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Monark

Test Switch

Monark

Par ggvanrom - Le 04/03/2022 à 10:30

Après la licence Caligula Effect, Furyu revient sur le marché occidental épaulé par NIS America et Lancarse avec son nouveau Tactical-RPG dénommé Monark. Entre étude de l’âme humaine et ses dérives, couplé à la rencontre de démons mystérieux, que peut bien donner cette licence ? 

Pour commencer, mourrez !

Monark ne s’embarrasse pas de démarrer en posant des bases claires. Vous incarnez un personnage qui se réveille dans un monde étrange où l’attendent deux espèces de squelettes. Après avoir vu de manière très brève ce qui semble être le gameplay, vous voici cloué au sol, mourant, avant de vous retrouver devant une jeune femme du nom de Yoru qui va vous faire passer un test de personnalité, permettant de définir votre trait de caractère basé sur le principe des Sept Pêchés Capitaux. Mais revenons un peu dans le monde réel…

L’histoire se déroule au sein de l’Académie Shin Mikado, en proie à un phénomène étrange. Cette dernière s’est retrouvée enveloppée dans un brouillard étrange rendant les élèves complètement fou une fois resté trop longtemps à son contact. C’est au premier étage du bâtiment que vous serez retrouvé, endormi et amnésique par l’ancienne présidente du conseil des élèves, le médecin de l’école, et votre petite sœur qui trouvent étonnant que vous n’ayez aucune séquelle de votre séjour prolongé dans cette zone complètement embrumée.

En tentant de quitter la zone, vous serez happé dans un monde parallèle suite à un appel reçu, et vous trouverez face aux mêmes squelettes du début du jeu. Mais cette fois-ci, un curieux démon prénommé Vanitas va faire son apparition et vous confier son pouvoir, faisant de vous un Pactbearer, un humain liant disposant d’un important Ego, et qui décide d’unir ses forces avec un démon pour obtenir un grand pouvoir au sein de l’Overworld. Vous voici maintenant confronté à un problème inattendu.



Seul contre les Sept Pêchés Capitaux

Après avoir pu tester vos nouveaux pouvoir. Vous voici briefé par votre démon Vanitas, ainsi que par l’une des autorités de l’Académie. L’ensemble de l’Académie est victime de ce brouillard qui a été généré par l’apparition de plusieurs Pactbearer qui, après avoir signé un pacte avec différents démons, se sont vu confié une autorité, ainsi que des pouvoirs en phase avec le pêché capital qu’ils incarnent. La clé pour se défaire du brouillard répandu sur l’académie est simple : il vous suffit de vaincre détruire les Idéaux des Pactbearer.

Pour ce faire, vous allez devoir vous rendre dans différentes zones de l’Académie atteintes par le brouillard pour trouver des portes d’entrées vers l’Overworld, matérialisé par un amas de téléphones portables. Pour vous aider, vous pourrez compter sur plusieurs camarades qui disposeront à leur tour d’un Ego suffisamment puissant pour pouvoir être matérialisé dans l’autre monde afin de prendre part eux-aussi aux combats. Entre la thématique des démons, des étudiants devant résoudre des incident surnaturels, et des pouvoirs empruntés aux démons par le biais de pactes, et une trame sous fond d’idéal en nuance de gris, force est de constater que Monark ressemble sur bien des points à un certain Persona de l’écurie Atlus. Et pourtant, plusieurs différences sont de mise.

Ego centré

Pour résumer simplement, l’Ego est la source de votre pouvoir dans Monark. Prenant la forme d’un schéma de personnalité, vos actions et les quiz que vous remplirez durant l’histoire va influer sur votre personnalité, vous permettant d’avoir accès à des compétences variées. En parallèle de l’Ego, vous aurez à de multiples occasions la possibilité de ramasser des Spirits, la seule monnaie du jeu. Consommable essentiel, il vous permettra de faire vos courses auprès de Vanitas, mais sera surtout le seul et unique moyen d’améliorer vos personnages.

