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Disgaea 6 : Defiance of Destiny

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Disgaea 6 : Defiance of Destiny

Par ggvanrom - Le 28/06/2021 à 08:00

Dernier épisode en date de la licence culte signée Nippon Ichi Sosftware, Disgaea 6 : Defiance of Destiny propose aux amateurs de T-RPG d’entrer dans une toute nouvelle dimension avec un moteur de jeu intégralement en 3D, et des niveaux et taux de dégâts exponentiels à faire s’évanouir les fétichistes des chiffres. Mais est-ce que cette sur-enchère ne serait pas finalement le dérapage de trop ?

Echouer, mourir, se relever

Une fois de fois de plus, les développeurs de Nippon Ichi Software nous ont préparé une histoire simple mais rocambolesque pour ce 6ème épisode de la licence Disgaea. Le jeu débute par la présentation du Death-Tructor Divin, un personnage voyageant entre les mondes connu pour détruire tous les Mondes dans lesquels il apparaît. Alors que les nombreux combattants ayant tenté de l’affronter ont tous péri, confirmant son statut d’être invincible, un petit Zombie du nom de Zed, accompagné de son fidèle acolyte canin Cerbère, se dresse vaillamment contre cette créature démoniaque.

Arrogant, sûr de lui et puéril, Zed n’a qu’un seul objectif en tête : vaincre le Death-Tructor Divin. Seulement son statut de Zombie, à peine plus important que celui de Prinnie dans le Sous-Monde, nous fait immédiatement comprendre que le jeune zombie n’a pas l’ombre d’une chance. Et pourtant, Grâce à une magie extrêmement rare dénommée Ultra-Réincarnation, Zed se relève à chacune des milliers de défaites que lui a infligé sa Némésis, devenant ainsi de plus en plus fort à chaque réincarnation.

Nous débutons le jeu avec un Zed au sommet de sa puissance, rétamant sans difficulté les gardes de l’Assemblée Démoniaque pourtant au niveau 999 (le niveau maximum jusqu’à l’épisode 5). Il s’exprimera au milieu des Députés pour annoncer un fait jugé impossible : il a éliminé le Death-Tructor Divin. Comment cela peut-être possible ? Quel est le mystère de l’Ultra-Réincarnation, pourquoi une envie si profonde de défaire le destructeur des mondes ? Nous allons apprendre cela de la bouche de Zed qui nous contera son histoire à travers les différents chapitres du jeu.



Savoir compter sur ses compagnons

Alors que nous commençons donc le récit de Zed, nous découvrons que ce dernier a déjà subit un nombre inimaginable de défaites face aux Death-Tructor Divin, et de réincarnations. Devant ce cruel constat, Cerbère propose à Zed d’aborder son combat sous un nouvel angle. Au lieu de foncer tête baissée en solitaire, il va lui falloir trouver des compagnons de voyages pour l’épauler dans son aventure. Ces recrutements se feront comme toujours via un espace de création dédié pour les « larbins », et les personnages principaux quant à eux seront automatiquement recrutés au fur et à mesure de votre progression dans l’histoire.

Qui dit Disgaea dit bien évidemment dialogues décalés, et humour omniprésent, allant des classiques vannes entre collègues, sur la taille de poitrine, ou encore des clichés vus et revus depuis des années. Mais à la sauce Disgaea, on ne s’en lasse jamais, et c’est ce qui reste encore aujourd’hui sa principale force. Mais rassurez-vous, le soft saura aussi à plusieurs reprises tirer sur la corde sensible pour le bien de la progression de l’histoire. L’histoire prendra ainsi la forme de longs pavés de textes, de saynètes ou encore de petites cinématiques entre deux combats. De ce point de vue, les fans de la licence avanceront en terrain connu.

Une évolution perpétuelle

Comme tout Disgaea qui se respecte, vous avez le choix lors de la création de vos compagnons de choisir leur classe, attribuer quelques points statistiques bonus, avant de les équiper de la tête aux pieds et de les envoyer affronter les démons aux alentours. Se faisant, vous engrangez des points d’expérience, des points de mana mais aussi de la monnaie pour pouvoir vous acheter de meilleurs équipements. À force de combattre, les personnages maîtrisent leurs armes, apprennent de nouvelles capacités, et deviennent ainsi plus forts.

