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Monster Menu: The Scavenger’s Cookbook

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Monster Menu: The Scavenger’s Cookbook

Par Kosmo56 - Le 06/06/2023 à 16:20

Mélanger les genres, c'est un peu comme faire la cuisine : trop de l'un, et on ne sent plus l'autre, ou on se retrouve avec un truc pâteux pas très chouette en bouche. Et puis, il faut que le tout se mélange, et de la qualité. Est-ce que Monster Menu réussit tout ça en même temps lors de sa propre recette ? Il est temps d'en prendre une bonne grosse bouchée.

Allez, une cuillère pour papa

Imaginez, vous êtes un aventurier et vous vous êtes risqué dans un donjon pour débutant, mais vous voilà irrémédiablement perdu. Mourant de faim et de soif, vous trouvez un cadavre de monstre bizarre sur un autel. En mangerez-vous ? De toute façon, vous pouvez refuser, mais c'est un Game Over. Après avoir goûté cette chair étrange, vous vous réveillez en forme, et prêt à explorer... juste avant de vous faire pourrir par un monstre. Il va vous falloir des alliés ! Et en voilà justement. Quelle chance ! Ou est-ce une sorte de magie ? En tout cas, vous êtes coincé ici, jusqu'à ce que vous sortiez par la grande porte. Et vous devrez survivre tout du long, ou recommencer.




Monster Menu n'est pas un RPG typique, puisqu'il se targue d'être un S-RPG, où le S est pour « Survival. » En effet, il sera de votre responsabilité lors de votre exploration de gérer votre nourriture, sans laquelle vous perdrez à coup sûr. Et pas question de manger n'importe quoi, cela ne ferait que gâcher vos maigres ressources. Les monstres sont une bonne source de nourriture, mais les affrontements sont brutaux et vous demanderont de récupérer. Et il faut gérer votre puissance et la montée en niveaux. En théorie, du coup, c'est un système de décisions complexe qui vous attend. En théorie. Car en pratique, ça ne marche pas si bien que ça.

Si vous êtes familier avec la série des Donjons Mystères (Pokémon, Shiren the Wanderer, Chocobo Dungeon) vous saurez à quoi vous attendre, le tout en 3D, et vous devinerez peut-être pourquoi un système exigeant de gestion de ressources ne sied pas vraiment au genre. Sinon, voici des explications détaillées. Vous devez explorer un donjon dont chaque étage est généré au hasard. Coffres, loot, ennemis, emplacement de la sortie, tout ça est décidé avec une table sur laquelle le jeu décide quoi mettre en place. Bien sûr, les ennemis et trouvailles devraient être à peu près à votre niveau, mais rien n'est vraiment fixé. Vous pourriez trouver un équipement super fort aux premiers étages, ou tomber sur un ennemi bien trop puissant trop tôt à la place. Et dans ce cas, pouf, retour au départ, on recommence. Vous aurez un checkpoint tous les 10 étages, après un boss, mais votre niveau retombera à 1 en cas de mort. Tout ce que vous garderez sera votre équipement et les compétences apprises en vous en servant, grâce à un système d'évolution de compétences dans l'esprit des jeux SaGa. De quoi faire grincer des dents en cas d'échec. Et ils seront nombreux.

Ça a cuit trop vite dans un four trop chaud

Mais ne nous emballons pas et expliquons bien les systèmes de jeu. Il n'y a pas que de la frustration dans Monster Menu, loin de là. Déjà, vous êtes libre de choisir la composition de votre équipe. Vous disposez de quatre personnes au maximum dont vous pouvez choisir la classe, ce qui influencera leurs stats et leurs coups spéciaux. Par exemple, la classe d'aventurier a une bonne défense et un accès à la magie, tandis que les lanciers attaquent plus fort, et que les berserkers attaquent comme des dingues au mépris de leur défense. Quelques classes plus techniques existent aussi, comme les mages ou les cuisiniers, les seuls à pouvoir soigner. En théorie, du coup, beaucoup de stratégies s'offrent à vous. Oui, en théorie. Car en pratique, rien de tout ça n'a d'importance. Le seul choix viable est une équipe de 4 attaquants à la hache, seule arme capable de tuer rapidement les ennemis en début de jeu. La différence est incroyablement flagrante : jouer ainsi équivaut à jouer en mode facile. Toutes les autres équipes vont se retrouver à galérer à faire le moindre dégât, à utiliser leurs ressources pour lancer des sorts inutiles, et si jamais vous avez le malheur de tomber sur un monstre un peu plus fort que les autres, ce sera retour à la case départ. De quoi faire voltiger sa manette (mais pas les collectors Zelda, Xenoblade ou Splatoon, hein ?)

Pourquoi les monstres sont si difficiles, me direz-vous ? Il faut savoir que Monster Menu emprunte énormément à Disgaea, tant au niveau des designs que des systèmes de jeu, et du coup chaque ennemi est affublé de résistances élémentaires décidées un peu au hasard, rendant les mages caduques, car rien ne fera autant de dégâts qu'une hache dans la face. Même pas de taper dans le point faible. Vous ne ferez que gâcher vos jauges de faim et de soif en lançant des sorts alors que vous pourriez juste taper. De plus, comme mentionné plus haut, certains monstres sont bien plus forts que les autres. Et pas qu'un peu ! Ces super monstres, à peine repérables grâce à une différence de taille (et encore pas toujours), sont équivalents à des boss et vous renverront au point de départ en deux temps, trois mouvements tant ils tapent fort et sont des sacs à PV. Sauf si vous pouvez les tuer vite à grands coups de hache. Vous sentez un thème récurrent? De plus si jamais vous avez le malheur d'explorer de nuit, plutôt que de vous reposer, tous les monstres deviennent soudainement bien plus forts et vous mettront votre misère vite fait bien fait. Et ce n'est pas le système de boost instantané si vous mangez un monstre mort en plein combat qui vous aidera, surtout que cela signifie abandonner votre loot. Pourtant, ça aurait pu être un très bon point stratégique, si les boosts valaient le coup, mais c’est rarement le cas. De même, si un monstre attaque un membre d'équipe tombé au combat, vous ne récupérerez pas son expérience, et vu qu'il est très difficile de ressusciter un équipier, il y a de quoi éviter entièrement les combats.

