Nul doute que l'insolent succès de la série Skylanders sera parvenu à vos oreilles. Reposant sur un ingénieux système de figurines poussant continuellement d'innocents enfants à ruiner leurs parents, il semblerait cependant que l'engouement porté au titre commence à faiblir. L'occasion rêvée pour Disney Interactive de percer sur ce marché singulier dont Activision détient toujours le monopole. C'est sur le dénommé Disney Infinity que repose tous les espoirs. Incarnez vos héros favoris et accompagnez-les dans leur univers où l'aventure et l'action sont les maîtres mots. Malheureusement, la qualité ne semble pas faire partie du voyage...

Figurines, Power Discs... : les DLCs matériels

Avant de nous attarder sur le jeu en lui-même, commençons tout d'abord par expliquer ce fameux système de figurines ainsi que ses à-côtés. Si vous projetez de faire l'acquisition du titre, sachez d'ores et déjà qu'il faudra prévoir un petit peu plus de place pour stocker l'ensemble du pack qui vous sera fourni. En effet, en plus de la traditionnelle jaquette, l'imposant carton que vous ramenerez au doux logis contiendra également une multitude d'accessoires dont le rôle sera primordial. Pour commencer cette longue énumération, prenons le coeur du jeu : les figurines. D'assez bonne qualité, elles sont au nombre de trois dans le pack standard et elles vous permettront, à l'aide d'une petite babiole en (faux) cristal, d'accéder à un trio d'univers : Monster Academy, Pirates des Caraïbes et Les Indestructibles. On dénotera également un "Power Disc" un peu plus gros qu'une pièce vous permettant de débloquer quelques bonus. Sans oublier le fameux plateau hexagonal sur lequel vous pourrez disposez à loisir deux de vos figurines ainsi que l'un de vos petits jetons. Cet attirail n'est pas fourni dans le but d'améliorer l'expérience du jeu mais plutôt de vous arracher sauvagement vos deniers pour peu que vous ayez l'envie d'acheter de nouveaux jouets. En effet, à 15 euros la figurine et à 5 euros les deux Power Disc, le consommateur aura vite fait de s'endetter, d'autant plus que le contenu lié est bien loin de tenir toutes ses promesses.

Disney Universe

Qui n'a jamais rêvé, étant enfant, d'incarner ses héros favoris, ne serait-ce que durant quelques heures ? C'est cette part d'innocence qui, années après années, ne cesse d'être cruellement exploitée par certains éditeurs, donnant ainsi aux jeux à licences ce caractère mercantile si amer une fois en bouche. Mauvaise nouvelle, ce n'est pas Disney Infinity qui changera cette image peu valorisante. Les trois univers proposés sont par ailleurs le meilleur exemple de ce laisser-aller dont résultent une pléthore de défauts. Ce que l'on reproche d'emblée au titre, c'est son level-design relevant du pur et simple échec. Peu ingénieux en toutes circonstances, ce dernier se montre en prime très répétitif et témoigne d'un net manque de réflexion de la part des développeurs. Plus on avance, et plus on a le sentiment d'alterner entre déception et... lassitude intense.

Par ailleurs, le level-design n'est pas le seul fautif. En effet, est aussi en cause le système de quêtes profondément implanté dans les racines du gameplay qui vous fera enchaîner les aller-retours non sans exaspération. Les défis proposés relèvent de pures banalités dont on se serait bien passés. D'ailleurs, on parvient très bien à comprendre que cet aspect aura été ajouté dans le but de rallonger la durée de vie tout en raccourcissant la durée du développement. Un très bon compromis, certes, mais qui n'est pas sans ruiner le plaisir de jeu, déjà peu présent à la base.

Paradoxalement, on reprochera également au titre de viser trop haut. Disney Interactive a voulu toucher tous les publics en proposant une multitude d'aspects au sein de Disney Infinity. Problème, on ne peut pas exceller en tout. De ce fait, les phases de shoot/plates-formes/combat/navigation/course/vol n'excellent en rien. L'ensemble devient rapidement chaotique et un enfant aura bien du mal à jongler entre les différents principes. Il n'est donc pas rare de passer d'une phase de plates-formes distrayante à une séquence de combat incroyablement molle. On aurait donc préféré que cette ambition soit mise de côté le temps de développer proprement un ou deux des aspects cités. Une solution plus judicieuse qui ne devait sûrement pas être du goût des responsables marketing...

L'infini limité

Ce semi-échec devait en quelque sorte être prévu, puisque ce n'est nullement les univers qui auront été au coeur de la campagne de promotion. Disney Infinity aura préféré mettre en avant la Toy Box, lieu d'épanouissement où le joueur peut laisser libre cours à son imagination et créer son propre monde tel un petit chérubin accompagné de ses jouets. Ces belles paroles relèvent néanmoins de la théorie. Dans la pratique, tout n'est pas aussi parfait. Encore une déception qui s'ajoute à la liste...

