Nintendo Switch

Hades

Test Switch

Hades

Par Mimir - Le 28/12/2020 à 09:00

Vous l’avez sans doute longtemps attendu (le jeu), et enfin le voici (le test). S’il est disponible depuis le 17 septembre dernier sur Nintendo Switch, Hadès était un titre à surveiller de près bien des mois auparavant : le jeu était en effet proposé en early access il y a de cela plus de deux ans. Autant dire que de l’eau à couler sous les ponts, laissant tout le loisir à Supergiant Games de peaufiner leur dernier né de tout leur savoir-faire après une petite série de succès critique que constituent Bastion, Transistor et Pyre. N’ayant tâtés aucun de ces précédents titres, nous (je) nous contenterons donc du communiqué qui stipule qu’Hadès se veut être la synthèse de ses trois prédécesseurs, combinant habilement l’action, la narration et une atmosphère riche. Manette en main, allons voir ce que les Enfers nous réserve.

Crise d’adolescence

Un père autoritaire, un fils incompris, et des questions sans réponses. C’est pour ainsi dire le point de départ d’une aventure qui vous fera incarner le jeune, immortel, séduisant, sarcastique, et déterminé Zagreus, fils d’Hadès. Très vite, vous comprendrez que se rebeller contre le grand manitou des Enfers dans l’espoir de se faire la belle et regagner la surface, jusque-là méconnue du Prince, ce n’est pas une partie de plaisir : votre cher et tendre papa ne souhaite pas vous voir prendre la poudre d’escampette. Dès lors, il fera tout pour vous empêcher de quitter la demeure familiale et vous mettra des bâtons dans les roues. Pour ce faire, rien de bien compliqué : placer des hordes d’ennemis sur votre route. Des morts qu’il vous faudra tuer de nouveau pour vous frayer un chemin, une voie toute tracée mais semée d’embuches.

Fort heureusement, tout le monde ne vous veut pas que du mal. Si vous pouvez trouver de l’aide auprès de quelques résidents des Enfers avec lesquels vous avez sympathisé, votre rébellion n’est pas non plus passée inaperçue du côté de l’Olympe. Vous compterez ainsi parmi vos alliés quelques divinités bien décidées à vous donner les moyens de quitter les lieux, dont votre cher oncle, Zeus. Loin d’être le seul, Poséidon, Athéna, Hermès et bien d’autres seront aussi de la partie, l’occasion de découvrir les designs pour le moins originaux et inspirés de vos bienfaiteurs, chacun doté d’une personnalité qui lui est propre. En gage de leur indéfectible soutien, le Panthéon Grec vous offrira une belle petite panoplie de pouvoirs venant se greffer à vos compétences de base et à vos armes tout en vous servant quelques lignes de dialogue pas piquées des hannetons, sur un ton toujours légèrement décalé, le tout dans des environnements d'une richesse et d'une esthétique qui imposent l'admiration.

Il était tant de fois

C’était une autre promesse du jeu : offrir une narration de première main, quelque chose de bien mené et de consistant à se mettre sous la dent. L’exercice était d’autant plus périlleux au regard même du genre : un rogue-like. Un jeu où la mort fait partie intégrante de l’expérience, et où recommencer du début ce que l’on n’est pas parvenu à finir fait sens. Aussi, servir des textes variés, capables de capter et garder l’attention du joueur n’est pas chose aisée, et pourtant, SuperGiant Games l’a fait. La narration n’est ni plus ni moins que le reflet de votre progression qui se veut néanmoins chaotique. Chacune de vos incursions à travers les Enfers vous amène à vivre quelques évènements et multiplier les rencontres. Et, sans exception aucune, de retour dans votre demeure après une mort violente, vos hôtes vous serviront quelques mots en fonction de ce que vous avez vécu lors de votre escapade. Vos morts auront beau être nombreuses, pas une fois vous ne tomberez sur une même ligne de dialogue, ce qui, il faut bien l’admettre, relève d’un petit tour de force.

