En 2018 sortait un ovni dans son genre lançant alors un style bien à lui : Octopath Traveler. S’appuyant sur un gameplay old school incluant de brillantes mécaniques, il a su s’imposer comme une référence du genre. Square Enix revient à la charge avec un nouvel opus disponible depuis le 24 février 2023. Comme le fait la saga Final Fantasy, chaque opus est indépendant l’un de l’autre, ainsi, celui-ci n’est pas la suite de son grand frère de 2018. Reprenant intégralement les fondamentaux du premier volet, la formule fonctionne-t-elle toujours autant en 2023 ?

Huit héros, huit destinées

Difficile de présenter une trame de fond quand on connaît le concept de la licence. En effet, en début de partie vous pouvez choisir le personnage avec lequel débuter l’aventure. Une fois son scénario d'introduction achevé, libre à vous d’arpenter les routes soit à la recherche des autres compagnons soit pour poursuivre votre aventure (en sachant que seul, il sera difficile de s’en sortir). Chaque fois que vous rencontrez un compagnon, vous avez la possibilité de découvrir son introduction ou l’inclure dans l’équipe et continuer votre route. Notez qu’il est possible, si vous ne faites pas son scénario de suite, de le lancer quand vous le souhaitez en vous rendant dans une taverne. Voilà donc l’essence même d’Octopath Traveler. Donc, un nouvel opus signifie que nous découvrons huit nouveaux personnages avec leur quête propre. Voici leurs histoires...

Hikari est un jeune prince du royaume de Koù et aussi un épéiste émérite. Nous le découvrons dans un premier temps sur un champ de bataille, se déroulant trois années avant la trame principale, en combat au nom de l’empereur. Vertueux, il passe son temps à vouloir faire le bien au sein de la capitale du royaume. Malheureusement, les choses vont tourner au vinaigre et il se voit forcé de s'exiler avant de pouvoir revenir. Hochette est quant à elle une Bestie, entendez par là une humanoïde ayant des traits d’animaux. Proche de la nature, elle grandit sous la protection de Juvah, un lion blanc veillant sur leur village. Elle se voit durant sa jeunesse confiée un animal qui pourra chasser à ses côtés. Quelques années plus tard, quelques événements bousculent leur village, Hochette apprend alors que pour protéger le village d’une grande menace, un voyage à travers le monde l’attend.

Castti serait une apothicaire de renom, pourquoi “serait” ? Elle a perdu la mémoire et ne se souvient de rien concernant son passé. Il semble que seul ses talents d’apothicaire lui soient encore connus. Afin de retrouver son passé, elle doit suivre les pistes qui devraient l'amener vers ses souvenirs mais aussi la vérité sur certains événements. Throné est quant à elle une voleuse, non pas par choix mais par contrainte. Ayant un rapport particulier avec le sang, elle souhaite se libérer de ses entraves, une traque la pousse alors à quitter la ville des lumières. Osvald est un grand érudit ayant mené des études afin de trouver la magie ultime. Or, un accident eut lieu chez lui déclenchant un incendie. Sa femme et sa fille périrent dans la catastrophe et il fut mis en prison, au bagne. Déterminé à prouver son innocence, seule l’évasion est une perspective envisageable.

Lorsque nous découvrons Partitio, il n’est qu’un jeune enfant essayant de prouver à son paternel qu’il sera un marchand hors pair dans l’avenir. Rempli de valeurs, pour lui le commerce doit apporter un équilibre à tous. Touché par ce qui survient dans sa ville, une sorte de crise économique, il comprend que ce n'est pas un hasard et décide de partir pour régler ses comptes avec le responsable. Agnéa est une magnifique jeune femme douée pour la danse et remplie de joie. Son rêve est de devenir la plus grande danseuse du monde au grand damne de son père. Malgré tout, elle parviendra à aller visiter les plus grandes villes en quête de rêves. Enfin, Temenos est un prêtre, disons le, quelque peu borderline aux méthodes peu orthodoxes. Il découvre que le pontife a été tué par un animal féroce mais ne semble pas convaincu par la thèse de l’accident. Doué pour ses déductions et ses enquêtes menées avec brio, il compte bien en découvrir le ou les responsables. 