Mais la nouvelle capacité de Zed qu’est l’Ultra-Réincarnation va considérablement changer votre manière d’améliorer vos personnages. Si dans les opus précédents, c’était toujours un crève-cœur de réincarner un personnage pour l’améliorer, l’Ultra-Réincarnation propose des possibilités d’évolutions presque indispensables pour terminer le jeu. Pour faire simple, cette dernière vous permet de recommencer avec le personnage de votre choix au niveau 1, conservant en même temps la plupart des statistiques acquises lors de son évolution précédente. Vous conserverez alors au niveau 1 des capacités normalement apprises bien plus tard, et vous enverrez au niveau un des patates de forain qui pourront one-shot des ennemis ayant pourtant plusieurs dizaines, et même centaines de niveaux de plus que vous.

Concernant les personnages principaux, vous ne pourrez pas changer leur classe. En revanche pour les démons lambdas, rien ne vous empêche de créer une mage rouge, et de la faire s’ultra-réincarner en paladine par exemple. Avec cette nouvelle perspective d’évolution, Nippon Ichi Software nous permet de vraiment découvrir l’ensemble des classes du jeu sans réelle restriction. Attention toutefois, Disgaea 6 possède tout de même un niveau de difficulté standard, et vos premières heures vous demanderont de farmer régulièrement. Mais passé une quinzaine d’heures, vos statistiques seront tellement pétées que vous balayerez sans soucis vos opposants.

Premier loupé de cet opus qui va rapidement vous sauter aux yeux : la variété des classes. Alors que l’on pouvait découvrir plus d’une quarantaine de classes (humanoïdes et monstres inclus) dans le 5ème opus, Defiance & Destiny dépasse difficilement la vingtaine de classes. Alors certes, les classent peuvent évoluer pour augmenter les stats, et changer le coloris des unités au passage, mais le fait de voir plus de la moitié du casting disparaître sans aucune raison risque de faire grincer énormément de dents de fans.

Le gigantisme des statistiques

Nouveauté présentée dans ce 6ème opus, les statistiques de jeu ont été grondement boostées par Nippon Ichi Software. Pour rappel, jusqu’à présent dans un Disgaea on pouvait s’amurer à atteindre le niveau 999 pour tous nos compagnons, et adresser des coups en séries pouvant amener le compteur de dégâts au millier d’unités sans souci. Et bien dorénavant, vous pourrez monter le niveau de vos personnages jusqu’au palier 9999, et porter des coups simples qui dépasseront largement le million d’unités, et arborer sur votre feuille de personnages des niveaux de stats qui auront de quoi faire pâlir les amoureux de gros chiffres.

Pour autant, ce gigantisme assumé par les développeurs n’est rien de plus qu’un « trompe l’œil ». Ces derniers ont effectivement été artificiellement montés pour donner cet aspect absolument énorme. Dans les faits, les personnages peuvent grimper durant un combat de 100 niveaux alors que les mêmes actions ne permettaient que de monter d’un niveau ou deux pour les mêmes performances réalisées. Une fois que les joueurs ont compris que ce gigantisme n’est qu’artificiel, on retrouve une certaine « normalité » dans la lecture de toutes les informations fournies par le jeu.

Un sous-monde toujours aussi riche

Pour mener à bien notre quête de destruction, Cerbère a préparé un sous-monde connecté aux différents mondes de l’univers Disgaea. Ce lieu de repos sera un HUB central propre à chaque épisode. Ce dernier nous permettra de franchir le portail dimensionnel pour aller compléter les différentes missions, mais pas seulement ! Vous aurez bien évidemment la boutique Rosen Queen, L’Assemblée Démoniaque pour faire voter vos lois, mais aussi des nouveautés comme la Buvette, intimement liée à l’Ultra-Réincarnation, et d’autres contenus supplémentaires que nous vous laissons la surprise de découvrir.

Bien sûr impossible de ne pas parler du Monde des Objets qui est un classique de la licence. Petit rappel pour ceux du fond, comme les personnages, les objets peuvent également monter de niveau. Pour ce faire, on pénètre dans le monde des objets, une dimension spéciale où l’on parcourt des donjons générés aléatoirement afin de trouver de quoi améliorer l’arme dans laquelle on est entré. À noter que nous aurons maintenant la possibilité d’envoyer des personnages améliorer un ou plusieurs objets de manière automatique tandis que nous, nous irons combattre. Un moyen simple et efficace de monter l’XP de vos unités, et d’améliorer les objets.

