Nintendo Switch

Afterlove EP

Test Switch

Afterlove EP

Par Miki-Daisuki - Le 25/02 à 13:40

Dernier né du studio indonésien Pikselnesia fondé par le regretté Mohammad Fahmi, décédé en 2022, AFTERLOVER EP est le fruit d’un travail achevé dans l’esprit de celui qui en fut le développeur initial. Entièrement en anglais, le titre nous propose de suivre pendant un mois le quotidien d’un jeune homme endeuillé qui doit trouver la force de se relever après la perte d’un être cher.   

Test réalisé à partir d'une version fournie par l'éditeur

Amour, gloire et franc parler

Jeunes gens aux rêves plein la tête, Rama Regina et Adit imaginent avec enthousiasme le jour où les Sigmund Feud, leur groupe de musiciens amateurs, deviendra célèbre. Parmi la foule, une autre partage ce songe collectif. Cette jeune femme, c’est Cinta, la petite amie de Rama. Tous deux se sont rencontrés sur les bancs du lycée, ont tout partagé, et par-dessus tout, se sont aimés. Son décès soudain plongera le jeune homme dans la dépression. Au bout d’un an, cependant, le voilà qui réapparait, un nouvel objectif à l’horizon : reprendre là où tout s’est arrêté en reformant leur ancien groupe. Mais les choses ont bien changé depuis. Surtout pour Rama, qui entend désormais la voix de sa petite amie décédée.

Puissant par les thèmes de société qu’il aborde, Afterlove EP marque par son ambiance aussi fantasmagorique qu’ancrée dans le réel, n’hésitant pas à confronter son héros aux dures réalités qui peuvent jalonner un parcours de vie. Le deuil, la violence, l’intolérance, côtoient ainsi l’amour, l’acceptation de soi et la quête de bonheur dans une Indonésie aussi fascinante que profondément inégalitaire. Dans cette période si particulière du passage à l’âge adulte, chacun s’interroge sur le sens qu’il souhaite donner à sa vie. Pour notre héros, il s’agira moins d’apprendre à se connaître qu’à faire le deuil de Cinta, dont la voix omniprésente le fait tenir autant qu’elle l’empêche d’avancer. Il sera d’ailleurs possible de collecter des souvenirs de leurs temps passé ensemble, renforçant notre sympathie pour ces deux personnages.

Sans chercher la complication, l’histoire avance lentement, proposant des petites touches de tranches de vie que l’on se plait à suivre pour mieux voir les personnages évoluer jusqu’au dénouement, plus ou moins heureux selon les choix fait au cours du jeu. Malheureusement, et en dépit du réalisme et de la justesse qui gouverne l’écriture de l’univers, l’intrigue tire sur la longueur, la faute à un scénario qui ne sait pas toujours où il va. La preuve par les personnages, pourtant bien écrits, mais dont les traits de caractères se révèlent assez brouillon, les rendant au mieux, incohérents, au pire, agaçants. La très (très) grande naïveté de Rama, par exemple, aurait pu être touchante si elle ne donnait pas l’impression que le jeune homme n’était jamais sorti de chez lui alors qu’il traine très régulièrement dehors. Même constat pour ses « amis », qui passent de la bienveillance au cynisme d’un jour à l’autre, rendant nos interactions avec eux particulièrement pénibles à la longue. La voix de Cinta, également, finit par devenir un problème passé les premières heures de jeu. Doublée intégralement, la jeune femme interrompt quasi constamment tous nos dialogues par des remarques rarement intéressantes, nous sortant régulièrement du récit.

Chante et je te dirai qui tu es

Si le titre se présente avant tout comme un visual novel au vu des très nombreux dialogues qu’il nous offre, il tire sa petite particularité dans le milieu par sa composante « dynamique ». En effet, il est possible de déplacer son personnage d’un bout à l’autre de Jakarta afin de se rendre aux différents points d’intérêt. Ainsi, le jeu se découpe-t-il en journée au cours de laquelle deux activités sont à réaliser :  généralement une « imposée » comme aller discuter avec certains personnages ; et une « libre » où l’on peut choisir avec qui passer du temps et développer ses affinités (ou plus). Sur ce point, plusieurs fins peuvent être déloquées, bonne ou mauvaise, selon les choix de dialogue et le temps passé avec chacun des personnages « romançable » du jeu. Sur les deux romances que nous avons réalisées, il en ressort un sentiment de grande satisfaction, notamment une qui surprend positivement sur le réalisme dont elle fait preuve en confrontant Rama aux difficultés auxquelles il devra faire face dans un pays où l’homosexualité est encore taboue. 

En parallèle, nous trouverons également les phases « rythmiques », où il faudra appuyer au bon moment sur le bouton de la croix directionnelle pour éviter la fausse note. D’un intérêt purement relatif au vu du peu de fois que l’on y sera confronté, ces activités sont au moins l’occasion d’entendre de beaux interludes musicaux, finalement trop rares pour un titre qui en fait pourtant son élément central sur le papier.

Visuellement parlant, Afterlove EP propose une DA empruntant au manga et plus généralement à la BD, proposant ainsi de petites « animations » où les cases se superposent pour former des scènes très bien réalisées qui se passe de paroles pour être comprises. Les rues de Jakarta, accueillante et pleine de vie, donnent immédiatement envie de s’y plonger et d’explorer ces petites boutiques de quartier. La musique, si elle sert de toile de fond au récit, est finalement peu exploitée, ce qui est dommage car le titre offre à certains moments de très belles compositions chantées en indonésien.

7
Ancré dans le réel par ses valeurs universelles et la justesse de son écriture, Afterlove EP est un visual novel joliment illustré et dépaysant que l’on aime parcourir aux côtés de personnages plein de failles qui tentent d’aller de l’avant dans un monde jonché d’obstacles. Un titre qui ne sait malheureusement pas toujours où il va, entrainant dans ce sillage de confusion des maladresses et des lourdeurs qui impacte le déroulé du récit.

  • De belles chansons indonésiennes...
  • De jolies animations
  • Des thèmes universels bien traités
  • Des histoires d'amour touchantes
  • ...beaucoup trop rares
  • Un scénario parfois confus
  • Une voix omniprésente qui sort du récit