Des combats exaltés

Le système de combat reste à quelques petits détails près exactement le même que l'opus précédent. Les combats se déroulent au tour par tour mettant l’ordre d'intervention de chacun (allié comme ennemi) en fonction de sa rapidité. La première mécanique que l’on constate est la faiblesse des ennemis. Ils possèdent tous un petit bouclier contenant un chiffre. Le but est de la détruire afin de mettre l’ennemi en mode faille. Pour y parvenir, il suffit d’utiliser le bon type d’arme ou de magie sur celui-ci. Par exemple, un ennemi peut avoir trois faiblesses et il est à noter que dans un premier temps, celles-ci sont inconnues (d’ailleurs, une fois découvertes, elles demeurent connues définitivement). Chaque fois qu’il est touché avec l’une de ses faiblesses, il perd un point et lorsque le bouclier se brise, l’ennemi bascule en faille, perd son action au tour suivant (il est en quelque sorte étourdi) et subit bien plus dégâts.

L’autre point essentiel, c’est l’exaltation. Concrètement, à chaque tour, vous cumulez un point d’exaltation. Ces points peuvent être utilisés afin d’asséner plusieurs coups avec son arme, ou pour renforcer drastiquement l’efficacité de ses compétences. Par exemple, si je veux attaquer en utilisant deux points, cela revient à mettre trois coups d’épée (l’attaque prévue pour ce tour ainsi que deux attaques grâce aux deux points dépensés. Les compétences fonctionnent différemment puisqu’elles se voient renforcées. Un sort de soin rendra plus de points de vie en fonction des points dépensés, une compétence d’arme sera bien plus puissante alors qu’un buff peut durer durant plus de tour grâce à cette mécanique. Il est capital de maîtriser ces notions sans quoi, n’espérant pas vaincre la plupart des boss même en étant avec des niveaux plus élevés que lui. La stratégie est donc au centre du gameplay plus que jamais ici.

La stratégie c’est bien, mais il est tout aussi important d'optimiser ses personnages et de se constituer une équipe étant la plus polyvalente possible. Après chaque combat, vous engrangez des PC (points de compétences) que vous pouvez dépenser pour débloquer de nouvelles aptitudes liées à la classe de votre personnage. Lorsque vous maîtrisez quatre compétences, une compétence de soutien se déverrouille (d’autres s'obtiennent par la suite). Il convient d’équiper ces aptitudes de soutien, jusqu’à quatre, qui ne sont autre que des passif qui peuvent s’avérer extrêmement utile en combat. Ne les négligez pas. Au cours de votre exploration, vous pouvez aussi trouver des autels sur lesquels il est possible d’acquérir une aptitude spéciale ô combien puissante. Enfin, il est aussi possible de débloquer chaque classe de personnage en classe secondaire. Vous pouvez alors attribuer une seconde classe à un personnage et c’est là que la stratégie explose complètement en jeu ! Il est possible de créer une équipe terriblement efficace (mais cela ne doit pas empêcher de bien utiliser les mécaniques de jeu sous peine d’échec malgré tout).

A la croisée des chemins

Le premier opus avait déçu sur un point particulier : la construction de l’histoire. Bien que l’écriture était irréprochable, c’était surtout le manque d'interaction qui posait problème. En effet, durant chaque phase d’histoire, nous avions le sentiment que le protagoniste était seul et que rien ne les liait entre eux. Ici ce sera toujours le cas sur la trame principale de chaque personnage mais quelques petites évolutions font leur apparition. Parfois, le bouton + est mis en évidence. En appuyant, il permet d’assister à une discussion entre deux membres de votre groupe. La plupart du temps, c’est une réaction à un chapitre qui vient de se terminer, ce qui permet de découvrir un peu plus les pensées et sentiments de chacun. 

