Mystical Ninja Goemon, ou Ganbare Goemon, ça vous dit quelque chose ? C'est une vieille série de Konami qui proposait de la plateforme dans une ambiance déjantée et japonisante à souhait. Mais depuis deux épisodes N64 pourtant de bonne qualité, on ne les a pas revus (en Europe en tout cas, Goemon a tenu bon quelques années de plus au japon.) Le ninja aux cheveux bleus manque à ses fans, et inutile de compter sur Konami, alors Good-Feel Inc vole à la rescousse, et secoue la Switch avec un successeur spirituel : BAKERU !
Test réalisé d'après une version fournie par l'éditeur
Tanuki Warrior Go !
Bienvenue au Japon. Mais attention, pas notre Japon. Un Japon fantastique à la fois moderne et classique, et où les héros de contes folkloriques et les yokais existent bel et bien. Et surtout, un Japon en danger, car le vil Oracle Saitaro utilise sa magie pour installer un festival national permanent qui lave le cerveau des habitants. C'est un jeune tanuki nommé Bakeru qui est désigné pour aller chercher les héros capables de sauver le pays, accompagné d'un membre du clan Issun. Au cours d'un voyage à travers toutes les régions du pays (oui, toutes), il va devenir un héros, apprendre de nouvelles transformations, faire des combats de kaijus, et surtout casser du vilain !
Bakeru est un héros compétent et mobile, un peu dans la veine de Mario, et d'ailleurs, le jeu n'est pas sans rappeler un Mario Odyssey plus linéaire, moins axé plate-forme, et plus délirant. Armé d'un tambour Taiko, Bakeru peut frapper les ennemis avec ses bâtons, et si vous frappez en rythme avec L et R, passer de l'un à l'autre, en plus de pouvoir esquiver, bloquer, et porter des coups chargés dans une danse très satisfaisante . Inutile de dire que BAKERU est très axé combat, et que les ennemis vont pleuvoir, surtout qu'au fil de votre avancée, vous allez apprendre pas mal de nouveaux mouvements de combat. Mais votre mobilité, elle, va rester la même.
On pourrait déplorer l'absence d'évolution de notre héros. Pas de nouveau double saut, dash, ou autre classique de la plate-forme, voilà de quoi douter de l'intérêt du jeu sur le long terme. Mais pas du tout ! Si certains niveaux sont de grands à sable parsemés d'épreuves d'adresse, d'autres vont vous demander d'explorer, de triompher de plate-formes retorses, de faire la course et toujours d'occire des dizaines d'ennemis à la tête étrange. BAKERU possède une très bonne durée de vie avec près de 50 niveaux, et on ne s'ennuie jamais. Et ai-je mentionné que Bakeru est un tanuki, une sorte de raton-laveur avec des pouvoirs de transformation qui vont encore plus changer la donne?
Ganbatte, Bakeru !
Après certains boss, et également au tout début du jeu, vous allez obtenir des transformations. Seule une d'entre elles, celle de Issun, change vos pouvoirs de traversée : elle vous rend tout petit, et vous pourrez alors vous faufiler dans les petits passages, et même flotter en l'air tout en étant trop mignon ! Les autres transformations, elles, vont changer votre façon de combattre, vous rendant très puissant, aidant vos attaques à distance, ou vous permettant d'attaquer plusieurs ennemis. Si au début du jeu, on se demande si ce système vaut bien le coup, plus on avance et plus on doit se rendre à l'évidence : la difficulté va grandissante et ces options de combat sont bougrement utiles, et bien limitées grâce à une jauge de transformation qui les rend spéciales. Un équilibrage très bien pensé.
