Nintendo Switch

Afterimage

Test Switch

Afterimage

Par Kosmo56 - Le 10/05/2023 à 09:00

Les Metroidvania, ou jeux de plate-forme exploration si vous n'aimez pas les porte-manteaux, sont légion en ce moment. Et il est difficile de percer dans un milieu où des géants comme Hollow Knight et Metroid Dread se tiennent fièrement. Cela n'empêchera pas Afterimage, produit d'un petit studio chinois inconnu chez nous, de s'y essayer. Aller, tu peux le faire ! Ne regarde juste pas en haut.

Après la fin du monde

Le jeu commence en vous présentant Renée, une jeune femme aux cheveux blancs vivant dans un monde où Dieu est mort. Et du coup, ça craint du boudin, tout part à vau-l'eau, la nourriture manque, les monstres sont légion, et surtout les morts se relèvent si on ne les transforme pas en os cristallisés. D'ailleurs, c'est votre job, de cristalliser les morts afin qu'ils restent morts. Et vu que vous avez encore accès au Courant Primordial, le grand cycle de la vie, vous ne craignez pas la mort, et pouvez donc tout risquer. Accompagné d'une mascotte inutile, vous découvrez vite que votre village a été attaqué, et votre maître mage tué et enlevé. Et... vous pouvez oublier tout ça. L'histoire arrête d'être importante après 10 minutes. Afterimage est un jeu particulier où vous pouvez faire beaucoup de choses sans même trouver les PNJs importants. Je parle d'expérience. Oups ?



Pas que l'histoire n'existe plus, mais elle se fait allègrement diluer dans des heures et des heures d'exploration et finalement, on oublie pourquoi on était là. Même les morts qui se relèvent arrêtent d'être importants très vite, et on est même surpris de les revoir quand on revient dans les premières zones. On est bien plus absorbés dans l'histoire que l'environnement nous raconte, un monde post-apocalyptique verdoyant et chatoyant par moments, et sombre et inquiétant d'autres. On est loin d'un world-building à la Hollow Knight, mais aussi bien au-dessus niveau diversité des ennemis, environnements et ambiances différentes. Il faut dire que les différents designs sont très réussis, et on peut croire la diversité des ennemis dans les différents biomes, et même à la transition entre les environnements. L'attention au détail est réellement travaillée, et explorer devient le jeu en lui-même. Rien que de voir les petites pousses d'arbre blanches alors qu'on approche d'un point de repos vaut le coup.

D'ailleurs, les superbes graphismes y sont pour beaucoup, avec des personnages et ennemis dessinés à la main, et des superbes décors, le tout fait avec une esthétique assez typique des productions chinoises : un trait léger, aérien, et un sens du style et de la grandeur étonnants. Les musiques suivent, avec des compositions très belles et accompagnant bien les environnements. Afterimage est un vrai bonbon pour les yeux et pour les oreilles, et même traduit en français et doublé en anglais. Quelques petites erreurs subsistent ici et là, en termes de traduction, mais tout reste parfaitement compréhensible et la présentation n'a rien à envier aux plus grands.

Perdue dans un grand monde

Les jeux de plate-forme exploration peuvent se diriger vers différents modèles : Hollow Knight est plus concentré sur le combat, les Metroid sont axés sur l'exploration et la série des Castlevania a un côté RPG. Bien sûr, chacun de ces jeux fait aussi un peu du reste. Afterimage, lui, tente bravement de combiner les meilleurs aspects de tous ses modèles. Le monde est immense, et une joie à explorer, avec des raccourcis à débloquer, des passages cachés et des secrets à découvrir grâce à des pouvoirs de déplacement. Mais il propose aussi 8 types d'armes différents et un système de magie simple, parfait pour trouver votre style face à plus de 30 boss éparpillés sur la carte, et nombre d'ennemis variés et uniques à chaque zone. Et vous pourrez, et devrez, aussi prendre des niveaux et remplir un arbre de capacités afin de devenir plus fort naturellement.

