Nintendo Switch

Chained Echoes

Test Switch

Chained Echoes

Par Ex-Nihylo - Le 06/01/2023 à 16:36

Oeuvre d'un seul homme, l'Allemand Matthias Linda, Chained Echoes se veut être le digne successeur de toute une lignée de J-RPG de la grande époque des 16 bits. Mettant en avant son esthétisme 2D en pixel art, l'histoire du jeu prend place sur le continent de Valandis, sur fond de conflits guerriers entre 3 nations. Alors que la paix a enfin été signée entre les 3 principaux pays de ce continent, un nouveau complot semble se profiler dans l'ombre...  
Développé pendant 7 ans, est-ce que le jeu mérite t-il sa désignation de successeur de Chrono Trigger, Final Fantasy & autre Dragon Quest de l'époque ? Réponse dans ce test assurée !

Un vulgaire copier-coller ?

L'inspiration des jeux d'autrefois se fait clairement ressentir, et ce dès le début du jeu : le réveil du héros, Glenn, par sa maman, qui le tire du lit, ça fait à la fois très Chrono Trigger et très Zelda. Les références empruntées aux meilleurs sont nombreuses et ne sont pas pour déplaire aux connaisseurs, au contraire. La princesse Lenne, trop à l'étroit dans son château et qui part au combat rappelle aisément Merle de Chrono Trigger ou encore Lenna dans Final Fantasy V.

Outre le style graphique, résolument versé dans de la 2D haut de gamme - du moins ce serait le cas dans les années 90 - l'esprit du jeu reprend un bon nombre d'éléments des J-RPG de l'époque. Ainsi, la première partie du jeu se déroule plutôt comme un bon vieux Final Fantasy, avec des combats plutôt classiques, un système d'équipement et de forge qui rappellent les meilleurs jeux de l'époque. On atteint même la génération des 32 bits puisque dans la seconde partie du jeu on doit développer son propre QG à l'instar de Suikoden, titre emblématique de Konami sur nos PS1.

Mais le jeu ne se contente pas de piocher dans ses illustres ancêtres, il se paie même le luxe d'apporter un vent de fraîcheur via quelques nouveautés bienvenues. Par exemple, les combats prennent une autre tournure lorsque vous pouvez vous battre à bord d'armures célestes, en proposant un autre gameplay que celui des combats classiques. La manière de faire évoluer vos héros ne passe pas par le traditionnel farm des personnages : ici tout passe par l'équipement auquel il faudra consacrer du temps pour rendre votre armement le plus efficace possible. Vos statistiques augmentent lorsque vous battez certains boss, ceux qui lâcheront des éclats de grimoire vous permettant de débloquer de nouvelles compétences. 

Vos personnages n'ont donc pas de niveaux, à proprement parler, et les combats ne sont pas aléatoires, les ennemis sont visibles à l'écran. Les combats comportent cette petite touche de subtilité qui les rend intéressants, vu que chaque personnage est associé à un autre personnage en réserve de votre équipe, et qui peut intervenir en début de tour, ce qui implique une dimension stratégique au combat. Très utile si les choses tournent en votre défaveur... Enfin, la jauge de synergie est une nouveauté bienvenue, le principe étant basique mais efficace : si cette jauge passe dans le rouge suite à vos actions, vos personnages prendront plus de dégâts, mais si vous choisissez les compétences adéquates celle-ci restera dans le vert et vous permettra de continuer le combat normalement. Prenez garde à ne jamais être dans le rouge !

Une esthétique de haute volée ?

A mi-chemin entre le meilleur de ce que pouvait cracher la Super Nintendo et la 2D HD d'un Triangle Strategy, les amoureux de pixel art seront aux anges. Les plus jeunes seront au minimum dépaysés par le style graphique choisi, les autres ne pourront que se complaire à parcourir les différents endroits. De jolis effets de lumière par ci, de l'animation de bonne facture à l'ancienne par là, difficile pour les nostalgique de faire la fine bouche avec l'univers proposé.

Il en va de même pour l'habillage sonore du jeu, celui-ci n'a pas été négligé, loin de là, et on sent clairement derrière chaque mélodie ou presque l'inspiration d'un Nobuo Uematsu ou d'autres grands noms parmi les meilleurs compositeurs musicaux de l'époque. Bien sûr, on n'atteint pas non plus l'excellence même si quelques thèmes restent volontiers dans nos esgourdes. N'est pas le maestro qui veut ! Les bruitages ne sont pas en reste et collent bien à l'action, par contre aucun doublage n'est disponible - mais cela aurait paru étrange vue la direction artistique choisie - et ce n'est pas plus mal.

