Nintendo Switch

Balan Wonderworld

Test Switch

Balan Wonderworld

Par rifraff - Le 17/04/2021 à 21:34

A priori, Balan Wonderworld semblait être né sous une bonne étoile. Développé par Yuji Naka, le papa de Sonic et co-fondateur de la Team Sonic à qui l’on doit notamment ChuChu Rocket!, Billy Hatcher and the Giant Egg ou encore Nights et soutenu par Square Enix, le jeu avait tout pour mettre des étoiles dans les yeux des petits et grands gamers…Malheureusement, la démo gratuite qui était censée faire la promotion du titre s’est révélée contre-productive à cause de son gameplay brouillon et approximatif, provoquant l’inquiétude et, parfois même la colère des joueurs. Et malgré les promesses de Yuji Naka de prendre en compte les critiques des joueurs pour améliorer la version finale, le titre aura bien du mal à s’en remettre. D’ailleurs, depuis la sortie du jeu, la plupart des critiques sont assassines. Quant aux premiers retours concernant les ventes du jeu, elles sont catastrophiques. Mais Balan Wonderworld mérite-t-il autant d’opprobre ? Réponse dans notre test complet à lire ICI

Balan ton port

Tout commence lorsque deux enfants au cœur brisé, Léo et Emma sont mystérieusement attirés dans un drôle de théâtre où un personnage extraordinaire et excentrique les entraine dans un monde enchanté dans lequel ils vont devoir aider une douzaine de personnages dont les rêves se sont mystérieusement transformés en cauchemars…  Onirique et fantastique, Balan Wonderworld est un titre étrange dans la droite ligne de Nights Journey of Dreams (la version Wii.) L’univers est bariolé et, il faut bien le dire, bien barré avec des idées folles à la pelle et un game et level design partant dans tous les sens. Ça explose littéralement de couleurs et ça dégouline de sucreries un peu partout avec des petites étoiles qui scintillent comme pour mieux appuyer la magie du jeu. Techniquement le jeu tient la route malgré des petits soucis ici ou là et globalement le port du jeu sur Nintendo Switch est tout à fait convenable malgré des baisses de framerate notables.

Pourquoi faire simple quand on peut faire compliqué ?

Pour autant, le problème c'est que si la forme pétarade de partout, dans le fond on ne comprend pas grand chose. On se retrouve embarqué dans une histoire paradoxalement obscure dont rien n’est jamais expliqué. Qui sont ces enfants ? C’est quoi leur problème et c’est quoi ce drôle de bonhomme ? Un nouveau rôle barré pour Jim Carey ? Et il ou son nez ? Et ces personnages que l’on doit aider... Qui sont-ils vraiment ? Et en quoi nos actions peuvent les aider à réaliser leurs rêves ?  On comprend bien qu’il y a un message derrière toutes ces histoires : en aidant les autres, les enfants s’aident eux-mêmes- ou un truc dans le genre- à moins que ce ne soit, faites attention aux drogues, ça peut vous abîmer le cerveau ! Mais le fil conducteur est mince et franchement, on ne sait pas si c’est hyper alambiqué ou effroyablement simpliste. Cependant, au final, comme dans de nombreux jeux de plateforme, on se contente d’accepter le postulat et on se laisse embarquer dans ce voyage merveilleux en essayant  plutôt de comprendre ce qu’il y a à faire pour progresser.

 

 

Une pochette pleine de surprises

Et de ce côté là, le jeu est découpé en douze mondes correspondant à douze histoires et donc à douze personnages différents à aider. Ces douze mondes sont, eux-mêmes découpées en trois parties de deux niveaux plus une phase de boss. Chaque monde est illustré par une cinématique qui expose le problème d'un personnage qui se retrouve le cœur brisé en deux. Aux enfants de réussir à réunir les deux morceaux en parcourant des niveaux de plateformes 3D remplis d'énigmes et d'ennemis à dégommer.

Entre chaque niveau, le jeu nous entraine dans un hub central dans lequel on peut nourrir des petites créatures avec les rubis ramassés dans les niveaux afin qu'elles construisent une super tour. Pour tout dire, cela fait partie des mystères du jeu. On ne sait pas vraiment qui sont ces petites créatures qui nous suivent partout et qui parfois grossissent ou nous donnent des œufs. .. Comme pour le reste, cependant, on ramasse un maximum de rubis dans les niveaux pour les nourrir dans le HUB afin qu'elles construisent leur tour et, on ne se pose pas plus de question que ça ! Le Hub central donne aussi sur les entrées des différents mondes. Dans un premier temps, seulement trois mondes sont accessibles via des petites entrées de théâtre. On peut choisir de commencer par n’importe lequel et même commencer par la partie 2 avant la partie 1 (la phase de boss de chaque monde se débloquant après). L’important c’est de faire toutes les parties des trois mondes et d’y ramasser suffisamment de rubis mais surtout de statues Balan qui y sont cachés de façon à débloquer les trois mondes suivants. Les statues de Balan, c'est un peu les Lunes de Super Mario Odyssey, on les reçoit en récompense d'une action ou d'une énigme résolue ou encore en les ramassant au détour d'un chemin.

