Nintendo Wii U

Donkey Kong Country : Tropical Freeze

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Donkey Kong Country : Tropical Freeze

Par Kalhas - Le 15/05/2014 à 19:20

Débarqué à la surprise de tous fin 2010, Donkey Kong Contry Returns permit à la série Donkey Kong de revenir sur le devant de la scène ainsi qu'à nous démontrer que le talent de Retro Studios ne se résumait pas à la série des Metroid Prime. Un peu plus de 3 ans après, le studio texan s'essaye à satisfaire son public à travers une suite qui, du point de vue de certains, semblait s'orienter sur une banale reprise du premier opus sans inspiration... Suite facile ou digne suite ? Se poser la question est déjà méconnaître les talentueux développeurs de Retro Studios.

 

Donkey Kong Country Returns 1.5 ?...

Après s'être fait voler sa trésorerie par une bande de masques hypnotiseurs, voilà qu'il arrive encore quelques broutilles à l'ami Kong : une armée de vikings ose s'en prendre à son anniversaire et coloniser l'île où vit la famille Kong. Mais n'y avait-il pas plus beau cadeau d'anniversaire qu'un tel prétexte pour partir une fois de plus à l'aventure ? C'est sans nul doute la conclusion à laquelle arrivera ce cher Donkey. En effet, cet épisode nous amènera à découvrir une variété de paysages au détour de 6 nouveaux mondes composés d'une successions de stages plus ou moins longs ; oui, nouveaux, car contrairement aux coutumes vidéoludiques ce nouvel opus s'évitera de tomber dans les clichés du genre avec des univers si familiers car exploités à moult reprises, comme l'habituel monde magmatique... le monde désertique, et on en passe de plus convenus encore. Ici, le jeu imposera ses propres univers, un effort qui lui sera plus que louable, bien que cela ne sera pas toujours du goût de tous tant certains mondes pourront vite s'avérer déroutants et ainsi briser une certaine immersion. Cela variera donc selon les sensibilités de chacun. Quant aux aspects un peu plus objectifs, on notera la prestation technique du soft qui s'avère plutôt indigne d'une console telle que la Wii U, bien que le rendu soit particulièrement agréable car d'une propreté élégante. On se retrouve en l'espèce avec un jeu aux couleurs plus vives que le précédent épisode et aux graphismes nécessairement un ton au dessus, le tout couplé avec une richesse du détails revue largement à la hausse au sein des décors. Néanmoins et passé cela, il y aura toujours cette désagréable impression d'avoir en face un simple Donkey Kong Country Returns en HD. Cela se constate notamment lorsque l'on porte le regard sur le travail fourni sur certaines textures (bien que le style se veuille volontairement épuré pour tendre vers un rendu cartoon)... à moins bien sûr que vous n'ayez les yeux rivés sur le pelage du singe qui pour l'occasion semble plus soyeux que jamais, et c'est bien là l'un des rares détails qui saura marquer une différence graphique notable. Ce n'est donc pas par une hausse graphique que cette suite entend se justifier au regard des développeurs...

 

Que nenni ! Level-design à l'orchestration parfaite et inédite au programme

Cependant cela serait être de bien mauvaise foi que de prétendre que le jeu ait été attendu au tournant sur un tel segment. S'il a bien un domaine indispensable à la réussite d'un jeu de plate-forme, c'est son level-design, et s'il y a bien un domaine dans lequel Retro Studios a su briller à travers ses jeux... c'est sa prestation en la matière. Une fois n'est pas coutume, Retro Studios a soigneusement misé sur cet aspect avant toute chose, et c'est bien ainsi que cette suite effacera tout doute quant à une version dite copiée/collée du précédent opus. En effet, chaque niveau aura une inspiration propre dans son level-design afin d'exploiter une ou plusieurs idées, entendez donc par là qu'en plus d'avoir des idées inédites au premier épisode celles-ci se renouvelleront au sein même du jeu, et cela en permanence. Un pur régal ! Mais que serait le level-design s'il ne se contentait que d'être varié sans y associer une qualité certaine ? Retro Studios ne sait manifestement pas répondre pas à cette question puisque le jeu bénéficie d'un soin tout particulier apporté à tous les niveaux. Tout y est millimétré, le placement des ennemis, des plate-formes, les effets de mise en scène... strictement aucun détail n'est laissé au hasard de telle façon à orchestrer une fluidité sans faille de la progression du joueur au sein des stages. Le level-design saura ici s'adapter à tout type de joueurs tout en prenant la peine de récompenser les plus aguerris d'entre eux, en leur permettant par exemple d'enchaîner des combos dantesques de manière régulière ou encore de développer des parcours d'une fluidité rare et accessible dans le mode time-attack. (cf: vidéo en bas de page)

