Nintendo 3DS

Tomodachi Life

Test 3DS

Tomodachi Life

Par Kuroshitsu - Le 15/06/2014 à 11:43

Tomodachi Life fait partie de ces titres dont on bannit systématiquement la sortie en Occident. Développé par une petite équipe de trente personnes en l'intervalle de deux ans, cette simulation de vie mettant en scène nos Miis au travers de situations burlesques aura rencontré un franc succès au Japon, où les situations de ce genre n'étonnent plus personne. Ce jeu a priori non destiné au public français parviendra-t-il à nous convaincre ?

 

Amour, Gloire et Beauté

La première étape de votre aventure est la création de votre Mii personnel, car au-delà de la simple apparence esthétique, vous devrez également définir une voix et un caractère. Selon le timbre que vous voulez obtenir, il faudra composer avec divers paramètres : hauteur, qualité, ton, accentuation, vitesse et intonation. Vous obtiendrez ainsi le résultat recherché en quelques coups de stylet, ce qui sera beaucoup plus compliqué pour votre personnalité. En effet, celle-ci est définie de manière beaucoup plus abstraite, en modulant sur une échelle de 1 à 10 l’expressivité, le tempérament, la vitesse de déplacement, le degré d'originalité et la façon de parler. Ces cinq réglages vous octroieront une personnalité finale, qui sera la seule à influencer sur vos multiples actions. Ainsi votre Mii s'apprête à s'installer sur l'île, dont vous choisirez le nom. Votre tâche n'est en revanche pas terminée. En effet, à l'inverse d'un Animal Crossing où les habitants débarquent indépendamment de votre volonté, il s'agira dans Tomodachi Life d'implanter un à un les Miis de vos proches, de célébrités ou encore de personnages Nintendo. Il faudra pour chacun d'eux répéter les quelques opérations énoncées plus haut, qui ne prennent fort heureusement qu'une à deux minutes. Vous pourrez ainsi parvenir à construire un immeuble pouvant contenir pas moins de 48 locataires, de quoi pousser l'aspect gestion à son paroxysme.

Une fois vos joyeux habitants entassés dans leurs préfabriqués, vous pourrez alors commencer à savourer les différentes interactions sociales qui s'établiront. En effet, Tomodachi Life propose le développement d'un réseau d'amis plus poussé qu'à l'accoutumée. Bien que les habitants aient besoin de votre aval pour rencontrer telle ou telle personne, le challenge réside surtout dans le fait que c'est vous qui les conseillerez dans la démarche à adopter, afin que plus de liens d'amitié se créent. Ces relations évoluent graduellement de simple amitié à amitié forte, voire rencontre amoureuse. Dans ce dernier cas, vous serez un élément décisif lors du passage à la demande car vos conseils prendront une importance démesurée dans la réussite de l'opération. Vous aurez par ailleurs tout à gagner en favorisant les relations inter-Miis, car c'est bien cela qui constituera les moments les plus savoureux. Tomodachi Life, c'est avant tout un jeu qui repose sur le comique de situation : entendez par là que votre grand-mère peut se retrouver à épouser un beau brésilien d'à peine 25 ans. Aboutir au mariage, à une relation stable dans un nouveau foyer, reproduire un schéma aussi conformiste n'a jamais été aussi excitant. Épreuve finale de ce grand marathon sentimental, l'arrivée d'un petit bout de chou au doux logis, ce dernier servant par la suite à visiter les îles des autres joueurs que vous rencontrerez via Streetpass.

 

