Nintendo Switch

FAR: Changing Tides

Test Switch

FAR: Changing Tides

Par Miki-Daisuki - Le 08/03/2022 à 08:00

Il est parfois de ces jeux qui savent encore surprendre. En 2017, alors que l’Independant Games Festival bat son plein, un titre se fait une place parmi les finalistes : FAR : Lone Sails, du studio suisse Okomotive. Encensé par la critique, les premiers pas du studio dans l’univers original de FAR avaient conquis le cœur de ses joueurs et le jeu su créer la surprise par son originalité, son ingéniosité et sa direction artistique soignée. Il faut dire que le concept de « jeu d’aventure véhiculé », était en soi une idée qui avait de quoi attiser la curiosité. Avec FAR : Changing Tides, le studio nous propose de réitérer l’expérience et de repartir à l’aventure aux manettes d’un étrange véhicule dans un monde dévasté où vous semblez être le dernier survivant.

Seul sur Terre

A mille lieux de l’ordinaire vivacité des grands espaces, l’aventure débute alors que votre personnage, plongé dans les eaux froides au milieu des débris, remonte petit à petit à la surface, où la réalité lui saute brutalement au visage. De la civilisation qui vous a précédé, il ne reste plus que des souvenirs brisés, éparpillés dans un paysage désolé. Alors, vous partez. La destination est incertaine, mais le voyage, lui est bien réel. Axée à la fois sur l’action et la contemplation, l’expérience vidéoludique proposée ne saurait se réduire à un simple simulateur de balade véhiculée où le joueur se contenterait de la passivité. Ici, si votre personnage est seul, vous l’êtes tout autant : à l’exception des indications concernant les commandes, rien ne vous indique quoi faire pour avancer. L’initiative est à vous, armé d'une palette d'action relativement concise qui permet d'explorer efficacement les décors tel que le saut, la possibilité d'interagir avec les éléments en activant des leviers, porter des objets, mais aussi la capacité de plonger dans les profondeurs. 

Souquez, matelots !

Parlez ici du gameplay est ardu dans le fait que tout l’intérêt du jeu repose en grande partie sur l’apprivoisement de celui-ci par le joueur. Aussi nous contenterons-nous d’exposer dans les grandes lignes les deux phases distinctes rencontrées au cours de notre périple. La première, qui est aussi la majoritaire, est la phase « maritime » consistant au pilotage d’un étrange véhicule à vapeur munis de voiles et de rames qui vous fera progresser par-delà les mers déchaînées et les tempêtes qui n’auront aucun scrupule à endommager vos équipements. Ici, rares sont les occasions de s’ennuyer tant l’imposant bâtiment est exigent et demande une réactivité assez importante, en tout cas au début. Ainsi devrez-vous jongler entre les différentes salles composant votre navire pour agir sur les machines, maintenir l’action du vent sur la voile ou encore utiliser la lance à incendie pour éviter la surchauffe, par exemple. Le tout en prenant garde à gérer convenablement vos ressources pour éviter la panne sèche. Déroutant au premier abord, la prise en main s’avère remarquablement intuitive, d’autant plus que de nouvelles fonctionnalités viendront s’ajouter à votre navire au fur et à mesure de l’aventure, qui sont autant de façon de naviguer qu’un bon prétexte à un renouvellement de gameplay plutôt intéressant dans un type de jeu qui prend le risque d’ennuyer, faute d’obstacles « biologiques ». La maniabilité du véhicule est en revanche beaucoup plus discutable dans les phases sous-marines, où l’évitement des obstacles peut se révéler compliqué vu l’imposante taille que vous avez à déplacer.

