Assassin’s Creed est une série ô combien connue qui a fait ses débuts en 2007, relatant les aventures d’Altaïr durant la guerre sainte. Rencontrant un vif succès, elle bénéficia rapidement d’une suite mettant en scène le personnage d’Ezio Auditore en Italie, titre sorti en 2009. L’histoire d’Ezio s’était déclinée en trois volets. Une compilation nommée logiquement Assassin’s Creed : The Ezio Collection réunissait les trois jeux qui lui étaient dédiés ainsi que deux films. Disponible sur Switch depuis le 17 février 2022, que vaut ce portage après tant d’années ?

Je suis Ezio, Ezio Auditore di Firenze

Pour rappel, l’univers relate l'affrontement entre la confrérie des Assassins et des Templiers pour l’avenir de l’humanité. Abstergo (le nom des Templiers à notre époque), utilise ce qu’on appelle l’animus afin de permettre à son utilisateur de visiter la mémoire dite génétique de ses ancêtres et ainsi découvrir les secrets d’antan notamment liés à ceux qui étaient là avant l’humanité. Les événements du jeu débutent directement dans le présent, avec Desmond, dans les locaux d'Abstergo, qui réussit à s’enfuir avant de replonger dans l’animus avec l’aide d’autres Assassins. Ils sont cette fois sur les traces d’Ezio Auditore. Ezio est un jeune homme plutôt volage et impétueux qui vit à l'époque de la Renaissance à Florence. Sans trop en dévoiler, contrairement à Altaïr, Ezio n’est pas un Assassin lorsque nous faisons sa connaissance. Il le devient par la force des choses à cause d’événements tragiques qui le touchent durement et le poussent dans cette voie. Il se rapproche alors de son oncle, Mario, qui lui laisse à disposition un domaine afin de préparer ses actions contre les Templiers et récupérer la fameuse pomme d’Eden.

En terme de Gameplay, Assassin’s Creed 2 pose la quasi-totalité des bases de la série. Par exemple, le principe d'assassiner discrètement afin de réussir ses missions dans les meilleures conditions reste un prérequis important. Vous faites la connaissance d’un certain Leonardo Da Vinci (la rencontre avec des personnages historiques est aussi l’essence de cette licence) qui vous permet, de par son génie, de déchiffrer des codes et ainsi développer votre arsenal. C’est donc l’intégration de la double lame qui vous octroie la faculté d’éliminer deux cibles simultanément et ce en silence. Comme toujours, vous aurez la course libre avec laquelle escalader ou sauter de toits en toits avec une aisance surprenante (mais avec quelques déconvenues. Nous y reviendrons). De plus, il est possible d’éliminer sa cible en étant positionné dans une cachette. Vous aurez aussi, plus tard dans l'aventure, accès à un pistolet, certes très lent, mais qui a la faculté de tuer d’une seule balle un ennemi. Au fur et à mesure, vous pourrez aussi vous acheter des pièces d’armures afin d’augmenter votre vie et votre résistance mais aussi tout un tas d’armes pour gagner en puissance.

La grande nouveauté de cet opus est la gestion du domaine. En effet, il vous sera possible de le restaurer car, à moins d’être aveugle, vous ne pouvez que constater qu’il n’est pas de première fraîcheur. Investir dans celui-ci aura nombre d'effets bénéfiques. Dans un premier temps, c’est la récolte d’argent puisque toutes les vingt minutes, le domaine génère de l’argent (et plus il sera restauré, plus les gains seront importants à tel point qu’il sera difficile de manquer d’argent). Le plus intéressant reste d’investir dans vos propres boutiques afin de bénéficier de remises non-négligeables. De plus, votre demeure possède des galeries dans lesquelles vous pouvez entreposer armes et armures pour les admirer mais aussi tout un tas de peintures plus que connues (ce qui, d’un point de vue culturel est très intéressant de surcroît). Au-delà du domaine, plusieurs activités sont proposées en marge de l’histoire, comme récupérer des pages de codex mais aussi des clés spéciales afin d‘accéder à une armure spéciale. Ces clés (ou sceaux) sont cachées dans des tombeaux à travers lesquels vos talents de grimpeur seront mis à rude épreuve. Il est à noter que comme dans le premier opus, vous visiterez plusieurs lieux à savoir bien évidemment Florence, la Toscane ou encore Venise.