Si le scénario vous demandera plusieurs dizaines d’heures pour découvrir les 7 fins différentes du titre, le monde des objets propose quant à lui une durée de vie du jeu infinie. Et l’on prend beaucoup de plaisir à explorer ces mondes aléatoires, découvrir les petits secrets cachés par les développeurs, et faire la chasse aux Innocents pour améliorer les stats de nos équipements. À noter qu’en raison d’un élément de gameplay que l’on verra un peu plus bas, et des statistiques complément cheatées liées à l’Ultra-Réincarnation, la durée de vie de cet opus demeure moins élevée que les anciens opus. Ce qui est logique quand nos personnages peuvent détruire d’un coup n’importe quel ennemi du mode histoire après avoir trop forcé sur le farming.

Une formule qui ne change pas

Alors que la licence Disgaea est considérée comme une des meilleures du genre Tactical-RPG, son gameplay n’a pour ainsi dire que très peu évolué depuis son lancement. Pour ce 6ème opus, nous avons enfin un élément réclamé par les fans depuis des lustres, la possibilité de sauter les éternels tutoriels de début de partie qui nous apprennent les bases des commandes, allant du déplacement des personnages à l’utilisation des différentes capacités. Comme toujours, nous évoluons sur des terrains décomposés en cases de différentes hauteurs, et l’objectif est donc de venir à bout des différents ennemis avant qu’ils déciment notre équipe. Pour ce faire, nous aurons droit aux attaques standards, mais aussi aux capacités spéciales.

Mais bien sûr la richesse du gameplay ne s’arrête pas là. Se battre à côté de ses alliés permet de déclencher des combos pour augmenter les dégâts, faire des attaques en chaîne permet de booster les bonus de dégâts, et on peut encore et toujours soulever et lancer alliés, ennemis et blocs pour tirer avantage d’un terrain spécifique, ou pour prendre les adversaires à revers. En ce sens, Disgaea 6 propose une nouvelle fois une disposition d’arènes qui vous demandera d’utiliser un minimum vos méninges pour vaincre les ennemis sans trop de casse. Et bien sûr, les géoblocs sont toujours de la partie, ces petits artefacts qui, une fois placés sur des cases à géoeffets, permettent de déclencher bonus et malus divers.

Une fois la bataille terminée, la jauge de bonus qui se remplit au cours du combat vous permettra de débloquer quelques récompenses supplémentaires, et vous tomberez ensuite sur un panneau récapitulatif faisant le point sur l’XP et le Mana ramassés. Tandis que l’XP sert bien évidemment à monter de niveau, le Mana quant à lui sera indispensable pour faire voter des lois, utiliser la buvette, ou apprendre et améliorer techniques et maléfices. 

Une casualisation mortelle

Si Disgaea a profité des années qui passent pour s’améliorer petit à petit en proposant par exemple la sauvegarde automatique à la fin des combats pour éviter de perdre « connement » sa progression après une heure ou deux de farm, ce nouvel opus est parti encore plus loin dans la casualisation. Ainsi les personnages n’ont plus besoin de l’hôpital pour se soigner après une dure bataille, vous êtes automatiquement soignés à la fin d’un combat. De même si avant il fallait impérativement abattre les ennemis pour grappiller des points d’expérience, aujourd’hui chaque membre qui participe à un combat touchera une part égale des XP cumulés lors de la bataille. Ce qui peut être une bonne chose notamment pour augmenter le niveau des nouveaux venus ou des ultras réincarnés. Je vous aurai bien dit que c’est aussi une bonne nouvelle pour les soigneurs et autres buffers, mais autant vous dire que leur rôle est devenu bien anecdotique dans cet opus…

Mais l’autre ajout qui peut être vu comme une excellente, ou au contraire une horrible idée, c’est le mode automatique. Comme son nom l’indique, vous pouvez dans les options du jeu faire en sorte que le jeu joue à votre place afin de gagner du temps, ou de farmer l’XP en faisant quelque chose d’autre à côté. D’ailleurs au moment où j’écris ces lignes, le jeu est entrain de tourner tout seul pour faire monter de niveau mes derniers personnages Ultra-Réincarnés. Cette automatisation propose des actions basiques, mais si vous voulez quelque chose de plus poussé vous pouvez débloquer l’Intelligence Maléficielle. Ce menu vous permet en effet de déterminer les actions de vos personnages en répondant à trois questions : Quand ? Qui ? Faire quoi ? Vous pourrez par exemple imposer à un soigneur l’utilisation d’une technique de soin quand il reste à un acolyte moins de 30% de PV, ou encore faire attaquer un bourrin qu’avec des attaques standards. À vous de voir comment vous souhaitez configurer vos personnages.

