Nintendo Switch

Tales of Kenzera: ZAU

Test Switch

Tales of Kenzera: ZAU

Par ggvanrom - Le 02/05 à 08:00

Création de Surgent Studio, et basé sur l’histoire personnelle de son fondateur et acteur Abubakar Salim, Tales of Kenzera : ZAU se présente comme un metroidvania mettant en avant la culture bantoue, et une histoire de deuil. Est-ce que cette proposition arrivera néanmoins à nous faire vibrer ? La réponse dans notre test ci-dessous.

Test réalisé à partir d'une version fournie par l'éditeur, en version 1.0.2

La fin de toute histoire marque le début d’une autre

Tales of Kenzera : ZAU démarre dans la peau de Zuberi, un jeune homme venant tout juste de perdre son père (baba), et qui n’arrive pas à faire son deuil. Décédé des suites d’une maladie, le baba a tout de même eu le temps de préparer un recueil à l’attention de son fils pour l’aider dans cette étape difficile. C’est ainsi que Zuberi devient conteur, et que nous prenons le contrôle de Zau, le héros de ce livre, venant lui-même de perdre son père. Ayant hérité des pouvoirs de son père, concentrés dans deux masques, Zau fera un pacte avec le Dieu de la mort Kalunga. En échange des âmes de 3 grands esprits qui défient la mort depuis trop longtemps, Kalunga lui permettra de retrouver son père.

C’est ainsi que commence la quête de Zau accompagné par Kalunga, quête qui prendra la forme des fameuses étapes du deuil (déni, colère, etc.). Si sur le papier l’idée est appréciable, on notera dès le premier acte Zau donnera des conseils sur l’acceptation du cycle de la vie, alors que lui-même ne souhaite pas accepter la mort de son père (certains échanges avec Liyana sont ironiques au possible), mais on pardonne cette faiblesse de scénario, car en tant qu’homme, Zau a aussi ses faiblesses, et avancer dans sa quête lui permettra d’en ressortir grandit, aussi bien que lui que Zuberi.

Un metroidvania très classique

Une fois le contrôle de Zau pris, nous découvrons les deux mécaniques de combat du jeune shaman. Ce dernier possède deux masques qui ont des pouvoirs propres. Le masque de la lune permet de tirer des projectiles et est plus axé sur les combats à distance. Le masque du soleil quant à lui est parfait pour les combats au corps-à-corps. Le joueur évolue ainsi dans un univers en 2D dont la carte se découvre intégralement dès que l’on rentre dans une nouvelle zone. La majeure partie des zones consistent en des séquences de plateformes, mises en pause de temps en temps avec un combat dans un lieu plus ou moins fermé. Comme un metroidvania classique, de temps en temps, notre héros fera face à un obstacle impossible à franchir, et c’est là que les statues shamaniques lui permettront d’acquérir de nouveaux pouvoirs comme la capacité de geler l’eau, de planer, etc. Loin d’être tortueux, le chemin à arpenter est un peu trop linéaire pour un metroidvania, et un simple coup d’œil sur la carte suffit pour voir qu’un cul-de-sac cachera forcément une épreuve, un collectible comme un bibelot (qui peut améliorer certaines statistiques), ou encore un arbre nous permettant de gagner de la santé. Il y a cependant quelques phases qui peuvent être lourdes, vous obligeant à aller à deux endroits diamétralement opposés, pour la récolte de clés en général.

Viennent ensuite les combats. Vous devrez à plusieurs reprises faire parler vos points, et vos masques en éliminant des créatures terrestres et volantes. De temps à autre, ces créatures auront un champ protecteur qui ne pourra être brisé qu’en attaquant avec le bon masque équipé (dont on switche simplement avec un appui sur le bouton L). Si ces derniers ne sont pas difficiles en soit, ils sont hélas rapidement redondants, la faute à un bestiaire qui ne se renouvelle pas. L’autre problème est l’absence de frame d’invincibilité pour notre personnage. Si ce n’est pas problématique durant les combats dans des zones relativement grandes, c’est de suite plus problématique dans des espaces plus restreints, avec en plus des pièges sur les murs. (l’ascenseur vers le premier boss est une vraie purge).

Vous aurez enfin 4 boss à affronter dans l’ensemble du jeu. Les 3 esprits énoncés au début de l’aventure, et un dernier que nous vous laissons découvrir par vous-même. Ces derniers proposeront un challenge plus relevé que les créatures de base, et une étape clé dans la progression de l’histoire. Mention spéciale à l’esprit de la forêt qui a l’art de la manipulation et de la pression constante. Nous n'en avions pas parlé jusqu’à présent, mais vos masques peuvent être améliorés via un arbre de compétence pour les deux. En éliminant des créatures (et en trouvant des items cachés) vous récupérerez des esprits, qui une fois suffisamment nombreux vous permettent d’avoir des points à dépenser dans les deux arbres.

Un jeu poétique, avec quelques faiblesses techniques

S'il y a une chose que l’on peut dire concernant Tales of Kenzera : ZAU, c’est que le titre est très coloré. Multiplateforme oblige, la version Switch a dû faire des concessions concernant le rendu des différents éléments visuels, et est sujet à de micro-ralentissements à quelques occasions. Il y a en revanche un petit souci de caméra bien trop fréquent, lorsque l’on dash et que l’on avance assez rapidement, la caméra a du mal à suivre, ce qui fait qu’on est obligé de stopper le temps qu’elle se recentre. Bien que relativement court (comptez 6 à 10h pour en faire le tour), le jeu nous propose différents lieux somptueux, allant d’un plateau à une forêt, en passant par des grottes, marécages, et même volcan, suivi d’un ultime monde dont nous tairont la nature. Nous aurons également l’occasion de découvrir des PNJ, mais aussi d’en apprendre davantage sur la famille de Zau. La relation entre ce dernier et Kalunga évoluent tout le long de ce voyage sur la thématique générale du deuil.

Côté mise en scène, il est dommage que les développeurs aient décidé de se concentrer l’essentiel du temps sur une caméra fixe avec un déplacement latéral. À de rares occasions, les plans changent, apportant ainsi plus de profondeur à des séquences clé du jeu. Ces moments sont à la fois marquants et riches en émotions. Impossible également de ne pas citer la bande-son du jeu, signée Nainita Desai, qui nous fait voyager vers le berceau de l’humanité, et qui accompagne parfaitement les séquences les plus intenses du jeu. Si la musique est de très bonne facture (et disponible à l’écoute sur de nombreuses plateformes), il est dommage qu’elle soit mise en retrait lors des séquences de jeu dites plus « classiques » et qui se résument à de l’exploration simple. Un tour dans les réglages vous suffira cependant pour la mettre davantage en avant.

7
Si Tales of Kenzera : ZAU ne révolutionne aucunement le genre du metroidvania, se contentant de reprendre certains éléments d’autres grand noms du genre, il a le mérite de proposer une histoire particulièrement touchante qui parlera à beaucoup de personnes ayant traversé cette lourde étape qu’est le deuil. Le tout est couplé à un univers coloré mettant en avant une culture africaine bien trop souvent mise à l’écart, elle-même sublimée par une superbe bande-son.

  • Un monde coloré...
  • Une histoire touchante sur le thème du deuil
  • Une superbe bande-son
  • Un gameplay en combat plutôt agréable
  • ... mais souffrant de quelques soucis techniques
  • Les combat devient rapidement répétitifs
  • Le level-design laisse peu de place à l'exploration