Nintendo Switch

Mugen Souls

Test Switch

Mugen Souls

Par Kosmo56 - Le 04/05/2023 à 09:30

Remasteriser un jeu n'est pas si difficile, à priori : une couche de polish, on ajoute quelques bonus ainsi que des changements de qualité de vie, et pouf, on ressort à prix fort un jeu qui a déjà existé. Bon, oui, c'est très cynique, mais tous les jeux ne méritent pas ce traitement, car d'anciens pionniers peuvent avoir mal vieilli. Qu'en est-il de Mugen Souls, un RPG ayant été plutôt apprécié à son époque ? Tient-il le coup face aux productions d'aujourd'hui ? C'est avec un œil neuf que nous allons tenter de répondre à cette question.

Ce soir, nous allons conquérir le monde !

L'histoire de Mugen Souls nous présente deux personnages bien singuliers : Chou-Chou et Altis. Chou-chou est une étrange fille pouvant transformer n'importe qui en son Serviteur (Péon) fidèle, et Altis est une démone très très maléfique... Enfin presque. En effet, les deux femmes sont un peu (beaucoup) timbrées : Chou-chou est complètement narcissique et désire conquérir le monde entier grâce à son pouvoir, tandis que Altis est une démone si inepte qu'elle en est à moitié angélique, à force de faire le bien sans faire exprès autour d'elle. Dès l'introduction, on les verra chanter, se faire amplement peloter, et prendre un bain nues, tout en faisant saigner du nez Ryuto, le premier Serviteur de Chou-chou. Autant dire que le ton est donné : on est là pour rigoler et faire des sous-entendus graveleux.


 


Durant toute la première partie du jeu, l'atmosphère ne change pas : Chou-chou et sa suite explorent les mondes qu'ils désirent conquérir et croisent des personnages loufoques, héros et vilains, tous aussi excentriques les uns que les autres. Les héros cassent les pots, fouillent les meubles, et sont à peine tolérés par la population tandis que les vilains sont pour certains de pauvres hères terrifiés par leur éternel ennemi. C'est une vraie déconstruction du scénario typique d'un jeu vidéo, fait sans subtilité mais avec beaucoup d'humour, et on attend toujours la prochaine surprise, la prochaine pique, et tout reste plutôt frais. Mais le scénario prend parfois des tours inattendus, surtout lors de la deuxième partie. Le tout en anglais, par contre. Et doublé en anglais ou en japonais, pour les puristes.

Bien que Mugen Souls soit un jeu de Compile Hearts et Idea Factory, l'atmosphère est très, très proche des productions Nippon Ichi Software, comme la série des Disgaea. D'ailleurs, le character design et la musique seront très familiers pour les habitués de celle-ci. On est assez loin des jeux Hyper Dimension Neptunia, en apparence. Et pourtant, quand on commence à creuser, on peut se rendre compte que Mugen Souls n'a pas tous les ingrédients qui ont fait le succès des jeux Nippon Ichi Software.

Des baffes et des cœurs. Ou des baffes dans le cœur, ça dépend

Mugen Souls est un RPG tout ce qu'il y a de plus classique : vous allez parcourir des cartes, battre des ennemis lors de batailles au tour par tour, et devenir progressivement plus puissant, tout en recrutant des alliés ici et là. Sauf que, bien sûr, tout n'est pas si classique que ça. Ou même aussi bon qu'on pourrait le penser. Pour commencer, l'exploration est ratée, ni plus, ni moins. Les cartes proposées, correspondant aux différents mondes à conquérir, sont petites, moches, et sans intérêt. Elles ne proposent rien d'unique, ni d'important, et ne doivent être parcourues seulement pour éviter que le jeu ne devienne un visual novel. Pas de villes, pas d'endroits uniques, seulement quelques ennemis gambadant ici et là, ainsi que des points placés un peu n'importe où que vous devrez rallier à votre cause en les séduisant. Oui, on séduit la carte. Non, personne ne sait comment ça marche, mais ça n'arrêtera pas Chou-chou !

Les combats, eux, semblent complets et particuliers, mais ne le sont pas. Vos personnages sont libres de bouger dans une zone délimitée lors de leur tour, et peuvent frapper un ennemi, ou utiliser une capacité consommant des SP, ou un objet. Si vous attaquez avant un de vos alliés, mais en restant dans sa limite de portée, vous déclenchez une attaque combinée et vos capacités peuvent envoyer bouler les ennemis, blessant leurs alliés, retardant leur tour, et pouvant casser les cristaux présents sur le terrain. Ces cristaux donnent des effets bénéfiques ou non, donc les casser pourra se révéler utile. En plus, si vous cassez le gros cristal central lors des batailles, vous entrerez en mode Fièvre, et faire rebondir les ennemis fera pleuvoir les récompenses ! En théorie... Car en pratique, il est bien plus efficace, et rapide, de bourrer les ennemis avec des attaques normales et de les repousser de temps en temps. Et même ça n'est pas sûr, car si vous gardez les animations activées, les attaques combinées ont des animations certes drôles, mais très longues, et peu variées, ce qui rend les combats encore plus longs ! Les attaques spéciales, elles, sont aussi peu variées, vous n'en apprendrez que peu, et en plus, au début du jeu, vos SP sont très limités, alors faire rebondir les ennemis, on oublie vite... Résultat, les combats sont une corvée.