Chaque personnage possède en effet son propre arbre de compétence. A force de les ramasser ou de combattre des ennemis dans l’Overworld, vous cumulerez des spirits, mais aucun point d’expérience. La clé pour monter de niveau est donc d’apprendre de nouvelles compétences dans les arbres de vos différents compagnons. A chaque technique apprise ou améliorée, vous gagnez un niveau et augmentez par la même occasion vos statistiques. Attention cependant, les spirits sont communs à tous vos personnages. Vous devrez alors choisir judicieusement quels personnages améliorer et quelles techniques débloquer si vous souhaitez aller loin dans le jeu. Car malgré la présence d’un mode Casual, Monark ne vous fera aucun cadeau.

Un esprit embrumé

Avancer dans Monark se fait en deux phases. L’une est centrée sur l’exploration et la réflexion, tandis que l’autre sera axée sur l’esprit tactique et les combats. Lorsque vous arrivez dans une nouvelle zone de l’Académie rongée par le brouillard, votre objectif est de débusquer les différents idéaux, des matérialisations sous forme de cristaux créés par les Pactbearer, et de les détruire. Se faisant, vous pousserez votre adversaire à venir vous affronter avec son démon à ses côtés. Mais avant d’arriver à ce stade, il va vous falloir fureter.

Dans les différentes zones embrumées, vous ferez face à des élèves ayant complémentèrent perdu les pédales suite à leur exposition prolongée, ces derniers finissant par avoir des paroles et gestes complètement imprévus. A de nombreuses reprises votre progression se trouvera bloquée par une porte fermée ou un PNJ refusant de se pousser tant que vous n’aurez pas trouvé une solution pour le faire bouger. Pour cela, il vous faudra scruter chaque point d’intérêt et user de déduction pour pouvoir regrouper des indices, trouver des combinaisons de coffre et choisir les bons mots devant tel ou tel personnage.

Ainsi, il faudra régulièrement penser à contrôler les profils de chaque élève, plus d’une centaine, et écouter les (trop) nombreux dialogues pour déceler un indice et vous faire avancer. Si les premières énigmes du jeu ne sont pas plus difficiles que ça, il faut admettre que certaines ont de quoi faire mal au crâne, d’au temps plus que le titre n’est proposé qu’en japonais sous-titré en anglais. Et autre subtilité, une exposition continue au brouillard fait grimper votre jauge de MAD. Et une fois cette dernière arrivée à 100%, vous vous retrouverez de nouveau à l’infirmerie du bâtiment principal.

Des combats punitifs

Une fois les énigmes résolues et le portail trouvé, vous voici prêt à vous rendre dans l’une des arènes du jeu. Loin d’un simple J-RPG, Monark se présente comme un Tactical vous demandant d’approcher vos adversaires le plus prudemment possible sous peine de vous voir infliger une sévère correction. Exit les déplacements case par case, Monark propose à chaque personnage de se déplacer librement dans l’arène dans un cercle délimité. Et une fois déplacé, il a au choix la possibilité d’utiliser une technique ou un objet, ou alors de ne rien faire et de récupérer des PV. La mort du protagoniste équivalant à un game over, il vous faudra faire attention à bien peser le pour et le contre avant chaque action, et surtout à régulièrement monter le niveau de vos personnages.

Côté actions, les Arts permettent d’utiliser des techniques en échange de points de vie, et votre Authority permettra d’utiliser d’autres capacités plus techniques qui en revanche consommeront votre barre de MAD. A noter que si votre jauge de MAD atteint 100%, votre personnage verra sa force augmenter au détriment de sa défense, mais il risque de s’en prendre aussi à ses alliés. La jauge Awake quant à elle permettra si vous êtes à 100% d’utiliser une technique spéciale particulièrement puissante et d'augmenter toutes vos stats. Cette dernière se remplie en faisant des actions ou en utilisant des techniques visant à augmenter spécifiquement cette jauge. Et avoir les deux jauges à 100% vous permet également d’atteindre un stade encore plus avancé dénommé Enlightenment.

