Nintendo Switch

Helvetii

Test Switch

Helvetii

Par Kosmo56 - Le 02/02/2023 à 19:12

Il y a des jeux qui marquent les esprits, et qui inspirent les foules. De véritables chefs-d’œuvre, même si leur succès n'est pas à la hauteur des titres grand public. Muramasa and the Demon Blade, sorti sur Wii en 2009, en fait partie. Aujourd'hui, Helvetii, produit du studio Suisse Kwa-Kwa, sort sur Switch en portant fièrement son inspiration. Simple copie, ou étoile en devenir ? Il est temps de s'immerger dans les mythes Celtes et Gaulois, et de le découvrir.

Quand les irréductibles Gaulois sont encore loin

L'histoire de Helvetii est basée sur des mythes et légendes celtes, et surtout, autour du peuple Helvetii, qui occupait la région du Jura avant l'invasion romaine de la Gaule. Dans notre histoire, le chef de clan Divico, afin de repousser les envahisseurs, a accepté un pacte avec des forces obscures, gagnant en puissance, mais condamnant sans le savoir son peuple. Suite à sa victoire contre les légions, d'étranges racines apparaissent et corrompent la terre, les animaux, et le peuple. Suivi de la druidesse Nammeios et de la demi-bête Renart, Divico part alors en quête de sa rédemption, pour sauver sa terre, et lui-même. Le reste c'est à vous de l'écrire. Et de l'imaginer, le jeu étant plutôt avare en scénario.

Helvetii est un jeu d'action 2D aux multiples influences, qu'il mélange savamment afin de créer un titre assez exceptionnel. Si le gameplay nerveux et les superbes graphismes rappellent sans équivoque Muramasa, tout en ayant leur propre patte et en ajoutant d'autres influences, la structure en elle-même est celle d'un rogue-lite à la Binding of Isaac : chaque salle contient une bataille, a une chance de donner un trésor, et vous devrez quadriller chaque niveau à la recherche du boss qui vous permettra de progresser. Sur le chemin vous trouverez aussi des épreuves spéciales, ou même des dieux vous offrant des pactes de sang (où vous sacrifierez votre vie maximum), vous permettant de les invoquer tels des Stands. Vous pourrez même modifier votre dieu lié si vous croisez un autre autel d'invocation, ou renforcer votre pacte au prix d'encore plus de votre barre de vie maximum.
 



Durant chaque partie, vous aurez le choix entre un des trois héros pour tenter d'aller triompher de la corruption. Divico est un guerrier brutal et endurant, qui cause d'énormes dégâts et peut briser la garde des adversaires, ainsi qu'interrompre leurs coups. Renart est rapide et fragile, mais peut infliger des coups critiques et surtout, contrer les attaques ennemies si votre timing est bon, causant des dommages monstrueux selon votre timing. Quand à Nammeios, elle attaque à distance avec son corbeau, et se sert de son mana pour harceler les ennemis ou augmenter sa puissance, faisant d'elle un personnage tactique, mais intouchable dans les mains d'un expert.

Chaque personnage ne correspond pas à un niveau de difficulté, mais à un style de jeu : Divico conviendra aux joueurs qui aiment foncer sans se prendre la tête, tuer les ennemis plutôt que de les esquiver, et tirer la victoire de leur force. Avec ses capacités, il pourra charger ses attaques plus rapidement, se régénérer et tuer en un coup n'importe quoi. Renart est pour les joueurs appuient sur les boutons à tout bout de champ, tant il frappe rapidement et est mobile, mais aussi à ceux qui aiment prendre des risques pour obtenir des récompenses faramineuses. Contrer un ennemi au dernier moment, au milieu de votre combo, est très satisfaisant, et surtout, mortel. Et cela contre les boss aussi, surtout si vous prenez des augmentations qui vous permettent d'infliger des états anormaux comme le saignement. Nammeios, elle, est destinée aux joueurs patients et prévoyants, car son corbeau attaque plus loin que les autres et la laisse hors de danger, mais il faut prévoir que les ennemis tenteront de le contourner. Bien sûr, libre à vous de déclencher une explosion pour les éloigner, augmenter vos dégâts et les trouer à coups de projectiles : votre mana est là pour ça. C’est ça, la maîtrise!

Beau et brutal

La première chose qui saute aux yeux quand on joue à Helvetii, c'est la beauté de sa direction artistique. Entièrement fait d'illustrations animées, chaque capture d’écran est superbe, et on se réjouit d'arpenter les différents niveaux, avec leurs ambiances incroyables. Bien entendu, tout n'est pas toujours au top, et les illustrations lors des dialogues pourraient peut-être être un peu plus fouillées, par exemple, ou le dernier niveau pourrait être un peu plus engageant, mais le tout reste d'une très grande qualité. L'interface est peu intrusive et reste compréhensible, vous montre sobrement votre vie et votre mana, ainsi que vos pièces (pour la boutique du hibou) et vos clés (pour les quelques coffres verrouillés.) Le haut de l'écran est dédié à votre pacte avec les dieux, et vous rappelle quelle compétence est sous cooldown. D'ailleurs, invoquer Cernunnos ou Toutatis, qui restent derrière vous tels des Stands de Jojo’s Bizarre Adventure alors que vous jonglez avec des dryades corrompues donne un cachet particulier aux parties. Les dieux peuvent vous booster, allonger vos combos, couvrir vos arrières, c'est à vous de voir lequel vous convient. Mais attention, vous ne choisissez pas forcément le dieu qui vous accompagne, et vous devrez des fois vous adapter. Ou faire sans. Après tout, c'est un tel pacte qui a amené les monstres.