En revanche, tout n'est pas sans points noirs puisque ce même level-design pourra être assujetti à quelques critiques des plus légitimes. Le premier aspect que l'on pourrait relever est une légère baisse de régime au sein de quelques uns des mondes de la première moitié du jeu, avec des idées parfois un peu plates, manquant d'ambition et de ce grain de folie qui sied pourtant si bien à l'opus précédent ; à cela on peut y ajouter dans l'ensemble des idées moins pêchues qui nous feront regretter que cette démesure dans certaines des situations proposées ne soit pas plus fréquente, tant elle est si bien maîtrisée par le studio lorsqu'il s'y exerce. Le dernier point, celui qui prêtera davantage à controverse, c'est que Tropical Freeze nous propose un level-design qui s'avère au final nettement moins fourbe et vicieux que dans Returns, lequel savait prendre en permanence à contre-pied le joueur sur ses habitudes en matière de jeux de plate-forme avec la sanction immédiate qu'est l'échec de l'action et la perte d'une vie. Ce qui conduira ce point à être discuté c'est qu'ainsi cette suite tendra bien moins au 'die & retry' si caractéristique de Returns, une bénédiction pour les uns, un drame pour les autres. L'autre conséquence à ce vice dissipé, c'est un jeu rendu logiquement plus aisé à parcourir car moins exigent avec le joueur, on se retrouve avec une difficulté bien inférieure au premier opus bien qu'elle soit toujours présente. Toutefois cette baisse de la difficulté n'est pas seulement due à cela, il faut aussi savoir que le type de séquences réputées si dures de l'opus précédent, à savoir les séquences en chariot ou tonneau-fusée, accordent ici une chance supplémentaire au joueur qui bénéficie systématiquement de deux cœurs au lieu d'un. Le tout est couplé à un avantage évidemment certain pour ceux ayant des tendances d'explorateurs vu l'excès de bananes que vous pourrez trouver dans les stages (100 bananes attribuant une vie supplémentaire). Au final, les joueurs expérimentés et habitués de Returns n'auront donc que peu de difficulté à parcourir le jeu bien qu'ils y laisseront un joli nombre de vies derrière eux. A noter qu'il y a un aspect où les développeurs ont entendu offrir davantage de challenge et par la même corriger une lacune reconnue de leur dernier jeu : les affrontements contre les boss ! Ces duels vous offriront cette fois-ci un défi sérieux dans des joutes qui de plus se trouvent être bien plus intéressantes d'un point de vue ludique, de quoi conclure chacun des mondes avec une satisfaction certaine.

 

Un gameplay légèrement affiné pour un gameplay au poil !

Le gameplay n'est par ailleurs pas non plus en reste dans cet opus puisque lui aussi profite d'une attention certaine, bien qu'ici il soit seulement rendu plus efficace sans s'embêter à innover. Il s'agit toujours de contrôler Donkey Kong avec le stick en se contentant d'alterner sauts et roulades avec les boutons (en l'occurrence, et à l'instar des récents Mario Bros, le joueur pourra préférer utiliser la combinaison de touches qui lui correspond le mieux puisque sur les boutons A B X Y : deux permettent de sauter -la hauteur dépendant du temps de pression sur la touche-, et deux autres d'effectuer une roulade lorsque le personnage court ou encore de taper sur le sol lorsque celui-ci est immobile). La possibilité de s'agripper à certains feuillages ou autre liane est toujours disponible via les gâchettes du gamepad, toutefois on note la disparition du souffle de Donkey, et donc des divers plantes qui étaient disposées sur le parcours du joueur afin d'en extraire un bonus, l'explication s'inscrit toujours dans cette idée de fluidité du jeu précitée qui vise à ne pas ralentir le joueur sur des banalités, il s'agit donc d'une disparition qui s'avère au final profitable. Sur ce même propos on notera la fluidité sans faille du jeu sur le plan technique, et cela même dans les situations les plus chargées (ce dont ne permet pas d'attester la vidéo sur cette page, bloquée à un nombre d'images par seconde 2 fois inférieur à celui du jeu). Le jeu au gamepad, et donc intégralement aux boutons, permet au joueur une précision renforcée (bien qu'à l'instar du vif coup de poignet nécessaire avec la wiimote sur Wii pour exercer une roulade, il faudra un temps d'adaptation pour pleinement faire boule qui roule avec un bon timing). Que les habitués restent néanmoins rassurés, il leur sera toujours possible de jouer avec une wiimote seule ou encore une wiimote associée à un nunchuk. La manette Pro est elle aussi fonctionnelle.