Difficile, tout de même, de courir tant de lièvres et de tous les attraper. Chaque aspect mentionné ci-dessus possède quelques défauts qui auraient pu être évités si le jeu n'avait qu'un seul objectif. L'exploration a beau être jouissive, les zones sont immenses, et il n'est pas possible de se téléporter de zone en zone sans dépenser un objet en particulier qu'on ne peut pas obtenir si facilement. Du coup, on va passer beaucoup de temps à courir ça et là, et même à être découragé si une quête nous demande de crapahuter de l'autre côté de la map. C'est que ça prend du temps ! Et pas de super-boost de la mort qui tue pour tout traverser en un clin d'œil. Au moins on prendra de l'expérience, mais le côté RPG est assez rudimentaire, puisque en vous débrouillant bien, vous devriez avoir assez de points de compétence pour prendre tout ce que vous propose le tableau dès que c'est disponible. Côté choix et construction de personnage, on a vu bien mieux. Quant au combat, même s'il reste rapide, nerveux, et très chouette, aucun de nos coups ne permet de contrer, ou n'offre de frames d'invincibilité, limitant nos options à une esquive pas super longue et peu pratique, ou un saut. Du coup, taper comme un sourdingue et spammer les soins devient vite tentant, et pour peu qu'on ait le niveau, la solution la plus efficace. Dommage car le moveset des ennemis est clair et lisible... sauf quand certains ont des coups qui nous tuent directement, sans demander à nos points de vie. En cas de mort, on perdra de l'expérience, retrouvable en ralliant le lieu de notre décès, à la Hollow Knight. Une petite punition qui ne devient que rarement handicapante, même quand on court à toute berzingue dans une zone où les ennemis sont trop forts pour nous... testé et approuvé !

Mais ces défauts, même s'ils sont bien réels, n’entachent pas trop un plaisir de jeu véritable. L'exploration est récompensée par la découverte de secrets, de richesses, de quêtes secondaires et d'équipements. Ces derniers sont variés, et proposent des maniabilités assez diverses, ainsi que des effets élémentaires, et les quêtes secondaires ouvrent des options intéressantes, comme des nouveaux magasins, de temps en temps. Quand au level-up, on peut sentir son importance dans lesdites zones où les ennemis sont trop forts, et qu'on commence à enfin pouvoir avancer. On obtient également des nouveaux coups pour nos armes, tous mappés sur les mêmes commandes histoire de ne pas avoir un dictionnaire entier à retenir et quand même se sentir super balèze au combat.

Trop, c'est trop

Étrangement, un gros défaut d'Afterimage est sa très grande durée de vie. Finir le jeu prendra 30 à 40 heures, voire plus si vous traînez, ce qui est énorme pour un jeu de ce type. Du coup, il faut bien reconnaître que ça devient lassant, de courir partout dans ce trop grand monde, tout ça pour une histoire anecdotique au mieux. Et n'espérez pas faire une pause, car le jeu ne vous indique pas bien où aller, ni comment, et ne marque ni village, ni PNJs, ni quête secondaire. Ce sera à vous de le faire, grâce à des marqueurs intégrés à l'écran de carte. Mais revenir après une petite pause de quelques jours est déroutant dans un jeu si grand et sans indications. Ça aura beaucoup de charme pour certains, et sera infernal pour d'autres.

En parlant de quêtes secondaires, vous n'aurez aucune indication sur qui est un donneur de quêtes, si vous êtes proche de les terminer ou non sans aller dans votre menu pause et passer quelques écrans, ce qui n'est pas le plus pratique. Combinez ça avec une absence de marqueurs automatiques et vous n'avez plus qu'à retraverser la zone de fond en comble et prier. La grand liberté que le jeu vous donne peut aussi être à double tranchant : vous pourriez rater un des nombreux boss, et le retrouver une fois bien au dessus de son niveau avant de vous essuyer les pieds sur sa tête, ou au contraire, croiser un véritable mur impossible à battre juste à cause d'un mauvais tournant. La liberté que vous avez rendra votre expérience unique, mais un game design légèrement plus poussé, qui guiderait dans la bonne direction de manière naturelle, aurait aussi eu sa place dans un monde aussi immense.

 

7
Afterimage est un jeu superbe à regarder, qui réussit énormément de choses, mais qui souffre également de ses ambitions. S'il est bien difficile à recommander les yeux fermés, les fanas du genre y trouveront certainement leur compte, pour peu qu'ils aient le temps à y consacrer. Pour les moins patients, où ceux qui ne cherchent que l'excellence, ce sera un choix plus difficile.

  • Une présentation au top, graphismes et musique
  • Durée de vie énorme
  • Gameplay efficace et combat nerveux
  • Différentes armes pour différents styles de jeu
  • L'histoire très secondaire
  • Un game design assez hésitant
  • Bien trop long
  • Aucune mécanique vraiment poussée