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Yooka-Laylee and the Impossible Lair

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Yooka-Laylee and the Impossible Lair

Par Rubix_Man - Le 12/12/2019 à 22:30

Après un premier épisode ayant eu peine à convaincre les joueurs, Yooka et Laylee reviennent, bien décidés à montrer toute l'étendue de leur potentiel. Délaissant un gameplay en 3D très largement inspiré de la série des Banjo-Kazooie, le studio Playtonic Games - fondé par six anciens membre de Rare ltd - décide de passer à la 2D, cette fois en prenant pour modèle un autre emblème de leur gloire d'antan: la série des Donkey Kong Country.

Le mouvement vers le but

Yooka-Laylee and the Impossible  Lair fait partie de ces jeux commençant plus ou moins par la fin. Le jeu vous embarque d'emblée, après un bref tutoriel légèrement brouillon, tout droit vers le boss final, dont vous ne réchapperez probablement pas, et pour cause; le "repaire impossible" porte bien son nom et n'est pas à la portée du premier venu. Il s'agit d'un niveau particulièrement long et ardu qui vous demandera beaucoup d'adresse. Mais même avec ça,  il y a de très fortes chances pour que vous soyiez vaincu (ou alors vous avez beaucoup trop joué à Super Meat Boy et à I Wanna be The Guy). Vous serez alors emmené loin de ce stage infernal, et c'est là que vous sera alors proposé un choix pour le moins original qui n'est pas sans rappeler un certain Breath of the Wild; en effet, vous pouvez choisir de retourner tenter votre chance immédiatement, mais à vos risques et périls, car vous n'aurez pour tous points de vie que le système que propose cet épisode : si vous êtes touché, vous perdez Laylee, emportant avec elle certaines compétences bien utiles comme par exemple la charge au sol ou le saut plané. Si vous êtes touché une seconde fois, c'est perdu et vous aurez à recommencer le niveau final du début.
Par conséquent, afin de vous faciliter la tâche, il vous est vivement conseillé de parcourir les différents niveaux du jeu dans le but de récupérer les Soldabeilles, chacune d'entre elles constituant un bouclier vous protégeant des nombreux obstacles constituant le niveau final. Cette construction inhabituelle motive le joueur à enchaîner les niveaux de manière à s'assurer une protection suffisante, et croyez-moi, vous en aurez besoin.

Du classique dans mon moderne

Autant y aller directement: Yooka-Laylee and the Impossible Lair, du point de vue du gameplay, est une réussite. Les membres de Playtonic Games ont de la bouteille et semblent cette fois-ci bien plus à l'aise avec leur sujet. Là où Yooka-Laylee premier du nom se montrait hésitant, peu inspiré et semblait manquer de moyens, le deuxième épisode de la série s'affirme partout où il passe. Nos deux accolytes offrent un gameplay rapide et agréable à contrôler, bien que pouvant sembler légèrement imprécis. Très semblable aux Donkey Kong Country de Retro Studio (depuis DKC: Returns), ce style de jeu vous demandera peut-être un certain temps d'adaptation. Le hub-world, une vaste zone en 3D vue de dessus, vous proposera un large choix d'énigmes à résoudre et d'épreuves à traverser, qui sans être d'une grande difficulté, restent distrayants et permettent de souffler un peu entre les niveaux, car si le repaire impossible est extrêmement corsé, les stages le précédant ne sont pas pour autant aisés, encore moins si vous comptez récupérer les cinq pièces disséminées dans chacun qu'entre eux. La structure en elle-même des niveaux est soigneusement travaillée, reposant sur des mécaniques classiques mais diablement efficaces et maîtrisées. Lianes, canons propulseurs, stages bonus; les éléments familiers à l'univers des DKC sont directement rapportés et contribuent à un level design de qualité.
Ce level design parvient par ailleurs à montrer toute sa richesse par une mécanique particulièrement intéressante. S'inspirant peut-être de Yoshi's Crafted World, chaque niveau propose une "version alternative", qu'il vous faudra débloquer dans le hub-world par le biais d'énigmes plus ou moins difficiles. Ces versions nous proposent donc de redécouvrir les mondes parcourus d'une toute autre manière, à l'envers, sous la neige ou encore bourrés d'ennemis féroces. Un ajout là encore bienvenu, qui prolonge efficacement la durée de vie et stimule le joueur. Les décors, sans être sublimes, flattent tout de même la rétine et contribuent à nous immerger dans l'univers Yooka-Laylesque. Notons que le jeu tourne à 60 fps de manière constante, hormis en de certains rares cas que nous évoquerons par la suite. Toutefois ces différents niveaux, s'ils ne servaient qu'à fournir au joueur de nouvelles soldabeilles, finiraient probablement par lasser. Afin de parer à ce problème, les développeurs de chez Playtonic Games ont quelques propositions à faire.

