Nintendo Switch

Kingdom Come Deliverance - Royal Edition

Test Switch

Kingdom Come Deliverance - Royal Edition

Par ggvanrom - Le 30/03 à 15:00

Création du studio Tchèque Warhorse Studios, sorti le 13 février 2018 sur supports concurrents, Kingdom Come: Deliverance est un jeu vidéo de rôle en monde ouvert ayant fait le choix audacieux d’abandonner la fantasy pour un univers 100% médiéval, tentant de se calquer le plus à notre réalité. De retour en 2024 sur Nintendo Switch avec son édition augmentée dénommée Kingdom Come Deliverance - Royal Edition, est-ce que le titre n’est au final pas trop ambitieux pour la console hybride de Nintendo ? La réponse ci-dessous.

Test réalisé à partir d'une clé fournie par l'éditeur.

Le Bohême, leeeeee Bohême 

Comme expliqué en préambule, Kingdom Come Deliverance se pose comme un RPG médiéval, faisant le choix de se démarquer de ses pairs en abandonnant totalement l’univers fantasy que les développeurs ont l’habitude de lui accoler (comme Skyrim et The Witcher pour ne citer qu’eux). Nous commençons alors le jeu par une présentation du Royaume de Bohême (l’actuelle République Tchèque). Après un règne prospère, l'empereur Charles IV décède en 1378, laissant le trône à son fils  Venceslas IV, beaucoup moins compétent de son prédécesseur. Il n’en fallait pas plus pour Sigismond de Luxembourg, roi de Hongrie et de Croatie, et accessoirement, demi-frère de Venceslas, profite de l'occasion pour enfermer ce dernier afin de piller le pays.

Nous démarrons ainsi le jeu en 1403 dans le rôle de Henry. fils du forgeron du village de Skalice. Alors que le jeune homme se contente de vivre oisivement, jonglant entre ses activités avec ses amis et sa douce Bianca, et son travail à la forge, tout bascule lorsqu’un raid de mercenaires mené par Sigismond s’abat sur son village. Il perdra lors de cet incident ses amis et parents, et parviendra à trouver refuge à Talmberg, le château de Skalice étant désormais sécurisé.

Bien que simple fils de forgeron, Henry finira par devenir l’écuyer de seigneur, le sire Radzig Kobyla, et il parcourra le Royaume de Bohème pour accomplir un double objectif : récupérer l’épée qu’a forgé son père pour Radzig Kobyla, avant qu’elle ne soit volée à Henry par une bande de pillards. Et bien sûr nous venger des responsables du Sac de Skalice. Mais ne pensez pas que cette quête fait de vous un héros à part entière, reconnu de vos pairs, vous êtes un fils de forgeron, et vous allez ramer pour vous faire une place dans les hautes sphères.



Plus simulation de paysan que RPG médiéval

De par votre condition de base, il n’est pas difficile de deviner qu’Henry n’est ni un guerrier, ni un justicier né. Il n’est au début de l’aventure qu’un fils de forgeron en quête de vengeance, qui commettra des maladresses avant de constater son impuissance sur bien des points. Heureusement grâce à Radzig Kobyla qui fera de Henry son écuyer (une pirouette facile mais qui trouvera une explication en jeu), vous voici prêt à arpenter le royaume. Vous espériez une belle armure de plates et une magnifique épée à deux mains pour aller casser du mercenaire et du pillard ? Pas de bol, vous commencerez comme un simple garde, équipé d’un casque et d’un gourdin, et encore avant cela, le jeu va vous faire suer durant son introduction, qui dure tout de même deux bonnes heures.

Se déroulant en vue à la 1ère personne, nous prendrons donc nos marques dans le village de Skalice, le temps d’apprendre les bases du jeu. Déplacements, accomplissement de quêtes, système de commerce, et bien sûr gestion de notre personnage. Le jeu embarque un système de réputation qui grimpe ou chute suivant vos actions et vos échanges avec les PNJ. Une mauvaise réputation vous vaudra la méfiance de la population, et une augmentation des contrôles des gardes (délit de faciès !!!). Lors de certains dialogues, vous aurez également la possibilité de répondre à des questions de différentes manières, privilégiant l’affectif, la violence ou encore la logique. Si votre niveau d’éloquence est suffisamment élevé, vous pourrez débloquer des événements spécifiques, et gagner en réputation. Au contraire, un échec pourra entraîner une baisse de réputation potentiellement des petites altercations.

Se voulant un RPG réaliste, Kingdom Come Deliverance met également en place un système de statuts. Comme dans Fallout, une mauvaise réception pourra abîmer vos pieds, et vous empêcher de courir par exemple. Manger un aliment avarié vous empoisonnera, une entaille vous fera vider de votre sang à moins de vous bander rapidement etc.. Mais les développeurs ont été vicieux au point de rajouter une jauge de faim et de fatigue. Si on salut la volonté de vouloir faire un RPG réaliste, je ne connais rien de plus frustrant dans un RPG que de devoir constamment devoir gérer la faim et la fatigue. Vous remarquerez rapidement que vous aurez énormément de statistiques qui évolueront au fur et à mesure de votre aventure, augmentant votre endurance, votre dextérité etc.

Aux armes forgeron !

