Nintendo Switch

Tokyo Clanpool

Test Switch

Tokyo Clanpool

Par Thatgunman - Le 01/01 à 20:00

La PlayStation Vita a marqué, pour de nombreux joueurs européens, une véritable porte d’entrée vers l’univers du jeu indépendant et des titres japonais moyen-budget. Appréciée aussi bien par des géants comme SEGA ou Koei Tecmo que par des studios plus modestes, elle a su cultiver un écosystème unique, mêlant grosses productions et créations plus modestes (mais néanmoins intéressantes). Cet héritage se poursuit aujourd’hui avec la Nintendo Switch, qui accueille à son tour une myriade de jeux indépendants et de portages issus de la Vita, ayant su conquérir leur public à l’époque. Parmi eux, Tokyo Clanpool, développé par Compile Heart, fait son entrée en occident grâce à cette version Switch.

Appelez-moi le Premier Ministre!

Remettant au goût du jour l’esprit des classiques comme Wizardry ou le premier Phantasy Star, Tokyo Clanpool se présente comme un dungeon-RPG. Autrement dit, le but est d’explorer des donjons labyrinthiques à la première personne tout en les cartographiant pour s’y orienter efficacement et espérer en sortir indemne. Heureusement pour les nostalgiques qui se souviennent des nuits blanches passées à gribouiller des cartes pouvant être ruinées à la moindre erreur sur du papier quadrillé, cette tâche ingrate est désormais automatisée.

Mais quel est donc le prétexte pour s’aventurer dans ces dédales tortueux ? Le Japon fait face à une catastrophe majeure : une mystérieuse tour est apparue, et une entité nommée Isperica a déclaré libérer des monstres, promettant de semer le chaos. Face à cette menace, le Premier ministre, Natsume Kannuki, décide de prendre les choses en main : elle recrute d’autres membres du cabinet ministériel pour former une équipe et s’élancer elle-même dans la tour. Vous incarnez donc cet improbable gouvernement en mission, bien décidé à percer les mystères de cette calamité et à ramener la paix.

Du dungeon-RPG dans sa formule classique

Les donjons, à la fois vastes et complexes, demandent pas mal d’investissement pour les explorer de fond en comble. Il faudra aussi compter sur les traditionnels interrupteurs à activer pour ouvrir une porte, ainsi que de multiples capacités à débloquer au cours du jeu, comme la foreuse qui permet de creuser à travers les murs. Les développeurs ont très bien cerné les limites du genre, et à ne pas faire tomber le joueur dans la routine de l’exploration qui peut lasser à long terme. Chaque étage comporte son lot de pièges, de power-up, pour que la tâche ne soit pas laborieuse.

Comptez également sur les combats aléatoires pour ponctuer l’exploration des donjons. Chaque personnage dispose, à chaque tour, d’un certain nombre de points d’action (EP). Chaque compétence ou attaque en consomme une portion, et le tour d’un personnage s’achève lorsqu’il n’a plus assez d’EP pour effectuer une action. La clé du système de combat réside dans la gestion judicieuse de ces points : il s’agit de répartir habilement compétences et attaques pour maximiser l’efficacité de chaque tour.

Une fois un tour planifié, le jeu permet de mémoriser ce schéma pour le reproduire automatiquement lors des tours suivant, avec ou sans ajustements. Bien que ce mécanisme puisse paraître complexe, il se révèle en réalité très accessible : un simple bouton suffit pour que votre équipe réduise en miettes les ennemis standard.

Les combats contre les boss, en revanche, se montrent parfois plus corsé. Foncer tête baissé fonctionne la plupart du temps, mais certains d'entre eux demanderont de revoir une partie de la stratégie. Cependant, pour les ennemis de base, les longues minutes passées dans les menus à optimiser chaque action se montrent rarement nécessaires.

Manque de difficulté, et manque de saveur

Dans l’ensemble, Tokyo Clanpool se montre extrêmement facile. Bien que quelques pics de difficulté surgissent de temps à autre, ils se résolvent généralement par une simple séance de levelling plutôt que par un ajustement tactique réfléchi. Ce manque de challenge limite l’intérêt des nombreuses options de personnalisation proposées au quartier général du ministère. Pourtant, ce lieu regorge de fonctionnalités intéressantes : discussions avec les membres de l’équipe, modification de l’équipement, achats, ou encore préparation pour les prochaines explorations. Par exemple, la possibilité de personnaliser les digsuits des personnages permet d’ajuster leurs statistiques et leurs types d’attaques, mais l’absence de difficulté ne pousse pas spécialement le joueur à s’y intéresser.

Le jeu ne présente ni défaut majeur qui pourrait décourager, ni qualités marquantes capables de captiver durablement. Là où un titre comme Etrian Odyssey capte l’attention du joueur grâce à sa difficulté implacable et son système de personnalisation approfondi, Tokyo Clanpool opte pour une progression plus fluide, mais aussi plus monotone. Malgré des efforts pour varier l’expérience et éviter une trop grande répétitivité, on finit souvent par avancer en pilote automatique dans les donjons, prêtant à peine attention aux combats, en particulier face à des ennemis aléatoires constamment recyclés.

Le scénario, bien que prévisible, constitue une motivation suffisante pour avancer, pour peu que l’on ne soit pas trop rebutés des personnages de style moe. Sans être transcendant, il reste agréable à suivre, même si sa durée semble artificiellement prolongée pour atteindre les 15 heures nécessaires à terminer le jeu. Ce sentiment est renforcé par des dialogues souvent plats, qui n’apportent rien de substantiel et semblent être là uniquement pour meubler avant la baston.

4
Tokyo Clanpool est-il un mauvais jeu ? Absolument pas. Est-il dispensable ? Totalement. Il ne manque pourtant pas d’atouts sur le papier: un système de combat fourni, des donjons truffés de pièges, il semble taillé pour séduire les amateurs de dungeon RPG. Cependant, ces promesses s’effondrent face à une exécution bancale. Pourquoi s’investir dans un système de combat pourtant bien conçu, quand quelques automatismes suffisent à écraser la moindre opposition ? Et pourquoi prendre le temps d’explorer minutieusement des cartes, quand un chemin en ligne droite suffit pour rester quelques niveaux au dessus des ennemis ? Si l’exploration reste plaisante, le potentiel du système de combat est inexploité, et le scénario  n’est pas exceptionnel en plus de tirer en longueur.  Au final, Tokyo Clanpool n’est ni mauvais, ni mémorable. C’est un jeu correct, mais sans saveur, qui laisse une impression fade, peu marquante, et qui aura du mal à séduire, même pour les fans du genre.

  • L'exploration de donjons remplis de pièges et d'intéractions en tout genre
  • Les possibilités offertes par les changements d'équipement
  • Le scénario se laisse suivre
  • Le système de combat en apparence très fourni...
  • ... que le jeu ne nous pousse jamais à exploiter
  • L'absence de difficulté
  • L'exploration et les combats deviennent répétitifs, et lassants à la longue
  • Les personnages aiment parler pour ne rien dire

Thatgunman

For great justice
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