Nintendo Switch

Yooka-Laylee

Test Switch

Yooka-Laylee

Par rifraff - Le 24/12/2017 à 02:26

Lorsque l’on est un fan de Nintendo, il y a une période que l’on chérit par-dessus tout : celle de la Nintendo 64 et de ses incroyables jeux d’aventure 3D en monde ouvert. A l’époque, hormis Nintendo, c’est le studio Rare qui dominait clairement le genre avec des jeux magiques comme Banjo-Kazooie et son honorable suite, , le décadent Conker's Bad Fur Day ou encore  le gaga-tusesque Donkey Kong 64. Une belle créativité qui prendra fin subitement avec la sortie de la GameCube et surtout le rachat surprise de Rare par Microsoft. Un vrai traumatisme pour les fans de Nintendo mais aussi, pour ceux de Microsoft puisqu’à partir de ce moment-là,  Rare (déserté par ses membres fondateurs) n’arrivera jamais à retrouver son inspiration ni  la magie des jeux N64...

Duo sur canapé

Yooka-Laylee est donc une tentative pour retrouver cette magie perdue et pour être sûr d’y arriver le studio anglais Playtonic Games a tout simplement réuni les artistes et les développeurs du Rare de la grande époque, et notamment ceux ayant travaillé sur Banjo-KazooieA l’arrivée, la copie est presque parfaite. Les graphismes, les couleurs, l’ambiance, les bruitages et même le lettrage du titre et des menus... Tout nous renvoie à Banjo-Kazooie jusqu’aux insupportables borborygmes des personnages !  Et que dire de la bande originale du jeu composée par Grant Kirkhope qui n'a rien trouvé de mieux que de se plagier lui-même ! Les deux jeux ont tellement de points communs que par moment, on se croirait presque revenu en 1997 devant sa veille télé et sa Nintendo 64 en train de jouer à un nouvel épisode de Banjo-Kazooie,  les boutons d’acné et la grosse manette N64 dans les mains en moins.

"Ils"étaient une fois...

Le jeu commence par une cinématique, conforme aux productions Rare de l'époque, qui expose brièvement le pitch de départ. Signe des temps, le grand méchant du jeu n'est pas une sorcière mais un homme d'affaire (qui ressemble à Gru du film Moi, Moche et Méchant) qui a décidé de dérober tous les vieux livres du monde afin de s’en octroyer le monopole...  Alors honnêtement, on ne comprend pas trop le délire mais en même temps, on s‘en fiche un peu.  L’important, c’est qu’heureusement, Yooka, le caméléon et Laylee la petite chauve-souris au nez rouge ne sont pas loin et décident à mettre un terme à l’odieux plan marketing du bonhomme en récupérant au passage, les pages perdues du « Livre Unique », indispensables pour ouvrir et pénétrer dans les différents niveaux du jeu (logique). 

Une construction classique

A partir de là, on retrouve la construction classique de Banjo-Kazooie  avec son hub central à partir duquel on pénètre dans les niveaux du jeu et les niveaux construits comme des bacs à sable géants remplis d’items à ramasser, de PNJ a aider et de défis à relever…  Pour un "vieux" joueur, c'est un vrai plaisir régressif que de plonger dans cet univers acidulé si nouveau et si familier à la fois même si graphiquement, on oscille entre l'émerveillement et la grimace. Certains niveaux sont en effet très beaux et d'autres beaucoup moins.  Là encore, cela ressemble à du Rare des années 90 mais en Haute Définition. Les deux premiers mondes sont à n'en point douter les plus beaux et semblent avoir bénéficié de plus de temps et de soin que les autres avec de grandes étendues ouvertes s'étalant sur plusieurs niveaux (avec la possibilité de plonger aux tréfonds d'un lac, par exemple).Les suivants (et particulièrement le troisième) sont plus contrastés avec de très beaux endroits et d'autres beaucoup plus quelconques.parfois cela frise presque un peu l'arnaque. Sans doute une question de budget ou de temps...

Seulement cinq mondes...

 Il y seulement cinq mondes dans Yooka-Laylee,  ce qui est vraiment peu pour ce type de jeu (sachant qu’il y en avait neuf dans Banjo-Kazooie) mais en contre partie, ils sont immenses et il est même possible de les agrandir (plus ou moins) par la suite. De plus le HUB central est découpé lui même en plusieurs parties qui, quelque part, font aussi office de niveaux.Quel dommage que les développeurs n'aient pas osé innover en utilisant les possibilités et la puissance des consoles d'aujourd'hui. Il auraient pourtant été facile de donner un semblant de vie aux niveaux avec par exemple une alternance du jour et de la nuit, des PNJ qui vont et viennent ou encore une faune et une flore plus bigarrées. Mais les développeurs ont préféré jouer la sécurité en restant fidèle aux mécanismes du genre dans les années 90 et éviter le syndrome Banjo-Kazooie Nuts and Bolts avec son système de véhicule à construire, totalement hors de propos.

