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Yurukill: The Calumniation Games

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Yurukill: The Calumniation Games

Par ggvanrom - Le 20/07/2022 à 08:00

Dernier né du studio Izanagi Games, Yurukill: The Calumniation Games vous invite à découvrir un mélange unique de Visual Novel, d’Enquête et de… shoot’em up. Est-ce que ce mélange détonant arrivera à se démarquer ? La réponse vous attend ci-dessous !



Puisque je vous dis que je suis innocent !

Avec une histoire signée Homura Kawamoto (Gambling School), Yurukill: The Calumniation Games propose aux joueurs de vivre une aventure invraisemblable. L’histoire débute en nous présentant le personnage de Sengoku Shunjû, un homme de 29 ans condamné il y a 10 ans pour un incendie criminel ayant coûté la vie à 22 personnes. N’ayant de cesse de clamer son innocence depuis tout ce temps, il est un jour extirpé de sa cellule et conduit sur l’île de Yurukill Land. Se réveillant avec un étrange collier, il fera la connaissance de Binko, la guide des lieux, ainsi que d’autres prisonniers ayant été embarqués en même temps que lui.

Binko leur fait alors un bref topo. 5 criminels sont été conduits sur Yurukill Land pour participer à un jeu morbide. Chaque joueur va se voir assigner un Executeur, qui a le pouvoir de vie et de mort sur les prisonniers grâce à un dispositif directement relié aux fameux colliers. Les joueurs devront ainsi résoudre une succession d’énigmes et tenter d’être le dernier en lice pour se voir attribuer la récompense ultime, une amnistie totale pour le prisonnier, et un vœu pour son Executeur. N’ayant guère le choix d’accepter ou non de jouer, Sengoku y voit alors une chance de repartir à zéro. Et c’est avant de commencer le jeu qu’il récupère un papier jeté d’une cellule voisine. Son voisin de cellule lui annonce par écrit que c’est lui le responsable de l’incendie qui lui a valu cette condamnation. Bien décidé à découvrir la vérité, Sengoku fait alors la connaissance de son Exécutrice Rina Azami avec qui il semble lié d’une manière ou d’une autre… Mais trêve de blabla, l’heure est venue de jouer !



Un plan machiavélique

Yurukill: The Calumniation Games se divise en trois catégories. Chaque épreuve est entrecoupée d’une suite de dialogues plus ou moins longs mettant en avant les relations tendues entre les Prisonniers et leur Exécuteur. Ce n’est qu’en débutant la première épreuve attitrée à Sengoku qu’on se rend rapidement compte que quelque chose cloche. L’environnement dans lequel se déroule l’épreuve a été reconstitué trait pour trait à l’appartement où habitait la seule survivante de l’incendie dont il est accusé. Et cette survivante n’est nulle autre que Rina Azami.

On comprend ainsi rapidement que chacun des Prisonniers et des Exécuteurs ont en commun le crime dont est accusé le Prisonnier. Dans le premier chapitre Sengoku va tout faire pour tenter d’avancer dans son épreuve, tout en essayant de faire accepter à Rina qu’il n’est pas coupable du crime dont on l’accuse. Si la formule a de quoi plaire pour les premières minutes de l’aventure, on se rend rapidement compte que tous les autres chapitres fonctionnent exactement sur le même schéma. Un criminel qui essaye de prouver son innocence aux yeux de son Exécuteur qui ne songe qu’à appuyer sur le bouton de son dispositif pour entraîner la mort de son partenaire. Bien qu’on ait le droit à de rares surprises scénaristiques, on aurait aimé davantage de diversité dans la relation Prisonnier / Exécuteur.

La bonne nouvelle dans l’histoire, c’est qu’outre les voix originales japonaises de bonne facture, le jeu se paie le luxe d’une traduction en français, chose assez rare dans le domaine du Visual Novel. Mention spéciale à la guide Binko que nous verrons tout le long de l’aventure et qui fait une sérieuse fixette sur tous les mots qui se terminent en bin.

