Le studio Vanillaware est connu pour sa réputation solide malgré des publications très discrètes. De Odin Sphere à 13 Sentinels: Aegis Rim en passant par Dragon’s Crown, leurs jeux se sont systématiquement démarqués grâce à un gameplay riche et des visuels magnifiques. Pourtant, on oublie trop souvent l’un des titres qui donnera ses lettres de noblesse au studio: GrimGrimoire. La ressortie de ce titre sur Nintendo Switch est l’occasion de lui donner la reconnaissance qu’il mérite.
GrimGrimoire a plus d'une tour dans son sac
Sorti il y a 15 ans sur PlayStation 2, GrimGrimoire est un jeu vidéo de stratégie en temps réel en 2D dans lequel on incarne l'apprentie sorcière Lillet Blan, qui intègre la très vieille et prestigieuse école de magie: la Tour de l'Étoile d'Argent. L’année scolaire suit son court, entre les enseignements du proviseur Gammel, du démon Advocat, de l'alchimiste félin Chartreuse, et de la nécromancienne Opalnaria, jusqu’à ce que l’esprit de l’archimage Calvaros, soit libéré de son sceau magique, et se mette à semer la zizanie dans toute l’académie. Ce dernier va alors tenter de s’en prendre à Lillet. Au réveil de l’apprentie sorcière, tout est redevenu comme au premier jour. Liliet est alors prise dans une boucle temporelle qui répète les cinq mêmes jours jusqu'au réveil de Calvaros. Tout au long du jeu, le joueur doit découvrir les secrets de l'académie, ce pourquoi le sceau retenant Calvaros a été brisé et comment vaincre le mal qui ronge ces lieux.
Comme souvent chez Vanillaware, la narration est originale, et si certains voient la boucle temporelle comme un moyen de réutiliser les mêmes décors et les mêmes sprites pendant toute la durée du jeu, la sensation de redondance ne se fait jamais sentir. Et pour cause, le développement des personnages va bien au-delà de ce que les apparences peuvent laisser penser. Les traits de caractères caricaturaux dévoilés lors de l’introduction vont rapidement laisser place à des développements de personnages qui ne tombent pas dans le piège du manichéisme.
Un gameplay au poil
GrimGrimoire va alterner entre phases narratives et phases de combat en temps réel. Les combats ont lieu dans une zone de 2D qui s'étend sur plusieurs étages de la Tour de l'Étoile d'Argent.
Pendant les combats, le joueur utilise des unités appelées familiers, qui sont divisées en quatre familles représentant les écoles de magie du jeu : le Glamour, l'Alchimie, la Nécromancie et la Sorcellerie. Chaque famille a ses propres forces et faiblesses, ce qui oblige le joueur à utiliser stratégiquement ses unités pour éviter d'envoyer son armée au casse-pipe. De plus, chaque unité possède des capacités de mouvement différentes.
Dans la zone de combat, les unités sont divisées entre le joueur, les personnages alliés et les forces ennemies du niveau, chacune ayant des actions spécifiques telles que se déplacer, attaquer, défendre, soigner ou patrouiller. Toutes les actions se déroulent en temps réel, bien que le jeu puisse être interrompu pour permettre au joueur de donner des ordres. Malheureusement, même avec la possibilité de mettre le jeu en pause, on fait rapidement face au manque de bouton de la Switch quand on joue à un jeu dont le style est plutôt taillé pour le clavier. GrimGrimoire opte pour un système de commande à base de combinaison de touches, un moindre mal, certes, mais qui demande un temps d’adaptation.
Pour invoquer des unités, il faut utiliser du mana, qui peut être récupéré via des cristaux. Au début, le joueur ne peut fabriquer que des runes qui permettent d'invoquer que des travailleurs pour récupérer du mana, mais d'autres runes peuvent être acquises au fur et à mesure du combat pour invoquer des unités dont la fonction diffère. Certaines runes peuvent également être améliorées pour débloquer de nouvelles unités ou donner des bonus à celles existantes. Enfin, les grimoires, utiles à la création de runes, peuvent également être améliorés, permettant ainsi d'accéder à des unités plus puissantes. Il faudra adapter sa stratégie constamment pour faire face aux vagues ennemies, aux pénuries de mana et aux autres imprévus pour venir à bout des niveaux. Les conditions de victoire varient d'un niveau à l'autre, mais la majorité se gagne en détruisant toutes les runes ennemies. La représentation en deux dimensions du jeu va d’ailleurs poser de nombreux problèmes, et si les débuts de partie vont permettre d’admirer les magnifiques graphismes du jeu, cela devient vite un sacré bazar, et sélectionner une unité en particulier relève alors de l’exploit.
L’un des ajouts de la version Oncemore est la possibilité d'améliorer les familiers et les compétences du joueur grâce à un arbre de compétences. Les points pour améliorer ces compétences peuvent être acquis de différentes manières, comme en triomphant des niveaux, en réussissant les objectifs secondaires desdits niveaux, ou en réussissant des Trials Missions, qui demandent de compléter certains niveaux avec des contraintes spécifiques. Une fois que les points sont acquis, le joueur peut les échanger contre des compétences pour améliorer ses familiers ou ses propres compétences. De plus, le joueur peut débloquer une compétence spéciale qui peut être utilisée une fois par partie pour sortir d'une situation difficile. Il est possible de réinitialiser l'arbre de compétences à tout moment, permettant ainsi aux joueurs de choisir différentes stratégies en fonction des combats à venir.
De toute beauté
La version Oncemore de GrimGrimoire apporte plusieurs améliorations, notamment une résolution plus élevée pour les sprites et les décors, qui met en valeur les graphismes magnifiques du jeu. De plus, le passage du format 4:3 au format 16:9 magnifie l'esthétique propre aux jeux Vanillaware en plus d'augmenter le champ de vision lors des combats, ce qui en fait un remaster exemplaire en la matière. D’autres options de combat ajoutées dans la version Oncemore telles que l'avance rapide et la sauvegarde en cours de combat permettent de surmonter le niveau de difficulté le plus élevé.
En ce qui concerne le son, un nouveau casting a été engagé, ce qui peut sembler surprenant étant donné la qualité des doublages originaux. Cependant, le nouveau doublage est excellent, que ce soit en japonais ou en anglais. Malheureusement, les textes restent en anglais. Les musiques, quant à elles, sont d'une qualité exceptionnelle, signées notamment par Hitoshi Sakimoto et Masaharu Iwata, qui ont également travaillé sur des jeux tels que Final Fantasy Tactics, Tactics Ogre et Valkyria Chronicles. La bande-son accompagne parfaitement les différents segments du jeu.