Globalement, si nos deux héros sont adorables, la majorité des ennemis et des PNJ sont étranges pour ne pas dire affreux. C’est à priori fait exprès mais on aurait aimé un peu plus de subtilité et surtout de cohérence entre eux même si l’humour aide à faire passer bien des choses. Un des ennemis du jeu est d’ailleurs une paire d’yeux qui se colle sur n’importe quel objet (tonneau, pierre, champignon, citrouille…) en référence aux jeux Rare de la grande époque- ce que ne se gène pas de faire remarquer la facétieuse Laylee qui comme Kazooie n’a pas sa langue dans sa poche (mais reste moins féroce tout de même).  Yooka-Laylee fourmille d’ailleurs de références à d‘anciens titres (et pas seulement de la N64) et ne cesse de rappeler au joueur qu’il est en train de jouer à un jeu. Les dialogues du jeu sont d'ailleurs souvent très drôles lorsque l'on prend la peine de les lire... Le problème, c'est qu'ils sont souvent très longs et très lents, cassant le rythme du jeu, ce qui fait que l'on a tendance à les zapper.

Copie presque conforme

Yooka-Laylee duplique énormément d’éléments de Banjo-Kazooie au pixel près : des phases de plateforme, des énigmes, des courses et même la séquence de quizz. Pour autant, cela n’empêche pas le jeu de cumuler pas mal de petits soucis plus ou moins gênants qui n’étaient pas dans le jeu de la N64 (ou dans les souvenirs que nous en avons.) Il faudra parfois se faire violence pour progresser dans le monde merveilleux de Banjo… euh,  Yooka-Laylee (on s’y perd à force) surtout au début. La faute à des problèmes dans la conception des niveaux mais aussi des soucis de maniabilité et aussi tout simplement de gameplay. Et ne parlons pas de la caméra qui suit en permanence les deux héros et qui a force de bouger peut finir par rendre fou.  Elle pourrait d’ailleurs être présentée comme un des boss du jeu si les développeurs n’avaient pas ajouté in extremis un mode manuel permettant d’en reprendre le contrôle et d’éviter l’internement.

Un gameplay brouillon

Dans Yooka-Laylee, le plus petit chemin peut souvent se transformer en véritable parcours de combattant. Imaginez-vous gravir une très haute montagne semée d’embûches pour arriver pratiquement au sommet et finalement chuter lamentablement dans le vide à un endroit où il n’y a logiquement aucun piège ( à cause d’un mouvement de caméra incontrôlé ou d’un manque de précision dans les commandes.) Vous atterrissez alors au pied de la montagne et vous n’avez pas d’autre choix que de recommencer l’ascension et tout le tralala… Mais le pire, sera sans doute de découvrir après moult péripéties, qu’au sommet il n’y a rien ! Ou, autre cas de figure, qu’il y a bien quelque chose (une porte ou un PNJ) mais que pour continuer à avancer, il faut redescendre soit pour activer un mécanisme, soit pour récupérer un mouvement ou un objet précis, sachant que bien évidemment ensuite, il faudra remonter ! Ce genre d’aller-retours ou de séquence de plateforme ne menant à rien, c’est un peu la base du gameplay de Yooka-Laylee ou on se retrouve souvent à refaire les mêmes séquences ou à se balader dans des endroits sans savoir si ce que l'on fait a été envisagé par les développeurs et mènera à une récompense.

De très grands niveaux...

Alors certes, déjà dans Banjo-Kazooie, il y avait déjà des allers et retours obligatoires avec des points de passage demandant un objet, un mouvement ou une transformation précise mais globalement le joueur savait toujours ce qu’il devait faire et ne tournait pas (ou rarement) en rond comme cela arrive souvent dans Yooka-Laylee. Il est vrai aussi que les niveaux étaient finalement assez petits et resserrés dans le hit de la N64 et tout s’imbriquait assez logiquement, alors que dans Yooka-Laylee, les niveaux sont dix fois plus vastes et quasiment sans aucune indication. Dans ces conditions, faire des aller-retours inutiles peut vite devenir pénible d’autant plus que le jeu n’est pas aussi lisible que son modèle et que l'on se retrouve souvent à ne pas savoir quoi ou comment faire. Pourtant, on reste dans du basique avec des courses, des échanges d’objet et des mécanismes à actionner en un temps donné, etc… Cependant, qu'on ne s'y trompe pas, avec un peu de volonté, Yooka-Laylee est globalement une expérience amusante malgré tous ses défauts et les frustrations que cela engendre. Le jeu manque clairement d'originalité et n'arrive pas à se distinguer de son modèle mais l'aventure reste plaisante et comporte même quelques belles fulgurances.