Croire en la Fraternité

La fin de l’opus précédent étant ouverte sur une suite directe, ce n’est pas étonnant que Desmond et ses amis cherchent à découvrir la suite de la vie d’Ezio. Nous retrouvons donc notre Florentin après avoir réussi ses objectifs et menant des jours de paix. Mais, tout n’est pas si tranquille dans la vie d’un Assassin. Une nuit, son domaine est attaqué et pas par n’importe qui : la famille Borgia. Contraint de devoir s’enfuir avec les siens, il se rend à Rome, là où est installée cette vile famille afin de mettre en œuvre sa vengeance. Obligé de repartir de rien, il doit prendre ses repères dans cette cité et mettre en place une nouvelle manière d’implanter les Assassins. Ce sera non sans plaisir que vous retrouverez certains de vos amis qui seront sans nul doute d’un appui non-négligeable.

Ici point de domaine à votre disposition. Le système change drastiquement puisque Rome n’est pas au plus beau de sa grandeur, bien au contraire. Il vous incombe d’investir dans la ville pour ouvrir des boutiques telles que armureries, tailleurs ou encore marchands d’art. Ces investissements vous permettent, comme avec votre domaine, d’avoir une certaine rente d’argent. Des passages seront aussi à rénover, ceux-ci ne sont rien d’autres que des moyens de se déplacer en ville très rapidement et éviter de faire de longs trajets à pied. Petit bémol tout de même, certains quartiers seront à la main de la famille Borgia et il est nécessaire de les libérer afin de pouvoir faire l'acquisition de quoi que ce soit. Pour se faire, il suffit de se rendre là où est établie leur garnison, éliminer le capitaine et incendier la tour. Dans cet opus, vous n’aurez à votre disposition que la ville de Rome à explorer (représentée par un monde ouvert). Cependant, quelques missions vous emmènent dans quelques lieux hors de la ville mais rien de plus. Toutefois, être dans une seule et même ville donne le sentiment de la changer de par ses actions et ses achats.

Ce qui donne un vent de fraîcheur ici, c’est la gestion des recrues. Plus vous libérez de quartiers, plus la population souhaite se ranger à vos côtés non content de subir les persécutions des Borgia. Recruter des Assassins est l'opportunité de les faire intervenir lors de vos combats. Un ennemi vous gêne pour avancer ? Faites-le éliminer en toute discrétion par l’une de vos recrues par une simple pression de bouton (il y a une charge sous votre barre de vie afin de vous indiquer leur disponibilité). Il est possible aussi de faire déclencher une pluie de flèches pour occire un groupe de soldats. Vous pouvez aussi leur demander assistance durant vos combats. Attention tout de même, il faut bien veiller à les entraîner en les envoyant en mission régulièrement. Ils gagnent ainsi en expérience (vous pouvez alors attribuer des points de compétences) et seront plus à même de se défendre lors de combats difficiles à vos côtés. Afin d’enrichir davantage vos activités, sachez que trois factions sont présentes (courtisanes, voleurs et mercenaires) auprès desquelles vous pourrez accomplir des missions mais aussi des défis et par conséquent remporter des récompenses spécifiques. Ces factions peuvent aussi vous prêter assistance si vous embauchez certains petits groupes en ville.

Le bout du voyage

Pour ce troisième volet, la situation est particulière. En effet, Desmond n’est pas en grande forme et disons que l’Animus a, semble-t-il, quelques effets indésirables sur son esprit. Il est donc de bon ton de recouvrer son état en continuant à parcourir la vie d’Ezio et mettre de l'ordre dans son esprit. De nouveau dans la peau d’Ezio, le dépaysement est total. Il semble vieux et las, mais toujours aussi habile au combat. Nous le retrouvons aux portes de Massiaf en quête de réponses sur sa quête. Il souhaite, en se rapprochant de là où a vécu Altaïr, mieux appréhender la voie du Credo mais aussi mettre un terme au conflit perpétuel avec les Templiers. Malheureusement, la bibliothèque de l’ancien mentor est fermée par six clés. D’après ses recherches, Ezio comprend que ces clés ont été cachées à Constantinople il y a déjà longtemps. Il se met alors en route pour cette magnifique cité et y rencontre le chef Assassin local : Yussuf. Un nouveau périple commence.

Tout comme Brotherhood, Revelation capitalise sur la rénovation de boutiques et l'achat de monuments pour se garantir une manne financière.  Trouver un équilibre entre dépenses et recettes sera la clé de la richesse. Cette fois, les activités vous poussent à trouver des livres à la manière des seaux dans l’opus précédent. Petite remarque à ce sujet, c’est l’occasion de se rendre compte que la vision d’aigle a évolué et permet de cibler un endroit ou un personnage avec le stick. Cela s’avère utile pour trouver une cible par exemple et devient du coup plus immersif. Il y a toujours la gestion des Assassins que l’on envoie cette fois aussi en mission pour conquérir certaines villes de la Méditerranée. D’ailleurs, vous pourrez établir un repaire dans chacun des quartiers libérés (qui fonctionne de la même manière que Brotherhood). Les factions sont aussi de retour et seront toujours aussi utiles tout comme les défis. 

