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The Legend of Heroes: Trails into Reverie

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The Legend of Heroes: Trails into Reverie

Par Thatgunman - Le 15/07/2023 à 14:00

Sans qu'on s'en rende compte, il va bientôt s'écouler 20 ans depuis le début de la série dérivée de The Legend of Heroes, Trails, sur PC. Après avoir sorti les jeux principaux, les histoires parallèles et les spin-offs les uns après les autres, Nihon Falcom est enfin prêt à nous offrir une sorte d'épilogue. Du moins, pour nous, pauvres occidentaux, qui avons dû patienter près de 3 ans depuis la sortie japonaise. Mais comme d'habitude, Falcom a toujours réussi à compenser le temps d'attente entre la sortie au Japon et la sortie en Occident en proposant une localisation de qualité, et The Legend of Heroes: Trails into Reverie ne fait pas exception à la règle. Est-ce que cette attente en valait la peine ? Nous allons essayer de décortiquer cela dans ce test.

La fin d'une saga?

La série des Trails peut être considérée comme une saga, tant son scénario prend le temps de se développer sur une période étendue et dans un terrain de jeu tout simplement immense. Au tout début, avec The Legend of Heroes: Trails in the Sky, nous suivions les aventures d'Estelle et Joshua, alors qu'ils parcourent le continent de Liberl pour gravir les échelons de la guilde des Bracers afin de retrouver leur père disparu lors d'une mission. Inévitablement, ils se retrouvent impliqués dans des enjeux géopolitiques qui dépassent les frontières de Liberl. Ensuite vient The Legend of Heroes: Trails from Zero, qui raconte les aventures de Lloyd, Elie, Randy et Tio alors qu'ils déjouent les plans du syndicat du crime local et d'une secte qui cherche à semer le chaos à Crossbell. Enfin, la série des Trails of Cold Steel, se déroulant en parallèle de Trails from Zero, relate les aventures de Rean Schwarzer à l'académie militaire d'Erebonia. Au cours des quatre épisodes, il est témoin de la tentative de déclaration d'indépendance de Crossbell et des multiples guerres civiles qui en découlent. Tous ces événements trouvent leur conclusion lors de la bataille pour l'indépendance de Crossbell, qui sert de prologue à Trails into Reverie. En effet, après les événements de Trails of Cold Steel IV, où Rean et ses camarades de la classe VII ont mis fin à la guerre entre l'Empire d'Erebonia et la République de Calvard, Crossbell reste occupée par les soldats de l'Empire d'Erebonia qui, par esprit de revanche, souhaitent prolonger le conflit avec la République de Calvard. Lloyd, Elie, Randy et Tio sont donc mobilisés pour mettre un terme aux actions de ces soldats et déclarer l'indépendance de Crossbell.

Un système de combat riche

Comme vous l'avez compris, avec plus de dix jeux à son actif, la série a consacré du temps au développement de ses personnages, à l'établissement d'enjeux politiques et à la création de nombreuses intrigues, qui, mises dans leur contexte respectif, apportent une grande consistance à l'ensemble. Nous sommes donc en droit d'attendre une narration du même niveau pour la suite. En commençant directement dans le feu de l’action lors de la bataille pour l'indépendance de Crossbell, Trails into Reverie permet de se familiariser rapidement avec le gameplay. Depuis ses débuts, la série The Legend of Heroes a offert un système de combat au tour par tour extrêmement riche. À la différence du système de tour par tour traditionnel que l'on retrouve dans les RPG plus classiques, où chaque personnage joue à tour de rôle, le système ici détermine indépendamment le tour de chaque personnage. Il faut donc prendre en compte le fait que chaque attaque immobilisera les personnages sur une période plus ou moins longue.  Rajoutons également l'apparition de bonus et de malus au fil du combat, ce qui affectera le joueur dont c'est le tour. Le joueur devra alors exploiter cet élément pour tenter de récupérer les bonus rapidement et infliger des malus à l'adversaire. Il faudra donc faire les bons choix pour récupérer les bonus le plus rapidement possible ou, au contraire, laisser le personnage se remettre lentement afin d'éviter les malus.


