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Made in Abyss: Binary Star Falling Into Darkness

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Made in Abyss: Binary Star Falling Into Darkness

Par ggvanrom - Le 05/09/2022 à 10:00

Après avoir enchanté les lecteurs et téléspectateurs avec son histoire riche et ses personnages tourmentés, la licence Made in Abyss de Akihito Tsukushi s’offre cette année un premier jeu vidéo, sous la direction de Spike Chunsoft. Entre les personnages principaux de la série, et une histoire inédite mettant en scène de nouveaux personnages, tout devrait se passer pour le mieux, non ?

C’est l’histoire d’une aventurière et d’un robot…

Pour ceux ne connaissant pas l’univers de Made in Abyss, voici un petit résumé pour appréhender le jeu. L’œuvre met en avant la jeune Riko, une jeune orpheline basée sur l’île de Orth. Elle ainsi que les autres occupants de l’orphelinat Belchero ont un point commun, ils sont missionnés pour partir à la conquête de l’Abysse, un gigantesque trou au centre de l’île, profond de plusieurs kilomètres, regorgeant de mystères et de monstres en tout genre. En tant qu’explorateurs, Riko et ses camarades doivent explorer la première strate de l’Abysse pour dégoter des reliques, qui permettent à l’orphelinat de prospérer. Mais outres les pièges et les monstres, un autre mal mystérieux doit être pris en considération : la Malédiction de l’Abysse. Si s’aventurer vers le fond ne provoque pas de problèmes particuliers, la remontée quant à elle est beaucoup plus problématique. Si vous montez de quelques mètres, vous subirez la malédiction. Si les deux premiers niveaux ne vous causeront que des vomissements et vertiges, les niveaux inférieurs peuvent provoquer saignement des orifices, démence, transformation en monstre, et la mort…

Les habitants de Orth étant conscients de la dangerosité de l’Abysse, des règles et une hiérarchisation ont été mis en place. Chaque explorateur se voit remettre un sifflet classé par catégories. Grelot / Rouge / Bleu / Lune / Noir et Blancs. Les Sifflets Blancs sont les plus grands explorateurs de cet univers, et ont réussi à aller au 5ème niveau (à noter qu’au-delà du 5ème niveau, c’est un aller sans retour pour les explorateurs). En tant que Sifflet Rouge et explorant le premier niveau à la recherche de relique, la petite Riko tombe malheureusement sur une créature de l’Abysse des niveaux inférieurs qui a eu envie de monter à la surface. Alors qu’elle voyait sa vie se terminer dans l’estomac de cette créature infernale, elle est sauvée par Reg, un étrange robot amnésique à l’apparence infantile.

Alors que la vie poursuit son cours au sein de l’orphelinat Belchero, Une lettre de Lyza, Sifflet Blanc surnommée Le Seigneur de l'Extermination, et mère de Riko, remonte à la surface, ainsi que son fameux Sifflet Blanc. En tant que sa fille, Riko est autorisée à garder le sifflet, et à jeter un œil à la lettre de sa mère. Elle trouvera également une étrange note indiquant qu’elle l’attend au plus profond de l’Abysse. Vraie passionnée de l’Abysse, et désirant rencontrer cette mère disparue peu après sa naissance, Riko entreprend de plonger au plus profond de l’Abysse en compagnie de Reg, désireux lui aussi d’en apprendre plus sur sa nature et son passé. Ils bravent ensemble l’interdit lié à la hiérarchie des sifflets, et entreprennent donc leur longue et pénible descente pour retrouver Lyza, un voyage que Riko et Reg savent sans retour.



Un mode Hello Abyss expéditif

Lors du lancement du jeu, vous êtes accueilli par le choix de 2 modes. Hello Abyss qui va reprendre l’histoire de l’œuvre principale en vous faisant incarner Riko, ainsi que son ami Reg, puis le mode Deep in Abyss qui est la fameuse histoire additionnelle se déroulant en parallèle de l’histoire principale. Quel que soit le mode que vous souhaitez faire, il faudra fatalement débuter par le mode Hello Abyss. Comme expliqué dans la partie précédente, ce dernier met en scène la descente dans l’Abysse de Riko et Reg. Pas vraiment un mode en soi, Hello Abyss fait plutôt office de tutoriel… D’un mauvais tutoriel. S'il fait plaisir de retrouver nos deux personnages, le but de ce mode est surtout de nous apprendre les (très grandes) bases de la survie dans l’Abysse et le fonctionnement de l’exploration. On apprendra ainsi l’importance de l’escalade et de la nourriture, le système de craft, et les « combats » contre les monstres de l’Abysse.

