Nintendo Switch

OMNO

Test Switch

OMNO

Par C-Ptique - Le 14/12/2021 à 08:00

Développé par l’allemand Jonas Manke, un animateur qui était en freelance pendant 10 ans, Omno arrive ce mois-ci sur Switch après être sorti sur PC et Xbox. Le jeu se veut être une aventure atmosphérique dans un ancien monde rempli de merveilles avec un gameplay réduit à l’essentiel, autant dire qu’il s’adresse à des joueurs en quête d’émotions. Mais aussi paradoxal soit-il, il est souvent très compliqué de faire un jeu simple et de bonne qualité. Omno a-t-il réussi son pari ?

Trop de poésie tue la poésie

Omno débute par une sorte de portail de téléportation d’où sort un jeune personnage à la tête ronde et aux formes étranges. Lorsqu’il se réveille, on se rend compte qu’il est dans un marécage sans avoir l’air de savoir ce qu’il y fait. Équipé seulement d’un bâton lumineux, il ne peut rien faire d’autre qu’avancer. Très vite, on se met à rencontrer des créatures de toutes les tailles et de toutes les formes mais jamais hostiles, elles se contentent de nous observer d’un œil curieux ou de nous ignorer, même si certaines nous aident à progresser d’un niveau à l’autre comme la tortue géante qui nous fait traverser les marécages.

La première chose qu’on remarque d’emblée, c’est que le jeu dégage une ambiance apaisée qui se veut très clairement poétique. Durant tout le jeu, aucune parole n’est prononcée, aucun combat n’a lieu et aucun danger ne plane au-dessus de nous, on se contente d’admirer les décors, d’écouter la musique, d’interagir avec les créatures, de ramasser des cristaux lumineux en détruisant quelques éléments du décor et de découvrir des ruines antiques. Cela n’est pas sans rappeler Journey du studio thatgamecompany mais malheureusement en moins réussi.

On pourrait même dire qu’il s’agit de « poésie clichée » tant certains thèmes utilisés ont maintes fois été utilisés et sont donc des solutions faciles (la grande présence du vent, les pétales de fleur qui s’envolent, la musique à base de piano et de solistes soprano…). Lors du test, votre humble serviteur a reconnu les efforts déployés par le studio, mais il n’a pas été particulièrement été ému. En interrogeant d'autres joueurs ayant fait le jeu sur consoles concurrentes, il semblerait que cette absence d'émotion soit dûe au manque de moments et d’enjeux dramatiques. À aucun moment notre vie ou celle de notre compagnon, ni même l’existence du monde où nous évoluons ne sont menacés, on se contente d’avancer et d’admirer. Difficile du coup de s’y attacher plus que cela. L’esthétique du jeu, sans être mauvaise, n’est pas particulièrement marquante sur cette version Nintendo Switch.

Des énigmes à tour de bras

Outre son aspect poétique, Omno demande à résoudre des énigmes. Pour passer d’un niveau à l’autre, il faut en effet récupérer des sortes de boules lumineuses qui déclenchent un mécanisme de grande ampleur (notamment des ponts). À chaque niveau, il faut récupérer 3 de ces boules sachant qu’il y en a généralement le double à chaque fois, ce qui permet de passer certaines énigmes si jamais on reste bloqué. Si on prend le temps de fouiller, on n'est jamais vraiment bloqué.

Ces énigmes sont diverses et variées. Parfois, il s’agit simplement de trouver un chemin précis mais pas toujours visible de prime abord pour parvenir jusqu’à la boule, d’autres fois, ce sont des blocs à pousser pour former des plateformes ou laisser passer des rayons lumineux et d’autres fois encore, ce sont des anneaux à traverser en flottant dans les airs. Globalement, elles ne sont pas vraiment compliquées, il faut juste quelques secondes pour comprendre la logique mais on regrettera le manque d’inventivité et d’innovation. Parmi les plus intéressantes, on peut citer celle du deuxième niveau où on doit grimper sur des poteaux qui montent dès qu’on s’approche d’eux et descendent dès qu’on s’en éloigne, ce qui veut dire qu’il faut passer par les poteaux adéquats pour monter progressivement et tracer un chemin.

Malgré tout, il n’y a guère que les moments où on doit transporter des boules lumineuses avec notre bâton, moments qui nous empêchent d’utiliser nos pouvoirs au passage, qui donnent une identité propre à Omno. En plus, presque comme un aveu de faiblesse, dans chaque niveau on peut récupérer une boule lumineuse en récoltant suffisamment de cristaux à travers le niveau, il suffit donc de faire de la récolte avant de se rendre à un obélisque qui active la boule.

Pourquoi fait-on ce voyage déjà ?

On peut aussi reprocher à Omno ses contrôles imparfaits. Ceux-ci sont en effet rigides, le personnage met un peu de temps pour tourner sur lui-même, et il y a un effet de dérapage qui complique la gestion des sauts. Pas très pratique quand on doit passer d’une plateforme à l’autre au-dessus du vide, et encore moins lorsque ces dites plateformes sont petites. Il est arrivé à plusieurs reprises de tomber dans le vide et/ou de recommencer des sections entières de niveau à cause d'une simple glissade de notre personnage.

Pour nous pousser à avancer, on trouve régulièrement les notes d’un voyageur qui semble nous avoir précédé. Tout comme nous, il s’agit d’un bâtonnier qui « cherche la lumière » qui raconte comment il s’est égaré et comment il s’est décidé à faire ce voyage initiatique. C’est d’autant plus intriguant que l’on trouve aussi des inscriptions anciennes qui nous poussent elles aussi à « suivre la lumière pour trouver la liberté ». Des messages courts et un brin stéréotypés, ce qui donne la sensation de lier le jeu entier avec du fil blanc.

Autant dire qu’Omno peine à être intéressant, il est même ennuyeux. Le jeu ne se renouvelle pas assez et trop peu souvent pour maintenir l’intérêt, du coup on se force un peu pour progresser. Certes, chaque monde dispose de sa propre identité visuelle mais il y en a 4 en tout et pour tout et c’est souvent pour répéter les mêmes tâches et trouver des énigmes similaires. Fort heureusement, le jeu est court (entre 5 et 8 heures selon votre progression), et vu le contenu qu’il propose, il a eu raison de s’en tenir là.

5
Omno était prometteur mais il est hélas imparfait. Il y a de bonnes idées mais beaucoup de mécaniques et de thèmes sont hélas trop classiques, le jeu a du mal à avoir une identité propre. Les énigmes sont sympathiques mais sans plus, les éléments poétiques sont du déjà-vu, il y a peu de renouvellement et très peu d’idées novatrices qui démarqueraient le titre. Certes, c’est joli mais si on veut être honnête, il y a eu mieux par le passé. Si vous êtes un joueur éprouvé, il est peu probable qu’Omno vous transcende émotionnellement.

  • Des animaux créatifs et parfois mignons
  • Quelques énigmes sympathiques
  • Une direction artistique qui a tenté l’originalité
  • Ambiance sereine et tranquille…
  • … Au point d’être souvent ennuyeuse
  • Les éléments poétiques sont clichés
  • Très répétitif
  • Contrôles perfectibles