Nintendo Switch

Born of Bread

Test Switch

Born of Bread

Par rifraff - Le 10/12/2023 à 11:40

Born of Bread est un petit jeu qui s’inscrit clairement dans le genre action-RPG rigolo en 2.5 créé par la série des Paper Mario. On retrouve le même style graphique avec des personnages plats dans un monde 3D, le même ambiance loufoque et nonsensique et de très nombreux éléments de gameplay. Il essaie tout de même de rajouter sa patte (ou plutôt, sa pâte- lol) ajoutant aussi, malheureusement, au passage, quelques aberrations de conception et une floppée de bugs intempestifs. Bougez pas, c’est prêt !

La mie qui vous veut du bien

Test de Born of Bread sur Nintendo Switch réalisé à partir d'une copie fournie par l'éditeur

Tout commence lorsque des explorateurs libèrent sans le vouloir une bande de cinq énigmatiques vilains qui viennent du fond des âges et souhaitent trouver des « éclats de pierre solaire ». A priori, il y en aurait un dans un château non loin de là… Au même moment, dans les cuisines de ce château, le cuisinier, Papa Dufourneau reçoit un ordre de la reine qui souhaite que le pain du repas soit réalisé à partir d’une recette spéciale provenant d’un vieux livre. Papa Dufourneau s’exécute et la recette rate (ou réussit, on ne sait pas très bien) La boule de pain prend vie et la forme d’un petit bonhomme de pain que Papa Dufourneau adopte immédiatement comme son fils et baptise Tipain.

Le petit bonhomme ne parle pas mais n’en reste pas moins vivant. Il trouve rapidement une louche qui lui permet de frapper et de casser des objets. C’est ainsi qu’il récupère un des éclats de pierre solaire cherchés par les Vilains, qui était exposé dans une vitrine. Après une courte exploration du château, Tipain et Papa Dufourneau se retrouvent alors face aux cinq Vilains mais la confrontation tourne court, et ils sont éjectés du château. Ils atterrissent au beau milieu d’une forêt…

 Le pain était presque trop complet

On le sait de nombreuses intrigues de jeux vidéo, et notamment celles des Paper Mario, ne sont que des prétextes au gameplay mais il faut avouer qu’ici, c’est un peu n’importe quoi et on peine à lier les différents événements entre eux. Au moins, ça va vite et puis, le jeu a son héros, ses méchants, son MacGuffin et c’est, à vrai dire, amplement suffisant.

 Il y a, en plus, pas mal d’humour ce qui rend le tout plutôt digeste et amusant à suivre même si dans la précipitation on peut passer assez vite les dialogues et manquer des gags à base de miches et de croûte. Le jeu brise en outre régulièrement le quatrième mur notamment sur les écrans de chargement ou une phrase nous indique que si on la lit, c’est que c’est pas terrible ( puisqu’on attend…)

Le pain dans le plat

Visuellement, le jeu est plutôt joli avec des personnages en 2D stylés et colorés, et des décors en 3D simples mais pas dénués de charme. Cependant, là encore le choix du style est finalement assez curieux.  La petite boule de pain pourrait être extraordinaire si le monde autour de lui avait un soupçon de cohérence sauf que le monde est peuplé de personnages extravagants au style et au look radicalement différents un peu comme dans Le monde incroyable de Gumball... Les personnages semblent échappés de plein de titres différents. Il n’y a pas vraiment d’unité et à de très nombreuses reprises, on a l’impression d‘avoir déjà vu tel ou tel personnage ailleurs sans forcément savoir où. On pense à certains dessins animés mais aussi à d’autres jeux notamment des productions WayForward comme Shantae par exemple.

Dans Paper Mario, Mario est plat car il est en papier. C’est une feuille de papier. Et dans certains opus, le monde entier est en papier comme dans un livre pop-up. Ici, les personnages sont plats comme dans un vieux dessin animé et ils évoluent dans des décors 3D, typiques des jeux vidéo 3D au style cartoon sans "justification". L’univers du jeu est simplement construit comme ça mais il faut reconnaître que l’environnement 3D ne semble pas vraiment adapté au style des personnages 2D qui y galèrent pour s’y mouvoir.

