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Oceanhorn 2: Knights of the Lost Realm

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Oceanhorn 2: Knights of the Lost Realm

Par Guyoon - Le 05/11/2020 à 19:30

Sorti en 2013, Oceanhorn : Monster of Uncharted Seas est un bon jeu. Il récite la formule de la licence The Legend of Zelda dans un sous-genre que l'on appelle désormais Zelda-Like. Si le premier Oceanhorn lorgne du côté de The Legend of Zelda : A Link to the Past, le studio Cornfox & Bros a passé à la 3D avec sa suite. Avec Oceanhorn 2 : Knights of the Lost Realm, l'apprenti a-t-il dépassé le maitre ?

Une préquelle à Oceanhorn

Se déroulant 1000 ans avant les évènements du premier Oceanhorn, ce second épisode conte une histoire très classique. Le démon Mesmeroth est revenu sur le monde de Gaia accompagné d'une armée des ténèbres. Vous incarnez un jeune chevalier qui doit sauver le monde en réunissant les pouvoirs des Owrus, des Gillfolk et des hommes. Pour ce faire, vous êtes guidé par le chef d'Arcadie et aidé par une jeune femme appelée Trin et un robot nommé Gen. Ces 2 personnages vous suivent dans votre quête. Il est possible de leur assigner une tache afin de les positionner sur un interrupteur ou d'attaquer un ennemi. L'intelligence artificielle de ces sidekick n'est pas très évoluée mais le joueur ne les utilisent que ponctuellement.

Un gameplay exclusif

Comme Link, le héros de Oceanhorn 2 : Knights of the Lost Realm utilise son épée, bouclier, bombe et autres. Cependant, il se distingue par une arme, son pistolet. Celui-ci lui sert bien entendu lors des phases de combats mais aussi pour les énigmes avec, par exemple, des cibles à toucher pour activer l'ouverture d'une porte. Une pression sur R vous permet d'accéder à un menu radial afin de rapidement changer d'outils. C'est également ici que vous pouvez attribuer un élément à votre flingue. Tirer une boule de feu et vous pouvez enflammer des objets. Envoyer un jet de glace pour givrer vos ennemis ou créer une plateforme sur un lac. Lancer un sort d'électricité sur un pylône afin de créer un arc électrique pour conduire le courant. Les munitions pour vos sorts peuvent être trouvées dans les coffres ou dans les herbes. Il arrivent aussi de dénicher des fragments qui alimentent une jauge qui, une fois remplie, vous octroie de nouvelles munitions.

Le jeu inclut également un système d'expérience. A chaque ennemi tué ou défi réalisé, vous récoltez de l'exp. Une fois cumulé, vous montez de niveau ce qui a comme effet d'allonger la jauge d'endurance et de réduire le temps de charge de vos outils. Comme tout bon Zelda-Like, la vie est représentée par des cœurs. Les attributs de dégâts, puissance et charge de vos objets peuvent être augmentés en trouvant des éclats entreposés dans des coffres souvent bien cachés. Il faut également dénicher les pierres de sang et en donner un certain nombre à un prêtre dans la Cité Blanche, l'immense ville du jeu. Il y a aussi la quête des dagues enterrées à dénicher au quatre coin du monde de Gaia. Ces éléments poussent à la récolte et à l'exploration.

Un monde ouvert mais limité

Mais pour que tout ceci fonctionne, il faut que le monde soit intéressant à jouer. Et c'est le cas. Oceanhorn 2 : Knights of the Lost Realm a une approche différente du premier Oceanhorn. Ce second épisode est plus scénarisé, plus linéaire et on fait beaucoup moins d'aller retour d'ile en ile comme ce fut le cas auparavant. La liberté est tout de même présente avec la possibilité d'explorer les environnements plutôt variés mais assez plats et on progresse grâce à l'ajout des objets spéciaux. Le grappin nous aide à accéder à des lieux perchés tandis que le casque de plongée nous permet de visiter le monde aquatique. D'ailleurs, sous l'eau, la vue passe à la première personne pour admirer les coraux et rendre la nage bien plus agréable.

La lourdeur du personnage lors de des phases d'explorations est handicapante pour profiter du monde comme on le souhaite. Notre héros saute automatiquement une plateforme. Aussi, il bondit bizarrement devant une hauteur prédéfinie. Il ne s'aide jamais de ses bras pour se hisser. Il est possible de grimper seulement à l'endroit ou il y a des lianes. Le moteur physique ajoute un peu de cohérence à l'univers mais n'est présent que sur certains éléments du décor. Mais malgré ces quelques reproches, l'exploration reste très agréable. Les divers coffres, pierres de sang et autres défis ajoutent un plus.

Afin de casser la routine, il vous est demandé, dans la quête principale, de piloter plusieurs véhicules dans des séquences scriptées. Ces passages sont assez inutiles et mal fichus, dommage. Par contre, on aurait aimé un moyen de transport pour progresser plus rapidement dans les plaines. La moto serait l'évidence, si elle n'aurait pas eu un gameplay raté. Comme le premier Oceanhorn, vous pouvez naviguer d'ile en ile sur votre bateau. Ces moments ne sont guerre intéressants puisqu'il ne s'y passe rien. Dans chaque lieu important, un temple au pierre blanche attend la réception d'une boule à positionner sur son socle. Cette action a comme effet d'ouvrir la porte et de débloquer la téléportation d'un lieu à un autre. Selon les endroits, la recherche de ladite boule est plus ou moins difficile. Cela offre des mini-énigmes sympathiques.

