The Stone of Madness est un titre hybride qui mélange les genres. En effet, on peut le considérer à la fois comme un jeu d'exploration, d'infiltration et, pourquoi pas, de stratégie. Édité par Tripwire Interactive, il est disponible sur Nintendo Switch depuis le 28 janvier 2025. Se déroulant dans un asile du XVIIIe siècle, aura-t-il réussi à nous faire perdre la tête ?
Test réalisé à partir d'une version fournie par l'éditeur.
Insanus Asylum
En plein XVIIIe siècle, au cœur des Pyrénées en Espagne, un homme nommé Alfredo se rend dans un monastère réputé pour prendre en charge les aliénés (et on sait tous qu’à l’époque, il ne fallait pas grand-chose pour être considéré comme tel). Alfredo semble plutôt soupçonneux à propos de cet endroit. Bien évidemment, notre cher homme de foi, car oui, il en est un, va se faire interner avec toute la bienveillance du monde. Ainsi, votre objectif est désormais de vous échapper de cet endroit qui recèle une atmosphère à la fois glauque, pesante et malsaine, pour ne pas dire oppressante. Outre l’envie de vous échapper, peut-être pourrions-nous en apprendre davantage sur ce lieu mystérieux ?
Unitas Vires
Dès que vous prenez le contrôle d'Alfredo, le jeu vous plonge immédiatement dans l'ambiance. Ce n'est pas l'action qui prédominera ici. En effet, interné et donc démuni de tout moyen de défense, il serait impensable de se mesurer directement avec le garde qui vous fait face, prêt à vous frapper avec sa matraque. Vous devrez donc ruser. Et c'est dans cette optique que vous devrez souvent orienter votre approche. Un bouton vous permet d’observer l’environnement afin de repérer les éléments avec lesquels vous pourriez interagir. Ici, il s’agira de détourner l’attention du garde et de vous échapper de sa surveillance sans être vu. D’ailleurs, la vue des gardes est un élément clé du gameplay : si vous vous retrouvez dans leur champ de vision, une jauge se remplit avant que le garde ne vous repère (et si c’est le cas, votre personnage est K.O.).
Outre cet aspect infiltration, vous serez amené à résoudre des énigmes pour continuer à progresser. Vous devrez fouiller certaines zones et analyser des indices. Cependant, votre matière grise ne sera pas la seule à être mise à contribution. Alfredo n’est pas le seul protagoniste que vous allez incarner. Plusieurs personnages (quatre en tout) vont rejoindre son équipe. Et c’est là que réside la richesse du jeu : les attributs de chacun sont définis à la fois par leurs avantages, mais aussi par leurs faiblesses. À titre d’exemple, Alfredo peut enquêter et utiliser une lampe à huile pour éclairer les zones sombres, mais il souffre d’une peur viscérale en présence de cadavres. En revanche, Eduardo possède une grande force, peut dissimuler des corps, mais, ayant subi des traumatismes, il est terrifié lorsqu’il se trouve dans l’obscurité.
C’est donc avec leurs atouts, mais aussi leurs traumatismes, que vous devrez composer tout au long de l’aventure. Faites attention à l'aliénation de votre personnage ; ne le poussez pas trop loin dans ses traumatismes (une jauge permet de suivre son évolution). Vous devrez donc alterner entre les personnages en fonction de la situation, sachant que vous pouvez opter pour plusieurs solutions. C’est un peu le côté stratégie du titre, ce qui peut rappeler la licence Commandos (bien que beaucoup de choses diffèrent malgré tout). Le jeu vous permet également de découvrir de nombreux détails liés à cet endroit et vous pousse à explorer chaque recoin pour y dénicher des secrets. Notons aussi que, pour surprendre le joueur, le jeu, bien que non procédural, intègre des événements aléatoires qui peuvent pimenter votre aventure.
Un aspect bande dessinée de bon goût
Sur le plan technique, le jeu propose une direction artistique qui arbore un style bande dessinée, ciblant un public plutôt mature. Les traits sont précis, et l'ensemble reflète parfaitement l'atmosphère de cet endroit glauque, non pas par son visuel, mais par l'ambiance qu'il dégage. L'animation, quant à elle, n’est pas en reste : la 2D, soignée, fonctionne à merveille et offre des mouvements fluides et agréables à l'œil. Si nous devions pointer un défaut majeur, ce serait l’imprécision du gameplay à la manette, car il semble que le jeu ait été principalement conçu pour une utilisation avec une souris. Cela fonctionne assez bien, mais quelques difficultés subsistent parfois.
Outre ce petit inconvénient, l’ambiance sonore est également très réussie. La musique exacerbe l’atmosphère pesante, et les "voix" de certains personnages viennent accentuer cette sensation de malaise. Vous ne vous sentirez pas toujours à votre aise dans cet endroit lugubre, signe que l’ambiance est globalement bien rendue. Un autre point un peu gênant réside dans les temps de chargement, qui peuvent être un peu longs et frustrants, surtout si vous vous retrouvez bloqué à un passage difficile et enchaînez les game over. Enfin, la durée de vie est assez correcte pour ce type de jeu, puisque nous avons mis environ 25 heures pour terminer l’aventure en prenant notre temps et en fouillant chaque recoin.