Du pain sur la planche

Tipain peut se déplacer de droite à gauche mais aussi d’avant en arrière. Le problème, c’est que Tipain reste toujours de face, même lorsqu’il s’enfonce au fond de l’écran, comme s’il avançait à reculons. C’est très étrange. On a d’ailleurs du mal à le positionner correctement lorsqu’il s’agit d’éclater un élément du décor, avec la louche notamment. Il faut bien se mettre sur le côté, sinon le coup part dans le vide. Pour couronner le tout, la caméra reste centrée sur Tipain, ce qui limite la visibilité surtout qu’il y a pas mal de « pièges ». Il n’est pas rare de chuter dans une étendue d’eau ou dans un gouffre simplement parce qu’on ne l’avait pas vu. Ou parce qu’on a mal positionné Tipain, pour un saut pourtant à priori banal.

Il est clair que le jeu manque de finition. Il aurait fallu quelques animation supplémentaires, de façon, déjà, à ce que Tipain puisse tourner sur lui-même mais aussi qu’il s’arrête ou se rattrape devant un précipice et ne chute pas aussi facilement dès qu’un gouffre ou une plateforme un peu étroite se présente devant lui. On finit malgré tout par s’y faire car, encore une fois, le jeu est développé comme cela. En même temps, on n’a pas le choix.

Pain pratique

Pour être honnête, il n’y a rien de réellement rédhibitoire mais c’est avec ce genre de jeu que l’on se rend compte à quel point les Paper Mario bénéficie d’un gameplay millimétré parfaitement pensé et maîtrisé. Se retrouver rapidement à ne pas pouvoir ramasser des pièces (des trèfles) parce que sa bourse est pleine alors qu’on n’a aucun moyen de les utiliser, est le genre de tout petit soucis du jeu sachant qu’il y en a de plus génants.

A part ça, le jeu est assez classique dans sa construction. On explore des zones plus ou moins larges et jolies, on discute avec différents personnages excentriques et régulièrement on rencontre et combat des ennemis zarbis. Comme dans Paper Mario, il suffit de toucher un ennemi pour se retrouver dans une arène pour des combats au tour par tour. Notez que si c’est Tipain qui attaque l’ennemi, il a l’avantage, sinon c’est l’ennemi qui commence à attaquer- voire même les ennemis (et c'est d'ailleurs plutôt rageant de se recevoir dès l’entrée du combat trois coups dans la face). Heureusement les combats ne sont pas trop difficiles, à condition d’avoir des objets à portée de main et de bien s’organiser.

Pain total

Pour autant, ils sont aussi inutilement compliqués. Même un combat de base peut prendre trois plombes car on peut rater ses coups ou pire, ne pas pouvoir utiliser ses armes. En effet, en combat, les armes que Tipain utilise, nécessitent d’avoir des Points de courage ou des Points de Résolution. A chaque arme équivaut son coup en Points de courage ou en points de Résolution. A priori, les armes utilisant les Points de résolution sont plus puissantes (on en a d’ailleurs moins en stock) mais en pratique, ce n’est pas évident et on ne comprend pas trop l’utilité de cette distinction. Plus on combat, plus on gagne de point nous permettant de monter d'un niveau et d'augmenter, au choix, sa juge de Points de Vie, de Points de Courage ou de Points de Résolution.

En combat, on n’utilise donc les armes en fonction de nos points sachant que l’on peut utiliser des items pour les recharger. Comme dans les Paper Mario, on peut aussi éviter les coups en appuyant au bon moment. A l’arrivée, ce serait plutôt classique si les développeurs n’avaient décidé d’ajouter un QTE différent pour chaque arme : bouger le stick rapidement de gauche à droite, viser une cible, appuyer au bon moment… C’est très divers... Le problème, c'est que si certains QTE sont ultra-simples, d’autres nécessitent de bons réflexes car la fenêtre d’action est hyper courte sans parler qu’il faut parfois comprendre ce qu’il faut faire dans l’action. WarioWare peut aller se rhabiller.