Si le gameplay est sans innovation, il n'est cependant pas sans apports à l'égard de l'épisode Wii, en effet Tropical Freeze est aussi synonyme du retour des séquences sous-marines si caractéristiques de la trilogie originale du studio Rare (séquences où il est d'ailleurs toujours possible d'y booster son accélération à l'instar des roulades sur la terre ferme). Pour l'occasion ne vous attendez pas à y retrouver une mouture aquatique comme il y en avait autrefois, Retro Studios n'a malheureusement pas jugé nécessaire d'ajouter un autre animal que le rhinocéros par rapport à Returns, lequel est d'ailleurs peu présent en ce nouvel opus. On imagine qu'une fois encore c'est le level-design qui prime pour le studio, préférant ainsi éviter au joueur d'avoir trop d'opportunités de gameplay afin de profiter pleinement des idées de level-design mises en valeur dans chacun des stages. Toutefois, cela n'est pas totalement vrai lorsqu'on s'attarde à l'attrait principal de cet opus du point de vue du gameplay : la possibilité d'avoir plusieurs personnages de soutien au choix. En effet, comme habituellement dans la saga, il est possible de ramasser des tonneaux en cours de trajet dans lesquels un membre de la famille Kong viendra accompagner ce cher Donkey, lui ajoutant ainsi 2 cœurs de plus afin d'encaisser tout autant de coups en plus par les ennemis (portant alors le total de cœurs à disposition du joueur à 4) et lui permettant des possibilités de gameplay supplémentaires. Ainsi, Diddy permettra à Donkey de planer lorsqu'il effectue des sauts, Dixie, qui fait son retour, permettra à Donkey de s'envoler un peu plus haut dans le ciel après avoir déjà plané légèrement, et quant au petit dernier, notre papy Cranky, il aura la faculté de rebondir sur sa canne pour mieux sauter, permettant ainsi à Donkey d'aller librement sur certains terrains... épineux. Le joueur peut choisir le Kong qui l'accompagnera à chacun des tonneaux rencontrés. Que certains se rassurent, il ne s'agira pas là de saccader la progression du joueur en l'obligeant à changer d'accompagnateur toutes les deux minutes pour franchir certains obstacles, en effet le jeu est entièrement faisable avec le seul personnage de Donkey Kong, ce qui viendra toutefois mettre en doute l'utilité de ces nouveaux personnages. Concrètement ? ils n'auront qu'un rôle de soutien. Leur utilité se résume d'un côté à permettre à chaque type de joueurs de jouer avec le confort de gameplay qui lui correspond le mieux, ou encore à varier ses possibilités, et de l'autre côté de pouvoir accéder à des lieux impossibles à atteindre sans ces personnages là (afin de récolter certaines pièces de puzzles habituellement cachées ou encore pour débusquer les quelques fins secrètes dans certains stages. Les lettres KONG quant à elles peuvent s'obtenir sans leur apport). En sus de cela chaque personnage pourra acquérir, après une récolte efficace de bananes, un pouvoir à exploiter l'espace d'un instant, ces derniers permettent d'éliminer les divers ennemis présents à l'écran et les transformer en un bonus spécifique (comme des vies ou encore des cœurs cumulables à l'habituelle limite des 4 cœurs). Ces atouts sont complètement dispensables et surtout là faciliter les stages si besoin est. A noter qu'il est toujours possible d'acheter en boutique certains objets permettant d'acquérir le même type de bénéfices, là encore facultatifs. D'ailleurs, il est désormais possible d'y dépenser ces fameuses grosses pièces -disséminées un peu partout dans les stages- afin d'y débloquer des figurines observables dans les extras du jeu. D'une façon générale cet opus permet d'avoir un gameplay étendu, qui répond au doigt et à l'œil du gamer, plus confortable qu'auparavant, et toujours aussi souple et plaisant à manier. Quant aux séquences sous-marines elles permettent d'ajouter un type de stages qui vient s'ajouter aux phases terrestres, en wagon ou tonneau-fusée.

 

Quid du reste ?

Enfin, vis-à-vis des formalités, on relèvera la durée de vie du jeu un cran en dessous de l'opus Wii avec une dizaine de stages en moins. Si cela reste regrettable, car l'on en voudrait toujours plus, le jeu offre tout de même une durée de vie particulièrement honnête, il faut compter un peu moins de 10h pour atteindre le boss final, et entre 20h et 30h au total pour terminer le jeu à 100%. Attention, ne pensez pas que ces 100% représentent la collecte bête et méchante des éléments répandus dans les stages du jeu, il s'agit bien là du simple accomplissement de tous les stages du jeu, une tâche que l'on vous conseillera de remplir absolument avant de penser avoir tout vu du soft tant certains stages cachés sont particulièrement jouissifs. Oui, comme annoncé il y a une dizaines de lignes, certains stages pourront être finis de deux façons différentes, vous conduisant respectivement à deux stages différents, il est donc possible d'arriver au boss final sans avoir effectué tous les stages, a fortiori certains stages qui ne s'obtiennent qu'après avoir récolté toutes les lettres présentes dans les niveaux. A titre de rappel dans chaque stage sont disposées à la fois les lettres KONG, largement visibles mais difficilement atteignables, et à la fois des pièces de puzzle qui à l'inverse sont facilement atteignables mais cachées des yeux des joueurs, il faudra donc les débusquer. Il est donc vivement conseillé à tout lecteur ici de ne pas s'arrêter à mi-chemin afin de savourer toute l'entièreté du jeu et son level-design si raffiné. A côté du mode solo (d'ailleurs jouable directement sur l'écran du gamepad de façon isolée), il y a toujours un mode 2 joueurs (jouable sur un seul écran exclusivement), lequel s'avère au final toujours aussi désagréable à jouer avec sa caméra inconfortable qui n'aura de cesse d'être menée par le joueur le plus à droite de l'écran. Un malaise rendu nécessaire étant donné l'action minutieusement calculée et prédéfinie par le jeu pour l'expérience solo.