L'habit ne fait pas le Mii

Comme vous devez vous en douter, Tomodachi Life ne consiste pas seulement à contempler béatement une énième série à l'eau de rose. Plus dans la lignée d'Animal Crossing cette fois-ci, l'une de vos principales occupations sera d'habiller les différents Miis et leur fournir un intérieur dans lequel ils sauront s'épanouir. La personnalité du Mii concerné influera considérablement sur ses goûts vestimentaires. L’impressionnant choix de costumes, jupes, ensembles, chapeaux et couleurs disponibles en boutique devient de fait beaucoup plus restreint. Un habitant peut en effet vous demander un type précis de textile, et vous fera la moue si vous outrepassez ses exigences. Le choix des intérieurs s'avère en revanche beaucoup plus simple. Il est très rare qu'un Mii rejette la décoration que vous lui proposez, ce dernier invoquant au pire le côté "original" de ce qui lui est offert. A noter qu'il ne s'agira pas ici de disposer librement des meubles dans une pièce : vous achèterez l'intérieur entier, avec aucune possibilité de l'éditer. Un choix qui simplifie considérablement cet aspect traditionnel de la simulation de vie, mais qui propose un confort supplémentaire dès lors que 48 espaces sont à aménager. Au-delà des superficialités, les habitants garderont malgré tout quelques plaisirs simples, dont la nécessité de s'alimenter. Vous devrez ainsi les nourrir en achetant des plats divers et variés qui auront un impact différent selon les personnalités. La variété des menus est cette fois-ci déterminée par leur provenance et leur goût : il n'est pas rare qu'un Mii vous demande très précisément un plat français, ou un plat épicé.

Le jeu introduit avec ces quelques éléments la notion de niveau de bonheur. Plus vous proposez d'éléments en conformité avec son caractère, plus la barre de bonheur se remplira, jusqu'à atteindre le niveau suivant. A chaque palier franchi, vous pouvez donner au locataire un objet spécifique (une Nintendo 3DS/Wii U, une raquette de tennis, un petit chien...), une phrase fétiche qu'il répétera à tout va ou encore un peu d'argent de poche, pour qu'il puisse s’offrir un voyage dans l'espace. De manière générale, résoudre leurs petits tracas du quotidien, les aider à s'entendre avec les autres vous fera engranger plus ou moins de points, qui seront automatiquement convertis en argent, ce même argent servant par la suite à racheter habits, intérieurs et nourriture, pour récolter à nouveau des points de bonheur et donc de l'argent. Une boucle sans fin dans laquelle vous récupérez de maigres bénéfices, bien souvent engloutis par un achat un peu trop ambitieux. Dernier style de requête formulée par les habitants : le jeu. En effet, chaque Mii pourra vous proposer de jouer à un mini-jeu, qu'il s'agisse de devinettes, de combat de sumos en plastique ou du sempiternel jeu où il faut constituer des paires. En cas de succès, vous avez à choisir parmi trois boîtes classées par ordre de grandeur contenant un trésor, celui-ci pouvant être vendu à un prix relativement intéressant. En cas d'échec, vous repartez avec une boîte de mouchoirs ou du papier toilette, on apprécie la finesse. Il est fort regrettable que seul une petite dizaine de mini-épreuves aient été développées, on les laisse ainsi rapidement de côté.

 

Just you and Mii...

L'île propose également de nombreuses activités qui ne rapporteront aucun point de bonheur. Leur but serait plutôt d'observer les différents Miis dans leur environnement naturel, qu'il s'agisse du café, du parc ou de la fête foraine. On distingue ainsi la notion en temps réel du jeu, puisque certains événement se déclencheront à une heure précise dictée par la console. Tout comme dans Animal Crossing, il est possible de changer l'heure depuis l'interface de jeu, les tricheries sont donc permises et entièrement assumées. Par exemple, les habitants se donnent chaque jour rendez-vous à 14h au parc pour une heure de barbecue, ce qui constitue l'occasion de savourer leurs répliques régulièrement teintées d'humour. Le matin, c'est partie de frisbee, dans laquelle vous pourrez bien évidemment participer. Le restaurant accueille quant à lui les réunions de filles et de garçons, où toutes les rumeurs et ragots trouvent leur chemin. Grâce à une fonction simple offerte par le jeu, vous pouvez prendre en photo l'écran du haut en appuyant sur X, et l'écran du bas en appuyant sur Y. Observer les Miis dans leur plus stricte intimité est donc l'occasion de prendre des photos amusantes, que vous montrerez ensuite aux principaux intéressés. Vous pouvez aussi les envoyer sur les réseaux sociaux par le biais de l'outil de partage directement implanté dans le jeu. Enfin, vous pourrez immortaliser certains moments en les postant sur Miiverse, une communauté qui s'annonce d'ores et déjà bien remplie.