Les secondes phases consisteront à résoudre des énigmes, sur terre comme sous la mer, la plupart du temps pour dégager le passage à votre véhicule. Pas dépourvus d’une certaine difficulté par moments, ces mêmes puzzles exigeront parfois une certaine dose d’ingéniosité voire d’acharnement pour en venir à bout, dans la mesure où une fois encore, personne ne viendra vous indiquer quoi faire. Sur ce point, l’on notera que parmi les causes de blocages, on retrouvera en pole position la caméra. Placée assez loin de nous, il n’est pas rare de passer à côté d’objets importants ou de chuter de plusieurs mètres après avoir mal jaugé les distances entres les plateformes, faute de visibilité suffisante. Ici, l’option « zoom » ajoutée à la palette d’action atténue un peu cet aspect, mais son manque de mise à contribution outre notre initiative personnelle fait que l’on oublie vite son existence. Malgré cela, ces phases sont sans aucun doute les plus intéressantes du jeu en ce qu’elles redonnent au joueur la liberté d’explorer ces recoins recélant de secrets sur ceux qui habitaient en ces lieux.

Avec plus d’une dizaine d’heures au compteur, le jeu se dote d’une durée de vie plutôt conséquente mais expliquée en partie par un rythme global relativement lent, surtout lors des phases de navigation. En effet, si la chaudière permet à votre véhicule de vous déplacer rapidement, les ressources volontairement limitées pour la faire fonctionner sont moins une mise à contribution d’une quelconque capacité de gestion qu’une quasi-obligation pour le joueur de se déplacer uniquement avec la voile, laquelle offre une rapidité de déplacement toute relative. Tous ces éléments font de Far : Changing Tides un jeu dans lequel la demi-mesure parait difficile : ou le joueur adhère totalement au travail proposé et le plaisir de jouer sera entier, ou celui-ci passe totalement à côté et c’est l’ennui qui prend le dessus.

Une ambiance immersive

Qu’on le contemple sous les rayons timides de l’aurore, dans la pénombre de la nuit ou sous la plus terrible des tempêtes, le paysage qui défile sous nos yeux expriment bien plus que des mots, les contours de cette civilisation que sans cesse l’on côtoie, mais que jamais l’on ne voit. Ce sont ces maisons englouties, ces constructions grandioses et cette technologie qui dépeignent ce que fut jadis un peuple intelligent et prospère. On regretterait presque que cette aventure ne soit pas entièrement en 3D tant l’on a envie d’explorer ces vestiges de plus près. Les fonds marins ne sont pas en reste s’agissant des mystères qui l’abritent, mais nous n’en diront pas plus pour vous laisser découvrir ce dont nous parlons.

Et si l’adjectif « poétique » n’a toujours pas été employé dans ce test, c’est parce qu’il fut spécialement réservé à l’ambiance sonore. Emprunte de nostalgie, d’espoir et de tragédies, les musiques ponctuant l’aventure ne peuvent être écoutées qu’à certains moments clé du jeu. Du reste, seuls les bruits des vagues et du vent nous accompagneront. Ce choix des développeurs à l’avantage de rendre l’intervention musicale plus percutante mais aurait pu participer à rendre le sentiment de solitude un peu moins présent. Cela n'empêche nullement le titre d'avoir ses moments de grâce pendant lesquels, l'espace d'un instant, le monde est encore debout. 

 

Retrouvez le barème des notes des tests de Nintendo-Master 

7.5
Mystérieux, fascinant, troublant, les mots ne manquent pas pour caractériser Far : Changing Tides, un jeu au gameplay qui s’apprivoise et au plaisir de jouer qui se gagne à la force de son investissement. L’immersion est complète dans cet univers où débrouillardise est gage de survie, que l’on contemplera plus que l’on y interagira, mais où il en ressortira un voyage inoubliable porté par un concept ingénieux qui ne laissera personne indifférent jusqu’à ce qu'au loin, enfin, se dessine le terminus.

  • Une Direction Artistique somptueuse
  • Un concept original
  • Une bonne durée de vie
  • Une ambiance poétique immersive
  • Une jolie fin
  • Un rythme global un peu trop lent
  • Des musiques pas assez présentes
  • Un emplacement de caméra pas toujours optimal
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