Problème, ce mode est littéralement expéditif. On commence le jeu avec une Riko boostée qui peut sauter sur les murs sans soucis, accompagnée d’un Reg qui peut utiliser son bras télescopique à volonté pour s’agripper aux arbres pour descendre en rappel de manière fulgurante. De ce fait, la traversée des différentes zones des deux premiers niveaux de l’Abysse vous prendra à peine 4 ou 5 heures. Durant ce laps de temps, vous aurez découvert un système de quêtes, les nombreux aller-retour entre l’Abysse et la surface, et la récolte de matériaux qui viendront rapidement à bout de votre jauge de charge maximale. Mais pourtant on s’évertue à ramasser encore et encore les objets, à crafter des armes alors que les nôtres ne se détruisent pas. On peut aussi voir un niveau à côté de notre sifflet Rouge qui reste inlassablement au niveau 5 alors que nous enchaînons les quêtes. Et on combat des monstres avec une très grande facilité malgré un équipement de base. Ce n’est qu’en arrivant à la fin du scénario de ce mode que l’on se rend rapidement compte de ce qui nous arrive… En fait l’aventure se termine Alors que notre duo s’apprête à descendre au 3ème niveau de l’Abysse. Pour ceux qui suivent l’œuvre originale, ça correspond au chapitre 17 du mangas, et à l’épisode 8 de l’animé. Autant dire que les joueurs ayant eu la patience de passer les nombreux défauts du jeu pour continuer l’histoire l’ont un peu mauvaise (comme votre serviteur à vrai dire). Quant aux différents objets que vous avez ramassés à la pelle, les armes craftées, bah en définitive tout ça ne sert quasiment à rien dans ce mode.

Un mode Deep in Abyss qui nous plonge dans les ténèbres

Une fois avoir contemplé avec frustration les crédits de fin, le jeu nous invite à relancer une partie pour découvrir le mode Deep in Abyss. Dans ce dernier, nous allons créer un avatar à l’aide d’un éditeur simple, et nous plonger dans une histoire inédite prenant place peu après le départ de Riku et Reg. Nous incarnons donc un enfant, garçon ou fille, venant tout juste de rejoindre l’orphelinat Belchero en compagnie de nouveaux camarades : Tiare, Dorothea et Raul. Ce mode peut ainsi être considéré comme le vrai mode de jeu, faisant ainsi office de jeu de survie. Lors de votre première visite dans l’Abysse, vous vous rendrez compte que votre personnage est nettement moins agile que Riko, et pour cause, c’est maintenant que rentre en scène le système de niveau, les compétences et autres joyeusetés. Complètement inutile dans le mode précédent, la chasse aux reliques sera une partie essentielle de votre aventure. Lorsque vous êtes au village, vous vous rendrez compte que de nombreux éléments se sont débloquées. Votre chambre abrite un coffre pour ranger vos objets récoltés, vous avez accès à une boutique pour acheter vêtements et outils d’exploration, ou encore une boutique pour revendre vos reliques contre de l’argent et de l’expérience etc.. A chaque changement de niveau, vous gagnerez un point de compétence que vous pourrez utiliser dans l’arbre éponyme pour débloquer de nouvelles capacités. Faire un combo d’attaque, pouvoir sauter en étant agrippé, ou encore de nouvelles « recettes » pour crafter plats, armes et tenues.

