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ENDER LILIES: Quietus of the Knights

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ENDER LILIES: Quietus of the Knights

Par Mimir - Le 31/07/2021 à 08:00

Si les metroidvania étaient durant de longues années presque tombés dans l’oubli, le genre a, d’une certaine manière, retrouvé ses lettres de noblesse. Ce retour dans la lumière, il le doit à une poignée de jeux qui se seront fait remarquer de par leurs qualités évidentes. Mais c’est aussi dans les ténèbres que s’expriment certaines œuvres. ENDER LILIES : Quietus of the Knights, fruit démoniaque d’Adglobe et Live Wire, deux jeunes studios japonais, est l’une d’elles. Place à une 2D ciselée teintée de dark fantasy !

Il était une fois…

Au Royaume de Lointerre, la pluie est une véritable malédiction. Continue, elle porte en elle les germes d’un mal mystérieux décimant toute trace d’humanité sur ces terres maudites, transformant les hommes en créatures aussi hostiles qu’immortelles. Au sein de ce royaume en perdition s’éveille un espoir dans les profondeurs d’une église : Lily, une fillette d’un blanc immaculé, symbole d’une pureté qui n’appelle qu’à être souillée.

La jeune fille, dernière prêtresse blanche foulant une terre désertée, est la seule à pouvoir purifier les Impurs, les créatures autrefois humaines infectées par la corruption déversée par la pluie de mort. Ignorant tout d’elle, de son destin et de ses origines, ou dit plus simplement, étant amnésique, la fillette unique survivante du Royaume ne restera pas seule bien longtemps.

Un chevalier, ou plutôt ce qu’il en reste, veillera en effet sur Lily du début à la fin. Abandonnant son corps par le passé, il n’est plus aujourd’hui qu’un esprit lié à la frêle prêtresse. Fort heureusement, il n’en est pas moins capable de se battre et de prêter sa lame à la cause qu’elle aura choisi de suivre : découvrir l’origine du mal qui dévore Lointerre et y mettre un terme.

La menace des Impurs

Et pour ce faire, la jeune prêtresse aura bien besoin de l’aide du chevalier car, hormis se déplacer, sauter, esquiver maladroitement les attaques des Impurs et restaurer ses vies via un nombre de prières limitées, elle est elle-même bien incapable de se défendre et encore moins d’attaquer.

L’esprit du chevalier se matérialisera alors aux côtés de la fillette pour occire les Impurs sur son chemin. Des Impurs de toutes tailles et de toutes formes, d’aspects humain, bestiale voire démoniaque, mais toujours monstrueux. Les ennemis sont nombreux, parfois lents, parfois vifs, menaçant au corps à corps ou bien à distance. Leurs attaques peuvent vous causer de lourds dommages, aussi faut-il avec raison utiliser le peu des capacités dont vous disposez d’entrée de jeu, à savoir l’esquive pour finalement attaquer au bon moment.

Globalement les ennemis s’aborderont et se terrasseront souvent selon ce schéma plutôt simple, mais il faut toujours prendre en compte leur propre vitesse qui diffère beaucoup et peut vous prendre parfois par surprise. Les boss, notamment ceux de premier plan qui constituent un passage obligé, sont à prendre plus au sérieux.

Capables de vous éliminer en quelques coups bien placés, dotés d’une barre de vies fatalement plus importante que nul autre, profitant d’un design diaboliquement réussi avec une mention toute particulière pour l’ultime ennemi du jeu, il ne convient pas de foncer tête baissée pour les défaire et les libérer du mal qui les ronge. Chacun d’eux dispose de trois phases qui se déclencheront en fonction de leurs points de vie restants, modifiant ainsi leurs patterns qu’il vous faut apprendre. Car c’est là que réside la clé de la victoire : savoir comment agiront les boss pour mettre en pratique ce que les ennemis de base vous auront enseigné : l’esquive, le dash, l’attaque… et le recours aux esprits.

