L’arrivée de Hitman sur Nintendo Switch 2 constitue un événement attendu : la console hybride permet enfin d’accueillir cette trilogie culte d’assassinat et d’infiltration dans des conditions correctes. Mais peut-on véritablement profiter pleinement de cette expérience sur la nouvelle machine ? Entre ambition technique, contenu gargantuesque et gameplay aux multiples facettes, que vaut cette version Nintendo Switch 2 de Hitman ? Plongeons dans ce test complet pour décortiquer ses mécaniques, son contenu, sa réalisation et le ressenti global pour ce jeu de lancement d'une nouvelle génération de console Nintendo.
Test réalisé d'après une version fournie par l'éditeur
Gameplay : la liberté totale d’un sanctuaire d’infiltration façon Tears of the Kingdom
Ce qui m’a frappé d’emblée dans ce portage, c’est la sensation de liberté absolue que chaque niveau procure. Pour ceux qui ont joué à The Legend of Zelda :Tears of the Kingdom, vous connaissez cet effet "sanctuaire" : un espace dense, vivant, avec une foule d’interactions qui invitent à l’exploration et à la créativité, le tout dans une ambiance calme, posée et propices à la réflexion avant le chaos du conflit. Hitman version Nintendo Switch 2 propose exactement cela. Chaque carte est un véritable puzzle vivant, ouvert à mille approches différentes, offrant la possibilité d’éliminer ses cibles selon son style, ses envies ou bien selon les contraintes.
Chaque niveau peut s’aborder de différentes manières. C’est comme un immense casse-tête, un puzzle géant avec plusieurs solutions, qui s’adapte à vous, un peu comme un Rubik’s Cube. Que vous soyez adepte de la discrétion absolue, sniper silencieux ou un peu plus bourrin, le jeu ne vous impose rien. Il ne vous tient jamais par la main, ce qui est extrêmement grisant. Le premier niveau, situé à Paris, illustre parfaitement cette richesse : on y découvre des centaines de détails et de chemins pour atteindre sa cible. On peut observer les routines des PNJ, chercher des objets à utiliser, planifier une élimination par empoisonnement, déclencher un accident ou encore improviser au dernier moment.
Cette densité et cette complexité font que chaque mission ressemble à un micro-univers ouvert, proche d’un sanctuaire des nouveaux Zelda dans l’esprit. Ou en tout cas, plus proche des casses têtes que du jeu d'action bourrin. Cette richesse ne s’arrête d'ailleurs pas là puisque Hitman propose également différents modes de jeu qui viennent diversifier l’expérience et apporter de nouvelles sensations. J'ai d'ailleurs beaucoup apprécié le mode sniper, qui change radicalement la donne. Plus nerveux, plus précis, avec une rejouabilité élevée, il offre une expérience complémentaire intéressante. Par ailleurs, le mode Freelancer, un autre mode roguelite, promet de renouveler l’expérience et d’allonger significativement le temps de jeu. N’étant pas encore un expert d’Hitman, je l’ai volontairement mis un peu de côté après quelques heures de découverte, afin d’y revenir plus tard et de profiter pleinement de ce mode une fois bien familiarisé avec le jeu.
Techniques et performances : la Nintendo Switch 2 brille en nomade, mais pas en docké
Malheureusement, ce portage n’est pas exempt de défauts techniques. En mode docké, Hitman souffre de ralentissements, notamment dans les scènes très peuplées ou lors de phases nécessitantes précision et timing. Ces chutes de framerate, bien que non catastrophiques, nuisent à la jouabilité et à l’immersion, surtout quand la tension est à son comble. En revanche, en mode portable, la Nintendo Switch 2 délivre une expérience plus fluide et plus agréable. C’est clairement dans ce format que le jeu prend toute sa dimension. On peut s’endormir tranquillement en tuant ses cibles, ce qui rend hommage au côté nomade de la console. Cette meilleure fluidité en mode portable donne enfin une vraie raison d’exister à ce portage, contrairement à la version cloud sur Nintendo Switch d’origine, qui avait souvent déçu avec sa latence et sa qualité d’image très fluctuante.
Techniquement, nous ne sommes pas face à un monstre de puissance ni à une foudre de guerre technique. Le jeu ne profite d'ailleurs pas vraiment des capacités de la Nintendo Switch 2. Il n’y a pas de contrôle à la souris, pas de mode 120 fps… On sent que c’est un portage. Mais ça reste un vrai plaisir d’avoir enfin cette trilogie complète sur une console Nintendo, surtout après la version cloud-only de Hitman 3 sur la première Switch.