Enfin, il est également possible de faire entrer des personnages en résonance pour partager des buffs et debuffs, et vous trouver à proximité d’un ou plusieurs alliés lors d’une attaque permet également de déclencher une attaque en chaîne. Sur le papier, les combats sont à la fois complexes et très intéressants, mais la difficulté du titre risque de vous frustrer plus qu’autre chose au début si vous ne faites pas attention à bien monter vos unités et à équiper vos Vessels, des squelettes alliés qui vous rejoindront sur le champ de bataille.

A chaque fin de combat, vous vous retrouverez avec un panneau récapitulatif sur l’ensemble de vos performances. En fonction de vos résultats, votre personnalité évoluera et vous obtiendrez un nombre plus ou moins important d’Esprit, en adéquation avec la note obtenue. Si vous êtes comme votre serviteur à aimer prendre votre temps pour attirer l’ennemi et leur sauter dessus dans les meilleures conditions, le jeu pourra vous infliger un malus à la notation pour avoir trop traîné par exemple. 

Il est aussi très frustrant de recevoir lors de nos explorations dans l’Académie des coups de téléphones, nous permettant de disputer des combats aléatoires. Plus précisément, il est extrêmement rageant lorsque l’on est niveau 3,4 ou 5 d’accepter un appel aléatoire, et de voir que l’on est sur un combat de difficulté 9 avec des monstres de niveau 80 face à soi. Et le pire, c’est que l’on ne peut pas annuler le combat, on est obligé de déclencher le combat, puis de déclarer forfait, pour être téléporté à l’infirmerie du bâtiment principal.

Une technique perdue dans le brouillard

Si a plusieurs moments on pourrait penser que Monark emprunte beaucoup à Persona, niveau finition on est tout de même très éloigné de la licence d’Atlus. Sans être catastrophique, l’habillage global du jeu fait tout de même peine à voir même sur Nintendo Switch avec des décors de l’Académie qui se ressemblent tous, un bestiaire squelettique ne proposant quasiment aucune diversité, ou encore des arènes de combats dont seule la lumière d’ambiance semble changer d’heure en heure. 

Monark est également un jeu très bavard. Outre l’absence de sous-titre français, l’anglais utilisé est assez soutenu et risque de mettre à l’amende les plus réfractaires à la langue de Shakespeare. Mais on a aussi un gros souci de rythme, les dialogues occupant un bon 3/4 du temps de jeu, et ne sachant pas clairement mettre de côté informations clé et anecdotes totalement inutiles. De temps à autre de précieuses informations peuvent être lâchées entre deux anecdotes banales. Ce qui a pour conséquence ne nous empêcher de trop accélérer le texte de peu de passer outre une information essentielle pour résoudre une énigme. 

On peut cependant dire bravo au design de certains protagonistes, démons ou encore à la bande-son qui colle parfaitement à cette ambiance pesante omniprésente. Mais on notera aussi la rigidité faciale et de mouvement des personnages qui font que l’on a du mal parfois à rentrer dans l’ambiance que tente de nous faire vivre le jeu. Ce qui est très dommage, car certaines scènes auraient mérité d’être sublimées par une meilleure technique. Au moins, on a toujours les cinématiques à se mettre sous la dent.


 

6.5
Monark a de quoi offrir aux amateurs du genre un Tactical-RPG aux mécaniques très intéressantes, couplé à une histoire de prenante sur fond de réflexion sur l’humanité. Cependant, ses qualités se voient contrebalancées par un aspect technique en deçà, des dialogues à n’en plus finir et à des maladresses dans l’ergonomie du titre. Loin d’être un mauvais jeu, il faudra toutefois pleinement accepter ses défauts, et avoir un minimum de bouteille en anglais pour pouvoir l’apprécier comme il se doit. Mention spéciale à son sound-design, mêlant une bande-son oppressante et de nombreux bruits de fond stressants, allant des personnages qui hurlent à ces coups de téléphone qui vous glaceraient presque le sang.

  • Un univers étrange et fascinant
  • Certains personnages charismatiques
  • Un gameplay profond
  • Le sound-design
  • La profondeur des thématiques abordées
  • Le scénario qui peut radicalement changer entre les différentes fins
  • Techniquement très en retard
  • Mauvais équilibre dialogue / action
  • Des ennemis et environnement peu diversifiés
  • Un démarrage laborieux avec des notions assez mal expliquées