Nintendo Switch

Clive 'N' Wrench

Test Switch

Clive 'N' Wrench

Par Kosmo56 - Le 24/02/2023 à 15:17

Dix ans. C'est le temps de développement de Clive N Wrench, un jeu créé par un homme et sa petite équipe, un projet de passion et d'amour pour les jeux de plate-forme en 3D. Dix ans pendant lesquels deux générations entières de consoles sont passées. Normalement, les arlésiennes du développement de jeux vidéo présentent les séquelles de leur temps de développement, mais est-ce que le feu sacré des jeux de plate-forme gardera ce projet fou à flots ?

Retour vers le passé

Tout ne va pas bien pour Clive le lapin et Wrench le singe : le maléfique Docteur Daucus a découvert une machine à remonter le temps, et contamine toutes les époques avec un élixir bizarre qui rend la population obéissante. Heureusement, Nancy, la sœur de Clive, est aussi un petit génie avec une machine temporelle, et ensemble, ils vont arpenter différentes époques afin de trouver la source de l'élixir et remettre le Docteur Daucus à sa place.

Clive N Wrench est un plateformer 3D dans l'esprit des grands jeux de l'ère PS2 et N64 comme Banjo-Kazooie, Conker's Bad Fur Day, Jak and Daxter, et même Gex 3D. Au programme donc, des grands niveaux avec pas mal d'objets à collectionner, des choses à chercher, et des petites énigmes à résoudre, le tout dans des environnements variés et chatoyants. Oui, variés, car le hub central du jeu, découpé telle une horloge, propose 11 niveaux basés sur autant d'époques ou de thèmes différents, un véritable exploit pour une si petite équipe. Clive y arbore même un chapeau ou une tenue assortie. Quelle classe !



Chaque époque, ou niveau, est un grand espace composé de plusieurs sections remplies de choses à faire. Nommément, vous devrez récupérer 10 pièces antiques, les objets à collectionner principaux du jeu, et une ribambelle de montres à gousset. Si les montres sont un peu partout et vous permettent généralement d'explorer tout le niveau à force de les ramasser, les pièces, elles, sont mieux cachées. D'ailleurs, vous pourrez même en laisser quelques unes de côté et quand même finir le jeu. Mais vous ne serez pas forcés d'en laisser derrière vous, car vous disposez de toutes vos capacités dès le départ. Chaque pièce possède un « nom » visible sur une liste, qui peut aussi servir, des fois, de vague indice sur sa position, la manière d'un Mario 64. Chaque niveau possède quelques pièces aux objectifs similaires (rattraper un personnage en fuite, ramasser 5 choses pour un PNJ, retrouver 5 clés cachées, retrouver Nancy) mais aussi des objectifs uniques, allant de la simple recherche à la réussite d'un mini-jeu.

On singe les grands classiques ?

Mais alors, n'est-ce qu'un jeu de plate-forme comme les autres ? Un collectathon, comme on les appelait, avec un millier de brillants à ramasser ? Pas tout à fait. Chaque niveau, plutôt que d'être un grand bac à sable dans lequel jouer, comporte un début et une fin marqués. Bien entendu, vous avez la possibilité de fouiller partout, et vous devrez le faire afin de trouver les pièces antiques, mais la progression naturelle des niveaux est rafraîchissante pour ce type de jeu, et plutôt intéressante à parcourir. De plus, attraper une pièce ne vous éjectera pas du niveau : un peu à la manière de Mario Odyssey, vous serez libre de continuer votre exploration pour trouver d'autres pièces (sauf que chaque monde n'en contient que dix, pas douze mille.)

Une fois assez de pièces ramassées, vous aurez la possibilité d'aller défier le boss du niveau pour débloquer l'accès au monde suivant. En fait, c’est même obligatoire. Mais, dans une très bonne idée de game design, chaque boss est différent : certains exigeront que vous les affrontiez directement, d'autres joueront à cache-cache dans un petit niveau fait exprès pour, tandis que d'autres vous surprendront avec des épreuves et événements originaux. De quoi éviter de soupirer d'ennui avant d'affronter un boss nul. De plus, la difficulté va crescendo et les derniers boss vous feront recommencer quelques fois, et utiliser tous vos différents mouvements. 