En soi, ce mode est beaucoup plus complet que le précédent, mais il apporte également son lot de frustration. Pour commencer, les outils se cassent à force de les utiliser, mais cela intervient de manière trop rapide à mon goût. L’absence de Reg et de son bras télescopique ralentit fatalement votre progression, vous imposant de partir avec des kilomètres de corde avant chaque exploration. Et les ennemis vont littéralement briser votre patience que ce soit lors des escalades (enfoirés de papillons) ou lorsque vous souhaitez pêcher ou vous soigner, et qu’un foutu ennemi respawn toutes les deux secondes derrière-vous pour vous taper dessus. A plusieurs reprises vous arriverez devant des précipices en ayant aucune idée de comment descendre, ou alors imposant l’utilisation d’une corde… sauf que vous n’en avez plus en stock, et plus aucun spot de farm pour récupérer les objets qui auraient pu vous permettre d’en fabriquer une… Très clairement, le jeu ne vous veut pas du bien et vous le fait savoir à plusieurs moments. Mais le pire reste l’extrême répétitivité du jeu. Que ce soit pour avancer dans l’histoire ou pour farmer des ressources, vous devrez effectuer d’interminables allers-retours entre l’Abysse et la ville… Sauf qu’il ne faut pas espérer compter sur du déplacement rapide. Cette option existe, mais uniquement pour aller de niveau en niveau. Sachant qu’un même niveau est divisé en plusieurs zones, que des items et monstres ne sont disponibles qu’à des endroits bien précis, et qu’il faut à chaque fois enchaîner escalade, temps d’attente pour éviter de subir la malédiction, et les kilomètres de marche, vous allez rapidement maudire vos expéditions, et essayer d’expédier au plus vite vos missions. Certes, la nature de l’Abysse nous impose cette mécanique d’aller-retour, mais on aurait aimé que les développeurs proposent une mécanique pour rendre le tout moins répétitif. Et encore, ce serait négliger un tas d’autres soucis…

Une relique des Abysses

Cela frappera rapidement les joueurs, malgré une modélisation des personnages plutôt réussie, la réalisation du jeu est clairement datée. Les mouvements labiaux sont rigides, tout comme les animations, les textures sont pauvres et ça ne s’améliore pas lors de votre descente dans l’Abysse. Côté maniabilité, on est sur une rigidité extrême, sans parler de l’ergonomie aux fraises. Naviguer dans le menu est assez fastidieux, et que dire des contrôles en action… Pour utiliser les objets, il faut utiliser une roue via le bouton R pas toujours pratique. La gâchette ZL sert à cibler les ennemis quand vous avez une arme en main, la gâchette ZR à attaquer, et pour esquiver, il faut faire une double pression sur la gâchette L… Je vous laisse prendre votre manette en main pour imaginer le plaisir d’effectuer une esquive sur le côté tout en gardant un ennemi ciblé… Si les combats contre les petits mobs ne sont pas spécialement gênants bien que frustrants, les développeurs ont eu l’idée de mettre en place des combats de boss mous et pas ergonomiques pour un sou. Quand se soigner vous maintient bloqué plus de 5 secondes, un monstre a largement le temps de vous attaquer, annulant ainsi l’action. Et dans de rares cas de frustration absolue, rester bloqué entre un mur et deux mobs qui vous attaquent sans possibilité de vous extirper est également une bonne raison pour que les plus calmes d’entre-nous cassent une manette en deux.

C’est d’autant plus dommage que le titre avait de quoi fournir une belle expérience aux fans de la licence. On notera la présence des voix anglaises et japonaises officielles des personnages de l’animé. Par contre le ou les PNJ qui nous accompagnent de temps en temps ont une tendance à répéter les mêmes choses en boucle toutes les deux secondes (mention spéciale à Reg une fois de plus). Le mode Deep in Abyss a pour objectif de nous faire atteindre le rang de Sifflet Blanc, mais avec tous les défauts cités, je doute que beaucoup de joueurs, fans ou non, aient la patience d’atteindre cet objectif, ou même de finir le mode Hello Abyss. Et le pire c’est que même avec un report du jeu, les problèmes sont trop importants pour pouvoir être corrigés. On notera tout de même que les développeurs ont bien gardé le côté « gore » de l’œuvre, quand l’on voit notre protagoniste s’écraser et se disloquer au sol, ou encore se faire démembrer par un ennemi une fois que celui-ci nous a mis KO… C’est bien réalisé, et on les verra régulièrement vu la difficulté du jeu, mais on aurait aimé que le budget de développement aille ailleurs…


 

5
C’est un accueil mitigé pour Made in Abyss: Binary Star Falling into Darkness. Si les développeurs ont parfaitement réussi à saisir l’essence de l’œuvre, le rendu manette en main est d’une extrême rigidité, l’habillage terne au possible, et le tout frustrant et répétitif au possible. A réserver aux amateurs de jeux de survie qui font preuve d’une patience à toute épreuve. Pour les fans de l’œuvre, tout dépendra de votre tolérance à la souffrance.

  • L'univers de l'œuvre parfaitement capté
  • Bonne modélisation des personnages
  • Le mode Deep in Abyss trs complet
  • L'aventure de Riko et Reg expéditive
  • Dur, trop répétitif...
  • Et les faiblesses techniques n'arrangent rien