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Baldo : The Guardian Owls

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Baldo : The Guardian Owls

Par ggvanrom - Le 07/06/2022 à 09:00

Après un démarrage général catastrophique qui a lésé plus d’un joueur à sa sortie et qui lui a même valu un billet dédié dans nos colonnes, Baldo : The Guardian Owls et ses développeurs NAPS TEAM s’étaient fait très discrets sur les réseaux sociaux, se contentant de sortir des patchs par-ci par-là pour corriger les nombreux problèmes du jeu. A l’occasion de la sortie physique du jeu le 26 août 2022, les développeurs ont finalement envoyé quelques copies à la presse afin de refaire parler du titre. Ayant personnellement boudé le Baldo au vu des retours des joueurs l’ayant acheté day one au prix fort, voyons si les différents correctifs apportés au jeu suffiront à faire redorer son blason.

Note : Bien que comme beaucoup de joueurs je ne cautionne absolument pas l’attitude de NAPS TEAM concernant la sortie initiale du jeu en août dernier, la note de ce test sera uniquement basée sur le contenu actuel du titre et non sur les dérives passées.


Baldo… Open your eyes !

L’univers de Baldo : The Guardian Owls ne devrait pas perdre les amateurs de la licence Zelda. Nous incarnons un jeune garçon répondant au nom de Baldo extirpé de son sommeil par son amie, le sommant d’aller voir son grand-père qui a une chose importante à lui révéler. Selon une ancienne légende, les hiboux ont enfermé jadis une créature sans cœur dans les tréfonds du royaume de Rodia, et elle se réveillera quand un jeune enfant au cœur pur naîtra. Vous comprenez donc que vous êtes ce fameux enfant, et vous devrez alors entreprendre une longue quête pour tenter d’éliminer ce mal.

Vous voici donc débutant votre aventure dans une petite bourgade où votre principale occupation était de retrouver les poules de votre voisine, avant d’être lâché dans un monde gigantesque sans trop comprendre par où il faut commencer. Le sentiment de grandeur et de perdition est bien là, le tout souligné par une patte graphique absolument magnifique, qui n’est pas sans rappeler les créations du studio Ghibli, le tout marié à un univers médiéval fantastique qui lorgne du côté de The Legend of Zelda entre-autres.

Un univers vivant et magnifiquement détaillé

Comme tout jeu d’aventure qui se respecte, Baldo vous propose de vous aventurer dans de vastes zones afin de dénicher des PNJ qui feront avancer votre aventure principale, et laisse libre cours à l’exploration avec comme récompense à la clé des bonus prenant la forme d’argent, de matériaux ou encore d’uppgrade pour votre barre de vie. Grâce à un subtil subterfuge, Baldo propose de contrôler le petit garçon en 3D le tout dans un univers en vue du dessus en fausse 3D jouant beaucoup avec la verticalité. Comme indiqué plus tôt, l’aspect visuel de Baldo a beaucoup contribué à l’engouement des joueurs lors de sa présentation. Les différentes zones du jeu sont colorées, et surtout extrêmement détaillées au niveau des décorations, ainsi qu’au niveau sonore. Quoique pour ce dernier point, les deux développeurs composant le studio NAPS TEAM en ont un peu trop fait du côté des bruitages (les bruits de basse-cour qui se répètent en boucle, quelle horreur).

Les monstres présentent chacun des patterns uniques, et sont suffisamment variés pour éviter toute impression de lassitude. Et bien sûr les donjons seront également de la partie, avec de nombreuses énigmes à résoudre pour pouvoir avancer. A noter que certains d’entre-eux peuvent se révéler assez longs (comptez une heure ou plus pour le tout premier par exemple). Mais contrairement à ce que l’on peut penser, cette rallonge n’est pas (que) due à un contenu dense, mais à un problème de game design.

Repousser la logique du game-design

Le game-design, derrière cette appellation un peu obscure se résume en la création et l’application de règles pour faire assimiler des mécaniques de jeu aux joueurs. Physique du personnage, Patterns, logique de progression, un bon game-design est nécessaire pour que le joueur ait un sentiment d’apprentissage et d’évolution dans un jeu vidéo. Dans Baldo, le game design pose un gros souci. Si les fans du jeu le défendront en disant qu’il s’agit d’un jeu exigeant, nous rétorquons qu’un jeu qui change ses codes toutes les deux minutes n’est pas un signe d’exigence, mais bien une faiblesse.

La première bizarrerie au début du jeu lorsque vous explorez le premier donjon est le fait de s’y aventurer totalement désarmé. N’importe quel amateur de jeu d’aventure sentirait que quelque chose cloche et penserait être passé à côté d'une étape, mais non, c’est la logique du jeu. Il faudra esquiver tous les ennemis ou les assommer à coup de poterie ramassées dans le décor avant de mettre la main sur l’épée vers le milieu du donjon. Verticalité du jeu oblige, vous encaissez des dégâts de chute parfois fatals dès que vous tombez d’une hauteur à peine plus haute que la taille de Baldo. Mais à un moment donné pour passer une énigme, il faut impérativement sauter dans un précipice qui, sur un écran précédent nous aurait fatalement retiré un point de vie. C'est cette accumulation de changement de codes au long de l'aventure qui donne non pas un sentiment de progression, mais plutôt de frustration.