S’il y a de grandes chances de se prendre une rouste lors des premiers affrontements, l’apprentissage fait merveille. La difficulté générale, combats et exploration, s’en trouve donc finalement plutôt bien dosée, même si quelques passages se révèleront clairement trop punitifs. Toutefois, pas de grande inquiétude à avoir : la mort n’est guère pénalisante dans ENDER LILIES : Quietus of the Knights. Mourir vous ramènera à votre dernier point de repos, et ils sont nombreux. Vous ne perdrez rien de vos objets ou expériences obtenus, quand bien même vous n’avez pas sauvegardé récemment.

Une prêtresse pour les purifier tous

Au fil de vos victoires sur les Impurs, vous gagnerez des alliés. Lorsque vous viendrez à bout des boss qui ne sont autres que des êtres ordinaires rongés par la corruption, vous serez alors en mesure de les purifier et ainsi libérer leur esprit de la folie. Ces derniers vous prêteront alors main-forte à l’instar du Chevalier noir, vous offrant ainsi un tout nouveau panel d’actions.

Des actions dont vous pourrez profiter en combat. Une vingtaine d’esprits aux capacités aussi variées que celles de vos ennemis peuvent se lier à la prêtresse au cours de l’aventure. Vous pouvez équiper au total six esprits répartis sur deux sets de trois. Vous ne pouvez donc pas vraiment en invoquer six simultanément, et heureusement car cela nuirait à la lisibilité qui peut déjà parfois être mise à mal (en cause une myriade d’ennemis et d’attaques), mais le switch entre les sets se fait par simple pression de la gâchette et donc très naturellement.

Devant cette abondance d’esprit, vous serez tenté dans un premier temps d’essayer le dernier en date. Puis petit à petit, vous vous serez constitué votre petite équipe et ne prendrez peut-être plus la peine d’essayer les autres, dont les capacités sont parfois similaires à un que vous aurez déjà, ou (que vous jugerez) trop peut dignes d’intérêt. C’est dommage, car hormis des combinaisons plus ou moins judicieuses, il n’y a pas de véritables synergies entre les esprits. L’idée est là, mais elle aurait peut-être méritée d’être davantage poussée pour offrir quelque chose de plus original. Il est à noter que les esprits ne peuvent être utilisés qu’un certain nombre de fois, jusqu’à ce que vous vous arrêtiez à un point de repos, qui en plus de faire office de sauvegarde, vous permettra de recharger leur nombre d’utilisations. Au final, vous serez sans doute rarement handicapé par cet aspect-là.

Vouloir n’est pas pouvoir

Les esprits ne vous serviront pas qu’à combattre. Metroidvania oblige, au sein d’une carte aux innombrables chemins et chambres, vous rencontrerez des obstacles infranchissables sur votre route. Infranchissables jusqu’à l’obtention d’une toute nouvelle capacité via un nouvel esprit que vous aurez acquis et qui vous permettra de passer outre. Ainsi, si la jeune prêtresse reste frêle, les esprits, eux, comblent à merveille ses insuffisances. Le classique double saut sera donc rapidement débloqué, et suivra une palanquée de nouveaux pouvoirs qui, liste non exhaustive, vous permettront de grimper à des murs, détruire des parois, ouvrir des portes scellées, etc. Le level design a donc été judicieusement pensé et adapté à toutes ses particularités, proposant à sa manière du challenge pour atteindre certaines zones pas si évidentes d’accès.

Par élimination, on comprend assez vite malgré l’absence totale d’indication de la carte qui se veut relativement succincte, quel chemin emprunter dès lors que des issues nous apparaissent inaccessibles. Pour autant, cela ne doit pas vous empêcher de retourner une salle, car elles abritent bien souvent des ressources et items qui vous seront d’une grande aide.

En cherchant plus ou moins bien, vous pourriez mettre la main sur des « résidus féroces » et des « résidus stagnants », qui vous permettront d’améliorer les capacités de vos esprits : Force, vitesse d’exécution, coups supplémentaires… Il faudra toutefois faire un choix cornélien, car vous aurez beau piller toutes les chambres, jamais vous n’aurez suffisamment de résidus pour améliorer tous vos esprits au niveau maximum (ce qui vous conduira d’ailleurs à en ignorer un certain nombre comme précisé ci-dessus).

