Après avoir sorti en 2021 un remaster des deux premiers opus Famicom Detective Club: The Missing Heir & Famicom Detective Club: The Girl Who Stands Behind, Nintendo a décidé d’offrir aux amateurs de Visual Novel sous fond d’enquête policière un tout nouvel épisode de cette licence ayant débuté sur Famicom (la NES Japonaise) en 1988. Emio – L'Homme au sourire : Famicom Detective Club nous plonge ainsi dans une toute nouvelle intrigue où nous retrouvons nos deux héros face à un meurtre qui semble lié à une vielle légende urbaine. Avons-nous été séduits par l’aventure ? Découvrez notre test dédié ci-dessous.
Test réalisé à partir d’une version fournie par Nintendo.
Attention : Le jeu étant un Visual Novel sous fond d’enquête policière, nous ne dévoilerons aucun élément de l’intrigue. Nous vous remercions d’en faire de même dans les commentaires pour réserver la surprise aux joueurs.
Je peux te donner un sourire pour l’éternité
Pour ceux n’ayant pas fait les deux premiers opus ressortis en 2021 sur Nintendo Switch, soyez rassuré, ils ne sont pas nécessaire pour la compréhension de cet épisode (mais vous louperez quelques références malheureusement). Pour rappel, nous incarnons un jeune homme, que vous nommerez préalablement, détective au sein de l’agence Utsugi. Vous travaillez avec l'assistante détective Ayumi Tachibana pour le compte de Shunsuke Utsugi. L’agence collaborant régulièrement avec la police, vous êtes envoyé par votre supérieur sur les lieux d’un incident. Un collégien nommé Eisuke Sasaki a été retrouvé mort. Là où les enquêteurs sont inquiets, c’est quant à la disposition du corps. La victime a la tête couverte par un sac en papier sur lequel est dessiné un visage souriant.
Malheureusement, la présence de ce sac en papier pose problème, car il rappelle aux enquêteurs une série de meurtres s’étant déroulés dans la ville il y a 18 ans, et dont le coupable n’a jamais été trouvé. Et pour ne rien arranger, ce masque semble faire écho à une vieille légende urbaine, Emio : L’homme au sourire. Selon les rumeurs, lorsqu’une jeune fille est en pleurs, Emio apparaît devant elle pour leur offrir un « sourire éternel ». Les jeunes filles sont ensuite retrouvées mortes avec un sac en papier sur la tête, arborant un visage souriant. La police étant bien décidée à découvrir la vérité derrière la mort de Eisuke Sasaki, elle fait appel à l’agence de détectives qui lui permettra d’avoir une aide extérieure, et peut-être que cet œil neuf permettra de faire un parallèle et de résoudre les meurtres du passé restés encore sans réponse à ce jour.
Résoudre une affaire à l’ancienne
La licence ayant débuté en 1988, le moins que l’on puisse dire, c’est que Nintendo a décidé de la laisser « dans son jus » concernant son gameplay. S’agissant d’un Visual Novel, n’espérez pas d’action dans le jeu. Il s’agit d’une aventure textuelle où vous passerez votre temps à dialoguer avec différents personnages afin de trouver des éléments clé pour l’avancée de votre enquête et découvrir qui se cache derrière la mort de Eisuke Sasaki et des victimes d’il y a 18 ans. Pour ce faire, le jeu passe par un menu textuel extrêmement sommaire. Un écran noir sur lequel sont indiquées différentes actions : Appeler/Aborder, Interroger/Écouter, Inspecter/Examiner, Réfléchir etc..
Là où le jeu est rapidement frustrant, c’est sur sa mécanique de progression. Rien ne vous indique dans quel ordre effectuer les actions. Lorsque vous interrogez un personnage sur un sujet précis, il se peut que vous deviez appuyer plusieurs fois sur la même action pour passer des « Heuu », « Hmmm », avant que se déclenche un nouveau dialogue. Le plus souvent, quand un personnage deviendra muet, il faudra entamer un autre sujet, ou bien sélectionner une autre action contre-intuitive de prime abord pour continuer la progression. Cela est rapidement frustrant. Heureusement, l’option « Réfléchir » arrive à nous dépanner la plupart du temps, mais cette sélection hasardeuse est assez pénible mécaniquement parlant. Appuyer sur « Sauvegarder l’enquête » ou regarder un personnage via le bouton observer pour qu’il se remettre à parler n’a vraiment rien d’intuitif, et cette sensation perdurera tout le long de l’aventure.
