Murder by Numbers est un jeu de puzzle original qui prend la forme d'une comédie policière à la sauce manga dans laquelle on progresse en résolvant différents Picross / nonogram. Quelque chose nous dit que le coupable aura la tête au carré...
Meurtre au Pixel Art
Apparu a la fin des années 70, les Picross sont devenus en quelques années un véritable phénomène de société célébrant le pixel art tout en faisant chauffer les petites cellules grises des joueurs. En pratique, il s'agit de noircir les cases d'une grille en se servant d'indices chiffrés afin de créer des formes d'objets ou autre en pixel art. Il existe de très nombreux titres permettant de résoudre des Picross sur Nintendo Switch ou ailleurs notamment ceux développés par Jupiter.
Murder by Numbers se distingue de ses "concurrents" par sa forme qui rappelle celle des Phoenix Wright... D'ailleurs c'est bien simple, on pourrait facilement croire qu'il s'agit d'un spin off ou même d'une suite tant les personnages du jeu créés par Hato Moa, le papa d'Hatoful Boyfriend, ressemblent à ceux du célèbre jeu d 'avocat de Capcom, De plus la réalisation et les effets de mise en scène sont quasiment calqués sur ceux des Phoenix Wright... Et si on ferme les yeux c'est encore plus flagrant d'autant plus que le compositeur du jeu, Masakazu Sugimor est celui de, on vous le donne en mille : Phoenix Wright: Ace Attorney (mais aussi celui du généralissime Ghost Trick et du cultissime Viewtiful Joe) ! La filiation est tellement évidente que par moment on s'attendrait presque à voir surgir Phoenix et Maya pour une séquence de procès...
Pour l'amour du pixel
Pour autant, le jeu essaye malgré tout de cultiver sa propre identité en racontant une histoire façon "Arabesque (Murder She Wrote en anglais) la célèbre série des années 90 avec Angela Lansbury... L'action du jeu se déroule d'ailleurs justement dans les années 90 et suit les pas d'une jeune actrice du nom d'Honor Mizrahi qui se retrouve embringuée malgré elle dans une sombre histoire de meurtre le jour ou, alors qu'elle vient d'être virée, son (ex)patron est assassiné... A partir de là, suspectée du meurtre, la jeune femme est contrainte de rechercher la vérité en enquêtant et en récoltant un maximum d'indices pouvant l'aider à prouver son innocence et surtout à démasquer le véritable meurtrier. Heureusement, dans sa quête de justice, la jeune actrice rencontre un allié de poids : S.C.O.U.T, un drôle de robot ressemblant à une télé qui grâce à ses différentes capacités va pouvoir analyser les situations et scanner les environnements à la recherche du moindre indice.
Le bonheur est dans le pixel
Globalement la réalisation du jeu est bonne même si le titre n'a visiblement pas le même budget que les derniers Phoenix Wright. On progresse dans l'intrigue comme dans un manga interactif avec des vignettes fixes montrant les nombreux personnages du jeu qui ont deux trois mimiques différentes en fonction des situations et en actionnant différents dialogues. Le jeu est d'ailleurs très "bavard" avec des séquences de textes qui s'enchaînent et durent parfois plusieurs minutes. Ce n'est pas forcément un mauvais point surtout que l'écriture est de qualité avec des personnages stéréotypés bien cernés et surtout un humour ravageur bourré de références... Le seul souci, c'est que le jeu n'a pas bénéficié d'une localisation en français et qu'il est donc disponible uniquement en anglais ce qui forcément sera rédhibitoire pour certains et poussera d'autres à marteler les boutons pour passer au plus vite les dialogues sans chercher à les comprendre. Parfois cependant, il faudra, pour éviter de tourner en rond, se prendre un peu la tête pour trouver la bonne réponse à une question ou confronter un témoin avec le bon élément... Rien de très difficile en vérité à condition bien sûr d'avoir quelques notions d'anglais.
Miss Pixel mène l'enquête
Outre les séquences de dialogues permettant d'interroger les différents témoins et suspects, le joueur doit régulièrement mener des investigations en scannant son environnement avec S.C.O.U.T à la recherche d'indices; des indices qu'il faut à chaque fois déchiffrer puisque ce sont des Picross. Ce n'est qu'une fois le Picross terminé que l'on découvre l'indice en question... Tout se fait assez naturellement et tous ceux qui connaissent le principe des Picross, retrouveront facilement leurs marques. Quant à ceux qui débarqueraient, il devraient se mettre facilement dans le bain, en découvrant un principe simple et très addictif. Il suffit de toute façon de suivre les indications à l'écran pour noircir les bonnes cases. A noter que le jeu se joue entièrement au stick et aux boutons, l'écran tactile n'étant pas pris en charge en mode portable. Néanmoins, on appréciera de pouvoir jouer en mode portable lors de courtes sessions de jeu.
A l'arrivée, Murder by Numbers est un jeu de réflexion très amusant et rafraîchissant qui vaut surtout pour son ambiance des années 90, fluo et funky, sa galerie de personnages improbable et son humour décapant L'enquête se suit avec plaisir et on apprécie les retournements de situations et les rebondissements délirants... Le style graphique mais aussi la bande son du jeu sont indéniablement une réussite qui participe grandement au plaisir que l'on a à découvrir le titre. Le jeu réussi en outre à mélanger savamment des phases d'enquête façon "visual novel" avec des phases de Picross qui finalement s'intègrent plutôt bien à l'ensemble. Avec plus d'une soixantaine de Picross et une intrigue façon épisode de série télé, Murder by Numbers est plutôt court mais son prix est très léger (moins de douze euro) ce qui en fait, pour tous les fans de Picross (et de Phoenix Wright) un bon investissement.