À partir de là, plusieurs options s'offrent à nous pour infliger des dégâts à l'ennemi : les attaques, les crafts et les artes. Les attaques infligent peu de dégâts mais permettent de récupérer des points de craft (CP) qui sont utilisés pour exécuter des crafts, tandis que les artes peuvent être utilisés à la fois pour attaquer et pour des actions de soutien (soins, améliorations, affaiblissements, etc.). Mais ce n'est pas tout. Le positionnement joue également un rôle dans vos attaques. Tout d'abord, en termes de portée, car il est impossible d'effectuer une attaque au corps à corps contre un ennemi situé à l'autre bout du terrain, mais également pour profiter de la proximité avec d'autres personnages et effectuer des attaques coordonnées. Voilà pour les bases, mais de nombreuses subtilités viennent s'ajouter, telles que les points de bravoure, les compétences passives, les types d'attaques et les systèmes de faiblesse/résistance. Soyons francs, la série Trails est déjà exigeante en termes d'apprentissage, mais Trails into Reverie pousse encore plus loin, et il sera extrêmement difficile pour les nouveaux joueurs de s'y habituer. Avec un tutoriel qui dure plus de deux heures, l'ajout rapide de subtilités et l'attente du jeu pour que vous intégriez tous ces éléments après les avoir lus, même un vétéran de la série risque d'être perdu. C’est malheureusement la rançon pour avoir développé l’un des systèmes de combats les plus riches pour un JRPG, et le jeu saura vous récompenser avec un sentiment d’accomplissement inimitable lorsque vous parviendrez à maîtriser ses mécaniques.

Heureusement, la navigation dans le monde de Trails into Reverie est plutôt simple. On se déplace à la troisième personne et les objectifs sont systématiquement indiqués sur la carte. Il est important de noter que, que ce soit dans les donjons ou dans le "monde ouvert", vous serez constamment guidés. Bien qu'il puisse y avoir quelques embranchements, en général, vous êtes dirigés le long d'un chemin prédéfini avec quelques éléments interactifs tels que des coffres et des quêtes secondaires sur votre route. C'est devenu une constante dans la série et peut-être pour maintenir la cohérence de l'histoire, de nombreux passages seront fermés à mesure que vous progressez dans le jeu, et certains donjons deviendront inaccessibles après les avoir visités.

Un scénario retors

Mais revenons à l'intrigue principale : une fois la bataille pour la libération de Crossbell terminée, notre petit groupe se retrouve lors de la cérémonie de déclaration d'indépendance de Crossbell. C'est l'occasion de retrouver d'anciennes connaissances et de profiter d'un rare moment de calme pour nos héros. Cependant, la cérémonie est interrompue par Rufus Albarea, l'ancien gouverneur général de Crossbell qui semble avoir été libéré de prison. Il parvient à vaincre notre équipe et révèle son intention d'unifier le monde sous la bannière de la nation unifiée de Crossbell, avec lui en tant que chef suprême. À partir de là, le joueur est chargé de décider de la progression de l'histoire. Trois embranchements seront accessibles via le menu Trails to Walk (celui de Lloyd, celui de Rean et celui de Rufus)  au cours du jeu et certaines parties du scénario seront verrouillées si vous n'avez pas rempli certaines conditions. Le choix de l'embranchement peut être fait à tout moment du jeu, ce qui vous permet de suivre l'histoire à votre propre rythme. Trails a toujours été une série assez bavarde, mais à ce stade de l'histoire, cela est particulièrement vrai, donc cette option est la bienvenue. C'est un plaisir de retrouver tous ces personnages et ces lieux avec lesquels nous nous sommes attachés au fil des années. La série mérite de nombreux éloges pour ses ambitions et la qualité de son scénario, qui prouve une fois de plus son efficacité avec Trails into Reverie. Le seul problème est que le fait de laisser au joueur le choix de l'ordre de la narration peut dérouter plus d'un joueur. Bien qu'on vous indique régulièrement quel chemin suivre pour une progression cohérente, il est facile de se perdre entre la quantité de dialogues et de personnages. De plus, les textes sont, comme d'habitude, uniquement en anglais, ce qui ne facilite pas la tâche.