Un visuel aguicheur

Techniquement, les développeurs du studio Cornfox & Bros ont bichonné leur bébé et on sent qu'ils aiment le travail bien fait. Ce soucis du détail est rare pour un jeu indépendant. Les feuillages des arbres et buissons bougent. La gestion de la lumières est soignée. L'eau s'ondule naturellement. Visuellement, le second épisode de Oceanhorn fait fort comparer au premier. Tout est joli et propre. Aussi, le jeu s'ouvre à une belle distance d'affichage avec très peu de popping. Aucun ralentissement n'est visible hormis lors des cinématiques sur un plan large ou pendant une sauvegarde automatique, où le framerate toussote. Rien de dramatique tant que cela n'arrive pas en jeu. La direction artistique n'est pas très audacieuse mais fait le job. Mais c'est du point de vue du chara design que l'on peut noter une déception. Les personnages manquent de charisme. Aussi, aucune expression ne transparait de leur visage hormis leur regard. Mais pour un jeu indépendant, on pourrait presque trouver cela normal.

Le studio Cornfox & Bros a scénarisé son jeu et a tenté de le mettre en scène au travers de cinématique et autres évènements. Si on apprécie l'effort, on ne peut que constater que la mise en scène est d'un autre age. Les plans de caméra sont étranges ou éloignés. La musique n'est pas toujours raccord avec ce qu'on veut nous raconter. Les personnages bougent très peu et de façon robotique. On sent ici le manque de moyen et que l'on est bien entrain de jouer à un jeu indépendant. L'univers et les graphismes le feraient presque oublier.

L'ambiance sonore est bonne. Les compositions musicales sont dans le tons et correspondent bien au lieu exploré. Elles sont assez nombreuses et spécifiques pour ne pas lasser. Les bruitages avec des sons marquants « à la Zelda » fonctionnent toujours aussi bien tandis que le sound design environnemental est soigné. Le jeu a le mérite d'avoir un doublage anglais sous-titré français mais nous vous conseillons de baisser le volume de la voix. Le mixage sonore a été raté.

De multiples donjons

Les fans de The Legend of Zelda vous le diront, les donjons sont les moments les plus incroyables du jeu grâce à un level design et game design ingénieux. De ce point de vue le bilan est mitigé pour Oceanhorn 2 : Knights of the Lost Realm. Si le level design reste efficace, les donjons ont très peu de verticalité. Il n'y a pas d'étage ou de multiples salles. Malgré leur aspect confiné, ces lieux ont suffisamment de diversité et présentent des bonnes idées même si toutes ne sont pas inédites. Les fans du premier Oceanhorn seront sans doute ravis de revoir les ennemis connus de la licence plus beau que jamais. Par contre, le bestiaire n'est pas très diversifié. On rencontre plus ou moins les mêmes monstres selon les régions visitées.

Les combats sont le point faible du jeu. L'absence de lock est incompréhensible dans un jeu qui prend tellement d'élément au créateur du système. Il devient dés lors difficile d'esquiver en gardant l'ennemi en ligne de mire. Par contre, quand on active le bouclier, votre héros se concentre sur son adversaire, étrange. Il est alors possible de réaliser un contre parfait qui déstabilise ou fait tomber l'adversaire. Si vous enchainez 3 coups sans être touché, vous réalisez un coup critique qui double les dégâts. Même bonus pour un coup furtif si vous parvenez à toucher votre adversaire sans qu'il vous voit. Quand plusieurs ennemis viennent vous assaillir, il devient très difficile de s'en sortir à cause de l'absence de lock et de la caméra trop proche. D'ailleurs, la caméra ne pose en général pas de problème. Il est tout de même à noter qu'elle devient horrible lors d'un combat de boss, dans les airs. On espère que cela sera corrigé lors d'un futur patch. Ces affrontements sont plutôt bons. Il faut utiliser les objets associés au donjon, comme jadis dans les Zelda.

 

7
Le studio Cornfox & Bros a manqué d'audace avec cet Oceanhorn 2 : Knights of the Lost Realm. La direction artistique est bonne mais trop lisse. La mise en scène a le mérite de distiller l'histoire mais les plans de caméra et les animations des personnages sont d'un autre temps. L'absence de lock pendant les combats et de moyen de locomotion dans les plaines sont des oublis incompréhensibles pour un Zelda-Like. Néanmoins, cette suite se place facilement dans le haut du panier des jeux du genre. Graphiquement très joli et bourré de détail, Oceanhorn 2 nous embarque dans une aventure, certes classique, mais qui rend parfaitement hommage à son modèle tout en apportant sa propre pate.

  • Magnifique
  • Bonne ambiance sonore
  • Assez long (20h pour la quête principale)
  • Environnements diversifiés
  • Mise en scène pauvre
  • Chara design trop simple
  • Absence de lock