Quinze ans après le dernier épisode de la série culte, Shinobi : Art of Vengeance signe le grand retour de Joe Musashi, sous la houlette de Lizardcube, studio français spécialisé pour faire revivre de grandes licences d'autrefois. Le studio avait donc la lourde responsabilité de faire revivre une licence emblématique de SEGA, tout en lui insufflant une modernité capable de séduire les joueurs d’aujourd’hui. Dès les premières minutes, le titre affiche clairement ses ambitions, entre hommage et renouvellement, mais reste à savoir si ce nouveau Shinobi parvient à trouver le juste équilibre entre héritage d'un passé glorieux et renouveau, et s’il peut marquer durablement l’histoire des jeux d’action en 2D. Tentons d'y voir plus clair à travers ce test.
Test réalisé à partir d'une clé fournie par l'éditeur
Une narration simple mais efficace
Joe Musashi vit désormais une existence paisible dans son village, partagé entre ses élèves et sa famille. Mais cette quiétude est brutalement brisée par l’assaut de l’ENE Corporation, menée par le Seigneur Ruse, qui réduit son clan en cendres. Animé par la vengeance, notre shinobi reprend les armes pour sauver ce qui peut l’être et empêcher son ennemi de plonger le monde dans les ténèbres. Le scénario, bien que classique, fonctionne parfaitement comme moteur narratif. L’histoire, racontée avec sobriété, renforce l’identité tragique du héros, tout en rappelant les grandes heures de la licence. A noter qu'aucun bug, freeze ou problème de sauvegarde ne sont venus perturber les différentes parties nécessaires à ce test.
Cette intrigue s’accompagne d’une mise en scène rythmée par des cinématiques en images fixes. Que l'on aime ou pas ce procédé, le style artistique proposé, conjugué avec une bande-son inspirée, donne un souffle épique aux moments clés du scénario. Sans révolutionner la narration vidéoludique, Shinobi: Art of Vengeance parvient à créer une ambiance cohérente et très immersive. Les motivations du personnage, à la fois personnelles et héroïques, facilitent l’implication du joueur. Ce mélange de drame intime et de destin collectif confère une aura particulière au récit, qui ne cherche pas à faire dans la surenchère, mais reste fidèle à l’esprit des années 80 et 90. Les retrogamers seront aux anges, les plus jeunes joueurs ne devraient avoir aucun mal à se fondre également dans l'univers proposé.
Un gameplay riche et exigeant
Dès l’introduction, le jeu place la barre haut avec un tutoriel clair qui rappelle immédiatement les mécanismes de Shinobi III sur Megadrive. On retrouve la course rapide, le double saut, le fameux Dive Kick, et surtout l’utilisation du katana comme arme principale. Les kunais, désormais limités, complètent l’arsenal en tant qu’attaques de soutien, à l'instar des couteaux & cie des premiers Castlevania. À cela s’ajoutent un dash fluide et des combinaisons nombreuses qui ouvrent rapidement la porte à des styles de jeu variés. L’évolution du personnage est constante grâce à l’achat de compétences, de sorts Ninpo et Ninjutsu, mais aussi d’amulettes conférant divers bonus.
L’originalité de ce nouvel opus repose surtout sur la mécanique d’étourdissement. Les ennemis disposent d’une jauge spécifique, et lorsqu’elle est remplie, Musashi peut exécuter plusieurs adversaires en un éclair. Ce système récompense la patience et la stratégie, incitant à enchaîner des groupes entiers pour maximiser les ressources obtenues. Les combats, nerveux et spectaculaires, s’enchaînent avec une fluidité grisante. Loin du simple bourrinage, le gameplay exige anticipation et précision, d’autant que les ennemis se renouvellent sans cesse, avec des armures, des patterns et des résistances qui maintiennent la tension. L'action est frénétique et ce n'est clairement pas pour nous déplaire.
Une direction artistique soignée, mais des choix discutables
Visuellement, Shinobi: Art of Vengeance impressionne. La 2D HD resplendit grâce à des animations détaillées et stylisées, notamment celles de l'animation de Musashi. Les décors épurés dégagent une vraie personnalité, le tout n'étant pas trop surchargé en détails afin de favoriser la lisibilité de l'action à l'écran. Ce choix est compensé par une mise en scène inventive, qui sublime certains passages. L’hommage aux anciens épisodes est constant, avec des clins d’œil dissimulés à l’univers SEGA, preuve de l’attachement des développeurs à la licence. La bande-son, quant à elle, renforce encore cette immersion : les compositions mêlant traditions japonaises et des musiques bien plus modernes qui s'alternent, accompagnées de bruitages de très bonne facture, sont clairement parties prenantes du plaisir ressenti à chaque parties de jeu.
Mais bon, malgré tout, le jeu est n'est pas exempt de quelques défauts. Par exemple, le jeu privilégie des niveaux longs et labyrinthiques, mêlant phases de plateforme techniques et combats par vagues. Si cette structure offre une excellente durée de vie, elle rompt avec la rythmique des anciens épisodes plus directs. La rejouabilité en pâtit, malgré la présence d’un mode arcade. Comptez tout de même une vingtaine d'heures pour le 100 %. De plus, quelques défauts techniques subsistent : menus peu intuitifs, manque d’options d’accessibilité, framerate limité sur nos bonnes vieilles Switch… et qu'on ne constate pas vraiment d'amélioration si on y joue sur Switch 2. Rien de rédhibitoire, mais des détails qui contrastent avec la finition exemplaire du reste du titre. Ces choix, assumés par Lizardcube, témoignent d’une volonté de moderniser la série, quitte à bousculer les attentes des puristes, à savoir les fans de jeux d'arcade de la première heure et de l'époque Sega Mega Drive en particulier.