Le mode time-attack est toujours disponible, mais cette fois il passe le cap supérieur ! Il n'est plus seulement question d'obtenir difficilement des médailles en récompense de votre temps pour terminer un niveau, mais également de concurrencer le monde entier à travers un classement en ligne. Ce nouvel apport ne se limite pas à cela puisqu'il sera permis de visionner les vidéos des joueurs classés ayant réussi à obtenir une médaille, ainsi il vous sera possible de prendre exemple sur d'autres joueurs ou encore de partager vos performances à vos amis du Miiverse. Entendez donc que les joueurs y prenant goût ne sont pas prêts de s'arrêter de jouer, notamment grâce au défi relevé que représente l'obtention des seules médailles d'or et l'intérêt que peut présenter la concurrence. Ce mode est d'ailleurs le plus approprié pour constater la finesse du level-design de cet opus qui incitera plus d'un joueur au respect tant il semble maîtrisé et finement ajusté. L'ensemble est si bien conçu que tout paraît programmé pour qu'un mauvais timing ne ruine jamais la fluidité de la progression du joueur. Précisément, les divers éléments du décors entrent nécessairement en action au moment opportun pour permettre au joueur arrivant à vive allure de réaliser des enchaînements des plus grisants prévus par les développeurs, et cela sans qu'un retard encaissé plus tôt dans sa course ne le contraigne à freiner sa progression, comme le fait de se retrouver obligé d'attendre immobile une plate-forme en mouvement pour franchir un vide infranchissable sans elle. Manquent encore à l'appel du test deux éléments qui intriguent les fans de la première heure, la prestation musicale du jeu grâce au retour de David Wise, et le bestiaire. Pour ce qui est des musiques, aucune inquiétude à avoir, c'est une fois encore d'excellentes compositions qui s'offriront aux attentives oreilles des joueurs. Cette suite accueille bien plus de musiques originales que Returns qui misait en priorité sur de très bons remix, et celles-ci sont de qualité mais ne manqueront toutefois pas de faire de subtils échos sur certains segments aux fans les plus sensibles. Nombre de remix sont aussi présents. Il en résulte finalement une OST plus intéressante que Returns car elle sait être un peu plus fraîche que ce dernier, néanmoins dans l'ensemble elle se trouve être un peu moins percutante et imposante dans ses sonorités ou même ses thématiques, ce qui fusionné à la difficulté moins élevée du jeu pourra créer des situations moins épiques et puissantes pour certains joueurs. Quant au bestiaire, si de prime abord il apparaît plus recherché et amusant, très rapidement c'est une certaine fadeur qui finit par s'en dégager, que cela soit d'un point de vue esthétique ou ludique, à l'exception des boss bien entendu.

 

8.5
S'il fallait résumer cette itération de Donkey Kong, c'est que si Tropical Freeze s'avère au final un cran en dessous de son aîné du même studio par bien des aspects, comme la fourberie ou la démesure de son level-design, ainsi que sa difficulté surmontable mais jamais désagréable désormais diminuée... il s'agit bel et bien là d'une digne suite au caractère propre et toujours puissant, qui saura, malgré quelques déceptions certaines, vous imposer un level-design des plus brillants par sa pertinence, sa variété et sa maîtrise, de sorte à vous coller en plein visage ce genre de sourire qui vous reste naïvement gravé sur le visage des minutes durant, alors même que vous aviez déjà éteint la console pour aller faire de beaux rêves...

  • * Gameplay au poil* Le mode Time Attack avec classements et replays en ligne* Un leveldesign toujours exemplaire : varié et millimétré* Le rythme effréné et démentiel de certains stages* Une bande son de qualité* Le retour des phases aquatiques* Enfin de vrais boss comparés au précédent opus ! 
  • * Une prestation technique peu ambitieuse* Un peu moins consistant que le précédent* Un leveldesign moins fourbe et surprenant* La difficulté revue à la baisse* Toujours qu'une seule monture qu'est le rhinocéros