Pourtant, vous aurez bien besoin de combattre. Déjà, les monstres ne vous laisseront pas tranquille (et ce même en ignorant les Monster House, des étages REMPLIS d'ennemis), mais vous aurez besoin de leur loot pour rester en vie, grâce à la mécanique principale du jeu, la cuisine. Entre deux étages, vous pourrez vous arrêter pour prendre un petit gueuleton. Viande de monstre, légumes trouvés ça et là, et insectes ou autres trucs un peu gluants mais appétissants, ce sera à vous de les cuire et d'en faire des plats qui remonteront votre vie, et vos précieuses jauges de faim et de soif, qui s'épuisent en continu. Mais attention à ne pas manger n'importe quoi, sinon c'est votre jauge de bonheur qui descendra, et une fois celle-ci proche de zéro, le personnage concerné ne se donnera pas à fond en bataille. C'est dommage car beaucoup de plats très pratiques font baisser la jauge de bonheur : ceux à base d'insectes remontent beaucoup la vie et sont faciles à faire, mais vos aventuriers les détestent. Il s'agira donc de trouver un équilibre, et de gérer vos ressources. Un concept vraiment bien pensé, surtout avec les différents types de cuisson, les effets secondaires des plats à gérer, et la possibilité de préparer des ingrédients à la sauvette pour un goûter improvisé en pleine exploration. La fraîcheur des ingrédients est aussi de première importance, car ceux-ci pourriront vite. On ne se repose donc jamais sur ses lauriers, c'est une fuite en avant vers la sortie du donjon, tout en essayant de jongler avec des couteaux et en faisant du monocycle. Un exercice difficile, mais étrangement satisfaisant quand tout se passe bien.

La montée n'a pas le temps de se faire

N'en doutez pas, Monster Menu est un jeu NIS, et comme beaucoup de jeux de ce développeur, sa progression est exponentielle. Vous avez beaucoup de choses à faire : débloquer des crafts, des compétences, des super plats 5 étoiles aux effets incroyables... Mais encore faut-il y arriver. Et rien, mais rien du tout n'est fait pour aider le joueur à s'accrocher. En dehors des difficultés précédemment citées, le design des étages généré au hasard n'a aucun intérêt. Tout finit par se ressembler, et vous chercherez juste à éviter les monstres en ramassant autant de ressources que possible avant de vous rendre compte que votre inventaire à un poids maximum. De rares points de collecte vous donneront des fichiers à lire, étoffant l'histoire du jeu, ou des manuels de cuisine et de craft, mais le plus intéressant sera les coffres qui contiennent de l'équipement, qui est presque la seule chose que vous garderez entre deux échecs. Et même ceux-là se détériorent ! On finit par croire que le jeu entier est contre nous, et atteindre un point d'équilibre est un dur labeur. Même les autels proposant des boost vous infligeront des malédictions en même temps la plupart du temps. Et encore, faut-il assez d'éclats de monstres, gagnés en combat, pour les activer. Tout fonctionne, mais se révèle tellement frustrant que continuer est une vraie gageure.

Pourtant, le jeu bénéficie d'une superbe présentation, dans une 3D toute mignonne avec le style signature de NIS, et avec une bonne framerate, histoire de nous changer de Disgaea 6. Les monstres sont mignons, facilement reconnaissables, vos personnages personnalisables et bien animés, et vous pouvez même régler leurs poses pour les différentes vignettes du menu. On ajoute à ça une bande-son superbe, et on se retrouve avec un univers vraiment charmant, mais impitoyable, où seule votre détermination compte. Ce n'est pas l'histoire, absente, qui vous tiendra en haleine, mais bien l'envie de montrer au jeu que vous êtes le plus fort, le plus patient, que vous savez relever tous les défis. Ou attendrez-vous un coup de chance ? Allez-vous faire une équipe de 4 Berserkers ? Tout est bon pour survivre... et sinon, vous devrez recommencer. Mais arrêtez-vous avant de manger votre manette.

6
Monster Menu : The Scavenger's Cookbook est un jeu exigeant, voire carrément injuste des fois, qui se rend inaccessible par une difficulté absurde. Pourtant, si vous êtes du genre à vous accrocher, vous découvrirez un très bon jeu, plein de nuances et avec une durée de vie élevée. Ce sera à vous de voir si vous voulez vous infliger ça (ou peut-être que votre testeur est une quiche totale incapable de jouer correctement, le doute est toujours permis).

  • Une variante des jeux Donjons Mystères...
  • Un système de jeu complexe...
  • Les graphismes tous mignons
  • Une bande-son superbe
  • Une customisation très fun
  • ... Pas vraiment réussie
  • ... beaucoup trop complexe en fait
  • Un équilibrage mal pensé
  • Pas de place pour l'erreur, même la plus petite