Un gameplay cafouilleux

Il ne suffit donc pas de terrasser les trois boss des trois premiers mondes pour passer aux trois mondes suivants. Il faut explorer suffisamment les deux parties de chaque monde et se prendre un petit peu la tête pour ramasser suffisamment de statues pour progresser afin que le petit train de Balan nous emmène vers de nouveaux mondes. Et c’est un peu là d'ailleurs que les premiers ennuis du jeu commencent vraiment. Généralement dans les jeux vidéo, les développeurs s’arrangent pour que le jeu propose une progression principale en ligne droite de façon à ce que tout le monde puisse avancer et terminer le jeu et une seconde lecture avec de nombreux chemins de traverse pour ceux qui aiment les défis plus relevés ou qui aiment continuer à s’amuser une fois le jeu terminé une première fois (c’est ce qu'on appelle l’école Nintendo.) Ici, on peut se retrouver assez vite "bloqué". En effet, comme le jeu n’explique rien, on peut facilement se retrouver à avoir terminé les trois premiers mondes et terrassé les trois boss sans comprendre pourquoi il n’y a pas d’autres niveaux qui se débloquent ! Pourtant, c'est simple : on a juste pas assez ramasser de statues !

En fait, pour débloquer les niveaux 4,5 et 6, il faut trouver 25 statuettes dans les trois mondes ce qui peut paraitre assez simple puisque dans chaque partie de chaque monde, il y a au moins sept statuettes à trouver (plus trois par boss). Le problème c’est que si quelques-unes sont évidentes la plupart sont plus difficiles d’accès voire même parfois impossibles à ramasser lors de sa première visite. On peut même finir un niveau sans en avoir ramasser ni vu une seule  ! Il faut dire que les niveaux sont en fait un enchevêtrement d’énigmes différentes à résoudre avec un pouvoir particulier; un pouvoir octroyé par les des nombreux costumes du jeu.  

Rhabillé pour l'hiver

Les costumes, c’est le mécanismes principal du jeu autour duquel toutes les énigmes du jeu sont construites, un peu comme les items, là encore, de Super Mario. La différence, c'est que si Mario se suffit à lui-même, ici, les enfants (sachant qu’en solo, il faut choisir soit Léo soit Emma) n’ont aucun pouvoir particulier. Ils ne peuvent pas se défendre et sont obligés de trouver des costumes pour obtenir des pouvoirs spéciaux : tir, saut, lévitation, nage, vol, etc... Les costumes sont disséminés dans des petits berlingots (on ne voit pas trop comment appeler ça autrement) judicieusement placés dans chaque niveau.  Seulement, il ne faut pas espérer obtenir les costumes comme cela, ce serait trop simple. Pour pouvoir récupérer les costumes, il faut au préalable avoir ramassé une clé. On ne comprend pas trop cette subtilité surtout que généralement, il y a toujours un clé qui traine à côté d'un berlingot et que n'importe quel clé ouvre n'importe quel berlingot (mais comme pour le reste, on fait avec;)

Chaque niveau renferme au moins six nouveaux costumes avec des passages dédiés (même si on ne découvre pas forcément tous les costumes lors de sa première visite.)  Pour autant chaque niveau renferme pas mal d'énigmes et de passages (menant souvent à une statue) nécessitant un pouvoir et donc un costume particulier impossible à ramasser dans le niveau ! ! Il faut donc collecter d’autres costumes dans d’autres niveaux et revenir ensuite.

Un patchwork d'idées

D’une certaine façon, le jeu adopte la même gameplay que Bowser’s Fury avec ces différents costumes donnant différents pouvoirs sauf que, bien évidemment, la comparaison fait mal.  Dans Bowser’s Fury les costumes ont des pouvoirs évidents,  bien définis et très différents des uns des autres. Tout le contraire de ceux de Balan Wonderworld qui font dans le WTF et sont parfois redondants les uns par rapport aux autres. Par exemple, dans le chapitre 2, on trouve au début le costume du Méduzap qui permet de nager dans des courants spéciaux et deux secondes après on découvre un nouveau costume, celui du Delphynamo qui permet aussi de nager dans les mêmes courants. Alors certes, chacun a sa petite subtilité mais au final, la plupart des énigmes de l'un peuvent être résolues avec l'autre. Il n'était franchement pas utile de faire deux costumes pour ça surtout qu'ils ne servent plus vraiment après ! Et ce n'est pas le seul costume dans ce cas.

