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Baten Kaitos I & II HD Remaster

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Baten Kaitos I & II HD Remaster

Par ggvanrom - Le 23/09/2023 à 03:30

Baten Kaitos I & II HD Remaster propose aux joueurs une expérience nostalgique qui permet aux joueurs de (re)découvrir deux titres de la Nintendo Gamecube sans se ruiner. Développé par Monolith Soft et tri-Crescendo, ce remaster offre aux joueurs une occasion de replonger dans les mondes de Baten Kaitos : Les Ailes éternelles et l'Océan perdu et de Baten Kaitos Origins. Est-ce que le passage à la HD s’est fait en douceur ? C’est ce que nous allons voir.

Un monde, deux temporalités

L'une des forces indéniables de la série Baten Kaitos est son récit captivant et ses personnages mémorables. Dans le premier opus, les joueurs suivent les aventures de Kalas, un héros amnésique avec une aile mécanique, qui fera rapidement la rencontre de Xelha, une mystérieuse voyageuse qui embarquera Kalas malgré lui dans une intrigue sous fond de conflit mondial et destruction de monde à coup de divinité maléfique. Se déroulant dans un monde se situant au-dessus des nuages, nous découvrirons au fil de l’intrigue quels sont les desseins de l’Empire d’Alfard, ainsi que les secrets de ce monde, et de nos compagnons. 

 Baten Kaitos II, renommé Baten Kaitos Origins pour le public Occidental, est une préquelle se déroulant 20 ans avant le premier épisode, et qui nous présente le personnage de Sagi, un jeune homme qui travaille pour l’Empire d‘Alfard dans une unité d'assassins d’élite, le Dark Service. Alors qu’on lui confie la mission d’éliminer l’Empereur en toute discrétion, il constate que quelqu’un a déjà fait le travail avant lui une fois sur place, et tombe de surcroît dans un piège mis en place par sa propre unité. Forcé de fuir en compagnie de sa Paramachina Guillo, il aura comme objectif de prouver son innocence, et de découvrir quels sombres dessins se dessinent du côté de l’Empire. Préquelle oblige, ceux qui ont fait le premier opus auront l’occasion de redécouvrir quelques têtes du premier opus beaucoup plus jeunes, développant un peu plus leur histoire.

Dans les deux jeux, ce n’est pas le personnage principal à proprement parler que nous incarnons, mais un esprit protecteur, habitant une autre dimension et fixant les événements depuis cette dernière (notre écran). Après avoir indiqué le nom de l’esprit (le nôtre pour plus d’immersion) nous comprenons que nous sommes liés à Kalas et à Sagi. Régulièrement, ils nous demanderont conseil, et plus les avis concorderont, meilleure sera leur relation, avec des bonus en combats. Bien qu’on n’ai pas d’impact réel sur l’histoire, on nous demande régulièrement de nous impliquer dans diverses situations.



La loi Descartes des cartes

Quel que soit l’opus, les mécaniques principales de votre progression sont similaires. Nos héros vont d’îles en îles et enchaînent exploration de donjons avec boss à la clé et visites en ville pour faire le plein de marchandise, de Magnus (voir plus bas), et pour accomplir quelques quêtes annexes, le tout dans un environnement 3D avec décor fixe (notre fameuse fenêtre sur ce monde où on nous a invoqué). Comme tout RPG classique, on devra combattre diverses créatures pour engranger de l’expérience, mais le système et les mécaniques de combat sont radicalement différents des classiques du genre. En lieu et place d’armes et d’armures, nous utilisons dans ce monde des Magnus. Des cartes possédant la faculté de capturer l’essence des objets pour les utiliser à tout moment comme des armes, des armures, des objets, etc. Si la mécanique des Magnus est bien présente dans les deux opus, le gameplay de son côté a subit quelques modifications entre les deux.

Du côté de Baten Kaitos, premier du nom, chaque personnage possède son deck de cartes, que l’on doit composer nous-même de manière la plus équilibrée possible entre objets d’attaque, de défense et de soins. En fonction de notre niveau de classe (qui augmente grâce à des objets récupérés le long de l’aventure), nous pouvons agrandir notre deck, le nombre de cartes en main, et le nombre de carte que l’on peut jouer lors du tour de nos personnages. Chaque carte possède un attribut élémentaire, ainsi qu’un ou plusieurs chiffres accolés. Les affinités élémentaires sont à utiliser pour exploiter au mieux les faiblesses des ennemis. Un zombie sera ainsi plus affecté par les éléments de feu et de lumière par exemple. Attention également lors de vos combos à ne pas utiliser des cartes qui s’annulent entre-elles comme une magie de feu et une magie d’eau, leur pouvoir seraient largement amoindri dans ce cas de figure. Le système de Level up est également important, si nos personnages gagnent bien de l’expérience, il sera impératif d’aller dans un temple en passant par une fleur bleue (point de sauvegarde) afin de dépenser nos points et de monter de niveaux.