D'ailleurs la palette de mouvements n'est pas des plus variée : vous pouvez sauter, effectuer un double saut, un saut en longueur ou un saut en hauteur si vous êtes à l'arrêt. Vous pouvez aussi sprinter, attaquer en tournant Wrench autour de vous, ou même planant en l'agitant en rond autour de vous (et non ce n'est pas de la cruauté animale). Mais ce qui rend tout ça efficace est que tous ces mouvements peuvent être enchaînés ensemble sans problèmes pour une mobilité à toute épreuve. Seule ombre au tableau, Clive et Wrench vont vite, très vite. Ils ne bénéficient pas du poids qu'on peut ressentir avec Mario, ou Banjo, et si leur vitesse permet des fois de traverser des niveaux de façon inattendue et intéressante, elle peut aussi être une gêne pour les passages plus délicats. Tout a beau fonctionner la plupart du temps, le fait que le duo ait une inertie étrange qui ne les ancre pas solidement au sol semble être une conséquence du fait que les développeurs soient débutants plutôt qu'un choix conscient, et cela peut être quelque peu distrayant. De plus, le saut en hauteur a tendance à casser le level-design en vous épargnant la peine de passer par des chemins plus difficiles. Ou est-ce voulu ? Difficile à dire, car il est rare de ne pas trouver un clin d’œil des développeurs sous la forme d'un œuf de Pâques dans des endroits à priori inaccessibles.

C'est comme peindre un tableau, ça demande du cœur !

Clive N Wrench s'inspire des classiques de la plate-forme dans son principe, mais aussi dans ses graphismes. Bien qu'on pourrait, au début du jeu, se dire que les graphismes qualité PS2 sont l'apanage du premier jeu d'un petit studio, on s'aperçoit vite qu'il n'en est rien. Non seulement les 11 niveaux possèdent leurs propres thèmes et styles, mais les niveaux de boss sont tout aussi uniques. Énormément de travail a été fourni pour rendre vivants des environnements qui sont un plaisir à traverser, à découvrir, et qui restent aisément en tête de par leur design travaillé et se payent même le luxe de se faire des clin d’oeil entre eux, comme quand on trouve une lettre du boss du niveau égyptien dans un musée AVANT MÊME d’être allé en Egypte, vu qu’on est plus loin dans le temps. Bien entendu, il y a de temps en temps des bugs d'affichage, surtout quand la caméra vient (rarement) se coincer dans un objet, et les ennemis vaincus qui restent inertes par terre font un peu tâche, tout n'est pas parfait, mais globalement, tout fonctionne très bien. Les musiques sont un peu en retrait, bien moins remarquables, et aucune ne reste en tête, mais aucune n'est vraiment mauvaise non plus. Elles accompagnent l'action, et ont le mérite de changer dans un même niveau en fonction de votre environnement.

La seule grosse faute de la présentation est, encore une fois, le fruit d'un manque de savoir-faire, et elle reste anecdotique : une fois un boss battu, l'écran fait une transition brutale vers une petite scène de fin où le boss tire sa révérence. Souvent comiques, ces scènes sont mal amenées, et ont tendance à casser le rythme, même si l'idée de base est loin d'être mauvaise, car elle permet de donner de la personnalité aux boss, ainsi que de maintenir le ton humoristique du jeu.

D'ailleurs, en parlant d'humour, le jeu en est bourré. Souvent amené par l'environnement ou les PNJs, les références aux classiques, ou aux copains d'aujourd'hui (Hat in Time, Yooka-Laylee) ne manqueront pas de faire sourire, en plus des très nombreuses idées stupides et drôles cachées dans les noms des boutiques et différents objets, et ce jusqu'à la fin du jeu ! Ce qui fait que du début à la fin, on est presque obligés de sourire, et ça c'est fort. D'ailleurs, en parlant de la fin du jeu, il sera possible de la voir en à peu près 10 heures, une durée de vie honorable, avec quelques heures de plus pour finir à 100% et attraper toutes les montres à gousset. Une sacrée tâche, à priori, mais en fait, un plaisir, vu que Clive est équipé d'un radar pour ces montres récalcitrantes. Vous n'avez aucune excuse.

 


 

8.5
Clive N Wrench est un must pour tous les amoureux de la plate-forme 3D, anciens comme nouveaux ! Il n'est pas un jeu parfait, et comporte des bugs et autres erreurs qu'une grosse équipe aurait pu voir venir, mais tout ceci n'est rien comparé au plaisir de le parcourir de fond en comble et se rappeler pourquoi on aimait tant ce genre, tout en cherchant tous les clins d’œils et toutes les blagues cachés dans tous les recoins. Et pour peu qu'on soit un peu connaisseur, on pourra même retrouver ces clins d’œil dans le level design et l'apprécier encore plus.

  • Un retour aux sources pour la plate-forme 3D
  • Plein de niveaux
  • Un level-design réussi
  • Drôle et très référencé
  • Des boss surprenants
  • Une lettre d'amour au genre
  • La musique en demi-teinte
  • L'inertie qui demande un temps d'adaptation
  • Quelques bugs visuels