Mais attendez, on oublie Chou-Chou ! Notre protagoniste peut changer de forme pour séduire tout ce qui bouge ! Même en combat ! Est-ce que ça sauve les meubles ? Non... Chou-chou possède huit formes, et chacun des ennemis en combat (cristaux y compris) sont sensibles à une forme en particulier, définie au hasard. Vous n'avez pas la bonne forme ? Ne tentez même pas la séduction, car si vous vous ratez, vous allez énerver les ennemis, qui vont alors entrer en frénésie et taper encore plus fort ! Oui, vous pouvez changer de forme en combat, mais vous ne pouvez le faire qu'un nombre limité de fois par exploration de carte. C'est très limitant, vous vous en doutez. Si vous arrivez à séduire un ennemi, suite à un mini-jeu où vous devez choisir des phrases à lui dire (inutile, d'ailleurs, l'issue ne change pas vraiment en fonction de ces phrases) il se changera en Serviteur et cessera d’être hostile, et si vous séduisez le cristal central, tous les ennemis suivront ! Un super combo, quoi ! Oui, mais Chou-Chou ne peut séduire qu'une fois par tour. Et le temps qu'elle rejoue, les autres ennemis se seront fait tuer par vos alliés... Un système inutile donc, d'autant que vous gagnez des Serviteurs quoi qu'il arrive, alors autant bourriner, vous vous prendrez moins la tête ! Un autre système de combat existe, qui oppose votre vaisseau spatial à un vaisseau adverse, mais ces combats sont rares, et reposent sur un système de Pierre-Papier-Ciseaux ennuyeux au possible. Vous devrez être prêt au Game Over si la chance n'est pas avec vous. Charmant non ? Certes, vous pouvez devenir plus résistant en fonction du nombre de Serviteurs possédés mais au final, est-ce bien important, si on s’ennuie de toute façon?

NIS à la rescousse ?

Quand vous n'êtes pas sur une carte moche ou dans un combat pas ouf, vous rentrerez à votre base, un lieu assez petit où vous aurez accès à diverses boutiques. D’ailleurs, si vous jouez en mode portable, la Switch sera à genoux à cet endroit et vos FPS tomberont bien bas. Aïe. Vous pourrez bien sûr acheter de l'équipement et des objets, mais aussi des habits à vos troupes, et véritablement changer leur apparence. Vous pourrez aussi créer des personnages personnalisés, inutiles au vu du nombre de héros qui vont vous accompagner, mais une bonne béquille sur laquelle s'appuyer en début de jeu, car vous avez le droit à une « équipe B » si votre groupe devait mordre la poussière. Vous pourrez aussi envoyer votre personnage aux sources chaudes, dont il ressortira avec des boosts temporaires. Ce sera l'occasion de tester une fonctionnalité censurée chez nous lors de la première sortie du jeu, ou vous devrez vous-même frotter le personnage afin d'enlever la mousse. C'est coquin, et au vu de l'aspect juvénile de certains et certaines, un peu malaisant, mais vous pouvez passer la portion mini-jeu si vous le souhaitez.

Votre base vous propose aussi d’accéder au Mugen World, un donjon de 99 étages, et autant de combats, où vous pourrez parier des points Mugen gagnés sur la carte afin de gagner d'énormes bonus d'expérience et des objets fous lors de batailles de plus en plus corsées. Car oui, Mugen Souls a la démesure d'un titre de NIS et propose de monter au niveau 9999 si cela vous chante, avec un grind exponentiel. C'est d'ailleurs ce que le jeu attend de vous afin qu'il devienne véritablement amusant. Mais si vous n'avez pas envie de faire du level-up jusqu'à l'infini, cette version remasterisée propose d'activer des « packs » contenant des points et de l'argent par millions ainsi que de l'équipement de fin de jeu afin de rouler sur la compétition tout de suite. A noter tout de même pour ceux qui aiment tout débloquer que terminer le Mugen World est vital pour débloquer la vraie fin du jeu !

Et... c'est tout. Si on s'attendait à voir de nouvelles fonctionnalités débarquer, il n'en est rien après le chapitre 2, et le jeu continue sur sa lancée, comptant sur son écriture pour retenir votre attention. Ce ne sont pas les graphismes mignons mais désuets qui vont vous faire rester (et mal optimisés pour la Switch, avec la zone principale qui lag), ni les scènes avec des portraits un peu animés qui papotent. Si, à l'ère de la PS3, Mugen Souls avait pu faire tourner des têtes grâce à son nombre de concepts (pas toujours réussis), il est aujourd'hui bien primitif. Moins bon qu'un jeu PS2, et franchement ennuyeux à jouer pour les nouveaux joueurs, nous sommes en droit de nous demander ce qui valait à Mugen Souls de ressortir sur les plate-forme modernes.

5
Mugen Souls est un RPG qui accuse son âge : tout ce qu'il a tenté semble dénué de profondeur, et on ne peut qu'être déçu si on le découvre aujourd'hui. Seul son humour reste encore d'actualité, et encore faut-il supporter de rester sous la ceinture dans la plupart des cas. Cependant, pour les fans de la première heure, le jeu d'origine est présent sans compromis, alors vous aurez au moins le plaisir de plonger dans votre nostalgie sans aucune gêne. Et pour ceux qui voudraient ne pas se prendre la tête aussi.

  • Une écriture qui peut être aussi drôle que surprenante
  • Une direction artistique et musicale sympa et semblable à Disgaea
  • Pas mal de contenu en perspective
  • Les "packs" permettent de casser le jeu
  • L'expérience d'origine est là, intacte et dispo pour tous
  • Aucun système de jeu n'est poussé, ou même réussi...
  • L'exploration ne tient pas debout...
  • Les combats ne sont pas intéressants, ni stratégiques...
  • Ni les combats en vaisseau...
  • La séduction est un système raté
  • Ca papote BEAUCOUP, façon visual novel
  • On ne s'amuse qu'une fois surpuissant