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RPG Maker MV

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RPG Maker MV

Par Mimir - Le 06/09/2020 à 15:00

Quel joueur n’a jamais rêvé de créer son propre jeu ? De passer de l’autre côté des pixels pour donner vie à ses idées et mettre en œuvre un talent resté trop longtemps inexploité ? RPG Maker, édité sur Nintendo Switch par NIS AMERICA, est l’un de ces rares titres qui offre aux joueurs la possibilité de devenir créateur. Un créateur original ? Cela dépendra de chacun…

* Pour les besoins du test et pour vous donner une idée de ce qu'il est possible de réaliser, nous avons créé notre propre (très) petit jeu. Vous pouvez rechercher et tester "Nintendo Master Adventure" via l'ID n°79 lorsque RPG Maker MV Player sera disponible le 11 septembre prochain.

Préambule

RPG Maker, c’est en tout premier lieu, pour celui qui l’achète, un éditeur de jeu. S’il est possible de jouer à ses œuvres et celles des autres, force est de reconnaître que la motivation première est avant tout la création pure et dure, la volonté de faire naître un projet qui nous tourne dans la tête depuis un petit moment.

On ne détaillera pas ici l’ensemble des fonctionnalités du titre, pas plus que ses mécaniques : cela serait trop long et trop complexe à résumer. D’ailleurs, un bref tutoriel vous initiera d’entrée de jeu aux bases, pour ne pas dire au strict minimum. Le reste, c’est-à-dire l’essentiel, ce sera à vous de l’apprendre sur le tas et, pourquoi pas, en vous aidant d’internet.

Eh oui, RPG Maker MV, et la licence RPG Maker par extension, ne sont pas nouveaux en soi. MV est disponible depuis 2015 sur Steam (cinq ans déjà !). De ce fait, une communauté assez vaste s’est formée au fil des ans et peut aider le néophyte à faire ses premiers pas. En bref, vous ne serez jamais vraiment seul si vous avez besoin d'aide, ce qui arrivera tôt ou tard.

De simple joueur à génial créateur

Une fois le rapide tutoriel passé, vous voici seul (pour le coup), face à une page blanche qu’il vous revient d’encrer à votre convenance. Tout est à imaginer et tout est à faire : l’univers du jeu, ses protagonistes et antagonistes, le scénario, le système de combat, d’évolution des personnages, l’atmosphère générale…

Pour surmonter ce défi, le logiciel est doté d’un contenu de base qui sera vraisemblablement enrichi au fil du temps via des DLC qui en toute logique seront payants, comme c’est le cas sur la version PC. Il met ainsi à votre disposition des visuels qui en satisferont certains, d’autres non : c’est à l’appréciation de chacun.

Pour le commun des mortels, il y aura normalement largement de quoi faire en terme d’ennemis ou de PNJ, et même pour créer votre ou vos héros. En plus d’un générateur de personnages qui vous permet de choisir un certain nombre de paramètres pour les créer de la tête aux pieds, cette version profite de quelques ajouts de personnages à l’apparence plus originale que ce qui est permis par l'éditeur. Petite nouveauté, vous aurez même des voix (japonaises) enregistrées, ce qui peut être appréciable. Si, au-delà de l’intonation, vous attachez de l’importance à ce que racontent les personnages, il vous reviendra en revanche de traduire le tout.

Quoi qu’il en soit, tout le monde devrait pouvoir y trouver son compte, à moins d’être difficile ou vouloir quelque chose de plus atypique. Reste à leur donner un nom, une personnalité et… de quoi affronter les ennemis que vous mettrez sur leur route. A vous de choisir leurs statistiques, leurs armes, leurs compétences, leurs magies… Le choix est large et, si vous ne trouvez pas votre bonheur, il vous appartient de créer ce qui vous manque. Et c’est aussi vrai pour les ennemis que vous pouvez paramétrer en détail.

Vous pouvez ainsi pleinement mettre en scène des combats que vous souhaiteriez rendre mémorable, et ainsi aller plus loin que le traditionnel et parfois fort plat tour par tour.

Petit plus de cette version, vous pourrez opter à tout moment pour des combats en vue subjective ou bien de profil (avec vos héros visibles). Le résultat final ne dépendra que de vous.