Avez vous déjà visionné les vidéos de démonstration de la Toy Box ? De sympathiques animateurs présentaient les nombreuses possibilités en créant en une dizaine de minutes un niveau de plates-formes correct et bien fichu. En réalité, avant d'arriver à ce résultat, il va falloir batailler ferme. En effet, au tout début du jeu, vous ne disposerez pas de tous les objets. A vrai dire, vous ne possèderez que les bases des bases, avec lesquelles vous ne pourrez aucunement fournir de créations convaincantes. Pour obtenir plus d'éléments, il faudra jouer à la loterie qui tirera au sort le lot que vous recevrez. Cette roulette sera alimentée par des points spéciaux distribués à chaque niveau gagné, rendant la course aux objets longue et terriblement fastidieuse. Il faudra compter au moins une bonne quinzaine d'heures avant d'obtenir un panel complet. Par ailleurs, certains éléments seront bien plus faciles à acquérir une fois un nouvel univers acheté, encore un tour de la Fée Marketing...

Dernier détail et non des moindres, l'interface de création n'est que très peu facile d'accès. Des enfants en bas âge auront bien du mal à se dépatouiller entre les divers paramètres, commandes et limites imposés, et ce ne sont certainement pas les tutoriaux qui aideront à la tâche. Alambiqués sur certains points, l'ensemble peine à se montrer explicite. Bien heureusement, le Gamepad vient sauver la mise à Disney Infinity. Une fois l'interface déportée sur l'écran tactile de la mablette, il est bien plus aisé de gérer tout ce beau monde, même si cet atout n'efface pas les autres problèmes majeurs.

Dans l'ensemble, cet outil demeurera bel et bien agréable une fois les multiples défauts contournés. Cet infini a certes ses limites, mais elles sont suffisament éloignées pour pouvoir profiter correctement des fonctionnalités proposées. Par ailleurs, Disney met à disposition des niveaux pré-faits à télécharger en ligne. Ces derniers sont loins d'être transcendants, mais vous montreront diverses façons d'utiliser intelligemment la Toy Box.

A la recherche de la magie Disney

Au final, ce Disney Infinity qui s'annonçait prometteur n'a que très peu d'atouts en poche. Ce ne sont pas non plus les caractéristiques techniques qui changeront la donne. Bien que les graphismes donnent un aspect "jouet" plutôt craquant à l'ensemble, le moteur du jeu accuse de grandes faiblesses techniques. Les univers, bien que très étendus, ne sont composés que de peu d'éléments différents et enlèvent ainsi toute originalité aux lieux dévoilés ulterieurement. La framerate est quant à elle catastrophique puisqu'elle occasionne des ralentissements à foison se soldant bien trop souvent par des freezes sans fin, forçant à éteindre brutalement sa console. Sans surprise, on découvre bien vite la palette de bugs en tous genres qui attestent d'un fatal manque d'optimisation.

Par ailleurs, les contrôles auraient eux aussi beaucoup gagné à être revus. Le combo Gamepad + TV a beau se révéler efficace, dès lors que l'on passe en mode sans-TV on comprend bien vite le calvaire auxquels nos congénères ont affaire sur les machines concurrentes. Ajoutez à cela une maniabilité imprécise, une caméra qui part en vrille et vous obtenez le combo parfait pour une bonne crise de nerfs ! Bien heureusement, le challenge proposé est adapté aux novices, ce qui aura tendace à masquer ce type de défauts. Pour finir sur une teinte plus nuancée, on évoquera les sublimes musiques Disney qui nous feraient presque oublier dans quel bourbier nous nous sommes élancés. S'assemblant à merveille aux différents univers, on comprend vite l'écart entre le titre et la réelle ambiance Disney, qui elle nous fera toujours rêver...

Vous l'aurez compris, Disney Infinity a beau avoir quelques qualités, ses nombreux défauts vous gâcheront l'aventure. De plus, au vu du contenu proposé, le pack est bien trop onéreux. Disponible dans les environs des 60 euros, le set n'est pas assez fourni pour justifier son prix. D'autant plus qu'il faudra réaliser des achats supplémentaires pour profiter pleinement de certaines fonctionnalités. Par exemple, explorer les univers à deux comme cela est mentionné sur la description du jeu n'est pas faisable sans l'achat de nouvelles figurines. Il faudra pour ce faire avoir en sa possession deux personnages appartenant au même monde, chose qui n'est pas inclus dans le pack de base. De bien d'autres manières, Disney Infinity vous poussera à acheter toujours plus. Mais faire face à cette constante pression est chose aisée dès lors que l'on connaît la vraie valeur de ces ajouts... Les bonus liés à ces à-côtés sont extrêmement maigres et provoqueront en prime de nombreuses incohérences dans le déroulement de l'action. En effet, le changement de personnage n'influence en rien la trame scénaristique. Autrement dit, jouer avec un méchant ne changera pas votre statut initial de sauveur. Ainsi, vous aurez l'immense privilège de vous battre contre vous-même, la voilà la magie Disney !