Côté gameplay, quelques nouveautés font leur apparition. Dans un premier temps, il vous sera enseigné l’esquive au combat. Entendez par là que vous pouvez passer au-dessus de votre adversaire en lui sprintant dessus et en appuyant sur le bon bouton. Cette possibilité est un atout hors pair en cas de fuite et qu’un ennemi vous fait barrage. Vous faites aussi l’acquisition d’un crochet attaché à votre gantelet. Avec celui-ci, votre escalade sera plus aisée à certains endroits puisqu’il vous permet de vous propulser lors d’une ascension d'obstacle. De plus, il sera utile pour vous accrocher à des rebords là où d’habitude vous seriez trop court pour sauter au-dessus du vide. Il est vrai que cela peut vite devenir un atout pour semer ses poursuivants ou gagner du temps dans les missions timées. Enfin, vous pouvez désormais utiliser des bombes. Il est alors possible d’en trouver mais aussi d’en fabriquer. Libre à vous de choisir ce que vous préférez utiliser tant pour créer de la diversion que pour avoir un effet létal. D’ailleurs, vous pourrez aussi en définir leurs caractéristiques en choisissant les ingrédients.

Avant et après

Afin d’enrichir complètement le scénario dédié à Ezio, plusieurs médias ont été créés et cette compilation en propose deux. Ici, les médias en question sont des courts-métrages. Dans le premier, nommé Assassin's Creed Lineage, il s’agira de découvrir la vie du père d’Ezio à savoir Giovani Auditore. nous avons à faire à un film en live action dans des décors en précalculés et celui-ci dure une vingtaine de minutes. Ensuite, vous pouvez aussi regarder Assassin’s Creed Embers. Nous assistons ici à la vie d’un Ezio à la retraite pour ainsi dire. Il fait la rencontre de Shao Jun qui a fait un long voyage depuis la Chine afin de trouver conseils et formation auprès de lui. Vous l’aurez compris, ce film fait la passerelle entre la fin de cet arc dédié à Ezio et Assassin’s Creed Chronicles ; China dont Shao Jung est l'héroïne.

Le livre d’Ezio

Il est temps de conclure au sujet de cette Ezio Collection. Sur le plan technique, il convient de ne pas oublier que cela reste un portage. Ainsi, sur le premier opus, on accuse évidemment le poids des années. Les personnages sont parfois rigides et la modélisation des visages est simpliste sur certains PNJ (très flagrants lors de dialogues). En revanche, la représentation de chaque ville reste splendide et on ne peut noter que le soin apporté par Ubisoft pour ces retranscriptions. Chaque lieu est criant de vérité et fourmille de détails. On se rend aussi rapidement compte de l'évolution technique entre chaque épisode. D’ailleurs, puisque nous évoquons l'esthétique, autant dire que tout reste fluide (restant sur les 30 FPS max) mais que le jeu sera un peu plus flatteur à l'œil en mode portable. Dans les petits hics, on ne pourra que relever ce qui est bien connu de la série traditionnelle à savoir la course libre parfois capricieuse et qui fait faire à Ezio des actions non souhaitées (sauter dans le vide ou grimper là où l’on ne souhaitait pas aller). N’oublions pas non plus cette IA pas très éclairée qui fera par moment du grand n’importe quoi (assez frustrant quand il s'agit de compagnons à sauver). Il est aussi fort dommage de constater que des bugs présents dans les opus originaux sont encore là et qu'il aient des soucis de sons dans Brotherhood.

Sur le plan sonore, les musiques sont très agréables et intenses lorsqu'il le faut. Concernant les doublages, il faut bien veiller à télécharger le pack de langue sur l’eshop avant de vous lancer. D’ailleurs, il est intéressant de voir que pour accentuer le soin apporté à chaque lieu, personnages comme habitants usent de mots en leur langue. Enfin, il convient d’apprécier le scénario à sa juste valeur. Alors certes, le présent avec Desmond n’offre son dénouement que dans le troisième opus de la saga mais il apporte un petit plus à l'intrigue générale sans avancer trop de réponses. En revanche, il est assez intense de suivre la vie d’un personnage tel qu’Ezio durant toute sa vie et ce, jusqu’à son dernier souffle. Le traitement du personnage est fort en émotions, surtout dans Revelations où le jeune intrépide est devenu un vieux sage en quête d’amour et de fraternité. C’est non sans émotion que l’on quitte ce grand Florentin à la fin de son périple. En définitive, nous sommes en présence d’un scénario fort sur le personnage et peu consistant sur le fil rouge de la saga.