Le mapping, c’est pas automatique

De même que constituer votre zone de jeu. Si le titre propose une petite panoplie de cartes selon ce que vous souhaitez générer (carte du monde, maison, donjon…), que vous pouvez reprendre et bien sûr modifier pour les adapter à vos besoin, le plus original, ludique et instructif reste encore de faire par vous-même. Sur un damier vierge dont vous choisirez la taille, vous pourrez en effet placer des « tuiles ». C’est ainsi que sont nommées les images qui vous permettent de créer un sol, des murs, de l’eau, de la végétation ou bien tous les éléments de décoration intérieure comme extérieure. Rien de bien sorcier : vous avez juste à sélectionner l’image de votre choix puis la mettre à l’emplacement voulu sur la carte. Vous pourrez également définir un certain nombre de règles en rapport avec cette image, par exemple en autorisant ou non le joueur à marcher dessus, ou bien à passer au travers, ou pourquoi pas si elle doit lui enlever des vies (marais empoisonnés).

C’est en joignant ces tuiles que, mises bout à bout, vous finissez par obtenir une map complète. Mieux vaut toutefois au préalable avoir une idée plus ou moins précise de ce que l’on veut faire avant de se lancer, sous peine de finir sur l’exemple typique d’un « truc qui ne ressemble à rien ».

Car si créer est à la portée de tous, créer un jeu qui donne envie d’être joué et qui procure un certain divertissement s’avère généralement plus compliqué, même si, il est vrai, la finalité pour certains n’est pas que leur jeu soit joué, mais simplement le plaisir de le créer. Dans l’absolu, autant créer un jeu digne de ce nom, d’autant qu’il serait dommage de se priver du plaisir de partager sa création alors même que tout est prévu pour favoriser ce partage.

Concomitamment au lancement du titre, il sera possible de télécharger sur l’eShop la version « Player » de RPG Maker MV, c’est-à-dire une application qui permettra uniquement de jouer aux différentes créations. Ce sera l’occasion pour les joueurs de découvrir ce qu’il est possible de faire avec RPG Maker sur Switch, à condition de faire preuve de patience, car il est peu probable de voir débarquer des chefs d’œuvre en une semaine. On vous encourage toutefois à tester le fabuleux "Nintendo Master Adventure" (ID 79) !

L’ergomomie

La création, ça prend du temps. Selon ce que vous souhaitez faire et le degré de soin que vous y apportez, il faudra compter plusieurs heures pour réaliser la première minute (pas bâclée) de jeu, en prenant en compte la prise en main du logiciel. Aussi, quelqu’un qui n’a pas la patience nécessaire peut passer son chemin, mais cela est valable pour tous les types de création et n’est pas propre à RPG Maker.

Encore que, il faut bien admettre que la version Switch (mais c’est également valable pour la version PS4) souffre de la comparaison avec la version PC. En terme d’ergonomie générale, on est bien loin du classique clavier et souris. Si votre jeu comporte de nombreux dialogues, nous vous conseillons fortement d’investir dans un clavier (mais de vérifier la compatibilité au préalable car nous ne disposons d'aucune information à ce sujet), afin de vous épargner des saisies fastidieuses. Heureusement, l’écran tactile de la Switch réduit un peu le calvaire de ce côté-là.

Néanmoins, cela n’enlève en rien les soucis d’ergonomie dans les menus, bien moins accessibles que sur PC. À titre d’exemple, régulièrement, il faut effectuer deux validations pour atteindre certaines variables que l’on désire modifier, alors qu’une seule pourrait suffire (de même que pour en ressortir). Passer d'une fenêtre à l'autre peut parfois être fastidieux et cliquer trop vite peut vous entrainer sur un "annuler" au lieu d'un "OK". De ce point de vue, le portage a été minimum : ce ne sont ni plus ni moins que les menus de la version PC qui, à quelques exceptions près, n’ont pas été modifiés pour tenir compte de la machine. Il faut dire, à la décharge du studio, que le défi était de taille.

Quelques fonctionnalités pratiques ont toutefois été implémentées. On pense par exemple au paramétrage des déplacements d’un évènement qui apparaît en temps réel sur une petite carte au fil de nos modifications. Cela évite de devoir compter les cases…

L’évènementiel c’est démentiel

Et comme l’on parle d’évènements, peut-être faut-il expliquer avant tout de quoi il s’agit. D’une certaine manière, on peut distinguer deux modes de créations dans RPG Maker. Le premier est celui que nous venons d’aborder et qui a trait essentiellement au mapping, c’est-à-dire la création de vos différentes cartes sur lesquels le joueur évoluera. Mais pour donner vie à ces cartes et pour permettre au joueur d’interagir avec le jeu en lui-même, vous devrez pour cela créer des évènements. Le terme englobe beaucoup de choses : du simple PNJ à qui parler en programmant son texte et ses déplacements, en passant par un objet à ramasser, une porte à ouvrir ou encore une action qui se déclenche à un moment précis et permet, par exemple, de faire avancer l’histoire.