En plus du mode automatique, le titre propose également une autre option extrêmement pratique : le mode boucle. Une fois une carte terminée, vous recommencez directement cette même carte. Vous l’aurez compris, si vous couplez les deux modes ensembles, et que vous allez aussi dans le menu Triche pour influer sur le taux d’XP, de Mana ou autres, vous pouvez littéralement « casser » le jeu, et vous retrouver avec de véritables monstres en laissant le jeu tourner tout seul une heure. Et je n’ai même pas parlé du fait de pouvoir accélérer la vitesse de déroulement des parties en mode automatique… Personnellement, je préconise une utilisation judicieuse de ces deux modes. J’utilise le mode automatique pour faire remonter à niveau les personnages réincarnés. Et ensuite, je joue au mode histoire en mode classique. Si par contre vous optez pour jouer tout le temps en automatique, l’intérêt du jeu s’en retrouvera grandement diminué.

Un nouveau moteur pour le meilleur ou pour le pire ?

L’autre grosse nouveauté de la licence qui n’est pas passée inaperçue est bien sûr son tout nouveau moteur de jeu. Alors que jusqu’à présent la licence nous proposait des sprites en 2D en guise de personnage dans des environnements en 3D, ce Disgaea 6 vient de rentrer dans l’ère du Full 3D. De ce fait, les équipes de développement ont dû retravailler intégralement tous les modèles de personnages, et aussi toutes les cinématiques d’attaque. On serait tenté de dire que c’est à cause de ce nouveau moteur que nous sommes privé de la moitié des classes connues à ce jour, mais nous n’en aurons jamais la confirmation hélas. Sans être extraordinaire, cette nouvelle modélisation 3D de personnage nous propose des personnages colorés, et les cinématiques des capacités sont même agréables à regarder. Par contre une fois passé les combats on reste sur des animations extrêmement génériques. On a même perdu au passage les mini gags lorsque l’on recrute un nouveau personnage. Heureusement, le français est toujours de la partie dans les sous-titres.

Grosse incompréhension en revanche, le jeu fait preuve de gros ralentissements dans le HUB du jeu, alors qu’il ne s’agit pourtant pas de la zone la plus chargée du jeu. Ces ralentissements peuvent même apparaître en combat. Cela s’explique par la présence d’un mode de réglage dans les menus. Vous aurez en effet le choix entre le mode Performance pour la résolution, Jouabilité pour le framerate, et Balancé pour un entre-deux. Le jeu étant calé de base en mode Performance, j’ai essayé de passer en mode Jouabilité, et la bouillie de pixels servie m’a vite fait revenir en mode Performance. Le choix de l’affichage sera vraiment à l’appréciation de chacun.

Dernier mot enfin sur l’environnement audio. Côté musique la bande-son du HUB reste agréable à l’écoute, et les diverses musiques des stages se laissent écouter et se fondent bien dans la masse. Par contre, c’est un autre point noir pour les doublages audio des personnages. Qualitativement parlant il n’y a rien à dire que ce soit pour l’anglais ou le japonais. Par contre lorsque vous combattez, les personnages touchés poussent un « cri » à chaque impact. Je vous laisse imaginer le bordel sonore ambiant quand vous visez un ennemi avec une capacité spéciale qui touche plusieurs fois d’affilée un ou plusieurs ennemis…


 

7.5
Disgaea 6 : Defiance of Destiny propose un nouvel aperçu de la licence en surfant sur la mode du Dye & Retry et du farming à outrance, toujours avec ce ton décalé dont la licence a le secret. Le nouveau moteur graphique apporte de la fraicheur au titre, mais cela s’est manifestement fait au détriment de pas mal de contenu présent dans les opus précédents, à commencer par l’absence d’une grande partie de classes de personnages. Mais que les fans se rassurent, le gameplay reste toujours le même et vous proposera de longues heures de combats, que ce soit dans le mode histoire, ou dans le monde des objets où l’on ne s’ennuie jamais.

  • Un univers toujours aussi décalé
  • Les fondements du gameplay de la licence est toujours là
  • La modélisation 3D des personnages
  • Simplification du système de récolte d'XP
  • Les sous-titres français toujours de la partie
  • Apparition de 4 nouvelles classes
  • Débutez sur la démo, et continuez sur le jeu complet
  • Possibilité de sauter les tutoriels
  • Un aspect farming beaucoup plus poussif qu'auparavant
  • Plus de la moitié des classes de la licence manquent à l'appel
  • Les modes boucle et combat automatique qui peuvent "casser" le jeu si mal utilisés
  • Des animations génériques en dehors des combats
  • Résolution ou Framerate, un cruel dilemme