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Catherine : Full Body

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Catherine : Full Body

Par ggvanrom - Le 15/07/2020 à 00:05

Sorti initialement en 2011, le jeu Catherine mêlant aventure narrative et jeux de puzzle avait déjà interpellé les joueurs de par sa thématique gravitant autour de la vie de couple, la question de l’engagement, et sur l’adultère. Revenant en 2020 sur Nintendo Switch dans une version dénommée Full Body, découvrons ensemble si le titre offrira aux joueurs une expérience qui a plus de « corps ».

Franchir le cap

Comme expliqué en préambule, l’histoire autour de Catherine traite d’un sujet très adulte et amenant le joueur à pas mal de réflexions concernant l’engagement dans un couple, le sexe et l’adultère. J’ai personnellement découvert le jeu à 19 ans lors de sa sortie initiale, et me surprends à découvrir Catherine : Full Body sous un nouvel œil, amenant plus de réflexion qu’il y a maintenant 9 ans.

Catherine : Full Body nous plonge dans la peau de Vincent Brooks, un informaticien de 32 ans en couple avec sa compagne Katherine depuis 5 ans, mais qui ne souhaite pas faire progresser cette relation. Alors que Katherine amène sur le tapis les questions du mariage, de la parentalité, et de l’avenir, Vincent lui ne pense qu’à vivre au jour le jour, retrouver ses amis au bar du coin et ne rien changer à ses habitudes.

Hélas pour lui, un événement inexplicable le conduit chaque soir dans un lieu étrange, où il est forcé à gravir des montagnes de blocs pour s’échapper de son cauchemar. Car comme le dit la rumeur qui circule, si jamais vous tombez dans un de vos rêves et que vous ne vous réveillez pas, vous ne vous réveillerez jamais. Si l’on pourrait croire que la vie de Vincent et ses mystérieux cauchemars n’ont aucun rapport, les prochains jours de notre héros vont lui démontrer que c’est tout le contraire…

Catherine, Katherine et Qatherine

Dans le jeu original, la progression dans l’aventure narrative, occupant une bonne moitié du jeu, nous proposait deux options : Aspirer à une vie paisible aux bras de Katherine, notre petite amie, ou alors aller flirter avec Catherine avec qui Vincent a commis l’adultère après une soirée bien trop arrosée. Là où une aspire à la stabilité et à fonder une vie de famille comme tout couple « normal », Catherine proposait un parfait opposé avec une vie de débauche et de luxure, proposant à Vincent une romance aux bras de son idéal féminin.

L’intrigue penchant vers ces deux choix opposés mais pourtant très bien amenés narrativement, Catherine : Full Body propose aux joueurs une nouvelle romance possible en la personne de Qatherine, ou Rin, une jeune fille amnésique aux cheveux roses que Vincent a pris sous son aile. Avec ce choix bousculant le scénario d’origine, il était logique d’avoir peur quant à savoir comment Atlus allait faire pour intégrer ce nouveau personnage de la manière la plus naturelle possible.

Et bien contre toute attente le développeur a réussi un tour de force. l’intégration de Rin se fait grâce à l’ajout de nouvelles cinématiques, de nouvelles séquences au bar Stray Ship où elle a trouvé un travail en tant que pianiste, ou encore dans l’immeuble de Vincent, où elle occupe l’appartement voisin de ce dernier.

Catherine et Katherine apportant 2 visions bien distinctes de la vie d’adulte et de la vie de couple, Rin arrive habilement à tout remettre en perspective, et propose une nouvelle voie à suivre pour Vincent, qui sera riche en surprises. Car en plus de cet ajout de personnages, vous aurez bien entendu accès à de nouvelles fins exclusives mettant en avant Rin, mais aussi de nouveaux scénarios pour Catherine, Katherine et Vincent découlant de l’ajout de Rin.

Aller plus haut

Si la partie narrative occupe un bon 50% du temps de jeu que vous passerez dans une partie, le reste sera consacré aux cauchemars auxquels devra faire face Vincent à chacune de ses nuits. Dans ces derniers, Vincent se retrouve dans des niveaux tout en verticalité constitués uniquement de blocs. L’objectif sera de pousser et tirer lesdits blocs afin de gravir la tour, et pouvoir au final réussir à se réveiller. Mais le challenge sera de taille car en plus de défis de plus en plus difficiles, Vincent devra également échapper à des visions d’horreurs telles qu’un bébé difforme ou encore une paire de fesses avec un visage répugnant cherchant à l’occire.

