Nintendo Switch

Bayonetta 3

Preview Switch

Bayonetta 3

Par rifraff - Le 13/10/2022 à 15:00

Après, plus de 7 ans d’attente, la sorcière de l’Umbra revient dans un opus qui s'annonce riche et spectaculaire dont nous avons pu découvrir les premières heures sur Nintendo Switch. Retrouvez nos premières impressions.

Abracadabrantesque !

Initialement sorti en 2010 sur PS3 et Xbox 360, le premier Bayonetta a immédiatement tapé dans l’œil des gamers et atteint le statut de jeu culte.  Beat them all aussi déjanté que son créateur Hideki Kamiya, accumulant les séquences surréalistes et jubilatoires mettant en scène les créatures les plus déshonorées des Enfers comme du Ciel, Bayonetta est autant une déclaration d’amour aux jeux vidéo qu’aux séries Z à deux sous.  Il introduit surtout le personnage iconique de Bayonetta, une mystérieuse sorcière qui dispose d’invocations puissantes et de quatre pistolets, fixés à chacun de ses membres qui lui permettent de se battre à distance et au corps à corps. Bayonetta est une femme forte et sûre d’elle que l’on peut rarement prendre à défaut. C’est un archétype féminin hyper fantasmé et sexualisé ; une sorte de Madame Peel sous acide qui aurait botté le Q (la lettre évidemment) de John Steed.

Moins de cinq ans plus tard, Nintendo entre en scène avec une suite conçue en exclusivité pour la Wii U.  Le jeu reprend les personnages et les recettes du titre précédent mais atténue son côté foutraque tout en continuant à multiplier les séquences spectaculaires ou les personnages défient les lois de la gravité et de l’entendement. Bayonetta 2 est en outre beaucoup plus féerique et grand public avec un gameplay recentré qui fait désormais littéralement corps avec Bayonetta. Avec le recul, on peut dire que contre toute attente, la collaboration entre Nintendo et PlatinumGames s'est révélée extraordinaire. Manifestement, avec Bayonetta 2, PlatinumGames a mis un peu d‘eau (de vie) dans son vin et Nintendo, un peu de vin dans son eau (plate.) Et Bayonetta est ainsi entrée dans le club très fermé des stars du Nintendoverse.

Alice au pays des sorcières

Autant dire qu’on attend beaucoup de ce Bayonetta 3, toujours développé en partenariat avec Nintendo et qui fait office de blockbuster exclusif à la Nintendo Switch. Pour ce troisième opus, PlatinumGames nous offre une histoire dans l’air du temps… On n’en dira pas plus dans cette preview pour mieux garder l’effet de surprise mais Bayonetta doit affronter de nouvelles créatures qui ne sont ni des anges ni des démons, et un nouvel ennemi redoutable qui pourrait bien, cette fois venir à bout de notre sorcière bien aimée.

Bayonetta 3 donne le ton dès le départ. Le jeu va vous exploser les yeux et les oreilles. PlatinumGames a décidé de pousser tous les curseurs au maximum. Le jeu est une succession de séquences totalement improbables et folles avec une débauche d’effets et de créatures tellement délirantes qu’elles en deviennent indescriptibles. Cependant, à dire vrai, au départ, on n’a un peu de mal à s’y retrouver et, même à comprendre ce qu’il se passe à l’écran tant les séquences délirantes se multiplient dans un déluge de cinématiques ou le joueur n’a pas toujours forcément grand-chose à faire, à part écarquiller les yeux et la bouche (pour le reste, chacun écarquille ce qu’il veut.) Les séquences de jeu proprement dites sont assez courtes et plutôt faciles- surtout pour un pro de la sorcière. On craint alors d’être un peu trop spectateur et pas assez joueur…

Heureusement, une fois les bases du jeu assimilées, Bayonetta 3 dévoile ses charmes et ses tripes. Rassurez-vous, donc, Bayonetta 3, c’est du beau jeu. Question gameplay, on retrouve les mêmes mouvements et combos des deux jeux précédents. Coup de pied, de poing, tir, saut et esquive- qui effectués au bon moment permettent de déclencher l’envoûtement. Lors des combats, le but est toujours d’éliminer les ennemis en enclenchant un maximum de combos (qui peuvent apparaître à l’écran pour aider) et d’attaques sadiques sachant qu’à la fin des séquences, une médaille (or, argent, bronze) et des points sont distribués. Cependant, très vite, il apparait que les développeurs ont voulu aller plus loin que les opus précédents en proposant d’autres coups, d’autres techniques (et surprises) mais aussi d‘autres gameplays en fonction de différentes séquences et personnages. Le jeu est donc, sûrement plus difficile à prendre en main, et c’est d‘ailleurs pour cela, qu’il y a un mode facile qui réduit le gameplay à un seul bouton- idéal pour celles et ceux qui veulent juste se laisser emporter par l’histoire et le côté aventure-exploration du jeu.