Le jeu ne vous permettra pas d’avoir de fins multiples, mais vos actions et recherches approfondies pourront vous permettre de déclencher quelques séquences complémentaires. N’hésitez donc pas à abuser des fonctions de dialogue et d’examiner tout ce qui vous passe sous les yeux pour essayer de faire progresser les dialogues. Point intéressant, vous avez à disposition un bloc-notes qui se met à jour dès que les personnages donnent un élément important sur une situation ou une personne. Cela vous permet de garder en mémoire un récapitulatif détaillé de chaque personne liée à l’affaire en cours. Le jeu est découpé en 12 chapitres, et vous aurez, généralement en conclusion de chacun, l’option « Faire le Point » qui apparaît. Cela permet de récapituler l’ensemble des éléments que vous avez abordés durant ce chapitre, et éventuellement de tirer des conclusions plus ou moins judicieuses sur les éléments que vous avez rassemble. Cela se manifeste par des sélections parmi plusieurs choix, un pointage de personnage ou encore de mots-clés présents dans vos notes ou à taper directement via un clavier virtuel. L’aventure vous tiendra en haleine durant une dizaine d’heures. Même s’il n’y a pas de norme concernant la durée de vie d’un Visual Novel, en comparaison de ce que l’on trouve à côté, on reste sur une durée de vie assez faible. Mais il faut tout de même noter quelques bons points pour cette licence.
En un mot : Magnifique
Malgré l’absence de traduction des deux premiers opus, Nintendo a fait l’effort de traduire Emio – L'Homme au sourire : Famicom Detective Club en français. Le titre dispose également d’un doublage intégral en japonais. Là où la licence tire son épingle du jeu depuis les remaster de 2021, c’est clairement sur l’habillage des jeux. Bien que se déroulant sur des écrans fixes, l’ensemble des personnages sont animés et ont chacun leur gestuelle, tics etc.. De plus, chaque personnage a également des mouvements labiaux pour donner plus de réalisme aux nombreux dialogues du jeu. Couplez à cela la gestuelle et expressions faciales qui peuvent trahir leurs émotions, et vous avez vraiment une bonne immersion dans le jeu.
Les décors ne sont évidemment pas en reste. En plus d’être beaux et détaillés, ils sont eux aussi animés et donnent l’impression de voir une toile vivante en arrière-plan. La traduction est de très bonne facture et le doublage japonais l’est tout autant. À noter qu’il y a également des options de défilement de texte automatique ou de skip rapide si jamais vous avez pour une raison X ou Y besoin de recommencer une section. Personnellement, j’ai pris l’habitude de sauvegarder avant de faire le point, et en cas d’erreur, je rechargeais la sauvegarde (vous avez dit mauvais joueur ?). Et que dire de la musique qui s'adapte parfaitement à chaque situation et qui arrive à nous plonger davantage dans l'intrigue. Entre les musiques d'ambiance, les moments de suspense, les bruitages de fond en ville et dans la nature, c'est un sans-faute pour nous tant cela apporte de la vie au jeu.
Vient bien sûr la question à un million, est-ce que l’histoire vaut le coup de se pencher dessus pendant 10 heures ? Malgré le fait que je trouve à redire sur la logique de certains passages et éléments d’intrigue, il y a une vraie envie de découvrir le fin mot de toute cette histoire, et on prend plaisir à se faire nos petites déductions dans notre tête au fur et à mesure que l’on avance dans les dialogues. Je prends actuellement la plume en venant de découvrir le fin mot de cette histoire, et mon sentiment se tient en 4 mots : frustration, surprise, émotion, questionnement.
Dernier point concernant la communication autour du jeu, les premiers teasers et certains médias semblaient indiquer qu’on était sur un jeu horrifique. Si quelques rares scènes peuvent éventuellement donner une sensation de malaise, le PEGI 18 arboré est surtout présent par rapport à la présence de la mort, de la violence et autres éléments que vous comprendrez davantage en faisant le jeu. Mais soyez rassuré, ce n’est pas un titre qui vous fera bondir de votre chaise avec des screamers et autres joyeusetés.