Un contenu colossal, mais sans véritable nouveauté
Le principal atout de cette version Nintendo Switch 2 reste son contenu. Cette compilation regroupe la trilogie complète, avec tous ses DLC et missions supplémentaires, offrant des dizaines, voire des centaines d’heures d’infiltration dans des univers variés. Des toits de Paris aux gratte-ciels de Dubaï, des ruelles italiennes aux environnements plus exotiques, chaque lieu propose une expérience unique et riche en possibilités. C'est simple, je n'avais pas eu autant l'impression de voyager depuis Flight Simulator 2020 ! On pourrait même dire que ce Hitman propose des vacances de rêve avant les vacances. Cette diversité esthétique n’est pas qu’un simple habillage : elle influence totalement la manière d’aborder les missions, avec des PNJ aux routines différentes, des déguisements spécifiques et des décors regorgeant d’interactions. La rejouabilité est immense, chaque mission pouvant être refaite avec un angle, une méthode ou une cible différente. On a clairement de quoi s’occuper pendant des centaines d’heures puisque le jeu embarque tout le contenu des trois derniers Hitman, plus quelques missions spéciales. Il y a par exemple une mission saisonnière inspirée du méchant de Casino Royale, Le Chiffre dans la dernière série de films James Bond qui vient de débarquer en jeu.
Néanmoins, pour qui connaît déjà les versions sur PC, PS5 ou Xbox Series, cette édition Nintendo Switch 2 ne propose aucune nouveauté majeure. Pas de refonte graphique, pas de contenu inédit : il s’agit avant tout d’un portage optimisé pour la console, sans véritable exploitation des capacités hardware de la Nintendo Switch 2. Une absence d’innovation qui se fait sentir, surtout pour les joueurs habitués aux versions précédentes.
Direction artistique et ambiance sonore : immersion assurée malgré quelques compromis
Sur le plan visuel, Hitman reste un modèle du genre. La richesse des décors, la qualité des animations, la diversité des architectures et la variété des foules contribuent à créer un monde crédible et immersif. L’attention aux détails est remarquable : jeux de lumière naturels, modélisation soignée des personnages et des décors, ainsi que des animations fluides qui rendent les environnements vivants et dynamiques. L’immersion est renforcée par des petites surprises à chaque coin de rue, des interactions nombreuses et des possibilités toujours renouvelées. Encore une fois, je me dois de souligner la diversité des décors proposés et le côté dépaysant de certains. Un voyage dans le monde entier... au pays des tueurs à gage. Côté sonore, la bande-son joue son rôle discrètement (ce qui est un bon point), avec des musiques d’ambiance propices à l'immersion et à la réflexion. Toutefois, on regrette un certain manque de doublages localisés, ce qui pourra freiner les joueurs préférant l’expérience en français. Cela dit, comme mentionné plus haut, la Nintendo Switch 2 semble montrer ses limites techniques (ou bien est-ce ce portage ?) en ne proposant pas une fluidité à toute épreuve et ce particulièrement en mode docké. Ces défauts techniques peuvent refroidir un peu le plaisir visuel, même si le jeu reste globalement très plaisant à regarder.
Un portage solide mais imparfait, à réserver aux amateurs du genre et aux joueurs nomades
J’ai terminé les missions principales de la trilogie et ressenti cette impression curieuse d’avoir juste passé un permis de conduire en mode basique (le BSR), avec encore tout un long chemin à parcourir avant de vraiment maîtriser le jeu : conduite accompagnée, permis probatoire, et enfin le vrai permis complet. Autrement dit, le jeu incite à la persévérance, à la découverte progressive des mécaniques, à la répétition pour améliorer ses performances et sa créativité. J’ai pris plaisir à explorer pas mal de niveaux, même si, pour être franc, l’infiltration ce n’est pas trop mon truc. Du coup, j’ai souvent (pour ne pas dire toujours) fini mes missions à la Kalashnikov plutôt qu’au silencieux ou par un "accident" bien planifié. Cela dit, il faut reconnaître que c’est vraiment jouissif d’arriver à provoquer un accident ou à éliminer une cible sans se faire repérer. Le jeu récompense la réflexion et encourage même à prendre son temps. Il n’y a pas vraiment de limites de temps stressantes (sauf cas particulier), on peut donc explorer les niveaux à son rythme avant de passer à l’action.
Ce titre s’adresse clairement à ceux qui aiment la liberté totale, le challenge de la planification, la créativité dans l’exécution et l’exploration en profondeur. La richesse des niveaux, le nombre d’approches possibles et la variété des styles de jeu offrent quelque chose pour tous les goûts. Que vous préfériez la discrétion absolue ou une approche plus directe, le jeu vous laisse la main. Le jeu trouve ainsi une place légitime dans la bibliothèque de la console, notamment pour les joueurs mobiles. Ce portage sur Nintendo Switch 2 vient donc corriger le tir de la version Cloud sur Nintendo Switch première du nom, sans pour autant transformer l’essai. Si, comme moi, vous aviez déjà accès à cette trilogie sur une autre console, vous ne découvririez rien de nouveau. En revanche, si vous n’y avez jamais joué, cette version Nintendo Switch 2 est probablement faite pour vous.
À noter que le jeu distingue les modes en ligne et hors-ligne, rendant les sauvegardes incompatibles entre les deux, ce qui peut vite devenir frustrant pour les joueurs nomades ou ceux ayant une connexion instable.