Il faut dire qu'à l'arrivée il y a 81 costumes en tout !  Un choix assez hallucinant mais qui ne sert pas du tout le jeu d'autant plus que le joueur ne peut en garder près de lui que trois à la fois, les autres étant rangés dans une sorte de penderie accessible uniquement au début des niveaux ou lors des points de passage. 

Du rêve au cauchemar

Autant dire qu'il faut bien anticiper ses besoins lorsque l'on retourne dans les niveaux, pour ne pas y retourner pour rien sans le bon costume. Il faut aussi faire bien attention en ramassant un costume dans un niveau, si on en a déjà trois car le dernier de notre liste s’en va dans la penderie ! Un petit détail énervant lorsqu'on arrive par exemple devant une toile d'araignée menant à une statue Balan et qu'on se rend compte que notre costume d'araignée (en provenance d'un autre niveau) n'est plus là. Autre petit souci, lors d'un contact avec un piège, un ennemi ou suite a une chute dans le vide, on perd son costume. Encore un petit détail énervant surtout lorsqu'il s'agit d'un costume rare que l'on n'a pas en stock. Parce que le pire, c'est que si certains costumes ont droit à de très nombreux berlingots, d’autres sont plus rares voire n'apparaissent que dans un coin perdu d'un seul niveau ! Autant dire que perdre ce genre de costume pour une broutille, vous fait vite péter un plomb.

Alors, pour être honnête, on finit par comprendre comment tout ça fonctionne, et on essaye de garder toujours en dernière position le costume que l’on veut ranger dans sa penderie afin de justement se constituer des stocks. Mais c'est quand même une gymnastique épuisante obligeant à faire des allers et retour et ne permettant jamais de quadriller les niveaux un par un. Il est évident que les développeurs auraient été bien inspirés de faire le tri dans leurs idées et de simplifier tout ça en permettant d'accéder plus facilement aux costumes. Il aurait mieux fallu se concentrer sur une dizaine de costumes comme dans Bowser’s Fury quitte à faire des autres, des costumes facultatifs (ou les garder pour une hypothétique suite). Le pire c’est qu'avec tous ces costumes différents, le level design n’a pas de logique car on a vraiment l'impression de plein de petit bouts de niveaux collés les uns aux autres. Il y a aussi des tas d’endroits dont on se demande comment on  fait pour y aller (et si, parfois on peut y aller) et d’autres dans lesquels on arrive par erreur ( en tombant dans le vide par exemple ou encore en insistant.) Et il y a encore des tas de choses qui ne vont pas comme des costumes horribles dont celui de la pierre qui glisse qui vous fait glisser dans le vide (merci d 'avoir inventer ce truc horripilant) et on pourrait trouver des tas d'autres exemples de ce type très facilement. Pour autant, peut-on dire que le rêve de Balan se transforme en cauchemar ?

Du cauchemar au rêve

Honnêtement, le jeu est loin d‘être nul et injouable. Certes pour une grosse production de cet acabit (on sent que ce n'est pas un "petit" jeu) avec Square Enix à la manœuvre et les prétentions de Yuji Naka, on ne peut qu'être déçu. Il y a quelque chose qui n'a pas fonctionné et, manifestement, des arbitrages qui n'ont pas été faits. C'est rageant car avec quelques coupes et réglages, le jeu aurait pu être beaucoup moins brouillon. Pour autant, le jeu a du charme et, au moins, on ne pas dire qu'il manque d'idées et d'imagination. Il est évident que s'il serait sorti en 2001 tel quel, le jeu serait aujourd’hui un jeu culte et, d’ailleurs, c’est peut-être ce qui l’attend ! Car malgré tout ses défauts, si vous persistez, vous tomberez sur des passages bien délirants et découvrirez 12 mondes extraordinaires aux ambiances incroyables avec énormément de situations différentes et des séquences de boss originales. En se prenant la tête, à condition d'accrocher à l'univers, il y a vraiment moyen de s'amuser et de prendre du plaisir.