De la variété en veux-tu, en voilà?

Car oui, ramasser des trucs et des machins dans un niveau, c'est bien rigolo, mais encore faut-il que cela serve à quelque chose, sinon, à quoi bon? Ramasser des plumes, oui, mais quand on sait que Yooka-Laylee and the Impossible Lair ne possède pas de système de vie et n'a par conséquent aucun game over, comment motiver le joueur à collectionner ces nombreux éléments, d'autant qu'ils peuvent vous être fournis en très grand nombre? La réponse, la voila: le jeu propose une farandole de tonifiants à chercher dans le hub-world, qui, une fois ramassés, nécessiteront vos plumes afin d'être débloqués et utilisables en jeu. Si ces tonifiants sont particulièrement bien cachés, des pancartes vous proposeront leur aide en échange, là encore, de ces précieuses plumes ramassées au cours de votre progression.
Ces bonus, dont vous pouvez vous équiper avant de commencer un stage, ont divers usages, pour la plupart cosmétiques (changement de couleurs à l'écran, de résolution, de filtre...) , mais certains d'entre eux affectent aussi le gameplay, vous facilitant la tâche pour certains (invicibilité prolongée, mouvements plus rapides dans l'eau...), d'autres au contraire corsant davantage les choses (commandes inversées, un seul checkpoint par niveau...) . Ces deux derniers types de tonifiants ont par ailleurs un impact sur votre total de plumes ramassées: si vous choisissez de rendre votre aventure plus facile, vous aurez au final moins de plumes, et inversement. Un choix intéressant encore une fois, bien que l'on puisse regretter le faible nombre de ces tonifiants. En effet, nombre de ceux que vous ramasserez seront ceux de la première catégorie (cosmétique), qui non content de faire descendre le framerate à 30 fps pour certains d'entre eux, se révèlent pour la plupart peu agréables à l'oeil, moyennement amusant et peu variés. Une légère impression de remplissage nous vient alors à l'esprit, mais ne suffit pas à gâcher l'expérience générale. Quant aux cinq pièces évoquées plus tôt, elles servent simplement à progresser dans le jeu en payant des péages fabriqués par Trowser, sympathique escroc déjà présent dans l'épisode précédent.
Terminons enfin par quelque points noirs, puisqu'il faut bien qu'il y en ait. Il est curieux de constater que Yooka-Laylee and the Impossible Lair ne propose aucun combat de boss excepté le boss final, qui n'est pas lui-même particulièrement excitant. Sans être indispensable, leur présence aurait permis de changer un petit peu d'ambiance entre le hub-world et les niveaux. Dommage. Enfin, chose étrange, là où la série Rare se démarquait, en particulier dans les Banjo-Kazooie, par son humour (noir quelquefois), ce qui était plutôt bien retranscrit dans le premier épisode ne l'est plus ici, avec des dialogues plats et sans saveur, quelques rares situations pouvant faire sourire mais sans conviction. Rien de dramatique, mais regrettable tout de même.

 

8
Pari risqué, mais réussi pour Playtonic Games qui nous montre là tout son savoir-faire "ancestral". Yooka-Laylee s'impose comme une valeur sure avec un level design aux petits oignons, des choix originaux sans être forcés et un univers attachant, coloré et soigné. Grâce à son gameplay efficace et nerveux, le deuxième épisode des aventures du caméléon et de la chauve-souris convainc et n'a pas à rougir devant les grosses productions de Nintendo. Une réussite qui devrait satisfaire Gavin Price, ancien employé chez Rare et actuel membre de Playtonic Games: "Imaginez qu'il y ait une ligne du temps alternative dans laquelle Rare serait devenu indépendant, au lieu d'être acheté par Microsoft. À quoi ressemblerait cette société ? Que serait-elle devenue ? Voilà notre ambition."

  • Un gameplay parfaitement maîtrisé
  • Un level design difficile mais bien construit
  • Des choix originaux bienvenus
  • Bonne direction artistique
  • Des bonus oubliables
  • Un seul boss
  • Un scénario et un humour un peu à la ramasse