L’histoire d’Atari est tout simplement passionnante : pionnier de l’arcade dans les années 70, puis du jeu vidéo de salon et instigateur du crash du jeu vidéo en amérique du nord au début des années 1980. Après des années difficiles, divers rachats et un dépôt de bilan en 2013, Atari se remet en selle, en exploitant une partie de son catalogue à l’origine des heures de gloire de la firme. Mêlant habilement les classiques d’Atari dans une compilation de mini-jeu façon Wario Ware, Atari Mania vise à vous faire redécouvrir sous un nouveau jour des titres que l'on pensait connaître.
La source qui ne s'était pas tarie
Dans Atari Mania, on contrôle le gardien de l’Atari Game Vault pendant son service de nuit. Outre ses tâches ménagères habituelles, le gardien va devoir enquêter sur l’apparition de pixels morts qui kidnappent les héros de jeu vidéo Atari. Pour défaire les pixels morts, il faut les affronter dans une série de mini jeux mélangeant différents univers de licences bien connues, comme Centipede, Crystal Palace, Pong ou encore Asteroid. Le hub prend la forme d’un musée servant d'autocongratulation à la marque cinquantenaire, dans lequel on résout des énigmes pour accéder aux différentes salles.
Les énigmes sont vraiment sommaires. Elles consistent la plupart du temps à déplacer un objet à l’aide d’un grappin ou d’un aimant, et ne nécessitent généralement pas plus de quelques secondes pour être résolues. Le véritable intérêt de parcourir l’Atari Vault, c’est de dénicher toutes les illustrations disséminées dans des endroits improbables. On retrouve les jaquettes qu’on pouvait observer sur les biens trop fragiles boîtes des jeux Atari 2600. Les références sont nombreuses, tant au niveau des dialogues avec les protagonistes des jeux Atari, que dans les éléments du décor, le tout avec une autodérision franche et des touches d'humour bien senties.
Des variantes peu variées
Parfois, lorsque l’on interagit avec un élément du décor ou un pixel mort, on déclenche une série de mini-jeux mêlant plusieurs univers définis. Chaque mini-jeu propose alors une courte mission, à l’instar d’un Wario Ware, qu’il faudra achever, sous peine de perdre un point de vie. Si l’on perd tous les points de vie avant la fin de la série, on retourne au hub central. Si on arrive au bout de la série, on peut affronter le boss. Les mini-jeux reprennent le gameplay d’un des classiques d’Atari, avec quelques variantes. Cela peut être une barre de pong dans le jeu Centipede, ou des ballons de Circus dans Breakout. Malgré le nombre de 150 jeux revendiqué par l’éditeur, il s’agit essentiellement de variantes et on tourne rapidement en rond.
En fait, mis à part les contrôles atypiques de certains jeux (comme Asteroid), on se retrouve souvent dans le même type de mini-jeu. Quand on voit toutes les trouvailles d’un Wario Ware, qui alterne facilement entre un jeu basé sur le rythme, à un autre basé sur la physique et l’équilibre, on est en droit de rester sur sa faim avec Atari Mania. Pourtant, ce n’est pas la profondeur du catalogue de l’éditeur qui est à blâmer. Et c'est sans évoquer les problèmes propres à chaque mini-jeu : boîtes de collision maladroites, contrôles manquant de précision… Autant de soucis qui n’étaient pas présents sur les versions originales.
Le 10ème Art pour le 3ème Age
Atari Mania aura probablement l’effet d’une madeleine de Proust si vous avez connu les jeux qu’il référence, mais ne donnera pas satisfaction de par son gameplay et son léger manque de contenu. La faute au manque de rejouabilité, liée au manque de renouvellement des mini-jeux. Tout cela aura de quoi décourager les joueurs les plus jeunes, d’autant qu’il n’y a aucun mode multijoueur, permettant cet effort de transmission et de partage entre générations indissociable du retrogaming. Pourtant, on sent que le développeur québecquois iLLOGIKA a mis du cœur à l’ouvrage. Les graphismes ont totalement été remaniés et aucun sprite n’a été repris des jeux originaux, afin d’uniformiser le tout. De la même manière, la bande son en chiptunes est plutôt agréable.