Nintendo Switch

Bye Sweet Carole

Test Switch

Bye Sweet Carole

Par Miki-Daisuki - Il y a 22 heures

Titre très attendu par les afficionados de la scène indépendante, Bye Sweet Carole vient nous conter les effrayantes aventures d’une jeune orpheline au sein d’un pensionnat pour jeune fille où les belles apparences s’effritent peu à peu au rythme de découvertes mystérieuses et inquiétantes. Son créateur, Chris Darril, connu pour la série de survival horror Remothered, inaugure ainsi le premier titre de son studio Little Sewing Machine.  Alors, faut-il répondre à l’appel du lapin blanc ?

Test réalisé à partir d'une version fournie par l'éditeur

Méfiez vous du lapin qui dort

A l’orphelinat de Bunny Hall, on y apprend tout ce qu’une jeune femme digne de ce nom doit connaitre. Entre l’injonction au mariage et les sommations de bienséance, Carole se destine à autre chose là où le mouvement féministe entre dans une nouvelle ère en ce vingtième siècle porteur d’un espoir de changements drastiques. Lorsque la jeune fille disparait mystérieusement, Lana Benton, sa meilleure amie, tombe sur une mystérieuse lettre. Son enquête va la mener à découvrir une autre facette de Bunny Hall, plus sombre et peuplée de créatures cauchemardesques où trône en maître le perfide Mr Kyn. Epaulée par un allié du royaume perdu de Corolla auquel Lana semble liée, l’héroïne de notre histoire se lance en quête de vérité dans une réalité distordue où les apparences sont souvent trompeuses.

Emprunt de thèmes et d’inspirations cinématographiques multiples, Bye Sweet Carole est un concentré de messages forts, réunissant au sein d’un même récit féminisme, amitié, syndrome de Peter Pan, deuil, harcèlement pour ne citer que ceux-ci. Le tout sans jamais trop en faire, rendant l’histoire très agréable à suivre d’autant qu’elle sait osciller entre des moments oppressants et d’autres plus légers en contant la vie de Lana à l’orphelinat. Et bien que tous les chapitres ne s'équivalent pas en terme de révélation, les différents mystères qui entourent la disparition de Carole et le lien de Lana avec ce royaume dont on sait peu de chose donnent irrésistiblement envie de poursuivre. On regrettera d’autant moins d’avoir été jusqu’au bout que le dernier segment du jeu offre pléiade de moments touchants ainsi qu’une fin absolument magnifique qui laissera un dernier souvenir très positif de cette épopée qui n'aura pas été exempt de fausses notes. 

« Ici, tout le monde est fou »

Oubliez les petites fleurs et le chant des oiseaux qui peuplent les Royaumes merveilleux des contes de notre enfance : à Corolla, tout est corrompu, les décors comme les charmantes bestioles qui y ont élu domicile. L’objectif est donc de s’échapper fissa du lieu dans lequel on se retrouve fortuitement en résolvant des énigmes éparpillées dans les différentes pièces tout en évitant d’attirer l’attention du monstre qui hante les murs. Dans le premier chapitre, cette menace prend la forme de la sympathique Miss Fisherin, toujours prête à vous inviter à participer à sa séance d’attendrissage de viande. Si ça ne vous dit rien, il faudra ajouter la discrétion à vos objectifs et éviter de renverser les quelques bouteilles en verre et autres assiettes qui vous feront immédiatement repérer. Pour lui échapper, des caches sont présentes un peu partout dans les pièces, vous permettant de retenir votre souffle le temps que le monstre oublie votre présence pour un temps. Ces éléments renforcent indiscutablement le côté très oppressant qui se dégage du titre, d’autant plus que les ennemis peuvent vous suivre au-delà des portes et même dans vos cachettes si vous n’êtes pas assez rapide.

Notons cependant que le cas de Miss Fisherin est à part dans le jeu. Car contrairement aux autres monstres, la dame possède une enveloppe physique qui la fait rester dans la pièce dans laquelle vous l’attirez. Il faudra donc, en plus de faire des allers/retours pour résoudre les puzzles, gérer sa présence en l’attirant dans une des pièces voisines. Il en résulte une première approche du jeu relativement laborieuse où il faut sans cesse entrer et sortir des pièces du manoir tout en échappant aux furibonderies d’un ennemi qui a tendance à réapparaitre pile à côté de la porte et qui rend la progression extrêmement lente et inintéressante. Il ne faut donc pas se fier à cette première séance d’infiltration lourdingue car les autres seront beaucoup plus efficaces : l’ennemi principal du chapitre apparaitra fortuitement et aléatoirement pendant la partie, vous obligeant à fuir avant de continuer le jeu, ce qui occasionne de vrais moments de tension malgré leur brièveté. 