Point important, à chaque combat le deck des personnages est mélangé, ce qui fait qu’on a jamais les mêmes mains. Les combats quant à eux se déroulent au tour par tour entre nous et les ennemis en fonction de la vitesse de chacun. Lorsqu’il s’agit du tour du joueur, il suffit d’utiliser des cartes offensives sur la cible de notre choix, ou bien d’utiliser des boosters et objets de soins sur nos alliés. Attention à ne pas utiliser d’objets bénéfiques par mégarde sur vos adversaires ! Lorsque c’est au tour de l’adversaire, le personnage ciblé devra sélectionner des cartes défensives pour limiter les dégâts reçus. Outre les affinités élémentaires, les chiffres sur les cartes sont également importants. Lorsque vous réalisez un combo de cartes, essayez de faire des suites de chiffres, ou d’utiliser plusieurs fois les mêmes. En fonction, vous obtiendrez des bonus de dégâts non-négligeables. Le choix des cartes se faisant en temps réel et avec un temps limité, il n’est pas rare de s’emmêler les pinceaux entre phases offensives et défensives, ou de ne pas choisir ses cartes à temps. Aléatoire oblige, il peut arriver d’avoir une main composée uniquement de cartes offensives ou défensives, limitant drastiquement votre champs d’action, d’où l’importance de construire des decks équilibrés.

Si la mécanique des combats du premier opus pouvait faire peur, surtout si on ne prenait pas le temps d’apprendre les bases en parlant aux bons PNJ, du côté de Baten Kaitos Origins la formule change radicalement. Fini le deck par personnage, désormais chacun pioche dans un deck commun. Les suites de chiffres ont également été mises de côté pour se baser essentiellement sur l’enchaînement de cartes offensives et défensives. L’action se veut beaucoup plus rapide et dynamique, et même si vous êtes un fan du premier opus, il vous faudra un temps d’adaptation pour maîtriser ces nouvelles mécaniques. Dans les deux cas de figure, les jeux se veulent relativement punitifs, une mauvaise préparation couplée à une mauvaise RNG dans le tirage des cartes peut donner lieu à des combats frustrants pouvant rapidement amener à la défaite.

Point important que l’on n’a pas précisé jusque-là, mais il faut également prendre en compte que les Magnus évoluent avec le temps. Un Magnus de lait pourra, avec le temps, se changer en un Magnus de Yaourt, et en Magnus de fromage. Une fleur fraîche se fâner, ou de l’eau claire se changer en eau croupie. Le premier opus est particulièrement frustrant car cette mécanique est présente dans les cartes de combat. Une épée élémentaire pourra ainsi perdre son élément et devenir une épée basique à force d’utilisation, un objet de soin comme une banane pourra pourrir, et se transformer en objet d’attaque, vous obligeant à reformer vos decks régulièrement. Dans Baten Kaitos Origins, cette évolution sera finalement réservée aux Magnus de quêtes, et aux fusions volontaires.

Les quêtes annexes mal-aimées

Que serait un RPG sans quêtes annexes ? S'il y en a bien dans les deux opus de la licence, il faut admettre que le premier opus n’est pas franchement apprécié des fans pour leur mise en place. La plupart des quêtes annexes reposent sur l’utilisation des Magnus Vierges. Grâce à ces derniers, il est possible de capturer l’essence d’un objet pour les utiliser plus tard. Capturer une essence de pomme dans un village perdu pour rassasier une fille de la ville qui demande désespérément une pomme par exemple. Dans le premier opus, remplir des quêtes permet de débloquer des Magnus bien utiles, ou encore des constellations qui font partie de l’accomplissement d’une des deux grosses quêtes du premier opus.