Il s’agit sans doute de la partie la plus pointue, car de nombreuses possibilités s’offrent à vous au moment de créer un évènement, et toutes ne vont pas vraiment de soi malgré les petites annotations qui vous sont fournies au sein du jeu. Pas d’inquiétude toutefois, tout cela s’apprend avec le temps et, là aussi, la communauté répondra toujours présente. Petit plus pratique, il vous est possible d'ouvrir à tout moment une petite fenêtre de log qui peut vous aider à voir à quel stade un de vos événements en cours bloque.

Retenez bien que les évènements ne sont pas à négliger car, quand bien même votre carte pourrait être la plus belle du monde, si elle en est dépourvue, elle n’inspirera alors qu’une vaste étendue désertique et ne procurera donc aucun intérêt pour celui qui s’y aventurera. Cela serait d’autant plus dommage qu’il y a de quoi réaliser de bonnes petites mises en scène pour peu que l’on y consacre le temps nécessaire.

Vous aurez donc de quoi faire pour donner vie à vos idées et, vraisemblablement, vous serez davantage bloqué par une éventuelle méconnaissance des fonctions à votre portée que par le manque de moyens. Quoi qu’il en soit, il faudra, encore une fois, passer outre un manque d’ergonomie certain et une latence un poil agaçante lorsque l’on valide ou ferme certaines fenêtres. Il faut s’y faire.

Version verrouillée

Toutefois, tout n’est pas possible, il faut bien l’admettre, et même si l’on peut compenser quelques manques par des petits tours de passe-passe, certaines idées ne seront pas applicables si l’on souhaite créer quelque chose de plus poussé. Là où la version PC offre la possibilité d’employer des plugins développés, entre autres, par la communauté, cela ne sera pas possible sur Nintendo Switch. Certains plugins sont tout à fait intéressants et proposent par exemple d’ajouter à votre map des jeux d’ombres et de lumières de sorte à rendre l’ensemble plus vivant, ou encore d’apporter à vos combats une touche tactique supplémentaire. C’est donc un manque réel.

De même, la version Switch est nécessairement fermée à tout ajout de tuiles qui viendraient ainsi augmenter la palette à disposition du créateur et donc la possibilité pour lui de réaliser un jeu qui ressemblera moins aux autres qu’avec uniquement les outils de base.

Il est également bon de noter, avant notre conclusion, qu’il n’est possible, pour l’heure en tout cas, de ne mettre en ligne qu’un seul projet. Peut-être ce chiffre évoluera-t-il à l’avenir. Si ce choix très restrictif peut surprendre de prime abord, ce n’est toutefois pas une mauvaise chose. Créer un jeu un minimum digne d’intérêt demande un investissement en temps considérable. Cette limitation permettra donc de réduire le nombre de croûtes en ligne.

À titre indicatif, il nous aura fallu un peu plus de 20 heures pour créer, certes sans préparation, le « jeu » qui doit approximativement durer 15 minutes. Évidemment, plus on va dans le détail, plus il faudra de temps. Les détails ne sont toutefois pas à négliger car, la base étant commune à tous, c’est bien eux qui feront la différence d’une production à l’autre.

7
Que dire de RPG Maker MV ? Sans doute beaucoup de chose qu’on ne dira pas ici tant cela serait dense. Le titre est-il fait pour vous ? Dans l’absolu, il se destine à tous celles et ceux qui souhaitent créer un jeu de type RPG, mais pas que, sans pour autant posséder de connaissances en programmation. Tout est simplifié pour permettre à chacun de mettre en pratique ses idées. Fatalement, vous serez plus limité qu’avec d’autres outils qui se veulent plus complets mais aussi plus complexes, tout en ayant, pour la plupart d'entre vous, largement de quoi faire. La vraie question est de savoir si vous aurez la patience de mener à bien un projet, car il va sans dire que le temps se veut filant, même si l'on se prend très facilement au jeu de la création. En résumé, car il en faut un : RPG Maker MV est un éditeur de jeu au demeurant accessible après un petit temps d’adaptation, et qui est pour ainsi dire le seul représentant de son genre sur Nintendo Switch… Alors si vous vous sentez l’âme d’un créateur, peut-être RPG Maker MV est-il fait pour vous… tout en gardant à l’esprit que la meilleure version, et de loin, est indubitablement sur PC.

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  • … Qui ne vaut pas la souris
  • … mais complètement verrouillé
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