Pour couronner le tout, lorsque d’autres personnages se joignent à Tipain, ils partagent les mêmes barre de Points de Courage et de résolution (mais garde chaque leur barre de Points de Vie, qui évolue cependant en même temps).  Les combats peuvent se transformer en casse-tête si mal préparé.

Pain coupé

Il aurait été plus judicieux de simplifier, au départ du moins, la mécanique quitte à la complexifier en cours de route. Il aurait fallu aussi mieux centrer et baliser l’intrigue de façon à ne pas perdre le joueur. A de nombreuses reprises on ne sait pas exactement où aller. Le premier Point de sauvegarde arrive après quelques aventures dans le jeu, et encore, personnellement je l’ai raté car je ne l’ai tout simplement pas vu malgré des recherches intensives...  Et comme le jeu ne sauvegarde pas automatiquement, cela peut devenir un souci et plus encore si on dit quitter le jeu ou qu'il bugue. C’est d’ailleurs un autre vrai problème du titre. Plusieurs fois, durant mes nombreuses parties, j’ai dû relancer le jeu qui s‘était bloqué sans raison. Si cela vous arrive alors que vous n’avez pas sauvegardé depuis un long moment, vous serez bon pour tout recommencer. Les développeurs ont déjà publié un premier patch mais même après ce patch (qui corrige pas mal de bugs) mon jeu a planté. 

Une fois qu’on a pigé à quoi ces points de sauvegarde ressemblaient, ça va beaucoup mieux et on essaie d'éviter ce genre d'ennuis au maximum mais c’est bien à l’image du titre tout entier qui aurait mérité de nombreux ajustements.

Pain ni problème

Il y aurait encore beaucoup de choses à dire sur Born of Bread (les combats en public, les armes à ranger dans un inventaire façon Resident Evil, les aptitudes des compagnons de route lors des phases d’exploration, etc) mais à dire vrai, on reviendrait toujours à la même conclusion,  « c’est sympa, mais… ». Le jeu reste cependant amusant pour peu qu’on fasse l’effort d’accepter ses tares et ses bugs.

Born of Bread est assez court au final (entre 10 et 15 heures) mais plutôt bien rempli avec pas mal d'environnements différents et de séquences délirantes il pourra aussi traîner en longueur si vous prenez de mauvaises décisions à cause d’indications partielles ou mal formulées.

On voudrait aimer Born of Bread car il est plutôt drôle avec de personnages cocasses, des situations absurdes et de nombreuses bonnes idées prises à gauche à droite. On sent aussi l’amour des développeurs de chez WildArts (composé de deux canadiens français) pour les jeux du genre et en particulier pour Paper Mario. Il est clair que leurs intentions sont louables et on a envie de soutenir ce genre d’initiatives surtout que leur jeu n’est pas bâclé. Il manque simplement d’un leadership affirmé qui aurait pu supprimer des éléments pour se concentrer sur certains et en améliorer d’autres.

En l’état, Born of Bread est un jeu mi-cuit qui plaira aux fans du genre conciliants et bienveillants.

Pour rappel, Born of Bread est disponible en téléchargement sur l'eShop de la Nintendo Switch au prix de 29,99€ (actuellement en promotion à 26,99€)

 

 

6
Born of Bread est un petit jeu sympathique qui s‘inspire de Paper Mario. Bourré de bonnes idées, il est aussi bourré de problèmes et de bugs. Certains ont déjà été corrigés mais même sans bugs, la petite miche a encore du chemin à faire pour se faire plus fine que le papier.

  • Adorable
  • Un univers charmant
  • Amusant
  • Des tas d'idées
  • Gameplay à améliorer
  • Les QTE parfois pénibles
  • Des bugs gênants