Ensuite, sachez que des scénarios impliquant deux personnages ont été inclus, appelés “histoires croisées”. Cela permet là aussi de mieux les découvrir et de leur créer des aventures communes. Nous vous conseillons de les faire afin de profiter davantage de l'écriture du titre. Profitons de ce sujet sur les aventures pour soulever un point fort du titre : l’exploration. Malgré sa technique, il fait la part belle à l'exploration, jouant savamment avec les perspectives par moments afin de dissimuler des passages cachés. Vous pouvez librement vous diriger à l’endroit que vous souhaitez en gardant tout de même un œil sur le niveau des ennemis dans la zone (indiqué avant d’y pénétrer). Explorer permet de trouver des coffres, des quêtes annexes, des autels mais aussi des donjons offrant de sacrés challenges. Nous vous laissons tout découvrir.

Outre leurs aptitudes au combat, vos personnages sont doués de talents à utiliser lors de vos explorations. Et c’est là que le cycle jour / nuit prend place et a toute son importance. Throné à la capacité de voler en plein jour ou d'assommer une personne la nuit. Des aptitudes qui peuvent s’avérer utiles pour glaner des objets mais aussi réussir des quêtes annexes. Temenos pourra quant à lui, tel un berger, guider quelqu’un là où vous le souhaitez. Hikari peut défier quelqu’un afin d’apprendre une de ses techniques qui sera utilisable en combat. Partitio peut acheter des objets à des PNJ alors que Castti peut questionner des gens. Afin de réaliser ces actions, il faut appuyer sur Y en étant proche d’un PNJ.

Une toile alliant old-school et magnificence

Bien que le titre arbore un visuel basé sur un mélange 2D / 3D / Pixel Art connu sous l'appellation HD-2D, il brille sans mal par sa beauté, son inspiration et sa structure. Une nouvelle fois, la patte artistique flatte la rétine et arrive même à nous émerveiller. Comme quoi, la technique ne suffit pas, avoir une très bonne direction artistique reste primordial. L’animation n’est pas en reste non plus puisque les personnages sont dotés de mouvement fort bien réalisés tant par les la légèreté des vêtements que par l'attitude des personnages, bref tout y est. Et que dire de la bande-son tout bonnement exemplaire. Elle est un régal pour nos oreilles usant de bon nombre d'instruments différents et sachant appuyer sur une émotion ou une situation avec efficacité (pour l'anecdote, elles auraient leur place dans Theatrhythm Final Bar Line sans problèmes). Pour aller de pair avec cette belle toile, il faut mettre en avant la qualité de l'écriture qui est, en plus d'être soignée, riche et diversifiée. Chaque protagoniste sait se rendre attachant, à sa manière tout du moins.

Côté contenu et durée de vie, autant dire que de longues heures vous attendent pour ce nouvel opus. Entre tous les scénarios disponibles, les quêtes annexes, les donjons, les meilleurs équipements à trouver, vous devez y consacrer beaucoup de temps mais cela s'avère payant. L’autre point à évoquer n’est autre que la difficulté du titre. En soit, les combats aléatoires ne sont pas très difficiles dès lors que l’on sait user des bonnes mécaniques. En fait, c’est assez simple et la progression en est des plus agréables. En revanche, les boss sont toujours aussi retors et peuvent même être la représentation d'un pic de difficulté ! Stratégie et équipements optimisés sont impératifs pour franchir ce pic, sans quoi l’échec vous attend au tournant. Mais il faut avouer que la sensation d'accomplissement quand un boss finit par mordre la poussière est toujours aussi satisfaisante. Cela rend honneur à tout le système mis en place pour les combats et c’est tout ce que l’on demande, car oui, on ressent un réel plaisir en combat, et ce, malgré le tour par tour.