un monstre ou non. Heureusement le compendium vous permettra d’enregistrer la progression de vos monstres, pour vous permettre de les ré-invoquer contre une somme d’argent frôlant parfois l’indécence.
Le Monde des ombres sera également le lieu où vous pourrez utiliser le menu Apothéose. Dans ce dernier, vous pourrez apprendre au protagoniste de nombreuses capacités passives comme des renforcement élémentaires, baisser le coût d’invocation du Compendium, ou renforcer vos affinités élémentaires. Il vous faudra pour cela dépenser des points de Gloire (nous y reviendrons plus tard). Dans ce menu, vous aurez également la possibilité d’utiliser les essences renfermant les caractéristiques des démons. Si elles seront pratiques pour apprendre des capacités de certaines créatures à vos personnages, le protagoniste pourra également absorber leurs résistances (et faiblesses élémentaires). A utiliser judicieusement pour vous créer une équipe sur-mesure.
Un monde ravagé à perte de vue
Après quelques heures de jeu, vous apprendrez que le monde ravagé auquel vous faites face est en réalité le Da’at, un monde parallèle à Tokyo où luttent encore les anges et les démons à la suite d’un énième affrontement entre leurs forces. En incarnant le Nahobino, et à la manière des anciens opus de la franchise, vos actions auront des conséquences sur ce conflit, ainsi que la conclusion du jeu. L’action se déroulant tantôt à Tokyo et tantôt dans le Da’at, vous découvrirez plusieurs grandes zones à parcourir afin d’avancer dans l’histoire, et toutes reliées par des sources connectives qu’il vous faudra activer quand vous les croiserez. Ces dernières vous permettront de sauvegarder, de vous rendre dans le Monde des Ombres, faire vos emplettes dans l’Antre des Cadavres, et surtout vous téléporter entre chaque point pour couvrir un maximum de terrain rapidement. Si la carte des lieux est à découvrir soi-même au fur et à mesure où vous marchez, à de nombreuses reprises cette dernière sera brouillée à cause des abcès, des nids de démons qu'il vous faudra éliminer pour faciliter votre progression.
Se voulant assez labyrinthiques en jouant sur différents niveaux, et en enchaînant recoins secrets et autres cul de sac, ces grandes zones fourmilleront bien sûr de divers éléments qui viendra booster la durée de vie du jeu. Pour les collectionneurs, les démons apparaissent à des points précis qu’il vous faudra dénicher si vous souhaitez tous les posséder. Vous aurez également de nombreux coffres renfermant essences, maccas (monnaie) et autres items à dénicher. Et si la chasse aux noix korogus ne vous a pas fait peur dans The Legend of Zelda : Breath of the Wild, le gardien de l’Antre du Cadavre dénommé Gustave vous invite à retrouver les Mimans disséminés un peu partout dans le Da’at. Ces derniers vous offriront parfois de précieux conseils, mais surtout des points de gloire à utiliser dans le Monde des Ombres. Enfin, Amanozako, un petit démon en kimono, vous accompagnera également dans le Da’at et vous appellera pour vous signaler des points d’intérêts. La plupart du temps vous obtiendrez des items, mais parfois vous pourrez tomber sur une embuscade.
Enfin, quelques anges et démons solliciteront parfois votre aide pour remplir des quêtes annexes. Ces dernières constitueront essentiellement à apporter des items particuliers, à éliminer un certain nombre de créatures lambdas. Elle vous conduiront également à combattre des créatures particulièrement puissantes qu’il vous sera ensuite possible de recruter, ou d’invoquer via les fusions traditionnelles et spéciales. Seul bémol, il n’est pas clairement indiqué lorsque l’on accepte une quête annexe si on a le niveau requis pour la réussir. Autant vous dire que nous vous conseillons VIVEMENT de sauvegarder avant de tenter une quête annexe, sous peine de vous prendre une violente déculottée et de perdre vos précieux points d’XP, ainsi que vos monstres fraîchement recrutés.
C’est joli, mais…
Titre exclusif à la Nintendo Switch et développé par Atlus, la première question que l’on se pose est bien sûr ce qu’il en est de la finition du titre. Sans être exceptionnel, les décors se veulent suffisamment grands pour avoir un sentiment d’immersion constant, et les textures globales ne nous choqueront pas outre mesure. Il faut tout de même mettre cela sur la présence d’un pseudo-brouillard constant qui, comme au début de l’ère 3D, doit aussi permettre à la console de souffler un peu, c’est pratique, mais peut se révéler assez désagréable à l’œil (voir le rouge constant dans la deuxième partie du Da’at). Si l’ensemble du jeu est relativement fluide, on peut déceler un « problème » de framerate concernant les monstres situés lois de notre champ de vision. A la manière de Pokémon Epée et Bouclier, l’animation des monstres est ainsi extrêmement saccadée quand on est éloigné, et redevient fluide une fois que nous nous rapprochons d’eux.
Bon point en revanche concernant l’aspect global des personnages, ainsi que des anges et des démons que nous allons pouvoir rencontrer. Sur plus de 200 créatures, chacune a bénéficié d’un soin particulier à leur rendu qui fera plaisir aux fans de la licence, ainsi qu’un descriptif complet pour chaque créature du jeu à retrouver dans les options. Et pour ceux qui comme votre serviteur joueront principalement en mode portable, pas de souci, la fluidité est également de la partie. Point fort du soft, les temps de chargement sont très rapides, ce qui est fort appréciable pour un jeu nous demandons d’aller régulièrement dans les menus du jeu, et se téléporter dans les différentes zones. Mention spéciale à l’animation des cheveux (très) longs du Nahobino qui ont dû être une galère à programmer, ainsi qu’au cri qu’il pousse quand il utilise son épée pour détruire les éléments et déclencher les combats, qui rappellent étrangement celui que pousse Link Adulte dans Ocarina of Time.
C’est du côté de l’audio que je suis plus mitigé. Si la qualité du doublage anglais est toujours au rendez-vous, et supportée par une traduction française de qualité (et assez crue par moment, il faut l’avouer), c’est du côté des pistes musicales que je suis un peu plus déçu. Ces dernières restent au final assez peu nombreuses, se contentant de 2-3 musiques par zone. En prenant l’exemple du désert que l’on nous montre depuis des mois, c’est une zone dans laquelle je suis resté une dizaine d’heures, et où s’enchaînent la musique unique du désert pendant l’exploration, et les musiques de combats standards, avec de temps en temps la musique pour les monstres plus puissants et les boss. Si certaines d’entre-elles donneront vraiment un sentiment de pression constante, une majorité de musique vous semblera assez anecdotique (ce qui est triste quand on sait le travail sonore apporté à Persona à côté, et la bande-son absolument magique du cinquième volet). Enfin pour ceux qui se poseraient la question, les doublages japonais seront également de la partie en Europe. Il ne nous a malheureusement pas été possible de les apprécier à l'occasion de ce test. Ils seront proposés un peu plus tard via une mise à jour du jeu (on espère pour la sortie officielle du jeu le 12 novembre 2021).