Chaque nuit, vous explorerez un lieu différent de ladite tour, chaque lieu disposant d’une atmosphère propre. Généralement coupée en 3 segments, vous ferez une pause entre chaque étape dans un lieu étrange où vous trouverez d’autres personnages ayant l’apparence de moutons. Votre rôle sera de discuter avec eux pour apprendre à les connaitre, et même les reconnaitre, car bon nombre d’entre eux sont des connaissances de Vincent.

Pour partir de ce lieu, une sorte de confessionnal vous attend au bout de la salle, avec un étrange personnage qui vous posera des questions sur votre vie personnelle et votre réflexion sur la vie d’adulte. Ces décisions affectent votre jauge de karma, qui jouera un rôle au final sur la conclusion du jeu et les dialogues. À vous de voir alors si vous souhaitez répondre de manière stratégique pour découvrir toutes les fins, ou au contraire répondre avec votre cœur et voir ce qui ressort de vos choix.

Tout cela vaut pour l’histoire principale du jeu qui vous occupera en moyenne 10 heures. Heureusement, vous verrez l’ascension se pimenter avec l’arrivée de blocs spéciaux pouvant s’effriter ou encore vous faire glisser, couplé à un choix de difficulté qui proposera une montée tranquille ou au contraire une vraie ascension de l’enfer selon vos goûts.

En parallèle, vous pourrez aussi profiter des modes supplémentaires comme le mode Babel proposant des défis très corsés, le mode Colosseum pour affronter des amis en local, et enfin le mode arène en ligne. Hélas comme de trop nombreux jeux tiers sur Nintendo Switch, il est très difficile à l’heure où j’écris ces lignes de trouver du monde pour lancer une partie online. Cette version Full Body s’accompagne d’ailleurs de nouveaux protagonistes pour grimper les blocs, comme nos amis du bar Orlando ou Jonny, les 3 « Catherine » ou encore le personnage exclusif de Joker issu de Persona 5, le tout accessible gratuitement.

Une version Full Body convaincante ?

Concernant le portage du titre sur Nintendo Switch on peut dire que l’on est sur un travail à deux vitesses. Comme les versions PS4 et PSVita, le jeu se cantonne à un affichage en 1080p et un framerate à 30fps. Le tout reste néanmoins très agréable à jouer. Ce qui risque de vous titiller la rétine en revanche, c’est la différence de traitement des images entre les scènes originales, et le nouveau contenu introduit avec Rin. Perceptible en mode salon, et encore plus en mode portable, les scènes originales affichent parfois un effet de flou assez soutenu, ou des traits de personnages un peu grossiers. Ces défauts sont pratiquement absents lors des nouvelles phases, ce qui rend la chose un peu étonnante lorsqu’on alterne entre les séquences.

Côté bande-son le titre est toujours aussi plaisant passant de l’ambiance jazz du bar à des musiques classiques revisitées lors de vos ascensions nocturnes. Petit bémol en revanche concernant les doublages. Si les doublages anglais et japonais sont d’excellente facture, on regrette de ne pas avoir une option pour différencier le volume des voix du volume de la musique. À de nombreuses occasions les voix sont étouffées par la musique ambiante.

Et comme toujours avec Atlus, chapeau bas pour la qualité de l'interface des menus. Identiques à ceux de 2020 avec quelques retouches mineures, les menus sont toujours aussi efficaces et percutants. Que ce soit le menu principal sur les notes d'un piano, ou encore le portable de Vincent, à partir duquel on peut effectuer différents réglages, et surtout envoyer et recevoir des messages lorsque l'on est au Stray Sheep.

 

8.5
Lors de sa sortie initiale en 2011, mon "jeune âge" m'avait empêché de savourer pleinement toute la dimension presque philosophique sur la vie de couple. Approchant aujourd'hui la trentaine, je me surprends à avoir des réflexions assez profondes quant aux questions abordées dans Catherine : Full Body. Bien qu'il ne soit destiné qu'à un public de niche (une habitude chez Atlus), Catherine reste un excellent jeu mêlant aventure narrative et puzzle game. Si aborder des thèmes comme la transition vers l'âge adulte et la sexualité ne vous rebute pas dans un jeu vidéo, n'hésitez pas à vous plonger dans la tourmente de notre ami Vincent Brooks.

  • Un savoureux mélange d'aventure narrative et de puzzle game
  • Le personnage de Rin qui apporte une nouvelle dimension aux questionnements de Vincent
  • L'intégration maitrisée de Rin dans l'histoire principale
  • Un gameplay simple mais qui peut se montrer diabolique
  • Les multiples modes de difficulté
  • Un contenu généreux en plus de la trame principale
  • La VA et la VO sont d'excellente facture
  • Présence de voix japonaises additionnelles pour Catherine
  • Les différences graphiques perceptibles entre les séquences originales et les nouvelles
  • Impossibilité de régler le volume des voix