Couplez à cela des donjons proposant une multitude de pièces qui ne servent strictement à rien, des énigmes qui semblent logiques aux yeux des développeurs mais tirées par les cheveux pour le commun des mortels, voire même des énigmes que l’on peut carrément ne pas respecter à cause de bugs de collisions, l’exploration des donjons donne un sentiment de frustration inversement proportionnel à la liberté que l’on ressent une fois à l’extérieur. Petit détail que j’ai également oublié de préciser : le jeu est dur. Non-content de vous laisser avec 4 cœurs (à condition d’avoir fait la quête des choux en début de partie), la notion de quart de santé est inexistante. 1 dégât / 1 chute = un cœur minimum. Et je dis bien minimum, car un piège ou un ennemi lourdement armé peut rapidement faire monter l’addition à 2 voire 3 cœurs. Vous aurez toujours la possibilité d’améliorer votre santé en trouvant le PNJ qui vous propose ses services, mais encore faut-il que vous le trouviez.

Enfin, il est à noter que l’interface du jeu a également pas mal de failles. Les doubles inputs lorsque l’on appuie qu’une seule fois, une navigation pas des plus intuitives, les quêtes qui sont triées par ordre d’apparition, ce qui veut dire qu’il faut scroller longuement pour attendre les quêtes en cours une fois l’aventure bien entamée. Et cette interface qui apparaît au milieu de l’écran lorsque l’on déclenche une quête… Heureusement il est possible de la désactiver via les options. Les environnements étant tout en verticalité, il est également frustrant que la carte ne soit pas un chouïa plus détaillée et plus agréable à prendre en main.

Et pourtant…

Malgré tous ses défauts cités tantôt, je n’ai pas encore réussi à décrocher de Baldo à l’heure actuelle. Si je ne pardonne toujours pas l’état dans lequel le titre est sorti en août dernier, les développeurs auraient pu tout simplement faire profil bas et se carapater avec l’argent engendré et basta. Malgré les critiques ils sont restés, ont travaillé sur les patchs correctifs, et ont même rajouté un contenu supplémentaire gratuit dénommé The Three Fairies rajoutant une nouvelle quête d’une dizaine d’heures ainsi que de nouvelles options comme le mode assisté censé faciliter l’aventure. Loin d’être une arnaque vidéoludique, je pense tout simplement que les développeurs de Baldo, au nombre de deux, n’ont tout simplement pas mesuré assez tôt l’ampleur de leur projet. Aujourd’hui, il subsiste encore quelques bugs de collision ou dans les textes (multi-langues), mais on est loin du fiasco lors du lancement du jeu. Mais ne nous mentons pas, derrière un prix à 24,99€ les joueurs se moquent de savoir si il y a un développeur seul ou une équipe de vétérans. Le fameux ratio qualité / prix reste un point majeur dans l’appréciation d’un jeu vidéo.

Passé la frustration de ne pas saisir la « logique » derrière les plans des développeurs, je dois avouer prendre du plaisir en cherchant les grottes cachées nous permettant de dénicher les artefacts nécessaires à l’augmentation de notre barre de vie, ou la récupération des armes dites légendaires (mais extrêmement coûteuses en orbes d’énergie). Malgré un système de gestion de quêtes lourd et des récompenses qui font parfois grincer les dents, les développeurs ont disséminé suffisamment de quêtes annexes pour inciter le joueur à parcourir le monde en large et en travers.

Retrouvez le barème des notes des tests de Nintendo-Master 

6
Baldo The Guardian Owls n’est pas un mauvais jeu en soi. Il subit simplement l’ambition peut-être trop démesurée de ses deux développeurs qui lui a valu une sortie dans la douleur en 2021. Presque un an plus tard et après divers correctifs et une nouvelle quête annexe gratuite, on peut enfin essayer d’apprécier le titre, malgré ses nombreux couacs. Son illogisme, sa difficulté et son absence quasi-totale de guidage auront vite fait de perdre les joueurs les moins téméraires ou exigeants. Mais malgré ça, Baldo The Guardian Owls reste une expérience qui peut s’avérer plaisante à suivre si on lui pardonne ses défauts. Clairement pas à mettre entre toutes les mains, il sera plutôt à réserver aux fans de jeux d'action-aventure les plus aguerris.

  • Une Direction Artistique bluffante
  • Un contenu annexe conséquent
  • Plus de 40 heures d'aventure
  • Beaucoup d'énigmes à résoudre
  • L'impression de gigantisme quand on est à l'extérieur
  • Une sauvegarde automatique à chaque changement de pièce
  • Les environnements et maisons fourmillent de détails
  • Un game-design mal étudié
  • L'interface peu accueillante
  • On se perd très facilement
  • Encore quelques couacs techniques en jeu et dans les dialogues
  • La "logique" de certaines énigmes