Le « Wonderworld » de Balan  en met aussi plein les mirettes notamment grâce à des cinématiques superbement réalisées qui donne réellement un côté magique et festif a cet univers enchanté qui n’est d’ailleurs pas dénué de noirceur. Alors certes, les cinématiques, comme le reste, n’ont pas vraiment d’unité entre elles car leur style varie d'une à l'autre. Parfois les éléments semblent en bois, d’autres fois en plastique ou en carton mais c’est aussi cette profusion de style et d’effets différents qui donne définitivement au jeu son charme.

Des références à foison

On reconnait d’ailleurs la « patte » de Yuji Naka puisque l’arlequin de Balan Wonderworld fait irrémédiablement penser à Nights. Il y a d’ailleurs des phases de jeux bonus ou Balan vole dans les airs comme Nights. Le personnage de Balan fait aussi beaucoup penser à The Mask (un film avec, tiens, tiens, Jim Carey), ou encore au génie de la version animée d’Aladdin de Disney ou même à Beetlejuice, le chef d’œuvre de Tim Burton. Le jeu est un véritable patchwork d'idées et de références en tous genres. Même le méchant du jeu a un petit air qui fait qu’on a l’impression de déjà le connaître. Finalement, le style coloré et criard du jeu nous fait réellement osciller entre rêve et cauchemar- ce qui quelque part est raccord avec le jeu. Il y a des moments réellement magiques et oniriques, et d’autres un peu plus ringards notamment les danses à la fin de chaque monde… A ce propos, la bande son est aussi très réussie et fait partie des points forts du jeu avec de très nombreux  thèmes tantôt délirants tantôt épiques façon Danny Elfman ("plagiant" même un morceau de S.O.S Fantômes) mais aussi de nombreuses chansons aux influences diverses.

Un gameplay ajusté par rapport à la démo

Par rapport à la démo, le gameplay a été ajusté et le jeu final est donc beaucoup plus agréable à jouer (sans temps de latence) Si parfois, en fonction des costumes et des niveaux, il y a encore des soucis, manette en main, les personnages répondent beaucoup mieux.  Les pros du pad n’auront d’ailleurs aucun mal à s’y retrouver en s‘adaptant au jeu (et à ses failles) comme on le faisait souvent dans les années1990/2000. De plus si les combats contre les petits ennemis sont souvent très agaçants (surtout qu’ils reviennent) les phases de boss sont plutôt bien vues et délirantes. A part ça, le jeu n'est pas très difficile et lorsque l'on perd c'est souvent à cause des soucis de conception du jeu plutôt qu'à cause de ses pièges. La durée de vie est sinon assez conséquente d'autant plus que le jeu impose des allers et retour dans les niveaux pour récupérer des costumes. D'ailleurs, c'est un point qui fait que le jeu pourra lasser les moins patients.

Notez que Balan Wonderworld permet de jouer à deux sur le même écran- ce qui est assez rare dans un jeu de plateforme 3D. Une mode (à choisir impérativement avant de commencer à jouer) qui facilite grandement la progression et qui permet d'avoir deux fois plus de costumes sous la main (même si malheureusement, il n'y en a pas deux fois plus à ramasser.) Pour des parents et leurs enfants, des frères et sœurs ou simplement des amis, c'est un vrai plus, d'autant plus qu'il est possible de coller les deux personnages pour les faire avancer ensemble avec une seule manette lors de passages plus délicats. Certaines énigmes sont conçues d'ailleurs spécialement pour deux joueurs donc si vous avez  quelqu'un sous la main et une seconde manette, n'hésitez pas à faire l'aventure à deux.

 

6
A l’arrivée, Balan Wonderworld est une œuvre attachante mais aussi épuisante qui vous fera passer du rêve au cauchemar et vice-versa. Un jeu hallucinant et hallucinatoire qui part véritablement dans tous les sens comme un patchwork d'idées et de références. Pour autant, on est loin du fiasco dénoncé par de nombreux sites. Certes le jeu a énormément de défauts de conception et il est clair qu’il aurait fallu revoir pas mal de choses et notamment supprimer des costumes pour éviter de perdre les joueurs en route. Il n’en reste pas moins que Balan Wonderworld garde le charme généreux des productions des années 2000. C’est un jeu comme on n'en fait plus et qui paradoxalement devrait plaire avant tout aux adultes et plus particulièrement aux vieux gamers ayant gardé leur âme d’enfant et qui rêvent encore,  parfois, de s’envoler avec Peter Pan. Probablement un futur jeu culte.

  • Un univers enchanteur
  • De belles cinématiques
  • Des idées à la pelle
  • Une bande son féerique
  • Mode deux joueurs sympa
  • Un jeu qui part dans tous les sens
  • Des soucis de conception
  • Trop de costumes
  • Des tas de petits défauts agaçants