Des énigmes qui font chauffer la trombin-bine

Comme expliqué plus tôt, chaque chapitre se déroule de la même façon. Seuls changent les protagonistes. L’objectif est de traverser 3 salles dont les portes d’accès sont bloquées tant que nous n’avons pas résolu les énigmes disséminées dans la pièce. Prenant alors la forme d’un Point’n Click faisant penser au mode Investigation d’un Ace Attorney, votre objectif est alors de déplacer une loupe à l’écran sur les objets qui paraissent suspects. La loupe scintillera dès que vous serez sur un élément avec lequel vous pourrez interagir. Ce faisant, cela vous donnera des documents très intéressants retraçant l’historique du crime dont vous êtes accusé, ou encore une énigme à résoudre.

Si elles ne brillent pas par leur difficulté, les énigmes peuvent être légèrement prise de tête à cause de leur formulation, ou de notions pas forcément répandues en Occident. Si les énigmes de logique ne m’ont pas posé problème durant le long de l’aventure, j’avoue avoir buté sur les énigmes à base de carte de tarot où les développeurs prennent pour acquis le fait qu’on connaisse la valeur des cartes. Pour nous aider à la résolution des énigmes, un bouton indice est présent et nous propose jusqu’à 3 indices nous amenant à modifier notre logique de réflexion, sans pour autant nous cracher la solution au visage afin que nous gardions un sentiment de satisfaction à la résolution des énigmes.

Enfin dans chaque chapitre arrive fatalement un moment où l’Exécuteur est assailli par le doute et a une envie irrésistible de vous éliminer en appuyant sur son appareil. Cela donne ainsi lieu à une sortie d’interrogatoire où nous devrons répondre à plusieurs questions. Une bonne réponse et l'interrogatoire se poursuit, un mauvais choix et c'est game over. Si le premier chapitre nous plonge dans la peur de la mort avec une jauge représentée par un crâne qui, une fois pleine signe notre arrêt de mort, on se rend compte là aussi que les % apparents sont toujours les mêmes à chaque enquête. Exit donc l’effet de surprise une fois passé les deux premiers chapitres.

Une réalité virtuelle survitaminée

A chaque conclusion d’épreuve, le Prisonnier et l’Exécuteur sont conduits dans la salle de RC (Réalité Cérébrale). Une fois chaque personnage entré dans son module et le casque de RC enfilé, les voici plongés dans un jeu vidéo prenant la forme d’un shoot’em up où le Prisonnier prend le rôle de protagoniste, et l’Exécuteur de Boss de stage. Avant d’ouvrir les hostilités, un petit quizz est posé où on nous demande de refaire le point sur les éléments de l’enquête. En répondant correctement, nous aurons ainsi le droit à des vies supplémentaires pour la partie qui s’annonce corsée. Une fois lancé dans les airs, on remarque que les stages sont divisés en 3 étapes. On affronte à chaque étape des mobs que l’on doit dézinguer jusqu’à arriver au Boss dont il faudra apprendre les patterns pour pouvoir s’en débarrasser plusieurs fois avec à chaque étape du stage un gain de puissance.

A chaque élimination de mobs, on récupère des données nous permettant de remplir notre jauge de fragmentation. Cette dernière nous permet à partir de 20% de charge d’utiliser des bombes ou des tirs à fragmentation. A noter que si vous êtes touché par un projectile et que vous avez votre jauge au moins à 20%, vous déclencherez automatiquement des bombes à fragmentation qui vous octroieront une seconde chance. Enfin, des Power-UP pourront de temps en temps être récupérés pour augmenter le nombre et / ou la puissance de nos modules de combat. Enfin, des masques de Binko faisant gagner une vie supplémentaire sont également cachés dans chacune des 3 étapes d’un stage.

Des preuves fragiles

Lors d’un combat de boss, vous aurez l’occasion d’entrer à 2 reprises dans une zone appelée la Synapse des Préjugés. Dans cette dernière une question vous sera posée, et il faudra présenter la bonne preuve qui fera avancer l’intrigue sous peine de perdre 3 vies d’un coup. Et c’est là que les choses se compliquent de nouveau. Si certaines questions ne posent pas de problèmes, d’autres sont tournée de manière très vague, et ne semblent pas correspondre avec nos preuves. Pire, à force d’y aller un peu au pifomètre pour certaines questions, on se rend compte que la preuve qui fait au final avancer l’intrigue semble complètement contre-intuitive voire hors sujet par rapport à la question posée.