Lors d'un niveau standard, vous ne devrez pas seulement réussir à vous rendre à la fin du parcours. Non, il vous faudra trouver et détruire trois lanternes de festival, des gros trucs brillants bien évidents. Mais bon, c'est quand même des choses à trouver, et des fois, les ennemis les gardent. En plus de ces lanternes, trois souvenirs à collectionner sont cachés dans chaque niveau, ainsi que cinq « pépites de savoir. » C'est un petit personnage jaune en forme de crotte qui est caché dans les niveaux et qui vous communiquera celles-ci. Car après tout, pourquoi pas ? Et il est difficile à trouver en plus ! Plus tard, un dernier objet sera à trouver dans certains niveaux, mais je garde cela sous silence, au nom du spoil. En tout cas, vous allez les ratisser, ces niveaux, si vous voulez terminer le jeu à 100% !
C'est sans compter sur les niveaux un peu atypiques. De la course ? Il y en a ! Des niveaux en autoscroll ? Aussi. Des challenges un peu uniques, ou des variantes surprenantes ? Des tas ! C'est rare de s'ennuyer, et on ne peut que saluer la créativité des équipes de Good-Feel qui ont su renouveler l'expérience sur tant de niveaux avec succès. Si on devait reprocher quelque chose, c'est que le jeu est facile. Oui, il n'a rien de difficile, même si les éléments à collectionner sont bien cachés. Mais force est de constater qu'une courbe de difficulté bien présente viendra chatouiller même les plus aguerris, et la rareté des objets de soin va punir ceux qui pensent que les ennemis sont là pour faire joli. On ne perd que des pièces quand on meurt où qu'on tombe dans un trou, mais c'est une punition quand même, avec le fait de revenir au dernier checkpoint. Prenez donc cette expérience comme celle d'un jeu Kirby : simple à terminer en ligne droite, exigeante pour ceux qui vont jusqu'au bout. Mais un bon moment tout du long, surtout grâce à une ambiance unique.
Un digne héritier
BAKERU se veut un héritier spirituel de la série Goemon. Ce sont pourtant des jeux très particuliers, mélangeant allègrement humour crasse, références historiques, anachronismes et action à gogo, le tout baigné dans une telle dose de sauce japonaise qu'un occidental ignorant s'y sentira perdu. Et bien BAKERU fait la même, très exactement. Ambiance déjantée avec des ennemis à l'air stupide, des références en cascade surtout avec les trivias sur le japon et les nombreux clins d’œil à sa culture et à son histoire, des combats de robots géants, et un rythme soutenu font qu'on ne peut s'empêcher de verser une larme en l'honneur du ninja au cheveux bleus. C'est une vraie réinvention de la série de Konami, et on ne s'y trompe pas, même visuellement, on est très proche de ce que Goemon proposait en termes d'imagerie.
D'ailleurs, les graphismes sont superbes pour de la Switch. Ou plutôt, la direction artistique est superbe, et les graphismes suivent, car BAKERU est un petit bonbon pour les yeux avec ses modèles 3D simples, mais léchés, ses décors variés de toute beauté, et ses animations soignées. C'est simple, mais très efficace, et le tout est un vrai plaisir pour les yeux, renouvelé à chaque niveau. L'ambiance de certains niveaux est tout simplement à couper le souffle, et, mélangée à toutes surprises et variations de gameplay, on a vraiment l'impression de voyager. On notera tout de même quelques chutes de framerate lorsque l'action devient frénétique et chargée, et du pop-in non-intrusif, mais bien présent.
Niveau sonore, tous les dialogues ne sont pas doublés, et c'est bien dommage, mais on notera quand même que la voix de Bakeru est la même que celle de Naruto, un gage de qualité indéniable au vu du talent de l'actrice. Surtout qu'on l'entend quand même souvent, alors tant mieux. Le sound design est bien travaillé et vous saurez identifier les différents types d'ennemis rien qu'à leurs bruits, et le son du taiko quand vous les frappez accompagne très bien la musique. D'ailleurs, la bande-son est assez exceptionnelle, et pour peu qu'on aime cette ambiance japonaise, elle est à écouter en boucle pour la plupart, pourquoi pas lorsqu'on travaille et qu'on a besoin d'une petite ambiance sonore. Non, je ne suis pas en train de le faire en écrivant ces lignes...