Mais il ne suffit pas que les dialogues soient variés, encore faut-il qu’ils fassent preuves d’un semblant d’intérêt. Et, de ce côté-là, rien à redire. Petit à petit, au fil des morts et de vos échanges, vos relations avec les autres se dessinent et se révèlent. Des sentiments et des secrets se dévoilent sans cesse par petites touches car, ne nous le cachons, il faut tenir sur la durée. Ces dialogues sont d’autant plus réussis qu’ils évoluent en même temps que votre affinité avec les personnages rencontrés, que vous pourrez développer en leur offrant quelques douceurs. Pour ne rien gâcher, ils sont intégralement doublés, en anglais certes (sous-titré français), mais nous avons affaire à un vrai travail d’orfèvre. Mention spéciale à la voix de Zagreus que vous entendrez fatalement plus souvent que les autres et ne laissera personne indifférent.

Zagreus, pieds de feu

Comme dans tout rogue-like qui se respecte, vous serez confrontés à de nombreux ennemis tous plus différents les uns que les autres, que ce soit visuellement ou patternement (nouveau mot intégré dans le dictionnaire 2032), qui vous mèneront la vie dure. Mais quoi de mieux que l’échec pour apprendre ? Échec qui se traduit par la mort de Zagreus… qui, étant immortel, reviendra inlassablement et tranquillement à la vie. Loin de se décourager, et pouvant toujours compter sur l’indéfectible soutien moral d’un certain Achille, le jeune prince aux pieds brûlants redoublera d’efforts pour s’extraire des Enfers. Et pour ce faire, il pourra compter sur un armement à la pointe et des alliés de premier choix.

Si Zagreus manie dans un premier temps la Lame du Styx, une bien modeste épée que le commun des mortels ne parviendrait pas à brandir, tout un éventail d’armes mythiques se déverrouillera au fur à mesure de ses tentatives d’évasion, chacune dotée d’un maniement qui lui est propre, modifiant ainsi votre manière d’aborder les niveaux et les ennemis. Certaines vous demanderont de vous exposer davantage au corps à corps quand d’autres vous permettront d’éradiquer l’ennemi à distance. Quelles que soient celles que vous choisirez parmi les six, il faudra apprendre à la manier car chacune jouit de ses propres subtilités… et évolutions. Et plus que tout, il faudra vous montrer réactif, demeurer en mouvement et pratiquer l’art de l’esquive avec habileté si vous souhaitez rester en vie. Si Hadès se montre subtil sur bien des points, pour ce qui a trait au combat, c’est bel et bien votre capacité à esquiver et frapper au bon moment qui fera la différence entre la victoire et la défaite. Un bon défouloir en somme.

Mais loin d’être seul, vous pouvez compter sur le soutien (à distance) du Panthéon Grec. Les Dieux de l’Olympe, pas insensibles à votre destin, vont en effet vous prêter leur pouvoir le temps de votre tentative. Zeus, Aphrodite, Arès… Eux, ainsi que de nombreuses autres divinités, vous offriront diverses bénédictions qui amélioreront les caractéristiques de votre arme ou bien les pouvoirs de Zagreus. Dégâts, santé, taux de critique, vitesse de déplacement, nombre d’esquive… Mais aussi les effets appliqués à l’arme ou au jeune prince, pouvant empoisonner, geler, maudire… Modifier les attaques de vos armes… Autant dire qu’il y a de quoi faire tant le nombre de combinaisons possibles tient de l’infini. On se surprend même parfois à découvrir de nouveaux pouvoirs quand deux complémentaires en forment un nouveau. Et faut-il préciser que chaque bénédiction possède son propre rang à améliorer ?

Ces atouts ne seront pas de trop face aux boss que vous affronterez, un à la fin de chaque zone, et qu’il vous faudra apprendre à dompter. Précisons que si les boss ne changent pas (ou presque), ils évolueront au fil de vos rencontres. Ils ne vous oublieront pas et se souviendront si vous les avez rossés ou si au contraire ils vous ont malmené lors de votre précédente entrevue, ce qu’ils ne manqueront pas de vous rappeler. Petit bémol, l’ordre dans lequel vous parcourrez les différentes zones du jeu ne variera pas non plus, ce qui peut donner un sentiment de répétitivité, ce dont, de base, un rogue-like a rarement besoin. Vous verrez donc les décors défiler dans le même ordre, avec les propriétés et pièges (car il y en a) qui leur sont propres. D’un autre côté, vous pouvez plus ou moins savoir ce qui vous attend à chaque nouvelle étape et vous préparer en conséquence.