Du reste, l'on retrouve ici le classique mélange de puzzle et de plateforme où il faudra rechercher un objet qui en débloquera un autre et ainsi de suite. Lana, outre ses actions de bases, peut aussi se transformer en lapin par pression sur le bouton A, permettant à la jeune fille d’atteindre des endroits en hauteur ou passer dans d’étroits conduits. Sur ce point, il y a une vraie proposition de variation de gameplay qui est prôner par le titre tout au long du jeu, notamment en introduisant des séquences de danse ou encore de plateforme et de combat avec votre allié Mr Baesie qui, contrairement à Lana, peut se battre et scinder son corps en deux parties. Très efficace, la formule ne tarde malheureusement pas à faire régner un sentiment de frustration chez le joueur, non pas à cause de sa difficulté finalement peu élevée, mais par une sensation de lourdeur aggravée par des bugs à gogo.

Vous avez dit bancal ?

Présenté comme un jeu d’horreur narratif, Bye Sweet Carole ne remplit que partiellement le contrat tacite amené par un trailer peu avare en phase de courses poursuites contre des ennemis voraces et des décors qui s’effondrent façon film catastrophe. Si vous l’avez regardé, alors vous vous êtes spoilé la quasi intégralité de ces moments d’action qui, en plus de ne durer que quelques secondes in game, ne représentent qu’une part infime du titre, essentiellement basé sur l’ambiance horrifique qu’il tente de maintenir tout le long de la dizaine d’heure composant l’aventure. Sur ce point, le jeu est globalement très réussi : les ennemis ont une apparence inquiétante, apparaissent à des moments inattendus (occasionnant de francs jumpscares), l'histoire semble se distordre au fur et à mesure dans une atmosphère dérangeante qui a l'art de créer une vraie sensation de danger qui a cependant le don de disparaitre aussi vite qu’elle était arrivée.

En effet, le rythme global du jeu est très lent : Lana avance, se cache, grimpe et actionne les mécanismes à la vitesse de mamie en déambulateur, ce qui, bien que sans doute voulu pour une plus grande immersion, peut rapidement s’avérer fastidieux avec tous ces kilomètres à parcourir sans courir. Quant à version lapine, plus rapide dans ses mouvements, ce sont les phases de plateformes qui vont être compliquées à gérer. La faute à des sauts muraux qui se déclenchent automatiquement lorsqu’on essaye de grimper une paroi et qui auront une fâcheuse tendance  à nous envoyer directement faire un bisou à l’ennemi juste derrière lors des phases de courses poursuites. Les puzzles aussi, souffrent de certaines incohérences comme cette énigme qui ne peut pas être résolue quand bien même l’on possède la réponse si l'on n'a pas déclenché une certaine ligne de texte en amont. 

Il faut enfin évoquer les bugs, bien trop nombreux pour être passé sous silence. Nous concernant, nous avons été épargné jusqu’au chapitre 4, moment à partir duquel il a fallu faire avec les musiques qui sautent, les freezes de l’écran, les cut-scenes sans images et autre ennemi bloqué qui obligent le joueur à redémarrer le jeu pour remédier à la situation. Les combats surtout pâtissent sérieusement de ces micro sauts d’image et de son qui les rendent très désagréables à écouter comme à suivre, la faute à un écran Switch qui a du mal à gérer la myriade de petits ennemis qui vous sautent dessus. 

Lana Benton pictures  

Sur la forme, en revanche, le titre tient fidèlement tous ses engagements. Hommage splendide aux Walt Disney des années 90, la direction artistique de Bye Sweet Carole est une merveille pour les yeux. On a rarement été autant bluffé devant la qualité d’une animation réalisée avec un soin immense sublimé par des décors aussi enchanteurs que désarmants. Mention spéciale à la cinématique de fin, digne d’un véritable film d’animation, générique spécialement composé pour le jeu à l’appui ! 

Côté son, l’ambiance horrifique est bien retranscrite avec une musique qui sait jouer sur le côté inquiétant comme léger, le tout appuyé par des moments de silence bien trouvé. Les environnements, bien que classiques pour le genre, bénéficient d’un soin auquel ne rend malheureusement pas toujours hommage cette version switch qui affiche ainsi des gros plans et des premiers plans pixellisés à outrance qui altèrent quelque peu ce tableau onirique. Pas de quoi, cependant, nous sortir totalement de ce conte de cauchemar joliment retranscrit par un doublage anglais de très bonne facture et son excellent narrateur;

Retrouvez le barème des notes des tests de Nintendo-Master 

6.5
Réinterprétation aux aspects horrifiques de nos contes féériques, Bye Sweet Carole nous en met plein la vue avec sa direction artistique bluffante et son univers sombre et oppressant qui prend un malin plaisir à nous balader dans les tréfonds d’un royaume déchu aux côtés de personnages attachants et d’une histoire captivante. Du reste, le titre est une petite déception autant du côté de son rythme bancal que de son gameplay plein de lourdeur malgré des variations bien trouvées, achevé par une série de bug qui impacte l’expérience d’un jeu qui nous avait laissé entrevoir une expérience bien différente.

  • Une DA splendide...
  • Un gameplay efficace et varié...
  • Une histoires captivante
  • Une ambiance cauchemardesque réussie
  • ...auquel ne rend pas hommage la version Switch
  • ...mais avec des ratés frustrants
  • Bugs à répétition
  • Rythme trop lent