En plus du scénario, les différents groupes peuvent se retrouver au Reverie Corridor, un immense donjon qui se dévoile au fur et à mesure de l'avancement dans l'histoire. Vous pouvez former librement vos équipes et ainsi profiter du fan service pour effectuer des sessions de farming et obtenir des améliorations d'équipement. Cette fonctionnalité est vraiment agréable et le donjon n'est pas du tout ennuyeux. Malgré son caractère facultatif, il serait dommage de passer à côté. Surtout lorsque l'on constate la qualité décevante des quêtes secondaires, qui, malheureusement, reposent souvent sur les traditionnels allers-retours ennuyeux auxquels on s'est trop habitués. Pourtant, il y avait du potentiel avec quelques quêtes scénarisées qui se connectent à l'intrigue principale ou à la toute nouvelle série Kuro no Kiseki, mais elles se retrouvent noyées parmi un grand nombre de quêtes annexes sans intérêt. La durée de vie du jeu est de toute façon conséquente, que vous choisissiez de faire les quêtes secondaires ou non. En jouant avec les quêtes secondaires tout en avançant dans l'histoire sans chercher à tout compléter, il peut facilement falloir une soixantaine d'heures.

Attention au contrôle technique !

Cela fait maintenant six ans depuis la sortie de la Nintendo Switch, et Nihon Falcom propose ses jeux sur cette plateforme depuis presque autant de temps. Cependant, contrairement à la série Ys, les Trails font régulièrement usage du moteur Phyre Engine, qui a déjà fait ses preuves avec de nombreux titres tels que Tokyo Xanadu, les Trails of the Cold Steel et certains Hyperdimension Neptunia. Le rendu visuel est très beau, reproduisant parfaitement l'aspect d'un dessin animé. Les animations des personnages sont réussies, notamment celles des visages, et les décors sont bien travaillés. Tout est mis en œuvre pour mettre en valeur la direction artistique sublime du jeu, avec un souci du détail remarquable. Cependant, le taux de rafraîchissement, que ce soit pendant les combats, l'exploration ou les cinématiques, chute rapidement pour atteindre régulièrement les 15 images par seconde. Heureusement, cela n'affecte en rien la jouabilité, mais c'est décevant lorsque l'on considère le travail qui avait été accompli pour le portage de Trails of the Cold Steel IV. 

En ce qui concerne la bande sonore, nous pouvons une fois de plus profiter de la qualité des compositions de la Falcom JDK Sound Team, qui nous offre des morceaux toujours aussi mémorables, accompagnant à la fois les moments épiques et les instants plus calmes.

9
Si vous êtes déjà familier avec la série, Trails into Reverie est un épilogue parfait qui maintient une incroyable cohérence scénaristique et propose un gameplay au tour par tour d'une technicité appréciable. Si vous découvrez la série grâce à cette critique ou si vous hésitez à vous plonger dans cet univers, Trails into Reverie peut ne pas être le jeu recommandé pour commencer. Cependant, toutes les qualités mentionnées précédemment se retrouvent tout au long de la série, et cette saga mérite largement votre intérêt... à condition que vous compreniez l'anglais.

  • Le scénario toujours au top !
  • Les retrouvailles avec des personnages attachants
  • Le système de combat, dont la technicité se laisser apprécier pendant toute la durée du jeu
  • Les nouveautés intégrées au système de combat, le rendant encore plus technique
  • La manière originale de narrer l'histoire, par l'intermédiaire du Trails to Walk
  • L'excellente qualité des compositions musicales
  • Le Reverie Corridor a découvrir tout au long du jeu
  • Une bonne partie des dialogues sont doublés
  • Quelques quêtes annexes intéressantes...
  • ... Pour une pelleté d'autres inintéressantes
  • L'absence de localisation en français
  • Le découpage de la narration qui demandera un bel effort de concentration, même pour les vétérans de la série
  • Un framerate qui oscillera entre l'acceptable et le diaporama
  • Difficilement compréhensible pour les nouveaux