La scène indé commence à avoir ses noms connus. Certains pour quelques (voire un seul) jeux légendaires, et certains pour un parcours mémorable. WayForward, petit studio dans la course depuis maintenant un bon moment, fait partie de ces derniers. A la tête de la très bonne licence Shantae, en partenariat avec Nintendo sur le remake de Advance Wars, et avec un amour avoué pour les jeux de plate-forme 2d, c'est leur dernière production que nous passons aujourd'hui sous notre lorgnette : le métroidvania Yars Rising.
Test réalisé d'après une version envoyée par l'éditeur
Par le pouvoir des trucs qui font bzzt !
La vie n'est pas rose pour Emi, aussi connue sous le pseudo de Yar. Coincée dans un job de bureau pour le géant Qotech, sa carrière et sa vie sont au point mort. Décidée à changer cela, Emi a un plan : pirate informatique qu'elle est, un mystérieux bienfaiteur lui demande, avec le soutien de ses amis, de planter un programme au cœur de l'infrastructure de Qotech. Bien entendu, rien ne se passe comme prévu, et avant longtemps, Emi est prise dans un tourbillon d'intrigues, de mystérieux pouvoirs, et dans un complot qu'elle n'avait pas vu venir.
Yars Rising est un jeu de plate-forme exploration 2D avec des graphismes 3D, et joue de ses deux « parents » pour se donner une identité propre ; D'un côté, la savoir-faire de WayForward pour construire un jeu de plate-forme prenant, et de l'autre, l'aura de Atari, ici l'éditeur, afin de présenter des mini-jeux de hacking à l'esthétique hyper-rétro, tandis que Emi se retrouve avec des pouvoirs insectoïdes rappelant les bestioles de Space Invaders (de loin.) Un mélange particulier qui, s'il a le mérite d'être unique, ne fonctionne pas toujours. Ou pas immédiatement tout du moins.
Start and stop
Yars Rising ne commence pas par ses meilleurs moments. Emi ne possède pas beaucoup de capacités, peut à peine se défendre, et la progression est lente. Littéralement : il faut souvent s'arrêter afin de laisser passer des dangers, Emi se trouvant dans une pseudo phase d’infiltration qui dure et dure et dure... Mais en plus, les mini-jeux de hacking, obligatoires, cassent encore plus le rythme. Ils arrêtent l'action afin de vous forcer à jouer à un mini-jeu pas souvent passionant, et ce bien trop souvent. Vous pouvez activer une option afin de ne pas pouvoir rater ces épreuves, mais est-ce bien la solution ? On perd quand même du temps. Tout ça pour revenir à un gameplay loin d'être fun !
En plus, les décors se répètent. Nous sommes dans des bureaux, puis des ventilations, puis des bureaux, puis des ventilations, puis des égouts, puis des ventilations... Disons-le, les deux premières heures de jeu de Yars Rising ne sont pas très amusantes, voire même carrément ennuyeuses. C'est à peine si vous pourrez tenir grâce à la personnalité cinglante de Emi, qui commente tout ce qu'elle voit, fait des blagounettes, et casse allègrement le quatrième mur, qu'elle soit seule ou en parlant avec ses compagnons en ligne. Ca et une bande-son percutante dont on reparlera plus tard.
Un investissement payant ? Plutôt, oui, mais pas que
Arrive enfin un moment où Yars Rising démarre enfin : vos capacités de mouvement s'améliorent, la carte s'ouvre, vous avez des options, et on se met à aimer le gameplay. Au moins, à mieux l'aimer qu'avant. Les phases de hacking sont toujours présentes, toujours aussi dérangeantes, et malgré vos options, Emi n'a pas l'agilité qu'on aimerait. Mais il faut bien dire que la sauce prend, grâce à un scénario et un world-design qui sort enfin de son carcan. On sent bien la patte typique de WayForward et de l'ADN d'autres titres comme Shantae. Au final, Yars Rising fait tout comme ses copains : sauts muraux, tirs, missiles, double sauts, passages secrets... Mais quel dommage que cela arrive un peu tard.
Ce n'est pas commun, mais le gros point noir de Yars Rising, c'est de nous faire attendre aussi longtemps ses points forts : un super système de personalisation des capacités arrive très tard, et se débloque au compte-goutte même après ça, les améliorations de mouvements sont rares, et pourtant si importantes, et l'exploration, mise de côté par la narration, se révèle payante mais donne l'impression de traîner et d'ignorer ce qu'il y a à faire. Un souci de rythme constant qui laisse un arrière goût de peut mieux faire. Et c'est bien dommage car dans ses meilleurs moments, Yars Rising peut se montrer nerveux et exigeant, surtout lors de ses boss. Mais ces bons moments se noient quelque peu dans la masse.
Le métaverse ? Non, juste le méta
Un point qui sera sûrement assez contentieux sera l'écriture. Emi et ses amis parlent beaucoup, et font souvent des références méta qui feront rire, ou grincer des dents. Pas toujours très justifiées (se plaindre du niveau naze des égouts pour quand même faire un niveau naze des égouts, c'est dommage) ces dialogues fréquents font quand même vivre l'ambiance du jeu et lui donnent un cachet très « dessin animé » typique du studio en plus d’être souvent drôles. Appréciable quand on aime, absolument un prétexte pour éteindre la console si on aime pas tant cet aspect est présent.
Niveau présentation, Yars Rising affiche des designs efficaces comme on aime chez WayForward présentés dans une 3D basique, mais lisible. C'est typiquement un jeu qui aurait dû avoir un pixel art léché, ce qui aurait certainement ajouté à son charme, mais en l'état on reste sur un jeu dont la présentation est tout juste moyenne. Et malgré cela, on se paye quand même des temps de chargement bien trop nombreux. La vraie star, c'est la bande-son, très pop et électrisante, qui passe comme une playlist Deezer en fond. Elle ajoute énormément à l'ambiance, et se compose de nombreux très bons morceaux.