Seulement dans le cas de Baten Kaitos premier du nom, il n’y a aucun journal de quête, et quand vous avez 1 ou 2 personnages par ville qui vous demandent des objets précis, requérant parfois des évolutions (comme le lait par exemple), sans rappel quelconque, bon courage pour vous rappeler de repasser à tel ou tel endroit pour finaliser une quête. C’est d’autant plus dommage que Bandai Namco n’ait pas profité du remake de cette compilation pour daigner intégrer ce journal de quête au premier opus, sachant qu’il est bien existant dans le second opus. Il n’en reste pas moins que faire les quêtes annexes dans les deux épisodes peut être très enrichissant. Cela permet de faire le plein de Magnus à moindre coût et d’étoffer un peu le lore du jeu. Dans Baten Kaitos premier du nom, la quête des constellations et de l’arbre généalogique vous prendra un bon moment pour les terminer. Du côté de Baten Kaitos Origins, on notera la ville en pâte à modeler Sedna, ainsi que le Colisée.

Quelles améliorations pour ces remasters ?

Avec le passage à la HD, les graphismes apportent une nouvelle vie aux mondes vibrants et colorés des deux opus. Les décors sont magnifiques, les animations des personnages sont fluides, et les environnements donnent vraiment l'impression d'être dans un monde fantastique. Il y a malheureusement quelques ombres au tableau. Lorsque l’on lisse des jeux sans retravailler les personnages, cela peut donner lieu à quelques personnages à l’esthétique peu flatteuse. Xelha a par exemple une tête que je qualifie d’horrible dans le premier opus. Côté animation, même si l’on retrouve de la fluidité, il n’en reste pas moins que les animations de l’époque étaient extrêmement pauvres et limitées.

Ce qui ne passe pas en revanche, c’est le fait qu’ils aient compressé à mort les cinématiques d’introduction des deux jeux, ce qui fait que l’on retrouve une espèce de bouillie de pixels assez désagréable lorsqu’on les regarde. On notera également l’abandon des doublages anglais originaux du premier opus, pour mettre uniquement les doublages japonais en jeu. En revanche, la cinématique d’introduction est en anglais, mais a été redoublée pour l’occasion. Si l’on savait que le doublage original était loin d’être parfait, je trouve personnellement que le nouveau doublage anglais proposé dans l’intro est horrible et sans âme comparé à l’original. Bandai Namco expliquait ce changement par une nécessité d’adapter les dialogues aux mœurs actuelles, de notre côté, on pense qu’il s’agit d’une question de droit. De là à savoir qui est dans le vrai… Du côté sonore, la bande-son époustouflante composée par Motoi Sakuraba demeure encore en 2023 un point fort indéniable de la série. Les mélodies envoûtantes et émotionnelles contribuent grandement à l'immersion dans l'univers du jeu. Quant à la durée de vie des deux jeux, elle reste impressionnante, offrant une bonne cinquantaine d’heures pour chaque opus, et beaucoup plus si l’on compte la complétion des quêtes annexes.

Enfin, le remaster a introduit des améliorations de qualité de vie, telles que la possibilité de réorganiser les decks plus facilement ainsi que des options pour accélérer les combats (voir les zapper complètement). Si ces ajouts sont bienvenus, la gestion des decks reste en revanche tout jours aussi pénible. Avec plus de 1000 cartes dans le premier opus, et plus de 650 dans le second, sans avoir la possibilité de simplement échanger une carte par une autre en nous obligeant à d’abord nous défausser, une simple option de tri n’est clairement pas suffisante.


 

8
Baten Kaitos I & II HD Remaster est une occasion formidable de redécouvrir deux classiques du RPG japonais sur Nintendo Switch sans se ruiner avec les versions Gamecube. Si vous êtes fan de jeux de rôle épiques avec des récits riches, des personnages mémorables et un système de combat unique et demandant un peu d'investissement, alors cette remasterisation est un incontournable. Si la compilation souffre tout de même de son âge malgré les améliorations de confort de jeu, et qu'on déplore l'absence d'une traduction française pour Baten Kaitos Origins, on reste tout de même sur un contenu qui mérite d'être (re)découvert

  • Les deux jeux Baten Kaitos sur une seule cartouche
  • Une bonne centaine d'heures de jeu à prévoir pour en faire le tour
  • Le concept des Magnus à maîtriser
  • Des quêtes annexes intéressantes et qui boostent la durée de vie
  • Les options de confort de jeu proposés
  • Une direction artistique somptueuse encore aujourd'hui
  • On oscille entre l'épique, la surprise et la tragédie
  • L'OST signée Motoi Sakuraba
  • Les combats restent lents dans le premier jeu
  • Les intro sont horribles car compressées
  • Absence de traduction pour Baten Kaitos Origins
  • Les animations rigides comme à l'époque, et des décors pauvres en combat
  • Toujours pas de livre de quête dans le premier opus