De petits événements hebdomadaires qui s'illustrent en grande partie grâce à leur humour. Les infos Mii par exemple, proposent un condensé de l'actualité la plus délirante jamais vue sur 3DS, tout en mettant en scène nos Miis dans ces situations pittoresques. La fontaine est le théâtre de battles de rap bien ficelées, avec des rimes fort sympathiques qui ne tarderont pas à avoir leur petit effet. Vous pourrez déclencher de minis séances de questions/réponses avec les habitants sur la tour d'observation, quelle que soit l'heure. De même pour l'activité "Vote à la majorité" disponible sur la plage, où les habitants choisissent aléatoirement un des votes que vous leur proposez. Au final, ces multiples environnements serviront également à illustrer les loisirs des habitants, à créer un monde un peu plus vivant. Selon les objets que vous donnez à un Mii, celui-ci peut en effet l'essayer à la plage, puis tenter d'utiliser un autre outil à la tour d'observation, pour enfin profiter de la dernière babiole au parc. Des lieux de repos où vous resterez bien souvent en position de spectateur, un point parfois critiquable.

 

Faut pas pousser MiiMii dans les orties !

Car Tomodachi Life possède un gros défaut, ou plutôt une certaine contrainte imposée par son gameplay. Comme nous le citions plus haut, vous êtes en mesure de fournir aux Miis une grande quantité d'objets pour en observer les effets. C'est précisément cette notion d'observateur qui pose problème. Le jeu a été développé en peu de temps par un équipe de trente personnes, autrement dit, à petit budget. Or, le développement d'une simulation de vie requiert un approfondissement important des diverses activités proposées : par exemple, 100 espèces de poissons pour la pêche... Cela demande du temps, et l'équipe derrière le jeu a dû ruser pour contourner ces restrictions. Il est en effet moins cher de proposer une cinquantaine d'activités et accessoires à usage unique plutôt qu'une dizaine d'activités avec une cinquantaine de variantes chacune. Sans aucune exagération, la moitié du jeu demeure strictement la même du début jusqu'à la fin, en cause le cruel manque de diversité et la position d'observateur rapidement lassante. Certains objets offrent parfois un regain de nouveauté, mais vous ne les expérimenterez que trop souvent dans le but de prendre quelques photos. Tomodachi Life est un jeu agréable, détendant mais lassant. Une fois les dix heures de jeu passées, on retrouve les mêmes éléments qui se répètent inlassablement, parfois ponctués de nouveautés quotidiennes qui sont quelque peu absorbées par la monotonie de la vie sur l'île. C'est fort dommage car on retrouve dans chacune des activités ce petit grain d'excentricité japonaise, qui justifierait presque à lui tout seul l'achat du jeu.

D'un point de vue technique, les graphismes sont de bonne facture, tout comme les musiques étonnamment nombreuses à la manière d'un Wario Ware. On pourrait reprocher les décors toujours très vides, donnant une légère impression de bâclé. Le jeu s'avère très maniable au stylet, un accessoire quelque peu délaissé sur 3DS mais qui laisse malgré tout la place à une 3D stéréoscopique très bien dosée, valorisant les multiples "cinématiques" au coeur du jeu. Un enrobage de qualité pour un jeu de qualité.

7.5
Sur le papier, nous n'avons donc que peu d'éléments à charge contre Tomodachi Life, un bon petit jeu qui saura ravir petits et grands grâce à son charme incroyable. Son seul défaut n'est en revanche pas des moindres : avec un gameplay qui peine à se renouveler après une dizaine d'heures de jeu, il est difficile d'envisager de passer beaucoup plus longtemps en sa compagnie. Le contenu est néanmoins suffisamment étoffé pour garantir deux semaines intensives où les situations délirantes s'enchaînent, mais sans doute pas un mois...

  • • Réalisation correcte
  • • Un univers délirant et attachant
  • • Pouvoir prendre des photos absolument partout
  • • La variété dans les intérieurs, les habits et les plats
  • • Les liens sociaux bien restranscrits
  • • Jusqu'à 48 Miis peuvent être stockés
  • • Un travail de localisation remarquable
  • • Un peu répétitif
  • • Manque de profondeur
  • • Quelques lacunes techniques