D’abord exclusivité de la plateforme Google Stadia, le premier titre du studio indépendant français 1P2P est venu terrasser du gobelin sur consoles et PC depuis le 10 mars 2022. Une arrivée marquée par la future sortie d’une version physique prévue l’été prochain pour les versions Switch et PS4. Equipez-vous bien avant de partir, on ne sait jamais trop ce qui se trouve sous nos pieds.
Vingt mille lieues sous la terre
Orphelins, les jumeaux Jenn et Tristan mènent une vie rythmée par l’ennui et la sensation de ne pas être à leur place au sein d’une petite ville dans laquelle ils ont du mal à s’intégrer. Mais les choses pourraient bien vite changer alors que leur père adoptif, un excentrique professeur dissimulant un secret bien gardé, disparait soudainement. Ses ravisseurs ne sont pas n’importe qui, ce sont des gobelins, ou « gobbons » pour les intimes. A leur contact, les jumeaux découvrent que derrière l’apparente paix qui jalonne le quotidien des Hommes se trame dans l’ombre un complot qui pourrait bien raviver la démence d’une guerre jadis menée contre les habitants de la surface. Car quelque part sous terre, ce souverain devenu despote, ces ingénieurs de tout bord devenus génies du mal, fomentent la revanche de ceux qui furent les grands perdants de cet épisode tragique et oublié de l’histoire. Pour sauver le professeur, et accessoirement s’opposer à ce nouveau conflit, Jenn et Tristan vont devoir s’improviser guerriers pour déjouer les plans de leurs ennemis.
La jeunesse et ses questionnements, la quête de soi, le deuil, la famille, les relations parfois conflictuelles entre les enfants et les adultes etc.. Difficile de lister tous les thèmes abordés par Young Souls sans risquer de ne pas être assez exhaustif. Intimement présent dans un jeu qui a décidé de lui accorder une place notable, le scénario imaginé par les développeurs se révèle accrocheur et suffisamment prenant pour donner envie au joueur de rester jusqu’à la fin, notamment grâce à ses personnages, nos deux héros au premier plan. Sur ce point, les jumeaux se démarquent par un humour corrosif, un franc-parler et une maîtrise du cynisme qui fait rarement dans la dentelle, mais qui a le mérite de la spontanéité. Une fraîcheur bienvenue qui vous invite à suivre avec intérêt l’évolution de ces deux fortes têtes à qui rien ne fait peur, sauf peut-être l’avenir.
La nuit nous appartient
Si les humains vivent le plus clair de leur temps la journée, c’est lorsque la nuit survient que les gobelins sont de sortie. En passant par le laboratoire du professeur, vous pourrez accéder, via les portails qui y sont matérialisés, aux différents donjons du jeu, quatre en tout. Pour ces phases orientées action, le gameplay de Young Souls emprunte les mécaniques du beat them all et du Dungeon-RPG. Il s’agira donc, classiquement, de mettre au pas les vagues d’ennemis peuplant les zones de chaque donjon grâce à un arsenal offensif et défensif finalement peu fourni, mais assez diversifiés, dont les atouts se révéleront pour la plupart très intéressants en combat, comme l’aspiration de PV à l’ennemi ou encore l’invocation de créatures. Côté commandes, les développeurs ont opté pour l’accessibilité en proposant une palette d’action simple permettant une prise en main rapide et relativement intuitive. Ici, attaques simples, chargées et magiques côtoient les roulades d’esquive et le bouclier, sans chercher à nous faire retenir des dizaines d’enchainements de coups pour réaliser des combos. Pour autant, il serait malvenu de confondre simplicité et simplisme. Stratégie et maîtrise précise de ses actions sont de mise pour ce titre exigent où se rencontrent ennemis vivaces adeptes d’attaques groupées dévastatrices, ou encore boss qui punissent rapidement les erreurs de jugement répétées dans l’arène. Rien de frustrant pour autant, le jeu permettant au joueur de modifier la difficulté à n’importe quel moment y compris en plein combat.
De l’amateur de challenge à celui qui l’est moins, tout le monde est invité à comprendre, observer, pour mieux découvrir par lui-même toutes les subtilités de sa palette d’action, invitant à un investissement sur la durée qui sera toujours récompensé. L’on citera pour l’exemple la permutation de Jenn et Tristan pendant les combats, une action en apparence anodine qui peut s’avérer redoutable une fois maîtrisée. Mélangez le tout et vous obtenez le joyeux bazar que l’on apprécie tant dans ce genre, où la profusion d’attaques de tous côtés se retrouve sublimée par une fluidité et un dynamisme impeccable qui rendent chaque combat plus épique que le précédent. Si quelques ralentissements persistent, notamment lors du changement d’équipement, ils n’affectent jamais les combats. La seule chose à faire est donc de profiter de l’expérience, seul ou à plusieurs grâce au mode co-op local.
Après l’effort, le shopping (ou le sport)
Pour varier les plaisirs, les développeurs ont mis en place un système de voyage rapide permettant au joueur de quitter les donjons quand il le souhaite afin de rejoindre la surface pour se reposer et ainsi emmagasiner l’expérience reçue, ou bien encore pour profiter des quelques boutiques qu’offrent le centre-ville. L’occasion de revendre ses items inutiles, se payer de nouvelles fringues, ou encore écouter le soliloque des habitants pour mieux les connaître. A dimension plus esthétique qu’autre chose, ces passages en ville trouvent davantage leur intérêt pratique dans la salle de gym « Happy Fit », ou comment gagner de façon originale quelques points d’expériences supplémentaires à répartir dans la compétence que vous souhaitez en suant un peu. En passant par le puits, vous pourrez également vous rendre au marché des gobelins afin d’améliorer vos équipements, acheter des potions de vie ou de régénération de mana, ou encore de nouvelles armes.
Sésame, anime-toi
Pour son ambiance générale, Young Souls est un délicieux hommage au style cartoon. Couleurs pastelles, formes arrondies, bruitages et mimiques caractéristiques, donnent l’impression d’évoluer dans un véritable film d’animation. Les développeurs nous gratifient même de véritables séquences animées, qui auraient d’ailleurs méritées à être plus nombreuses et mieux distillées au cours de l’aventure, tant elles sont si joliment réalisées et que l’on se plaît à s’imaginer ce que cela pourrait donner sur grand écran. L’alliage 2D et 3D offre une véritable plus-value aux décors et sublime encore un peu plus des environnements intérieurs et extérieurs aux identités visuelles uniques. Certains effets comme la lumière ou encore les transitions lors du passage d’un portail, sont également admirablement réalisés. Une esthétique soignée que l’on pourra admirer du long de la dizaine de chapitres composant le récit, qui peuvent aisément mener à une quinzaine d'heures de jeu si vous aimez prendre votre temps. Et ici, ce temps, on le prendra sans rechigner.
