Fruit du studio Inverge Studios sorti en 2019 sur PS4, Effie est un jeu d'action / aventure nous mettant dans la peau d’un vieillard en quête de sa jeunesse volée. Paru en avril 2021 sur l’eShop puis en octobre en version physique sur Nintendo Switch, est-ce que cette version vaut la peine que l’on s’attarde dessus ?

Que de temps perdu à gagner du temps

Effie nous conte les aventures de Effie Galand, un jeune homme vivant dans la région d'Oblena. Alors qu’une jeune femme lui demandait de l’aide pour se sortir d’une situation délicate avec sa charrue, Galand choisit la solution de facilité et dit à la jeune femme qu’il avait autre chose à faire. Manque de chance, cette personne était une sorcière qui, pour punir Galand de sa paresse, lui jeta un sort pour le rendre vieux prématurément, avant de s’échapper. 

Afin de retrouver sa jeunesse volée, et suivant les paroles des statues des anciens, Galand se voit attribué un bouclier magique dénommé Runestone, et est chargé de prouver sa valeur en éliminer la source de la magie noire dont la sorcière Melira semble puiser sa force. Il est ainsi chargé de visiter différents lieux de la région d'Oblena afin d’éliminer ce mal, et à terme, trouver un remède à cet envoûtement. Etant en réalité une aventure relatée par Galand à sa petite-fille Effie, chaque chapitre sera entrecoupé de discussions entre les deux personnages devant un bon feu de cheminée, une histoire dans une histoire en somme.

Un bouclier pour les éliminer tous

Jeu d’action / aventure oblige, on serait tenté de penser qu’à la manière d’un Zelda, Darksiders ou autres, notre héros Galand serait doté d’une myriade d’équipements. Il n’en est rien. Ce dernier aura pour seule et unique arme le bouclier magique Runestone. Ce dernier fait néanmoins office de véritable couteau suisse. Galand l’utilise pour donner des coups simples et forts, peut utiliser les pouvoirs des anciens pour déclencher des coups spéciaux comme des tremblements de terre ou des champs protecteurs, mais aussi s’en servir comme moyen de locomotion ! Pour traverser les plaines, notre héros surfera en effet sur ce dernier pour optimiser ses déplacements afin de rallier chacune des zones principales faisant office de chapitre. 

Une fois ralliée ces zones, l’utilisation du surf est interdit, et nous nous retrouvons à nous balader dans de grands environnements truffés d’énigmes et de goules, sbires de Melira. Pour avancer, notre personnage devra sauter, s’agripper, combattre, mais aussi faire marcher sa matière grise. Les énigmes étant d’une extrême simplicité et surtout axées sur l’analyse visuelle, le titre est aussi bien adapté pour les adultes que pour les enfants. Chaque donjon se terminera ainsi par un combat contre Melira, dont la nature du combat changement à chaque chapitre.

Les donjons regorgent également de runes et de coffres. A force de les récolter, le personnage de Galand gagnera un niveau supplémentaire à chaque fois que sa jauge dédiée sera remplie. N’espérez pas voir en revanche d’arbre de compétence ou quoi que ce soit, chaque nouveau niveau constituera se traduira par une augmentation de votre barre de vie, ainsi qu’une augmentation de votre barre de magie, nécessaire pour déclencher les différents pouvoirs de votre bouclier. Point négatif en revanche, une fois un donjon terminé, son accès est définitivement fermé, empêchant le joueur de récupérer les runes qu’il aurait pu oublier, ainsi que les reliques renforçant le lore du jeu, et permettant de le finir à 100%. Un choix assez étonnant de level-design. Côté durée de vie, n’espérez pas non plus aller au-delà de 5-6 heures de jeu.

Une version Switch aussi rabougrie que son protagoniste

Quand un développeur sort un jeu sur consoles concurrentes, avant de le sortir sur Nintendo Switch, il y a toujours cette peur (justifiée) du mauvais portage. Dans un premier lieu, on savait que Effie ne tournerait qu’à 30 FPS contrairement aux autres versions qui elles cadençaient à 60 FPS. Ce n’est pas la première fois qu’un tel choix est fait, et n’entache quasiment pas l’expérience de jeu. En revanche le jeu sur Nintendo Switch fait montre d’une multitude de bugs et de soucis techniques qui rendent l’expérience hybride peu agréable.

On commencera bien sûr par un problème visible absolument tout le temps en jeu : les saccades qui sont justes incompréhensibles, allant jusqu’à faire ralentir les séquences d’ouverture de coffre, mais aussi les chutes de résolution après cinématiques pouvant faire crasher votre jeu, ou même envoyer Galand dans le sol après un combat de boss, rendant obligatoire un redémarrage de la console. Certains auront peut-être plus de chances que d’autres, mais me concernant, ce ne sont pas moins de 3 crashs sur une session de 3h qui ont été constatés. On rajoutera également un bug quand vous choisissez les sous-titres français lors de votre partie. Si vous éteignez, et recommencez la partie, les sous-titres sont bien marqués français dans les options, mais le jeu les affiche toujours en anglais…

Dans la liste des éléments gênants, qu’est-ce qui s’est passé dans la gestion des éclairages extérieurs sur la version Nintendo Switch ? Les zones ombrées, en pleine journée, sont littéralement plongées dans le noir total, au point où l’on se demande où est passé le soleil. Certes, cela ne gêne pas le gameplay, mais c’est extrêmement déroutant. D’un côté plus global, le bestiaire du jeu est relativement peu fourni, et on n’a pas réellement de sensation de faire mal lorsque l’on assène des coups aux ennemis. Pire, on a beau les matraquer, ils continuent leurs patterns de coups comme si de rien n’était, faisant qu’on se prend des dégâts qu’on le veuille ou non.

Autre point négatif, Galand avançant d’un pas à chaque coup, n’allez pas vous amuser à commencer un combat à côté d’un précipice ou d’une zone remplie d’eau. Vous tomberez inutilement, et risquez de voir un long temps de téléchargement vous ramener plus ou moins loin en arrière. Pourquoi plus ou moins ? Parce que là aussi, la gestion de la sauvegarde automatique est des plus bizarres. Nous n’avons pas la main sur la sauvegarde, et la sauvegarde auto se déclenche d’elle-même à des points plus ou moins logiques. Tous ces éléments mis bout à bout, l’expérience Effie se retrouve relativement diminuée, que ce soit en mode portable ou en mode salon.