Non, le jeu de rythme n’est pas mort ! Certes, les licences aussi prolifiques que rentables telles que Guitar Hero et Rock Band ont totalement disparu de la circulation, mais les indépendants, eux, n’ont jamais totalement lâché l’affaire. Eastasiasoft et Zoo Corporation nous partagent leurs élucubrations vidéoludiques en proposant une expérience interdite aux épileptiques et aux personnes atteintes de surdité rythmique : Beat Souls, sorti le 16 février sur Switch.
Le rythme des âmes
Sans aucune fioriture, nous voici plongés dans Beat Souls, jeu de rythme atypique, puisque l’on nous confie les commandes d’un personnage (à choisir parmi une sélection qui s’agrandira en cours de partie), qui devra collecter des orbes et éviter des obstacles… En rythme, si possible. Notre avatar dispose de réceptacles de parts et autres, servant à réceptionner lesdits orbes, et se déplace par à-coups sur un quadrillage indiqué au sol. Au fil de la partition, il faut positionner son personnage correctement pour ne pas louper les collectibles et éviter les obstacles, qui peuvent prendre la forme de barrières ou de haies (qu’il faudra éviter en sautant). Votre sens du rythme sera récompensé par un système de scoring basé sur les enchaînements sans encombres, qui vous poussera à réaliser des trajectoires parfaites.
Graphismes épileptiques
Le jeu se déroule avec une vue inclinée, comme dans beaucoup de jeux du genre. Le premier souci réside dans le fait que les barrières, représentées en relief, peuvent fausser la perception que l’on se fait des distances et amener à des situations frustrantes dans les niveaux difficulté les plus élevés. Et c’est sans parler des couleurs, pour le moins flashy, qui mettront votre concentration visuelle à rude épreuve. Les couleurs, déjà criardes, deviennent tout simplement insupportables une fois que l’on atteint les zones de Fever de la partition. Une ombre au tableau, qui vient à peine ternir un gameplay accessible, qui se renouvelle régulièrement, notamment avec l’arrivée des orbes de différentes couleurs qu’il faudra absorber en adoptant la même teinte que ceux-ci. L’ambiance visuelle capiteuse du jeu et les réflexes mis régulièrement à l'épreuve renforcent la sensation grisante de réagir instinctivement au moindre obstacle et parfois même de rester spectateur de ses propres actions. Avec ses deux modes de difficulté, et son mode “sans fin” accessible après quelques parties, Beat Souls a suffisamment de contenu pour tenir sur plusieurs sessions.
Il est rayé, votre disque?
Et la bande-son, dans tout ça ? Car c'est tout de même d'un jeu de rythme dont il est question ! Eh bien, contrairement à la plupart de ses contemporains, les compositions de Beat Souls sont dans la majorité l'œuvre d’une personne : Raven Sky. La performance est admirable, mais avec plus de 30 niveaux au compteur, on peut se demander si le studio n’a pas eu les yeux plus gros que le ventre. A force de finir les niveaux, on finit par s’en lasser, et ce n’est pas le talent du compositeur à remettre en question, mais bien le manque de variété qui découle inévitablement du nombre restreint d’artistes. Ce défaut ne fait que s’aggraver lorsque l’on se rend compte que la plupart des pistes sont présentes en double, avec une version courte et une version longue. Pour un jeu de rythme, qui va miser sa durée de vie sur le scoring, et donc la répétition de certains niveaux en boucle, il est clair que cela ne joue pas en sa faveur. Cependant, même si les musiques ont tendance forcément à se répéter, elles n’en sont pas moins désagréables.