Le hasard, c’est ce que l’on ne choisit pas

Bien choisir vos pouvoirs a un impact déterminant sur vos chances de succès. Car oui, quand bien même une grande part de hasard demeure dans les bénédictions qui vous sont accordées, il est possible d’influer dessus. Concrètement, à chaque fois que vous viderez une salle de tous ses ennemis, vous aurez à faire un choix pour passer à la suivante. Une à trois portes surmontées d’une icône témoignant de ce que vous trouverez derrière vous inviteront à les franchir, mais vous ne pourrez en choisir qu’une. Ainsi vous pouvez savoir quel dieu vous offrira sa bénédiction, sans toutefois connaître précisément laquelle il vous proposera.

Vous pouvez tout aussi bien choisir d’autres améliorations et objets non négligeables : des vies supplémentaires, des Oboles de Charon, qui ne sont ni plus ni moins que la monnaie à utiliser lors de vos tentatives d’évasion (et que l’on vous conseille de dépenser sans compter étant donné qu’elles s’évaporent à votre mort), ou encore des Gemmes ou des Obsidiennes.

Ces deux derniers objets se distinguent de tous les précédents car vous les conserverez même après votre mort, ce qui vous ouvre la porte à diverses améliorations définitives. Les gemmes vous permettent en grande partie d’effectuer quelques rénovations dans la demeure de votre cher papa mais aussi de profiter de quelques bonus plutôt bienvenus lors de vos tentatives d’évasion, comme par exemple une petite fontaine qui restaure vos précieuses vies. Les obsidiennes, elles, sont encore plus essentielles d’une certaine manière. C’est par elle et elle seule (hormis votre expérience personnelle) que vous ferez progresser Zagreus, en les dépensant judicieusement via le Miroir de la Nuit. Des vies définitivement plus élevées, une esquive supplémentaire… Un luxe à ne pas négliger.

Un autre choix vous incombe : celui de la difficulté. Si le jeu vous donne trop de fil à retordre, vous pouvez basculer à tout moment sur un mode de difficulté plus faible qui renforce de base la constitution de votre personnage et lui fera gagner quelques précieux pourcentages à chaque mort. Autrement dit, plus vous mourrez, plus Zagreus sera résistant. Pratique si vous peinez.

Pour finir, notons que la version Switch s’en sort plutôt bien sur le plan technique. Seuls quelques rares ralentissements sans incidence se sont manifestés, notamment quand une salle est pleine à craquer d’ennemis avec pas mal d’effets à gérer. Pour le reste, le titre conserve toute sa superbe et sa fluidité (mais reste évidemment en deçà de la version PC). Les Joy-Con ne nuisent pas non plus à la prise en main qui demeure exemplaire. Ultime point à noter, à l’heure où ce test est rédigé, comme quoi le retard peut avoir du bon, le cross save entre les versions PC et Nintendo Switch est enfin une réalité !

8
Généreux à plus d'un titre, doté d’une atmosphère riche où détail et subtilité règnent en maîtres, avant même de conquérir le joueur par son gameplay vif et précis, Hadès le séduira en tout premier lieu par les somptueux visuels rendant les Enfers plus vivants que jamais. Pas de quoi nous décider toutefois à nous y attarder : prendre son arme et aller rosser les morts se révèle tout aussi jouissif au point d’en devenir addictif. Bien que Zagreus traverse inlassablement les mêmes zones dans le même ordre logique dicté par les Enfers, on ne peut s’empêcher d’y retourner encore et toujours pour découvrir les secrets qui nous torturent, jusqu’à atteindre la sortie et… Pour toutes ces raisons-là, Hadès, signé Supergiant Games, est un titre que l’on recommande chaudement à tous les fans du genre, et même à ceux qui penseraient qu’il n’est pas fait pour eux.

  • Une direction artistique de haute volée
  • Un gameplay nerveux et millimétré
  • Un bestiaire riche
  • Des pouvoirs et améliorations à n’en plus finir
  • Les doublages de qualité
  • Revisite réussie de la mythologie
  • Intégralement traduit en Français
  • Zagreus
  • Et Zagreus...
  • Répétitif (traversées inchangées)
  • Quelques rares ralentissements
  • Action parfois difficilement lisible