Deux personnages pour le prix d'un

Alors c’est vrai aussi qu’au départ Yooka et Laylee ne savent pas faire grand-chose à part marcher et sauter ce qui limite leurs pérégrinations et ce n’est qu’au fil de la progression, en ramassant suffisamment de plumes dans les niveaux (l’équivalent des notes de musique de Banjo-Kazooie) que nos deux héros peuvent acheter de nouveaux mouvements qui élargissent leurs horizons et leurs possibilités. Une fois la plupart des mouvements acquis, le jeu devient clairement plus agréable à jouer... 

A ce propos, la grande majorité des mouvements sont (on vous le donne en mille) les mêmes ou quasi les mêmes que ceux de Banjo et Kazooie. Comme leurs modèles Yooka et Laylee se dirigent comme s’il s’agissait d’un seul personnage et  à aucun moment, ils ne se séparent (comme dans Banjo-Tooie). Pour être franc, bien que charmant, le duo est, moins percutant et pertinent que l’original ou les deux personnages avaient des rôles bien définis et des mouvements précis qui justifiaient la présence de l’un et de l’autre dans une synergie quasi parfaite. Dans Yooka-Laylee, cela tient plus du procédé et c’est d’ailleurs sûrement l’un des péchés originels du jeu. Alors que Kazooie était portée par Banjo dans un sac à dos duquel elle sortait pour dire des méchancetés ou pour porter à son tour Banjo en courant avec ses longues pattes, Laylee est simplement posée sur la tête de Yooka et son rôle se borne à survoler les zones, en portant Yooka mais aussi à assommer les ennemis ou à déblayer des chemins grâce à ses ultra-sons. C’est déjà ça mais le gros du travail c’est quand même Yooka qui s’en charge. C’est lui qui court, saute, frappe et utilise sa langue pour s’accrocher ou obtenir des pouvoirs temporaires ou encore pour capturer des papillons (qui remettent de la vie). Le duo se dirige sans trop de difficultés même si on note une difficulté à sortir certains coups et un manque de précision lors de certaines phases notamment sous l’eau en nageant ou lorsque Yooka fonce en boule ou encore lorsqu’il faut déclencher sa langue-grappin.

La version Switch "optimisée"

La version Switch du jeu n’a à première vue rien de particulier à faire valoir. Pas de tactile ni de gyroscope dans les commandes (ce qui pourtant aurait été pratique) et aucune compatibilité amiibo...  Mais naturellement elle peut être jouée en mode portable, ce qui reste toujours un plus non négligeable. Mais en réalité, la version Switch sort avec pas mal d’améliorations par rapport aux autres versions de sorte qu’elle est même présentée par les développeurs comme la version la plus optimisée du jeu à ce jour. Il y a d’abord, on l’a dit, l’option de la caméra manuelle qui effectivement change tout (en automatique, c’est juste injouable sans aspirine) mais aussi pas mal de petites améliorations subtiles dans les déplacements et les défis. Ce n’est pas encore parfait mais il y a effectivement du mieux (pour ceux qui auraient testé les premières versions). Par ailleurs, une aide dans le menu permet de facilement retrouver les commandes des actions débloquées, ce qui n’est pas du luxe puisqu’il n’y a aucune indication et que l’on a tendance à zapper les dialogues. D’ailleurs, une option permet d’ailleurs de raccourcir les dialogues et surtout de supprimer les borborygmes des personnages. On peut aussi sauter les cinématiques et il y a tout un tas de petites améliorations qui rendent l’expérience de jeu plus dynamique.

Yooka-Laylee est un jeu solo mais il dispose désormais d’un mode coopération… A dire vrai, c’est assez anecdotique mais cela permet à un deuxième joueur de ne pas rester totalement inactif (il dirige... Un point sur l’écran). Il est aussi possible désormais de jouer à deux avec chacun un Joy-Con aux mini jeux d’arcade de Rextro. Il y a huit jeux d’arcade dans Yooka-Laylee qui sont accessibles directement dès l’écran-titre pour y jouer seul ou à plusieurs jusqu’à quatre. Une bonne idée sur le papier sauf que les jeux sont assez inégaux et surtout n’ont rien à voir avec le jeu de base. Il faut donc les prendre comme un petit bonus qui pourra amuser entre deux parties.

 

 

 

7
Yooka-Laylee est un jeu que les fans de productions Nintendo aimeront tout particulièrement malgré ses défauts. Alors qu’il reprend le cahier des charges de Banjo-Kazooie, le titre de Playtonic Games se révèle cependant bien en dessous de son modèle dont il n’arrive jamais vraiment à se dépêtrer. N’en reste pas moins un jeu coloré et rigolo (quoique un peu brouillon) qui renoue avec un genre que l’on croyait perdu et qui a même quelques fulgurances. Peut-être le début d’une nouvelle franchise et dans ce cas, on ne peut qu’espérer un prochain épisode plus original et abouti.

  • Un nouveau jeu Rare (ou presque)
  • Les deux héros
  • De la pure plateforme 3D
  • Quelques beaux passages
  • Idéal en mode portable
  • Quelques soucis de gameplay
  • Des niveaux inégaux
  • Des commandes à apprivoiser