RPG oblige, Henry devra accomplir de nombreuses quêtes principales et annexes pour évoluer dans le jeu. Le jeu ayant un cycle jour/nuit, certains PNJ n’apparaîtront qu’à des moments clé, ce qui vous obligera à apprendre les habitudes de certains. Bien que ce n’est pas la première idée que l’on se fait d’un RPG médiéval, l’infiltration sera votre plus grande alliée si vous aimez faire de petits larcins tout en évitant de ne pas se faire remarquer pour conserver sa réputation. Dans le cadre des larcins, on rencontrera rapidement le pire boss du jeu, ces S@*§&$% de serrures à crocheter ! Le coffre de la tour du guet de Talmberg est un point qui a traumatisé bien des joueurs, et même avec la nouvelle mécanique de crochetage simplifié, on reste sur un système de crochetage des plus frustrants que j’ai jamais vu.

Les combats sont aussi très particuliers. Encore après plusieurs heures de jeu, je ne sais pas dire si on assiste à des combats réalistes, ou clairement bordéliques. Si les combats à mains nues ne vous demanderont pas nécessairement de connaissances spécifiques (apprêtez-vous à vous faire casser la mâchoire à votre première baston), les combats armés prennent en compte énormément de facteurs qui vont nous faire tuer. Oubliez Skyrim ou l’on va bourriner comme un veau à coups de hache à deux mains, ici défense et parade sont les maîtres-mots, afin de pouvoir tenter percée, estoc et gros coup de lame. Les combats sont extrêmement lents, et les caprices de l’option de ciblage ne rendent pas la tâche aisée lorsque vous avez deux adversaires face à vous. Concernant le tir à l’arc, il faudra également faire sans réticule de visée. Tout est là pour retrouver des sensations authentiques, mais de là à troquer l’aspect de puissance contre un aspect plus réaliste nous conditionnant à notre statut de petit écuyer, on perd le côté fun des combats que l’on peut voir sur les jeux d’autres développeurs.

Ça pique les yeux, mais ça passe

Ne nous mentons pas, lorsque nous lançons Kingdom Come Deliverance, ça pique la rétine. Les textures sont très pauvres, il y a pas mal de clipping, et le jeu souffre de soucis de synchro labiale pendant les cinématiques. A noter que le jeu ne propose que le doublage anglais de base. Si vous voulez le français, pensez à télécharger le pack dédié sur l’eShop (gratuit bien sûr). On ne l’a pas dit précédemment, mais le jeu est extrêmement verbeux et comporte énormément de cinématiques. Couplé à certaines quêtes demandant de suivre « bêtement » un PNJ, on subit régulièrement un rythme de jeu relativement lent. Véritable épine dans le pied dans le jeu de base, impossible de ne pas parler du système de sauvegarde. Si la sauvegarde automatique ne se déclenche qu'à certains moments-clés, si vous voulez opter pour une sauvegarde manuelle, il faudra passer par un objet que l'on appelle le Schnaps du Sauveur, qui une fois consommé vous donnera un malus lié à l'alcool. Si l'idée souhaitée par les développeurs était sans doute d'éviter que les joueurs rechargent une sauvegarde antérieure pour voir toutes les possibilités de dialogues, une telle contrainte dans un RPG est vraiment pénible.

Côté contenu, cette Royale Edition est relativement généreuse avec l’ensemble des DLC parus initialement sur supports concurrents directement inclus. On notera principalement le DLC « Le Lot des Femmes » qui nous permet d’incarner Thérèse, la fille du meunier et amie d’Henry avec lui l’on peut nouer une relation amoureuse. L’essor du phénix quant à lui propose de mettre Henry dans le rôle de Bailli pour rebâtir la ville de Pribyslavice que vous visiterez dans le courant de l’aventure. Ce sont en tout 6 DLC qui vous attendent pour gonfler une durée de vie déjà conséquente (une quarantaine d’heures).

On terminera finalement avec les musiques et l’ambiance générale du titre. Côté bande-son, il n’y a rien à redire, les différentes musiques nous plongent directement dans cette ambiance médiévale. Côté technique, si l’on peut souligner la pauvreté de l’Open World relativement vide, il faut avouer que cette volonté à vouloir proposer un rendu réaliste mérite le respect, et bien que le rendu global fasse peine à voir, ce n’est au final pas plus moche que la version originale sortie sur PS4. On pointera du doigt sa difficulté due à cette volonté de réalisme, et une grosse pénibilité de lisibilité concernant notre évolution lors de phases nocturnes. Même avec une torche équipée, se repérer pique les yeux.

7
Si l’on peut clairement féliciter Warhorse Studios pour le travail effectué avec Kingdom Come Deliverance - Royal Edition, il faut avouer que ce n’est pas un titre qui s’adresse à tout le monde. En faisant le choix audacieux de se concentrer sur l’aspect réalité médiéval, tout en flirtant pas mal avec le côté simulation, la formule proposée tranche radicalement avec les jeux à l’univers médiéval-fantasy proposé par les concurrents. Côté technique, on ne peut s'empêcher de se dire que sur console Next Gen avec un réel peaufinage et un des derniers moteurs en date, le jeu pourrait être une véritable vitrine technologique. Sur Nintendo Switch, le rendu pique un peu les yeux, mais reste tout de même fidèle à la version originale.

  • Un RPG médiéval réaliste, il fallait oser
  • Vos choix et tentatives de persuasion influencent le scénario
  • Quasiment tout influe sur la progression de votre personnage
  • Une bande-son maîtrisée
  • Les DLC qui boostent une durée de vie déjà conséquente
  • Le crochetage, une horreur
  • Ça pique quand même les yeux
  • Le système de sauvegarde
  • Le côté réaliste des combats armés, on aime ou on déteste
  • Des problèmes de rythme