A noter qu'aucun ralentissement n'est à déplorer, que l'on joue en mode portable ou sur la télé du salon. Il n'y a pas de différences notables entre les 2 façons de jouer, tout comme il n'y a pas de temps de chargement longuet à supporter. Le jeu est plutôt bien optimisé pour que l'on puisse aussi bien en profiter sur Switch que sur les autres consoles concurrentes.

La chance du débutant

Emprunter des concepts à gauche et à droite, surtout parmi les plus grands jeux de l'histoire, est une bonne chose en soi. Et dans notre cas, ils sont savamment employés, non seulement pour donner un cadre et une direction au jeu de manière globale, mais aussi, et on insistera jamais assez là-dessus, pour donner de multiples références aux connaisseurs. Et cela sans jamais destabiliser le joueur, du moins jamais dans un mauvais sens.

Et puis les quelques ajouts font que l'on n'assiste pas à un énième jeu du genre, mais plutôt à une expérience de jeu qui mêle à la fois bons souvenirs et vent de fraîcheur. On se plait à parcourir le jeu de long en large, de faire progresser notre équipe tout en cherchant à en découdre avec l'ennemi, qui se fait de plus en plus oppressant au fur et à mesure de notre avancée dans l'intrigue.

Cependant, un point crucial dans ce type de jeu demeure perfectible, à savoir les combats. Sans aller jusqu'à gâcher le plaisir de jeu, loin de là, l'équilibrage n'a pas été bien calibrée, et ce dès le début du jeu. Au commencement et pendant une bonne partie de l'aventure, la possibilité de se soigner efficacement n'est que très partiellement disponible, y compris lorsque vous acquérez des compétences dans ce domaine. 

On comprend dès lors pourquoi nos barres de vie et de magie se remplissent à chaque fin de combat, sans cela on se prendrait bien trop facilement des game-over, étant donné que les ennemis cognent plutôt fort en général. La prudence sera donc de mise car parfois on perd de son temps en plein combat à essayer de redonner de la vie avec les faibles moyens de guérison dont on dispose. 

Enfin, le côté aléatoire, part inhérente de ce type de jeu, ne joue pas toujours en la faveur d'une difficulté constante. Il n'est pas rare que le hasard fasse qu'un boss vous lance 3 fois de suite son attaque la plus puissante sans que vous ne puissiez riposter, et cela pourra en frustrer plus d'un. Etre prudent ne suffira pas, il faudra faire avec le facteur chance, tenez-le vous pour dit. 

Echos obscurs

Comme nous venons de le voir, l'équilibrage des combats pose problème, mais le jeu en lui-même n'est pas sans défaut. La traduction en français n'est pas totalement à la hauteur, quelques coquilles sont de la partie, comme ces rares passages restés en anglais. Quelques séquences de jeux peuvent comporter des bugs, il suffit de relancer le jeu pour les éviter, mais la plupart du temps ils finissent par passer tout seul. Le bug de la scène finale qui se lance en boucle a frappé plusieurs joueurs sans crier gare alors soyez vigilants. 

De même, autant certains personnages sont très bien travaillés, autant d'autres auraient clairement besoin de cours de charisme. Le scénario est accrocheur et on a toujours envie d'avancer pour en apprendre un peu plus sur l'histoire proposée. Le passage de l'acte 1 à l'acte 2 est d'ailleurs assez marquant puisque c'est à ce moment là que l'on doit développer son QG et que l'on obtient l'aéronef qui vous permet de revisiter les zones précédemment explorées. Idéal pour ceux qui ont eu peur de louper certains éléments et qui voudraient explorer la map de fond en comble.

Mais le jeu est tout de même pensé pour être convivial, puisque l'on n'a pas besoin de faire et refaire toujours les mêmes combats pour progresser, et les nombreuses références feront toujours plaisir aux connaisseurs. La durée de vie est très bonne en ligne droite et le sera encore plus si vous souhaitez atteindre le 100%. D'ailleurs aviez-vous remarqué que la jauge en haut à droite de l'écran pendant les combats faisait écho à celle de Final Fantasy X ?

8
Mêlant habilement les qualités des J-RPG d'antan et innovations plus actuelles, Chained Echoes rentre directement dans la caste très sélecte des J-RPG à l'ancienne de haute-volée. Quelques défauts sont tout de même de la partie, mais quand on sait qu'un seul homme s'est chargé de tout pendant 7 ans, on peut clairement lui passer ces petites erreurs qui n'ont de toute façon que très peu d'impacts sur sa qualité globale. Un must-have pour les fans du genre !

  • Un scénario prenant.
  • Le pixel-art fait son effet.
  • Une bande-son intéressante.
  • Des nouveautés bienvenues.
  • La traduction comporte quelques coquilles.
  • Le côté aléatoire des combats.