Lily, elle aussi, deviendra de plus en plus forte. D’une part via l’expérience remportée en tuant les Impurs : gagner des niveaux lui conférera davantage de force (ou plutôt de force aux esprits). Le système d’évolution est donc relativement simple étant donné qu’il n’y a aucune possibilité de customisation, de points à affecter à différents postes. D’autre part en l’équipant de reliques que vous débusquerez au gré de votre exploration et qui vous conféreront divers bonus : vitesse de déplacement, vies supplémentaires, augmentation du nombre d’utilisations des esprits, des prières… À vous de choisir lesquels équiper car les emplacements, à débloquer, sont limités.

Enfin, vous trouverez également des notes essentiellement laissées par ceux qui sont aujourd’hui devenus des Impurs. Les récupérer sur votre route est intéressant, car vous découvrez à travers elles des personnages, leurs histoires et bien souvent leurs destins brisés. Elles constituent l’essentiel du scénario du jeu, avec les quelques rares scènes qui viennent ponctuer votre avancée. Il est d’ailleurs bien dommage que ces « cinématiques » ne soient pas plus nombreuses et ne soient pas visionnables à travers une galerie par exemple, car l’histoire n’est pas vraiment ce qu’elle semble être de prime abord. Les pièces du puzzle ne s’assemblent pas nécessairement dans l’ordre et relire l’ensemble des notes, avec les cinématiques en prime, aurait été agréable, d’autant plus que le tout est intégralement traduit.

La beauté d’un monde en perdition

Ce récit sombre est porté par une atmosphère à la fois lugubre et enchanteresse, à travers des visuels et une bande-son de haute volée. ENDER LILIES : Quietus of the Knights n’a clairement pas à rougir des ténors du genre ou de quelques productions qui jouissent d’un budget plus conséquent.

À plus d’un titre, une certaine dualité peut-être observée. À la fois entre Lily, une petite fille fragile d’un blanc immaculé, symbole de pureté, combattant des êtres corrompus tant de corps que d’esprit à l’aide d’alliés eux-mêmes dévorés par la corruption. Mais aussi dans l’environnement. Dark fantasy oblige, les différents tableaux sont souvent réaliser dans des tons plutôt sombres, des milieux délabrés, décrépis, plongés dans la brume, parfois bien glauques, mais aussi à l’occasion chatoyants alors même qu’ils symbolisent bien souvent le mal qui dévore le monde.

Vous visiterez toutes sortes de lieux : des Châteaux à la splendeur passée, des villages en ruine mais aussi des lieux plus végétalisés et d’autres rongés par la corruption. Le tout, toujours sublimé par des détails savamment placés, qu’il s’agisse d’effet de lumière, de particules ou simplement une mise en scène des décors qui, à plusieurs moments, vous feront vous arrêter pour les admirer.

Vous vous arrêterez aussi certainement pour profiter d’un petit moment de paix afin de prêter l’oreille à la musique. En effet, la bande-son n’est pas en reste et se hisse sans mal à la hauteur de quelques titres reconnus, entre autres, pour leurs musiques. Certaines mélodies, transpirant majoritairement la mélancolie, auront pu nous évoquer un peu de Nier Automata, un peu de Xenoblade Chronicles… Des références on ne peut plus sérieuses, mais chacun y entendra ce que son oreille lui dira.


 

7
ENDER LILIES : Quietus of the Knights est un metroidvania à l’ambiance pour le moins sombre porté par des mécaniques de jeu qui ont fait leur preuve. Si pour ce qui à trait à l’exploration le titre ne fait pas vraiment dans l’originalité, tout en étant réussi, le système d’esprit, bien qu’il aurait mérité d’aller un peu plus loin, associé aux capacités de la jeune prêtresse, se révèle suffisamment efficace pour proposer des combats dynamiques. Mais surtout, on ne peut que saluer le soin apporté tant aux visuels qu’à la bande-son qui permettent au titre de se forger sa propre identité et de laisser son empreinte dans l’esprit du joueur qui aura eu le bon goût de se battre pour le Royaume de Lointerre.

  • Une bande-son sublime
  • Une direction artistique maîtrisée
  • Un gameplay simple mais efficace
  • Des combats dynamiques
  • Le design des boss (et surtout celui du dernier).
  • Une difficulté globalement bien dosée…
  • … Mais quelques zones très (trop) punitives
  • Une carte très sommaire
  • Quelques problèmes de lisibilité