Ce sentiment d’incompréhension se fait également ressentir durant les Interrogatoires qui peuvent intervenir durant la phase enquête, voire même pour certaines présentations d’énigmes. Ce sentiment se retrouve également durant la partie finale des combats de boss appelée Labyrinthe de la Conscience, où nous devons répondre à une ultime session de questions / réponses. Je ne sais pas au final si cette incompréhension vient d’un souci de qualité de la traduction en français ou si le problème est commun pour chaque traduction, mais j’avoue ne jamais avoir eu ce sentiment de largage total quand je joue à une autre licence d’énigme comme Ace Attorney ou Danganronpa qui sont pour le coup beaucoup plus perchés côté explications et volte-face.

Finalement pas d’hémoglobin-bine

Côté habillage, il faut avouer que Yurukill apporte un aspect graphique très élégant concernant la partie Visual Novel avec ses sprites de personnages colorés et expressifs. Les environnements restent sympathiques sans pour autant être inoubliables, et les musiques collent bien à l’ambiance parfois dramatique, et parfois chill. Seul bémol à titre personnel, et qui risque de me faire passer pour un malade, mais je m’attendais au moins à voir quelques passages intenses avec des meurtres entre participants ou autres messes basses. Le scénario était quant à lui intéressant à suivre, mais laisse au final encore plusieurs interrogations qui trouveront peut-être leur réponse dans un autre épisode ?

Côté shoot’em up enfin, il faut avouer que les développeurs ont fait un bon boulot. Si en difficulté easy le titre n’est pas des plus compliqués, en difficulté hell c’est un véritable bullet hell à la Touhou qui vous attend, avec des fenêtres de manœuvre assez minimes pour passer à travers les projectiles. Chaque Prisonnier possède son propre vaisseau avec ses forces et ses faiblesses, et les musiques prennent de suite une tournure beaucoup plus dynamique lors de ces phases. Point négatif en revanche dû aux très nombreux projectiles présents à l’écran, le jeu affiche quelques ralentissements assez gênant dans le niveau de difficulté maximal.

Enfin, il est à noter que le mode shoot’em up peut être accessible directement via le menu principal et le mode Score Attack. Les 4 vaisseaux devront être débloqués en progressant dans l’histoire, mais sinon vous pouvez très bien jouer avec le vaisseau debase de Sengoku. Dommage au passage que nous n’ayons visiblement pas le droit au vaisseau du Prisonnier le plus improbable de l’histoire. L’aventure au complet vous demandera au final une dizaine d’heures pour être terminée, c’est correct compte tenu d’où nous emmène le scénario, mais on aurait pas été contre un ou deux chapitres supplémentaires pour expliquer davantage d’éléments de l’intrigue.



 

7
Si l’aspect shoot’em up, la qualité du chara-design et l'intrigue sauvent les meubles de ce Yurukill: The Calumniation Games, j’avoue avoir un sentiment assez mitigé concernant la partie énigmes du titre. Si les énigmes de base ne m’ont pas paru si compliquées, j’avoue avoir eu assez de mal avec la tournure de certaines questions, ou encore le tirage de cheveux demandé pour arriver à certaines conclusions demandées par les développeurs. Rien que pour l’association de ses genres diamétralement opposés, le titre vaut le coup d’œil. Reste à voir maintenant si les développeurs essaieront de peaufiner leur copie avec une suite ou un DLC.

  • Un Chara-Design soigné
  • Le mode shoot'em up bien nerveux
  • Une histoire intéressante à suivre
  • Sous-titré en français !
  • Le mode Score Attack pour jouer uniquement au shoot'em up
  • Des présentations d'énigme assez brouillonnes
  • Le schéma de déroulement des chapitres reste le même
  • Plusieurs ralentissements à cause du grand nombre de projectiles à l'écran