Les jeux d’horreurs à la première personne jouissent depuis un moment déjà, de l’intérêt d’un public friand de sensations fortes, retranscrites à la perfection grâce au champ de vision limité. Wreck Tangle Games, studio indépendant britannique, se constitue depuis 2016 une ludographie fortement inspirée de titres de ce genre, comme Layers of Fear ou Outlast, deux jeux mêlant frissons et puzzles. Quintus and the Absent Truth, leur dernier jeu en date, reprend lui aussi ce savant mélange.
L'art de l'angoisse
Quintus and the Absent Truth est un jeu d’horreur en vue à la première personne dans lequel on incarne Alan Shaw, compositeur de musiques à succès, dont la fille, Lydia, a mystérieusement disparu. On commence donc logiquement à inspecter le domicile familial pour finalement recevoir un appel nous indiquant qu’il s’agit d’un enlèvement. Aidé par son fidèle acolyte rongeur nommé Quintus, Alan va partir à la recherche de sa fille à travers une série de niveaux ponctués de quelques énigmes. L’une des particularité du genre horrifique est sa faculté de mêler l’ordinaire au surnaturel, provoquant un décalage et amenant le spectateur/joueur à ressentir une peur irrationnelle d’éléments, qui, pris hors-contexte, n’ont rien d’effrayant. D’une certaine manière, Quintus and the Absent Truth semble tenir son pari: on visite des environnements très classiques et toute la peur réside dans la gestion du sound design et d’effets visuels sobres. Peu de jumpscares, pas d’éléments gores mais une très bonne maîtrise de l’atmosphère du jeu et du scénario… Tout du moins au début.
Quelques ombres au tableau
Car si le scénario semble bien parti durant la première moitié du jeu, on enchaîne par la suite de longs trajets inintéressants justifiés par des explications tirées par les cheveux. Le peu de dialogues et la technique viennent enterrer définitivement l'ambiance. D’un côté, les doublages sont plats et vides d’émotions: toutes les phrases nécessitent réflexion quant à l'intention censée être transmise. De l’autre, les animations et la modélisation simpliste ne provoquent pas l’effet angoissant escompté. Même de loin, certaines formes sont méconnaissables, et se rapprocher n'est pas forcément plus utile. Ces défauts résultent certainement du manque de moyens de Wreck Tangle Games, mais des subterfuges, comme justement le fait de tabler sur les jeux d'ombre et de silhouettes, auraient pu être utilisés pour cacher ce manque de détail, .
Ça va être tout noir
Graphiquement, Quintus and the Absent Truth opte pour des graphismes faisant penser au cel-shading. De manière générale, ce rendu passe bien et offre de beaux environnements, mais on se lasse rapidement de la monotonie des couleurs due à l’obscurité des environnements. Dans les rares moments où les développeurs jouent sur la dualité de la lumière et l’obscurité, le charme opère… Dommage que cet effet ne soit pas utilisé plus fréquemment. Autre souci, l’aliasing des lignes de contours est très visible et vient gâcher les déplacements par des scintillements. La palette de mouvement varie légèrement entre Quintus et Alan, mais ce sont surtout les échelles totalement différentes qui pourront dépayser le joueur. On revisite souvent les mêmes environnements, mais la différence de taille entre les deux protagonistes fait qu'on les redécouvre quasiment intégralement. Les quelques énigmes parsemant l’aventure sont intéressantes, quoiqu’un peu redondantes dans leur concept (l’ouverture de la porte à l’aide d’un code à déchiffrer). Elles ne sont pas bien compliquées, et la narration orale donnera de toute manière des indices pour les résoudre.