La musique du jeu est plutôt discrète, donnant ce qu'il faut d'ambiance, sauf pendant les boss, où les compositions sont plus travaillées et on ressent le talent de Dale North à la composition (RWBY, Wizard of Legend, Dreamscaper) et de Emi Evans (Nier Automata) au chant. Le sound design, bien que correct, manque parfois de punch, par contre, et on pourra manquer le son d’apparition d'un coffre, ou regretter que ses coups ne soient pas plus dynamiques. Il aurait été très satisfaisant de mieux se rendre compte de la tannée que les ennemis se prennent, afin de rendre les combats plus spectaculaires. D'ailleurs, vos personnages parleront en combat, et heureusement, on évite le piège d'entre la même chose en boucle. Ouf. Leurs voix anglaises leur vont bien, et on regrettera même de ne pas les entendre parler lors des dialogues au feu de camp, où vous n'aurez que des dialogues drôles, mais silencieux. Peut-être est-ce voulu ? Après tout, c'est au combat que se situe l'action !

Et les combats, parlons-en d'ailleurs, car ils seront au cœur de vos parties. Chaque personnage possède les mêmes commandes et capacités, en dehors de leur action spéciale. Ils peuvent frapper dans toutes les directions, charger des attaques jusqu'à 3 degrés de charge, envoyer les ennemis en l'air, les renvoyer au sol d'un « dunk » bien placé, esquiver les coups, sauter et envoyer un projectile. Si vous avez un pacte avec un dieu, vous pourrez également l'invoquer afin qu'il vous boost, ou qu'il se batte à vos côtés, dépendant de la divinité. Un moveset basique, donc, mais efficace et dynamique dans son exécution, car des coffres ou des boutiques pourront vous donner des dons passifs, ou actifs, comme une paire d'ailes pour planer, des projectiles différents ou des augmentations de stats. Sachant qu'un run basique dure moins de 30 minutes, la rejouabilité est assurée. Et vu que les affrontements sont courts, et dans des environnements tantôt horizontaux, tantôt verticaux, avec des pièges, des gouffres, ou même des étages, il sera difficile de se lasser du système de combat dynamique.

Le cycle de la tatane

Mais pourquoi reviendrait-on une fois le jeu terminé ? Et bien déjà, car chaque niveau terminé vous donnera des cœurs, à dépenser pour gagner des bonus permanents pour votre équipe : plus de vie, plus de mana, une résurrection ou deux, vous aurez de quoi faire. En plus de ça, jouer avec un personnage vous permettra de débloquer des bonus exclusifs à son usage, ainsi que des costumes spéciaux. Une fois le jeu terminé en Normal, vous débloquerez le mode Difficile. Y-a t-il d'autres modes de difficulté cachés ? Motus et bouche cousue. Mais si le jeu se révèle trop difficile, sachez que vous pouvez régler les dégâts que vous font les ennemis dans le menu des options, en les coupant en deux ou en les doublant. Vous pourrez aussi activer ou cacher un timer vous permettant de mesurer vos progrès. Et finalement sachez qu'une « vraie » fin est également à débloquer pour les curieux et les acharnés. Finalement, Helvetii sera aussi rejouable que vous le voulez : terminé avec un seul personnage, ou bien exploré dans tous les sens.Tant mieux d’ailleurs, car 4 niveaux de 2 stages chacun, c’est assez faiblard sinon. On aura toujours quelque chose à débloquer, on pourra sourire des dialogues entre les personnages autour du feu de camp, jouer aux dés pour gagner de l'argent, ou juste établir un nouveau record. D'ailleurs, l'écriture est très bonne et le jeu est plein d'humour.

Vous l'aurez compris, Helvetii est un très bon jeu, alors a t-il des points négatifs ? Bien sûr, mais pour la plupart, c'est juste qu'on aimerait en avoir encore plus. On aimerait plus de musiques, plus de boss, plus de niveaux, plus de personnages aussi réussis, plus de rejouabilité, pourquoi pas un mode multijoueur. Si le seul défaut d'un jeu est qu'on aimerait en voir d'avantage, c'est qu'on est quand même sur une très bonne qualité. L'absence des trophées sur Switch est regrettable également, car elle pourrait donner un but, un sens de la progression. On restera donc sur une expérience à plus petite échelle, mais très bien maîtrisée.

 

 

8
Helvetii est un jeu non seulement superbe, mais également très bien fichu, dont le plus gros défaut est qu'il ne propose pas plus de contenu. Conçu pour des parties courtes, intenses et rejouables, c'est un jeu que tous les fans d'action 2D devraient considérer acheter, et qui pourrait en convertir quelques autres. Le côté rogue-lite ajoute pas mal de durée de vie et l’humour des dialogues est distrayant. Comment dire non à un petit chef-d’œuvre artisanal ?

  • Les graphismes 2D au style magnifique
  • Des combats courts et intenses
  • Extrêmement rejouable
  • Varié dans son gameplay (entre les personnages)
  • Drôle
  • On en veut encore plus
  • Le scénario reste obscur