 

 S’il est toujours possible de faire des invocations, de nouvelles créatures géantes peuvent désormais rejoindre Bayonetta lors des combats- à condition de les avoir soumis. Outre Gomorra et Madama Butterfly, Phantasmaraneae fait son entrée. Il s’agit d’une araignée géante qui peut grimper le long des parois mais aussi attaquer et jeter des toiles. Dans ces moments-là, il faut à la fois diriger la créature géante (au choix) et Bayonetta- ce qui n’est pas une mince affaire. Autant dire que parfois, l’écran est surchargé et la visibilité n'est pas toujours optimale. En cela, le jeu se rapproche plus du premier opus qui multipliait les gameplays mais aussi parfois les problèmes de visibilité et de caméras. Il faudra voir ce que cela donnera sur la durée mais, il est clair que parfois, on galère, non pas à cause des ennemis mais simplement parce qu’on ne voit rien. Parfois, il y a aussi des séquences « die and retry » et dans ces cas-là, on n’a pas le choix, on doit réussir la séquence sinon « la chasse aux sorcière est finie ». C’est un peu frustrant surtout que, encore une fois, on ne comprend pas toujours ce qu’il faut faire. Il faut alors réagir vite et très souvent mourir, et recommencer, encore et encore jusqu’à trouver le bon chemin et le bon timing. A part les combats, le jeu propose aussi des phases de plateforme ou encore d’exploration dans des zones ouvertes plutôt grandes renfermant des défis et des sous-quêtes. Il y a donc, à priori, pas mal de contenu que l’on découvre au fur et à mesure que se déroule l’intrigue du jeu.

Bayonetta 3 est un jeu surprenant à bien des égards. Rupture de tons, de genre ou encore changement de personnages et de point de vue, le jeu est une vraie pochette surprise et cela, quasiment dès le début du jeu. Cela donne du rythme et permet de varier les plaisirs. Là encore, il faudra voir le jeu dans son ensemble pour voir si tous ces éléments s’assemblent pour donner une expérience de jeu cohérente et satisfaisante.

Plus beau, plus fou, plus féerique…

Question réalisation, le jeu explose quasiment tout ce qu’on a vu jusqu’à présent dans les jeux ou au cinéma avec une mise en scène hyper rythmée et des références à foison. Techniquement, le jeu assure- la plupart du temps. Certains environnements sont magnifiques et surprenants. Pour autant, on sent bien que la Switch est poussée dans ses retranchements et on ne peut que remarquer l’aliasing et des effets de clignotement lors de certains passages surchargés. Pour autant, ce n’est pas vraiment ce que l’on retient- si tant est qu’on ait le temps de retenir quoique ce soit, tellement ça va vite. La modélisation des personnages- à commencer par les personnages principaux est tout bonnement bluffante- surtout sur Nintendo Switch. Bayonetta est plus Bayonetta que jamais et apparait encore plus belle et vivante que dans les jeux précédents, qu’elle mette la fessée à une créature de trois kilomètres de long ou qu’elle minaude une sucette à la bouche. Ses poses, ses mimiques, ses danses ou encore ses répliques sont toutes irrésistibles. A ce propos, Jennifer Hale qui remplace désormais Hellena Taylor ne démérite pas et réussit à priori à incarner la sorcière avec classe et naturel, lui donnant une force et une fragilité stupéfiantes- sachant qu’en version japonaise, Atsuko Tanaka fait toujours aussi bien le job. Globalement d’ailleurs, tous les acteurs.ices livrent une prestation mémorable. Il faut souligner que les dialogues sont très bons, contribuant à contrebalancer la débauche de séquences improbables, et d’effets visuels spectaculaires avec un second degré permanent et des punchlines parfois hilarantes.

Rayon nouveautés, Viola entre en scène. Il s’agit d’une apprentie sorcière plutôt mystérieuse qui se trimbale (à moins que ce ne soit l’inverse) avec un chat de Cheshire prénommé Chouchou, tout droit sorti d’une version hallucinée d’Alice au pays des merveilles ( on l’adore déjà.) Lors de notre phase de jeu, nous avons pu tester une séquence de gameplay avec Viola (voir là). Son gameplay est différent de celui de Bayonetta. Elle se bat avec un katana et lance des fléchettes. Si elle peut esquiver comme la sorcière, elle déclenche l'envoutement (qui ralentit le temps) en bloquant les attaques au bon moment. C'est quasiment une autre façon de jouer même si elle n'est pas si éloignée non plus. Il faut quand même changer ses habitudes et ça demandera forcément un peu de temps avant de pleinement maîtriser l'apprentie sorcière sans s'emmêler les boutons.

 

Très fort
Inutile d’en dire plus. Ces premières heures en compagnie de la sorcière de l’Umbra nous ont bluffé, émerveillé et épuisé à la fois. Le jeu s’annonce épique, spectaculaire et très amusant ! PlatinumGames s'est surpassé pour offrir un spectacle tonitruant qui dès les premières secondes nous en met plein la vue et les oreilles. Evidemment, il faudra voir si les développeurs ont réussi à tenir le rythme sur la durée en évitant de perdre les joueurs dans un trop plein indigeste. Devant une telle débauche d’effets en tous genres, le jeu a en effet quelques soucis de visibilité et de caméra. Et il est vrai que parfois, on a vraiment du mal à voir l’action et même à comprendre ce qu’il faut faire… Là encore, il faudra voir si ces problèmes sont éparses ou s’ils sont récurrents ou pire, rédhibitoires... En l’état Bayonetta 3 est plus beau, plus fou et plus poétique que les épisodes précédents. Avec un gameplay accrocheur et pointu qui reste accessible à tous (notamment grâce au mode facile) Bayonetta 3 a tout pour devenir un hit et une nouvelle pierre précieuse à l’édifice de la légende de Bayonetta.